Sylvain Creuzevault, metteur en scène des « Frères Karamazov » (2021, Odéon) : « Représenter la vie en commun des hommes, ce n’est pas faire une messe » ▻https://aoc.media/entretien/2021/10/29/sylvain-creuzevault-representer-la-vie-en-commun-des-hommes-ce-nest-pas-faire
(…) Mais disons que maintenant, héritiers de cette anticléricalisme, nous cherchons tout de même des repères philosophiquement, conceptuellement, collectivement dans la construction de choses matérielles… Sachant que nous avons subi un renfermement de la proposition politique. Dans toute une partie de la gauche, après s’être dépêtrés de cet athéisme de base, certains sont allés voir du côté de la théologie de la libération, de la littérature, où le sujet politique n’était pas considéré comme le fin mot de l’histoire, car en effet il ne comblait pas notre soif. On peut aussi d’ailleurs voir des restes de religiosité dans une formule des années 1970 : « tout est politique ». Cependant ce « tout » fait écho à « tout est religieux » ; c’est un slogan de remplacement. Et puis, au tournant des années 2000, la lutte des classes a été remplacée de nouveau par une sorte de combat entre le Bien et le Mal, je pense au propos de George Bush qui affirmait vouloir combattre « l’axe du mal » et toute la guerre faite au terrorisme depuis. Il y a un retour de la morale très fort.