J’ai du mal à le formuler clairement, mais en gros, je pense que l’aspect « liberticide » du passe…

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    • La situation de crise que connaissent les hôpitaux de ce pays appelle des débats dignes, qui s’appuient sur des preuves scientifiques solides et qui respectent l’éthique. Nous appelons à combattre les propositions inéthiques et dangereuses faites sur les réseaux sociaux, notamment par l’intermédiaire d’une tribune publiée le 2 janvier 2022 dans le Journal du dimanche, concernant les personnes non-vaccinées : « rédiger des directives anticipées pour dire si elles souhaitent ou non être réanimées en cas de forme grave de Covid ». Prise au pied de la lettre, cette proposition pourrait être interprétée comme un appel fait aux non-vaccinés à renoncer à des soins de réanimation, donc à envisager de possiblement mourir pour ne pas engorger les services hospitaliers.

      Les vingt dernières années de politique d’austérité ont vulnérabilisé les hôpitaux publics. La gestion catastrophique de l’épidémie par le gouvernement a aggravé la situation. Au vu de la cinquième vague, de la saturation des services, des dilemmes éthiques qu’elle impose, des pertes de chances pour d’autres patients, de l’épuisement des personnels, la situation semble désespérée. Nous avons plus que jamais besoin d’un débat qui replace l’éthique, la dignité humaine et les acquis de la santé publique au centre de l’action politique. Or, les idées circulant sur les réseaux sociaux et relayées notamment dans une tribune du JDD de ce dimanche 2 janvier vont dans le sens contraire. Ces propositions soulèvent de nombreuses questions :

      Cette proposition s’inscrit dans une logique libérale des politiques de santé, selon laquelle la responsabilité individuelle doit primer. Quelles seraient les prochaines étapes ? Ne plus soigner un usager de drogues malade d’une hépatite virale ? Faire payer la prise en charge de son cancer du poumon à un fumeur ? Mettre une amende à un diabétique qui ne respecte pas son régime ?

      Les études en santé publique sur l’adhésion vaccinale n’ont jamais démontré que la stigmatisation induite par ce type de proposition ait une quelconque efficacité. Au contraire, elle a des effets néfastes : par exemple, la honte induite peut retarder le moment où une personne non vaccinée et contaminée sollicitera une aide ou se fera dépister.

      Ce genre de provocation empêche de discuter de mesures efficaces : la lutte contre les inégalités en santé, le financement de stratégies d’aller vers, l’appui sur des stratégies de santé communautaire, des campagnes d’information claire sur tous les outils de prévention, présentant clairement l’intérêt et les limites de chacun d’entre eux et la nécessité de les combiner.

      Le droit de mourir dans la dignité est un sujet essentiel. La nécessaire information sur la rédaction de directives anticipées mérite mieux qu’un tel détournement qui ne vise que la provocation gratuite.

      Nous appelons chaque personnalité publique à appuyer ses interventions sur des principes d’éthique, de dignité et de scientificité. La crise en cours les rend encore plus nécessaires. Nous appelons les médias à fixer enfin des limites dans la publicité qu’ils accordent à des provocations inéthiques et dangereuses.

    • Assez clairement, cet article se base sur l’accroche « putaclic » (pour citer Colporteur) de la reprise du Monde, plutôt que sur la tribune elle-même publiée par le JDD.

      Si je ne suis pas fana d’introduire ici la promotion des directives anticipées, la tribune n’est pas du tout du tonneau décrit ici.

      Et comme je l’écrit par ailleurs : la situation actuelle n’est pas qu’on refuserait de soigner les non-vaccinés, mais au contraire qu’on a une priorité donnée aux patients Covid (massivement non vaccinés), priorité qui se fait donc au détriment d’autres patients :

      D’ores et déjà, l’activation des plans blancs amène à reporter des opérations et des hospitalisations non urgentes pour donner la priorité aux patients Covid devant être intubés et ventilés.

      Encore une fois : actuellement c’est cette priorité qui a des conséquences « inéthiques » que les soignants sont forcés d’assumer, et c’est cela qui est évoqué dans la tribune.

      Le paragraphe suivant est une belle saloperie digne des activistes anti-vax, parce que c’est faux :

      Quelles seraient les prochaines étapes ? Ne plus soigner un usager de drogues malade d’une hépatite virale ? Faire payer la prise en charge de son cancer du poumon à un fumeur ? Mettre une amende à un diabétique qui ne respecte pas son régime ?

      Dans la tribune du JDD, qu’on partage ou pas, le cœur de l’argument est celui-ci :

      Les médecins prêtent pour cela le serment d’Hippocrate. Cela ne veut pas dire qu’ils n’ont pas un jugement « moral », mais que ce jugement ne doit pas intervenir dans leur relation avec le patient et influencer leurs décisions. Mais ce rappel éthique ne gomme pas la question du tri quand il n’y a qu’un lit pour deux patients relevant tous deux de la réanimation.

