• Foire du livre de Londres : un éditeur français arrêté à son arrivée au Royaume-Uni – Libération
    https://www.liberation.fr/culture/livres/foire-du-livre-de-londres-un-editeur-francais-arrete-pour-sa-participatio

    Le communiqué commun de la Fabrique (Paris) et de Verso Books (Londres) dénonce « le traitement scandaleux infligé par la police britannique à notre collaborateur Ernest, ressortissant français ». « Sa détention peut durer jusqu’à quatorze jours sans éléments matériels ni poursuites », dit-on à la Fabrique.

    Selon la maison d’édition, les policiers britanniques auraient justifié son interpellation par le fait qu’il aurait participé à des manifestations en France. « Une telle déclaration de la part d’un policier britannique est tout à fait insensée et semble clairement indiquer une complicité avec les autorités françaises sur ce dossier », poursuit le communiqué.

    #manifestations #antiterrorisme

  • Libé des auteur·es jeunesse
    « Beaucoup de militants ont un engagement corps et âme pendant des années » – Ration
    https://www.liberation.fr/culture/livres/beaucoup-de-militants-ont-un-engagement-corps-et-ame-pendant-des-annees-2

    « Beaucoup de militants ont un engagement corps et âme pendant des années »
    Le sociologue et universitaire Colin Robineau décrit le profil et les types d’actions des activistes autonomes, au-delà du stéréotype.

    Black bloc, antifa, ultragauche, les mouvements militants sont souvent caricaturés par des expressions qui ne disent rien des motivations et actions des personnes qui les composent. Dans Devenir révolutionnaire. Sociologie de l’engagement autonome (La Découverte), le sociologue Colin Robineau s’attache à définir les conditions sociales de leur engagement politique. Il évoque pour nous les contours de ce milieu militant.

    Qu’est-ce que le mouvement autonome ?

    Historiquement, l’autonomie se situe dans la filiation marxiste, mais un marxisme hétérodoxe qui a pris le nom d’opéraïsme en Italie à la fin des années 60. Hétérodoxe non seulement parce que ce courant a produit très tôt une critique du régime soviétique mais aussi des organisations traditionnelles de la classe ouvrière, partis et syndicats, comme institutions bureaucratisées. Donc il fallait que le prolétariat s’en libère et s’autonomise. Les luttes devaient se structurer par le bas, par les ouvriers eux-mêmes. Au départ, l’ouvrier était la figure centrale du mouvement, puis, dans les années 1970, de nouveaux fronts de lutte sont apparus : les luttes homosexuelles, féministes, le mouvement punk, les indiens métropolitains, les marginaux, les prisonniers, le mouvement antipsychiatrique…

    Les militants autonomes ont-ils un mode de vie, des modes d’action particuliers ?

    L’autonomie se construit dans des espaces communautaires de type squats, des centres sociaux autogérés, mais aussi avec des velléités insurrectionnelles, des luttes assez déterminées qui, dans les années 70, ont pu conduire certains groupes autonomes à s’engager dans la lutte armée. La perspective insurrectionnelle peut se retrouver encore aujourd’hui, essentiellement dirigée contre des biens matériels, à travers des pratiques émeutières, des actes de sabotage ou la tactique du black-bloc, qui est très médiatisée, mais qui ne constitue qu’un mode d’action parmi d’autres des autonomes. Par exemple, mon terrain à Paris était un squat d’activités qui organisait tout un tas d’activités. Il y avait des repas à prix libre le midi avec une soixantaine de couverts tous les jours. Il y avait aussi une permanence de soutien aux sans-papiers, sur le mal-logement, un cinéclub… L’idée était de construire, sur le temps long, un espace de solidarité de classe à l’échelle locale. On est donc assez loin de la vision caricaturale d’un mouvement autonome exclusivement porté sur la violence politique.

    Vous parlez d’une période d’engagement total des militants.

    Beaucoup de militants avec lesquels je me suis entretenu ont connu un engagement très intense, corps et âme on pourrait dire, pendant plusieurs années. Un engagement qui passe par une participation active aux mouvements sociaux, dans des collectifs de lutte, mais aussi bien souvent par un refus du travail et un mode de vie en squat. Cela génère évidemment des coûts : une vie sans le sou, un habitat précaire dont on peut se faire expulser à tout moment, le risque de la répression. Et en même temps, c’est un milieu, un microcosme politique avec une vie culturellement assez fournie dans laquelle les lectures et les discussions politiques occupent une place considérable, ce qui favorise l’acquisition d’un langage théorique et une argumentation très structurée. D’ailleurs beaucoup sont passés par des études en sciences sociales.

