• Variant Omicron : le Nigeria juge « discriminatoire » l’interdiction de voyage décrétée par le Royaume-Uni
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/12/07/variant-omicron-le-nigeria-juge-discriminatoire-l-interdiction-de-voyage-dec

    Variant Omicron : le Nigeria juge « discriminatoire » l’interdiction de voyage décrétée par le Royaume-Uni
    Abuja considère cette décision « injuste, inéquitable, punitive, indéfendable et qui n’est pas motivée par la science ou même le bon sens ».
    La décision du Royaume-Uni de placer le Nigeria sur sa liste rouge des pays dont les voyageurs sont interdits d’entrée sur son territoire pour empêcher la propagation du variant Omicron est jugée « discriminatoire » et « injuste » par Abuja. « Cette décision est injuste, inéquitable, punitive, indéfendable et discriminatoire. Elle n’est pas non plus motivée par la science ou même le bon sens », a déclaré à la presse le ministre de l’information du Nigeria, Lai Mohammed.
    Le gouvernement britannique a ajouté le pays le plus peuplé d’Afrique sur cette liste, qui compte pour l’heure dix pays africains, après l’annonce la semaine passée de la découverte de cas de variant Omicron au Nigeria. Le Royaume-Uni a lui détecté à ce jour quelque 160 cas du variant Omicron. Mais selon les autorités, la grande majorité des cas présentent des liens évidents avec des voyages récents en Afrique du Sud et au Nigeria.
    Lire aussi Le Nigeria et le Ghana détectent leurs premiers cas du variant OmicronAinsi, depuis lundi, les voyageurs en provenance du Nigeria sont interdits d’entrée au Royaume-Uni, à l’exception des ressortissants et résidents qui devront observer une quarantaine de dix jours à l’hôtel à leurs frais.« Nous espérons sincèrement que le gouvernement britannique réexaminera la décision d’inscrire le Nigeria sur la liste rouge et l’annulera immédiatement », a également ajouté le ministre nigérian. Il a également déclaré que les pays développés feraient mieux de s’assurer que les pays en développement comme le Nigeria aient un accès aux vaccins plutôt que d’imposer des restrictions sur les voyages.Le Canada a également banni les voyageurs en provenance d’Egypte, du Nigeria et du Malawi par peur d’une propagation du nouveau variant. La présence d’Omicron est désormais confirmée dans quelque quarante pays dans le monde, après avoir d’abord été détectée par l’Afrique du Sud.Fin novembre, une équipe de chercheurs sud-africains a annoncé avoir détecté un nouveau variant du Covid-19, baptisé Omicron. La réaction a été immédiate : de nombreux pays avaient fermé leurs frontières, mettant en quelques heures l’Afrique australe au ban du monde.Lundi, les présidents sud-africain Cyril Ramaphosa et sénégalais Macky Sall ont dénoncé l’attitude des pays riches à l’encontre de l’Afrique du Sud après la découverte du variant Omicron. « Isoler un pays qui a séquencé un nouveau variant et fait preuve de transparence est non seulement discriminatoire, mais aussi contre-productif, car c’est inciter les autres » à ne pas être transparents, a estimé Macky Sall dans son discours d’ouverture du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique.

    #Covid-19#migrant#migration#afriquedusud#afrique#egypye#nigeria#malawi#frontiere#circulation#frontiere#variant#omicron#discriminination

  • « La pandémie de Covid-19 aura contribué à mettre au jour la crise de la gouvernance mondiale de la santé publique »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/06/la-pandemie-aura-contribue-a-mettre-au-jour-la-crise-de-la-gouvernance-mondi

    Le récent accord pour rendre davantage accessibles aux pays pauvres les médicaments contre le Covid-19 n’est qu’un trompe-l’œil. Il faut penser la santé publique mondiale comme un bien commun, affirment les auteurs de cette tribune.

