• Covid-19 : en Israël, la fermeture des frontières désespère les professionnels du tourisme
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    Covid-19 : en Israël, la fermeture des frontières désespère les professionnels du tourisme. Les frontières, rouvertes début novembre, se sont refermées brusquement devant la menace du variant Omicron.
    « Nous nous préparions à la saison de Noël. Les hôtels étaient pleins à 70 % pour les illuminations du 3 décembre. En quelques heures, on a perdu tous les touristes étrangers », soupire Anton Salman, maire de Bethléem, en Cisjordanie. Cette ville de 31 000 habitants, où la moitié de la population vit du tourisme, croyait revenir à la vie après plus de vingt mois d’isolement. Mais le variant Omicron a anéanti ses espoirs. Israël, qui contrôle les points d’accès à la Cisjordanie, a de nouveau fermé l’ensemble de ses frontières aux étrangers, le 28 novembre – au moins jusqu’au 13 décembre –, et imposé de nouvelles restrictions pour les Israéliens.Début novembre, les autorités sanitaires israéliennes avaient simulé l’apparition d’un variant du SARS-CoV-2 nommé Omega. Les leçons tirées de l’exercice ont été appliquées à la lettre : verrouillage du pays le temps de déterminer la virulence du nouveau variant, multiplication des tests PCR, traçage des contacts, au prix du recours controversé à certaines techniques de surveillance, recommandation d’une troisième dose et de la vaccination des plus jeunes.Ces derniers jours, seuls sept cas confirmés du nouveau variant ont été détectés, et le gouvernement se félicite déjà du succès de sa politique. Mardi 30 novembre, le premier ministre, Naftali Bennett, a annoncé le lancement d’un nouveau compte Twitter en anglais pour partager « les connaissances acquises pendant la pandémie ». Son premier post détaille les mesures prises contre Omicron. Le calcul du M. Bennett n’est pas que sanitaire : son gouvernement repose sur une coalition fragile et veut à tout prix éviter un reconfinement qui mettrait l’économie à genoux et ferait l’affaire de l’opposition.
    Cette fermeté a sans doute contribué à rassurer les investisseurs, mais le tourisme, lui, a été sacrifié. « Le moral est au plus bas », dit Oded Grosman, directeur de l’Association des hôtels de Tel-Aviv. « Nous étions très optimistes après la réouverture des frontières le 1er novembre, mais là, on est revenus à la case départ. »En 2019, année record, plus de 4,5 millions de touristes sont venus en Terre sainte – soit l’équivalent d’environ un tiers de la population israélienne et palestinienne. En Israël, ce secteur en pleine expansion représente près de 6 milliards d’euros de recettes et plus de 200 000 emplois directs et indirects. « Nous devons faire confiance aux autorités sanitaires. A condition que nous soyons compensés, et tout de suite, pas dans un an », estime M. Grosman. Le ministère du tourisme a déjà promis des subventions, mais M. Grosman estime que le risque est aussi systémique : « Les fermetures à répétition pourraient décourager les touristes sur le long terme. »Les subventions ne concerneront, par ailleurs, pas la Cisjordanie, où l’on dénonce une discrimination. « Israël dit que les territoires occupés ne sont pas sûrs, affirme M. Salman. Comme si on ne savait pas respecter les règles. Au début de la pandémie, on a fermé la ville nous-mêmes. » A Bethléem, les rares touristes venus admirer l’église de la Nativité sont assiégés par des vendeurs à la sauvette. Si les hôtels bénéficient encore d’un tourisme local, porté par des Arabes israéliens, nombre de commerces ont dû se séparer de leurs employés. « Ils n’ont souvent aucun espoir de reconversion et on constate une explosion de la pauvreté », explique le maire, pour qui les conséquences de cette nouvelle fermeture ne sont pas qu’économiques. « Quand les étrangers viennent ici, ils comprennent aussi notre réalité, et la vie sous occupation. »

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