      Auquel donner la priorité ? C’est aux soignants de décider collégialement, mais cela devrait être aux sociétés savantes, aux agences indépendantes, aux comités d’éthique et, au-delà, à la société dans son ensemble et à ses élus de débattre des principes qui doivent guider les soignants. Parmi ces principes doit figurer le nombre de vies sauvées par unité de moyens mobilisés, sachant que la durée moyenne de séjour en réanimation des patients hors Covid est de quatre à cinq jours alors que la durée moyenne pour les patients Covid est de deux à trois semaines.

      Alors crier à la « provocation inéthique » avec ça, évidemment il vaut mieux inventer des arguments qui n’y sont pas.

    • Ah, et sur l’imputation de « logique libérale des politiques de santé », la tribune commence par ceci :

      La colère de nombre de soignants a deux cibles, les gouvernants et les non-vaccinés. Ils reprochent au gouvernement de ne pas s’être donné les moyens (en dehors des augmentations de salaire significatives mais insuffisantes) de garder le personnel hospitalier et d’accroître le nombre de lits de réanimation et de soins de suite post-réanimation.

    • Il n’empêche que si le gouvernement irresponsable n’avait pas continué à supprimer tous ces lits pendant cette pandémie on n’en serait pas là à se demander quelles sont les priorités, on pourrait soigner tout le monde sans distinction et sans rejeter la faute sur les non vaccinés, pour lesquels on a choisi la politique du bouc émissaire.

    • Marielle, tu ne peux pas écrire « il n’empêche » pour ensuite réécrire quasiment mot pour mot l’extrait que je viens tout juste de tirer de la tribune du JDD qui est soit-disant si « inéthique ».

      Donc je le remets :

      La colère de nombre de soignants a deux cibles, les gouvernants et les non-vaccinés. Ils reprochent au gouvernement de ne pas s’être donné les moyens (en dehors des augmentations de salaire significatives mais insuffisantes) de garder le personnel hospitalier et d’accroître le nombre de lits de réanimation et de soins de suite post-réanimation.

      Pour autant, si le manque de moyens est criant et criminel, l’utiliser pour justifier la « liberté » de ne pas se faire vacciner est tout aussi indéfendable et criminel.

    • Désolée nos commentaires se sont croisés ; le mien étant resté en suspend quelques minutes.
      Je poursuis :
      Ce gouvernement est hypocrite ; et si on se demandait pourquoi il ne veut pas rendre la vaccination obligatoire en l’inscrivant dans la loi mais de façon détournée de fait.

    • Ce gouvernement est hypocrite ; et si on se demandait pourquoi il ne veut pas rendre la vaccination obligatoire en l’inscrivant dans la loi mais de façon détournée de fait.

      Oui. C’est ce que j’écrivais à l’annonce du passe sanitaire :
      https://seenthis.net/messages/923990
      ainsi que Claude Guillon ici :
      https://seenthis.net/messages/923843

      Il me semble aussi avoir écrit il y a quelques jours qu’en présentant ouvertement le « passe vaccinal » comme une obligation vaccinale sans être une obligation vaccinale (je pense que c’est Attal qui l’a dit explicitement), le gouvernement prenait le risque de se faire invalider par le Conseil constitutionnel.

    • @marielle par ailleurs la fixette sur ce gouvernement (dont il est logique et salubre de souligner qu’il a continué de fermer des lits, y compris des lits de réa, en pandémie : on l’avait vu avec je ne sais plus quel CHU dans un Est très impacté par la première vague dès ce moment), rate une politique qui structure l’offre de soins depuis le début des années 80 (avec la psychiatrie comme laboratoire in vivo de la suppression des lits par dizaines de milliers et la revitalisation du soin). Il n’y a pas un gouvernement qui ait mis en cause d’aucune manière que ce soit la logique bureaucratico-comptable.

    • En fait en ne rendant pas la vaccination obligatoire il s’assure de son irresponsabilité pénale et il choisit une politique proto-fasciste du bouc émissaire et celle de la déchéance de nationalité... « Un irresponsable n’est plus un citoyen. »
      Et après on se moque (sic) de Bruno Gaccio (tweet apartheid), de Mathilde Panot et Yvan le Bolloc’h...@arno

      Constitution du 24 juin 1793
      Article 34. - Il y a oppression contre le corps social lorsqu’un seul de ses membres est opprimé. Il y a oppression contre chaque membre lorsque le corps social est opprimé.
      https://seenthis.net/messages/942454

    • Marielle, je suis d’accord au sujet de la ligne proto-fasciste de laRem, c’est pas nouveau. Mais ce n’est pas parce que les REM sont des grosses merdes que ses opposants ne devraient pas être critiqués quand ils racontent n’importe quoi sur le masque et la vaccination. Sinon Martine Wonner, Francis Lalanne et QAnon pourraient tout aussi bien être considérés comme des modèles de la lutte contre le macronisme.

    • Sinon Martine Wonner, Francis Lalanne et QAnon pourraient tout aussi bien être considérés comme des modèles de la lutte contre le macronisme.

      Je partage cela, j’accepte la critique argumentée et le débat, mais j’ai du mal avec la moquerie. Les Insoumis ne sont pas parfaits mais ils se battent avec d’autres courageusement pour un Monde Meilleur !