    Les militants autonomes prennent-ils part aux ZAD ?

    Les autonomes y sont assez présents, même s’il n’y a pas qu’eux. Ce sont des lieux qui marient une forte dose de conflictualité contre des adversaires puissants, l’Etat et le capitalisme, et l’expérimentation d’autres formes de vie collective. C’est ce qui fait je crois leur caractère original, en étant à la fois des terrains de lutte et des espaces qui ouvrent des possibles.

    Y a-t-il des facteurs qui prédisposent à l’engagement à l’extrême gauche ?

    Le plus évident est que beaucoup d’entre eux ont des parents de gauche ou d’extrême-gauche, qui ont souvent connu un engagement politique, en Mai 68 par exemple. Par ailleurs, beaucoup de militants avec lesquels je me suis entretenu ont des parents qui appartiennent aux classes moyennes à fort capital culturel : des instituteurs et des enseignants notamment. Mais ce qui est intéressant c’est que très souvent l’un de leurs parents vient d’un milieu populaire, et l’autre d’un milieu petit bourgeois ou bourgeois. C’est ce que j’ai appelé une configuration familiale polarisée. L’interprétation que je propose, c’est que cette socialisation précoce au croisement de deux mondes très différents tend à dévoiler l’arbitraire du monde social, de ses hiérarchies et de ses classements. Ça tend à produire un regard aiguisé sur le monde et une sensibilité particulière aux injustices.

    Comment devient-on militant autonome, une fois ces dispositions acquises ?

    Le passage à l’acte, chez les militants qui apparaissent dans mon livre, s’opère généralement dans des contextes étudiants très politisés. Mais c’est surtout leur première participation à un mouvement social qui, en leur donnant l’occasion de ressentir la puissance de l’agir collectif, va en quelque sorte servir de rampe de lancement à leur engagement futur.

    L’écologie fait-elle partie des préoccupations de ces militants et est-ce que les militants autonomes et les militants écologistes peuvent se rejoindre ?

    Je pense qu’on peut faire l’hypothèse d’un double mouvement avec, d’un côté, une forme d’écologisation des militants autonomes – le processus est d’ailleurs bien avancé et les ZAD n’en sont qu’un exemple – et, d’un autre côté, même si c’est moins évident, une radicalisation des militants écologistes. Pour une partie de la jeunesse, l’écologie n’est plus une affaire de petits gestes individuels et d’accommodements raisonnables : elle s’articule avec une critique de l’ordre social et du capitalisme. Il reste à savoir si des interactions entre les uns et les autres, des espaces de rencontre et des mobilisations communes vont se structurer ou si, au contraire, des divergences idéologiques ou stratégiques, des inimitiés en termes d’origines ou de positions sociales vont faire obstacle à un rapprochement. D’un point de vue plus structurel, on peut aussi imaginer qu’une partie de la jeunesse confrontée à la menace du déclassement, voire sacrifiée au chômage, peut aussi se sentir condamnée au désastre écologique. A ce titre, une autre dimension qui me semble importante dans ce cadre-là est de savoir si la convergence des luttes sociales et écologistes s’accompagne, dans les faits, d’un recrutement militant propice aux alliances de classe, c’est-à-dire avec un ralliement des classes populaires.

    j’imaginais pas les dégâts causés par le fort capital culturel des instituteurs

    #autonomes #révolutionnaires #journalisme #sociologie_journalistique

  • Immortel
    Mario Vargas Llosa élu à l’Académie française

    Epinglé dans les Pandora Papers, candidat résolument libéral à la présidence du Pérou en 1990, l’écrivain péruviano-espagnol a été lauréat du Nobel en 2010 mais n’a jamais écrit en français.

    https://www.liberation.fr/culture/livres/mario-vargas-llosa-elu-a-lacademie-francaise-20211125_B3EUPQTIAVANRKJR6WH

    L’écrivain péruviano-espagnol Mario Vargas Llosa a été élu, jeudi, à l’Académie française, qui a fait une exception à l’âge limite pour cet homme de 85 ans. Le romancier, Prix Nobel de littérature en 2010, a obtenu au premier tour 18 voix, contre une pour le réalisateur Frédéric Vignale, un blanc et deux nuls. Sa candidature avait été retenue par les Immortels alors que depuis 2010, il faut avoir moins de 75 ans pour se présenter à cette élection. En revanche, il n’existe aucune règle quant à la nationalité.

