L’humain-l’inhumain : l’impensé des nouveaux matérialismes | by École Urbaine de Lyon | Anthropocene 2050

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    L’humain-l’inhumain : l’impensé des nouveaux matérialismes
    Par Christine Chivallon, directrice de recherche au CNRS, Laboratoire Caribéen de Sciences Sociales, LC2S- UMR 8053
    École Urbaine de Lyon
    École Urbaine de Lyon
    Jun 4 · 51 min read
    Jean-François Boclé, The Tears of Bananaman, 2009–2012, installation, 300 kilos de bananes, écrits de l’artiste scarifiés sur les bananes, socle en bois (330 x 130 x 25 cm), Première Biennale Encuentro Bienal di Caribe, Happy islands, Aruba, Caraïbes, 2012. ©Jean-François Boclé /Adagp.

    Résumé

    Ce texte propose une traversée critique des nouveaux matérialismes en se concentrant sur le « tournant ontologique » qui en constitue la principale composante. Après avoir dressé une généalogie de l’arrivée de ces nouveaux matérialismes et défini en quoi consistait « la nouveauté », le propos envisage les contradictions sur lesquelles bute « l’ontologisme ». Préoccupé à rendre compte de la pluralité des mondes sur la base du rejet du « constructivisme » et du partage « nature/culture » qu’il serait censé reconduire, ce nouveau discours produit néanmoins des notions qui peuvent apparaître comme des substituts à celles rejetées, telle celle de « culture ». Dans le paysage théorique proposé, en lien avec la menace de « l’effondrement », les ontologies « indigènes » reçoivent une attention démultipliée, en tant qu’exemplaire de l’hybridité des mondes humains et non-humains, tandis que ce nouvel engouement pose la question du maintien d’un savoir anthropologique hégémonique et colonial. En faisant intervenir « l’inhumain », comme pratique au cœur de la modernité occidentale dès l’établissement de l’esclavage, l’article propose une autre approche où l’humain est réinvesti pour dépasser le binôme humain-non-humain qu’ont créé ces nouveaux matérialismes et pour revenir aux rapports de pouvoir que semble perdre de vue le tournant ontologique. C’est avec la notion de « plantationocène », outil critique de l’anthropocène, que se termine cette exploration, notion estimée comme la plus heuristique parmi ces nouveaux matérialismes dans la mesure où elle ramène le politique dans les analyses par la prise en compte résolue de l’esclavage dans la formation de la modernité et dans la définition de subjectivités dissidentes qui en a résulté.

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