Face au fléau du harcèlement scolaire : que faire ? Et comment ? - Page 1

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    Le suicide de Dinah, 14 ans, fin octobre, a rappelé les dangers du cyberharcèlement, angle mort du système scolaire. Comment désamorcer les conflits avant qu’il ne soit trop tard ? Mediapart a recueilli les témoignages de professionnels de l’éducation nationale, de parents d’élèves et de sociologues.

    Mécaniquement, seules les histoires les plus bruyantes parviennent aux oreilles des personnels de l’éducation nationale. « Quand vous êtes le seul CPE pour 700 élèves, il est impossible de tout voir. On ne peut pas couvrir toutes nos missions, et surtout celle-là, qui est pourtant fondamentale », argue Laurence Hopp, qui conseille aux parents d’entretenir le lien avec leur enfant coûte que coûte. « Il faut qu’il ait confiance en vous pour venir vous voir quand ça ne va pas, même s’il a fait une bêtise. »

    Inquiète des dérives potentielles de ce smartphone omniprésent et hypervigilante, une CPE de l’académie de Dijon, s’interdit de fermer les yeux sur la moindre alerte, au point de s’emporter parfois... « L’an dernier, un groupe d’élèves s’en était pris à un garçon. Ils ont tourné autour de lui et lui donnaient des petites tapes sur la nuque... Ça m’a pris beaucoup de temps, j’ai reçu tous les élèves et les témoins un par un, j’ai passé des coups de fil aux parents, et j’ai incendié les gamins qui ont fait ça », raconte la CPE. Mais ce jour-là, sa langue a fourché. « Je leur ai dit qu’ils s’étaient comportés comme des connards. Parce que c’est comme ça que tout commence... On me l’a reproché », se souvient la conseillère, qui croule sous les conflits de ce genre et se voit même contactée par les gendarmes deux ou trois fois par an à la suite des signalements.

    « Aujourd’hui, je tire la sonnette d’alarme. C’est infernal. Je n’ai pas passé le concours pour ça », lâche cette partisane de la coéducation, pour qui la responsabilité des parents est en jeu. Si elle assure ne pas diaboliser le smartphone, elle regrette une utilisation « irraisonnée » et rappelle souvent à qui veut bien l’entendre que les réseaux sociaux sont interdits aux moins de 13 ans... En vain.

    Comme le rappelle le sociologue Arthur Vuattoux, ces réseaux si complexes n’ont évidemment pas que des mauvais côtés. « Nos études ont montré que certains jeunes peuvent y trouver des espaces de parole qu’ils ne trouvent pas dans leur établissement. Notamment pour les minorités sexuelles par exemple. Donc cela peut aussi constituer une vraie ressource en l’absence de ressources extérieures », souligne le chercheur, maître de conférences à l’université Sorbonne-Paris-Nord. Mais en contrepartie, ce qui s’y dit ne s’oublie jamais.

    #Harcèlement #Education