    D’autres étrangers ont ainsi été élus à l’Académie par le passé, comme l’Américain Julien Green et l’Algérienne Assia Djebar, aujourd’hui décédés, ou le Canado-Haïtien Dany Laferrière, qui y est entré 2013. En revanche, et c’est sa particularité, Mario Vargas Llosa n’a jamais publié en français. Il le parle couramment, pour avoir immigré à Paris en 1959, mais n’écrit qu’en espagnol. Elu à l’Académie royale espagnole en 1994, il vit aujourd’hui à Madrid.
    Résolument à droite

    Son œuvre traduite en français, essentiellement aux éditions Gallimard, est abondante, depuis la Ville et les Chiens en 1966, jusqu’à Temps sauvages en 2021. Il a été le premier écrivain étranger à entrer à entrer de son vivant dans la prestigieuse collection de la Pléiade, en 2016. Né à Arequipa (sud du Pérou) le 28 mars 1936, cet enfant de la classe moyenne, après un passage à l’Académie militaire de Lima, se destine aux études littéraires, à Lima puis Madrid, et au journalisme. Il a notamment travaillé au desk espagnol de l’AFP à Paris.

    Son talent d’écrivain fera de lui l’une des figures de la révélation au monde de la littérature latino-américaine dans les années 60, aux côtés du Colombien Gabriel García Márquez, de l’Argentin Julio Cortázar ou des Mexicains Carlos Fuentes et Juan Rulfo. Il a aussi eu une carrière politique, avec une candidature à la présidence du Pérou en 1990, résolument à droite. Il y a affirmé des opinions libérales controversées, qui heurtaient une bonne partie de l’électorat. Attiré dans sa jeunesse par la révolution cubaine, Mario Vargas Llosa s’en est détaché dans les années 70. Il a ensuite été l’un des critiques les plus virulents de certains régimes autoritaires latino-américains, comme le Venezuela de Hugo Chavez.
    Cinq sièges vacants

    Lors de l’élection présidentielle péruvienne de juin, il soutenait la candidate de la droite populiste Keiko Fujimori, fille de l’ancien président Alberto Fujimori, battue au second tour. Dernièrement, la polémique a concerné des soupçons d’évasion fiscale. D’après les révélations de plusieurs médias dans l’affaire des « Pandora Papers », Mario Vargas Llosa a été actionnaire entre 2015 et 2017 d’une société des îles Vierges britanniques, un paradis fiscal. Lui dément toute intention d’échapper à quelque impôt que ce soit.

    L’Académie française n’avait pas accueilli de lauréat du Nobel depuis François Mauriac, élu en 1933, récipiendaire du prix suédois en 1952, et décédé en 1970. Sur les 40 sièges de l’institution conçue comme la gardienne de la langue française, cinq restent vacants, et les 35 autres sont occupés par 29 hommes et six femmes.

    Faute de candidatures de valeur, l’Académie éprouve des difficultés notoires à attribuer ces sièges vacants. Son influence a reculé, le prestige de l’« habit vert » n’est plus du tout le même qu’au siècle précédent, et beaucoup de linguistes jugent ses avis non pertinents. Le fauteuil pris par le Péruviano-Espagnol est le numéro 18, précédemment occupé par le philosophe Michel Serres, et avant cela, entre autres, le philosophe Alexis de Tocqueville, le maréchal Foch ou l’ancien chef de gouvernement Edgar Faure.

    Vargas Llosa a aussi été épinglé pour les Panama Paper, pas seulement les Pandora Paper, c’est un habitué de l’exile fiscale, chez les académiciens on pratique cet art à un niveau internationale.
    https://www.lemonde.fr/panama-papers/article/2016/04/08/panama-papers-l-ecrivain-mario-vargas-llosa-compte-offshore-un-jour-prix-nob

    #af #académie_française #art #argent #exil_fiscal #panama_papers #pandora_papers