    Jean-François Alesandrini (Ancien directeur des affaires publiques à la DNDi)
    Benjamin Coriat (Economiste)
    Fabienne Orsi (Economiste)

    Pour qui se soucie d’aller au-delà de la surface des choses et des effets d’annonce (au demeurant soigneusement orchestrés par les agences de communication des grandes compagnies pharmaceutiques), cette séquence inédite offre un terrain d’analyse incomparable. On y perçoit la réalité des rapports de forces, des enjeux et des tensions qui se jouent depuis le début de la pandémie entre les géants de l’industrie, les gouvernements et la société civile, avec en toile de fond le contrôle de l’innovation thérapeutique et les conditions de son accès aux patients et aux citoyens de l’ensemble de la planète. L’enjeu financier se chiffre en centaines de milliards d’euros, avec en balance la question de l’accès pour tous, condition qui dicte celle du contrôle de la pandémie.

    Ainsi, selon la communication conjointe de Pfizer et du MPP, « 53 % de la population » mondiale seraient potentiellement concernés par cette stratégie dite de « responsabilité sociale ». Dès lors, le reste du monde demeurera « ordonné » par le modèle aujourd’hui hégémonique, celui qui permet aux grands laboratoires pharmaceutiques d’exercer un monopole sur les produits (même si la recherche, comme c’est souvent le cas, a été financée par des fonds publics) et pour lesquels ils détiennent des brevets, ce qui leur confère un pouvoir quasi discrétionnaire à la fois en matière de fixation des prix et de capacités de production.

    Si l’on entre plus avant dans la mise en œuvre des accords passés sur les deux médicaments, il faut bien constater que les progrès restent cantonnés à des pays et à des conditions d’administration si complexes qu’il s’agit finalement pour les deux compagnies pharmaceutiques concernées de « niches » et de marchés peu attractifs et rentables pour elles.

    Alors qu’une cinquième vague est en marche dans le monde et qu’un nouveau variant fait planer de nouvelles menaces, on peut raisonnablement présager qu’il sera bien difficile aux défenseurs de la propriété intellectuelle exclusive de justifier et de prolonger très longtemps le refus jusqu’ici opposé à la demande de levée de la propriété intellectuelle le temps de la pandémie. Ce d’autant que cette proposition de l’Afrique du Sud et de l’Inde bénéficie désormais du soutien de plus de 100 pays à revenu faible ou intermédiaire ainsi que de 60 parrainages.

    Dans ce contexte, les nouveaux accords avec le MPP ne sont-ils pas une aubaine pour les défenseurs du statu quo ? « Pfizer autorise la fabrication et la vente à moindre coût de son médicament dans les pays pauvres », titrait par exemple le New York Times quelques jours avant l’ouverture – finalement reportée – des nouvelles négociations à l’OMC sur le waiver, la levée temporaire des brevets !

    N’est-il pas temps, dans un contexte de situation exceptionnelle, d’espérer et d’envisager des mesures exceptionnelles pour atteindre les objectifs et la nécessité d’équité reconnue par tous, et dans l’intérêt de tous ? Les mots du docteur Tedros, directeur général de l’OMS, « Aucun d’entre nous ne sera en sécurité tant que nous ne le serons pas tous », devraient guider les moyens de cette ambition.

    N’est-il pas temps, conformément aux promesses si souvent faites par nos gouvernants d’aller au-delà des incantations sur le vaccin « comme bien public mondial » et de se pencher sur la manière de rendre le vaccin et les autres produits nécessaires à la lutte contre la pandémie accessibles universellement ?

    N’est-il pas temps, dans un contexte de situation exceptionnelle, d’espérer et d’envisager des mesures exceptionnelles pour atteindre les objectifs et la nécessité d’équité reconnue par tous, et dans l’intérêt de tous ? Les mots du docteur Tedros, directeur général de l’OMS, « Aucun d’entre nous ne sera en sécurité tant que nous ne le serons pas tous », devraient guider les moyens de cette ambition.

    N’est-il pas temps, conformément aux promesses si souvent faites par nos gouvernants d’aller au-delà des incantations sur le vaccin « comme bien public mondial » et de se pencher sur la manière de rendre le vaccin et les autres produits nécessaires à la lutte contre la pandémie accessibles universellement ?

    #Santé_publique #Propriété_intellectuelle #Brevets #Communs #Fabienne_Orsi