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      Les Covid longs, second effet pas cool d’omicron ?
      6-7 minutes

      Près de 300 000 nouveaux cas de Covid-19 diagnostiqués par jour : la France a atteint des sommets épidémiques vertigineux. Et si le gouvernement garde un œil anxieux sur le taux d’occupation des lits de réanimation, il ferait bien de suivre aussi l’évolution des cas de Covid long, ces personnes qui, plusieurs mois après l’infection ressentent toujours des symptômes de maladie, parfois de manière handicapante au quotidien.

      « L’explosion actuelle des cas de Covid est inquiétante. Même si seulement 1 % des personnes contractant omicron font un Covid long, cela fera beaucoup de personnes », relève auprès de Libération Mayssam Nehme, cheffe de clinique en charge des consultations Covid long aux hôpitaux universitaire de Genève.

      Malheureusement, « la France est un des derniers pays à ne pas avoir recensé ses Covid longs », regrette Matthieu Lestage, lui-même touché et porte-parole de l’association de patients Après J20. Une proposition de loi pour la « création d’une plateforme de référencement et de prise en charge des malades chroniques de la Covid-19 » a bien été déposée à l’Assemblée nationale mi-octobre mais elle est engluée dans le calendrier parlementaire.

      Pourtant, les patients souffrant encore de symptômes, parfois graves, plusieurs mois après leur infection, existent, comme l’a rappelé le député LREM Raphaël Gérard sur les bancs de l’Assemblée lundi soir. « Ma liberté, c’est 30 cm de câbles et trois kilos de matériel que je porte 24 heures sur 24 jusqu’à la fin de mes jours », s’est-il emporté.

      Si Raphaël Gérard a fait une forme grave du Covid-19 nécessitant un passage en réanimation, qu’il a raconté à Libération, d’autres patients subissent des séquelles sans être passés par la case réa. « J’ai des patients qui ne peuvent pas rester debout plus de quarante minutes et qui souffrent de malaise post-effort », illustre Mayssam Nehme, dont le service a effectué 1 200 consultations sur le sujet depuis le début de la pandémie.
      Qu’est-ce que le Covid long ?

      L’Organisation mondiale de la Santé a proposé, en octobre, une première définition du Covid long comme étant des symptômes se développant pendant ou après une infection au Covid-19, qui continuent douze semaines après l’infection et qui ne peuvent s’expliquer par un autre diagnostic. Selon les scientifiques interrogés, la proportion de patients concernés serait de 15 à 20% après trois mois et tomberait à 10% après six mois, signe d’une évolution positive, mais lente, chez beaucoup d’entre eux.

      Surtout, ces proportions concernent des patients qui n’ont pas été hospitalisés. « Il y a une grande discordance dans le discours sur la pandémie entre les cas dits “peu graves” parce que ne nécessitant pas une hospitalisation pendant la phase aiguë et le vécu des patients atteints de Covid long qui, pour certains, sont très empêchés dans leur vie quotidienne », note auprès de Libé Olivier Robineau, infectiologue à l’hôpital de Tourcoing, qui traite des patients dans ce cas depuis juin 2020.

      Les recherches sur ces cas avancent, mais beaucoup d’interrogations restent de mise. Le spectre des cas est grand. Troubles olfactifs, problèmes intestinaux, respiratoires, neurologiques… « Il n’y a pas un Covid long mais des Covid longs ou plutôt des syndromes post-infectieux liés au Covid », souligne Olivier Robineau.
      Les femmes plus touchées

      Et l’existence de ces symptômes est un argument de plus pour la vaccination, quels que soient les effets secondaires. « Les myocardites post-infection sont beaucoup plus fréquentes et longues que les myocardites post-vaccinales », rappelle la professeure Clara Lehmann, depuis l’hôpital universitaire de Cologne, en Allemagne. Elle s’est intéressée au Covid long en mettant en place un programme de recherche pour suivre l’évolution de l’immunité de 1 000 patients. Très vite, il apparaît qu’environ 300 d’entre eux ont besoin d’un suivi médical. « Dans notre cohorte, on retrouve surtout des femmes entre 40 et 50 ans. On ne comprend pas pourquoi certains font tel symptôme et d’autres tel autre », explique-t-elle.

      Petit à petit, des facteurs de risques apparaissent. « Il semble qu’il y ait une corrélation entre la sévérité initiale de la maladie et le risque d’avoir des symptômes persistants. Les seuls facteurs de risque établis sont d’être une femme et d’avoir de nombreux symptômes durant la phase aiguë », témoigne Cédric Lemogne, chef du service de psychiatrie de l’Hôtel-Dieu, à Paris, et chargé de la coordination de la prise en charge du Covid long au sein de l’établissement. Mais le Covid long n’a pas encore dévoilé tous ses mystères et les chercheurs multiplient les hypothèses. S’explique-t-il par une persistance du virus dans certains organes ? Une réponse inflammatoire du corps hors de contrôle ? Des séquelles de la maladie initiale ? Un peu de tout cela mélangé ?

      En attendant que la lumière soit faite sur le sujet, les patients souffrent et sont parfois en errance de diagnostic. Les moyens manquants à l’hôpital public n’arrangeant rien… « Nous n’arrivons pas à voir tous les patients qui s’adressent à nous », témoigne Cédric Lemogne.

      Dans ce contexte, la perspective d’un nouvel afflux de patients en raison du nouveau variant n’est pas une bonne nouvelle. « Omicron semble provoquer des phases aiguës moins graves que delta, mais comme il n’y a pas d’association entre le risque de Covid long et la gravité de la phase aiguë, je ne sais pas dire si cette vague va provoquer une résurgence importante de Covid longs », explique Clara Lehmann. En laissant courir l’épidémie, le gouvernement fait bien un nouveau pari. Malades et soignants pourraient bien en payer un prix, certes moins visible que le seul indicateur de la saturation des services de réanimation, mais bien réel.

    • « Il semble qu’il y ait une corrélation entre la sévérité initiale de la maladie et le risque d’avoir des symptômes persistants. Les seuls facteurs de risque établis sont d’être une femme et d’avoir de nombreux symptômes durant la phase aiguë », témoigne Cédric Lemogne, chef du service de psychiatrie de l’Hôtel-Dieu (...)

      il n’y a pas d’association entre le risque de Covid long et la gravité de la phase aiguë, je ne sais pas dire si cette vague va provoquer une résurgence importante de Covid longs », explique Clara Lehmann (hôpital universitaire de Cologne, en Allemagne, elle suivit un cohorte de 1000 personnes avec covid long)

      Ration s’est pas trop foulé/mouillé. jusqu’à maintenant tout ce que j’ai lu conclut comme Clara Lehman. de même que le covid grave est imprédictible (on sait pas à état de santé équivalent pour quelle raison cela devient grave ou pas chez telle ou tel, et les hommes sont davantage touchés), le covid long n’est actuellement ni compris ni prédictible (mais touche davantage les femmes).

      le séquençage est cassé, les tests sont cassés, les aérosols sont ni visibles ni cités( cela viendra peut-être, voir #FFP2), les invisibles qui pâtissent de covid long, ça va finir par se savoir.

      #covid_long