« Maintenant que nous connaissons l’étendue des crimes sexuels commis par des religieux, dissolvons l’Eglise catholique ! »

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  • « Maintenant que nous connaissons l’étendue des crimes sexuels commis par des religieux, dissolvons l’Eglise catholique ! »
    Tribune

    Vincent Cespedes

    philosophe
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/11/25/maintenant-que-nous-connaissons-l-etendue-des-crimes-sexuels-commis-par-des-

    Le philosophe Vincent Cespedes rappelle que l’Eglise savait qu’elle abritait un grand nombre de pédocriminels et qu’elle a choisi de se taire. Cette corruption devrait mener à sa dissolution, estime-t-il dans une tribune au « Monde ».

    Tribune. Un peu plus d’un mois après la publication retentissante du rapport fleuve sur les violences sexuelles dans l’Eglise catholique depuis 1950 (330 000 victimes, soit 13 par jour en moyenne), la Conférence des évêques de France annonce la mise en place d’une instance « de réparation » et d’un fonds d’indemnisation des victimes financé par les biens de l’Eglise. Oui, genoux à terre, l’Eglise entend bien acheter les crimes qu’elle a étouffés pendant des décennies – 2 500 euros les attouchements, 25 000 euros le viol ? Aucun évêque responsable n’a démissionné. Au Sénat, on insiste seulement sur des réformes à opérer dans le recrutement des prêtres.

    La bien nommée « commission Sauvé » (du nom du président de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise, Jean-Marc Sauvé) ne doit pas sauver l’Eglise, mais sauver les croyants honnêtes, en signant son dépôt de faillite morale. Elle décrit un phénomène « massif » et « systémique ». Notre responsabilité historique est d’avoir laissé l’Eglise catholique commettre et cacher pendant des décennies ces violences pédocriminelles. Maintenant que nous savons, maintenant que des témoins ont été entendus et que les chiffres de l’ignominie défraient la chronique, agissons : dissolvons l’Eglise catholique sans plus attendre ! Quand une institution sait et se tait, elle devient complice des criminels, et donc criminelle elle-même.

    Seule cette solution paraît salutaire et digne, au regard de la République comme de la foi. Ce que perd un enfant violé par une personne garante à ses yeux de l’autorité morale, un prêtre prédateur appelé « père », ce n’est pas son seul présent, où tout s’effondre, c’est aussi l’avenir, qui ne devient plus possible autrement que dans la peur et la méfiance, et c’est aussi le passé, où tout ce qui faisait certitude et se voulait rassurant devient duperie et mensonge. Souvent accompagné d’emprise, d’abus de toutes sortes et de harcèlement, le viol de l’enfant est un meurtre sans cadavre – meurtre de l’innocence, de la pureté, de la croyance. C’est humainement impardonnable.
    Contradiction vivante

    Et aimer Dieu, n’est-ce pas aimer aussi les hommes qui ont donné leur vie pour le servir ? En trahissant une communauté tout entière, en brisant la sincérité des cœurs de milliers de fidèles, les religieux pédocriminels ont trahi en premier lieu leur foi et leur dieu. Ils deviennent une contradiction vivante.

    Dissoudre l’Eglise en France paraîtra comme « naïf » ou « utopique » à tous ceux qui ont été biberonnés au narratif cocorico de la France « fille aînée de l’Eglise », avec ses clochers en patrimoine génétique. L’utopie et la naïveté se situent pourtant de leur côté. Plus prosaïquement, qu’ils imaginent une fédération sportive reconnue coupable d’avoir commis et caché des centaines de milliers de viols d’enfants et dont les dirigeants minorent ou justifient cela publiquement, voire tarifient leurs exactions abominables par le biais d’une commission ad hoc. Diraient-ils que vouloir démanteler cette organisation participe d’un raisonnement « naïf » ou « utopique » ? Cela n’empêcherait nullement les gens de continuer à pratiquer leur sport !

    #paywall (je comprend pas l’intérêt de la publication d’une tribune sous paywall... c’est pas comme si l’e-monde avait payé un·e journaliste.
    #catholicisme #viol #violophilie #omerta