/2022

  • Thread by C_A_Gustave on Thread Reader App – Thread Reader App
    https://threadreaderapp.com/thread/1690506153434771456.html

    (Charles Alexandre Gustave est microbiologiste)

    A force de ne suivre l’épidémiologie de SARS-CoV-2 que via des indicateurs cliniques au lieu d’indicateurs populationnels, on a non seulement perdu de vue l’ampleur réelle des contaminations, mais aussi oublié qu’on a finalement encore très peu de recul sur ce virus...

    #SARS_CoV2

  • Voilà qui expliquerait pourquoi EDF n’est pas pressé de finir l’EPR national...

    https://korii.slate.fr/biz/finlande-electricite-tarifs-prix-negatifs-energie-eolienne-hydraulique-p

    En Finlande, les prix de l’électricité sont désormais négatifs
    Une aubaine pour la population, mais pas pour les fournisseurs.

    elle a produit un tel excédent d’énergie propre que les prix ont fini par passer en dessous de zéro.

    L’utilisation d’un nouveau réacteur nucléaire EPR depuis la fin de l’année 2022 aura largement contribué à inverser la donne. Olkiluoto 3, le premier réacteur flambant neuf à être inauguré en Europe depuis plus de quinze ans, a permis de faire baisser le prix du mégawattheure de 75% entre décembre et avril, expliquait The National le 14 mai.

    • Il y aurait un vrai prix de marché pour l’électricité en Finlande ? Un prix négatif ?

      tout en précisant bien que dans les faits, la population finlandaise ne sera pas payée pour sa consommation d’électricité. En revanche, en cas de tarif négatif, la facture est limitée à sa plus simple expression : il n’y a qu’à payer la forfait correspondant à la distribution de cette énergie, et les frais s’arrêtent là.

      ahhhh, nous voilà rassurés !

      Bon sinon, dis donc, un prix de marché - environ - et on aurait pas ça chez nous, crédiou ? Il nous en faut un ! Et pourquoi nos opérateurs alternatifs ils leur achètent pas de l’électricité à prix négatif sur le super marché Européen ?

      Lorsque production et profit ne sont plus synonymes, c’est tout un marché qui panique. Or, au printemps, il est extrêmement difficile de réduire la quantité d’électricité produite grâce à l’énergie hydraulique. Diminuer la production n’est donc même pas une éventualité envisageable.

      Ben leur prod exédentaire, il la jettent à la poubelle et voilà, pour maintenir le profit - pardon, soutenir le prix de marché - je vois pas où est le problème. :-)

      Sinon, la bonne vieille alternative : ils remontent leur eau dans leurs barrages, et hop, stockage plutôt que gaspillage ? Me semble qu’on fait ça régulièrement avec les nôtres, de barrages et de centrales nucléaires.

    • Une production excédentaire pour 5.5M de citoyens, ça a bien du pouvoir se revendre quelque part, mais ça va pas changer la donne au niveau des centaines de millions d’européens.
      Pour ce qui est d’en utiliser une partie pour faire remonter la flotte derrière les turbines, je pense qu’ils sont équipés. mais pour ça il faut que le niveau du barrage soit pas à son maximum. Et chez eux il reste probablement encore assez de glaciers pour atteindre ce maximum à la saison des fontes.

    • Quant au tarif du KW/h, il est en réalité indexé sur le cours des hydrocarbures :
      https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/10/06/pourquoi-le-prix-de-l-electricite-depend-de-celui-du-gaz-et-autres-questions

      Pourquoi les tarifs de l’électricité sont-ils si volatils ?
      Depuis les années 1990, l’Union européenne (UE) a progressivement ouvert les marchés nationaux de l’électricité à la concurrence pour harmoniser et libéraliser le marché européen, et mieux l’interconnecter. Le réseau de transport européen d’électricité assure aujourd’hui la sécurité d’approvisionnement et les échanges entre trente-cinq pays.
      Ce marché s’appuie sur une place boursière européenne, EPEX Spot SE, sur laquelle s’échangent les mégawattheures (MWh), avec des cours qui varient selon les pays en fonction de l’offre et de la demande. Elle constitue une place spéculative qui réunit producteurs, fournisseurs et négociants, qui achètent et vendent de l’électricité (nucléaire, renouvelable ou fossile), pour des livraisons immédiates ou différées.
      Or, dans ce marché de gros, le prix est fixé non pas en fonction du coût moyen de production d’électricité en Europe, mais à partir du coût de production « marginal » du dernier MWh injecté sur le réseau. En cas de faible demande, les installations nucléaires ou renouvelables suffisent, mais lorsque la demande est forte, les centrales thermiques sont mises à contribution, et le coût de l’électricité est alors basé sur le cours du gaz (ou du charbon). A cela s’ajoute une taxe sur les émissions de CO2, dans le cadre du marché carbone européen.

      L’Union européenne peut-elle agir sur les prix ?
      Oui, les ministres européens de l’énergie se sont accordés le 30 septembre sur des mesures d’urgence destinées à limiter l’explosion des factures d’électricité.
      Les responsables ont validé des propositions présentées à la mi-septembre par la Commission européenne, visant à imposer une réduction de la demande d’électricité « d’au moins 5 % » aux heures de pointe.
      Ils ont aussi acté le plafonnement des revenus des producteurs d’électricité à partir du nucléaire et des renouvelables (éolien, solaire, hydroélectrique), qui engrangent des bénéfices exceptionnels en vendant leur production à un prix très supérieur à leurs coûts de production. Ce plafond est fixé à 180 euros par mégawattheure et la différence entre ce niveau et le prix de gros du marché doit être récupérée par les Etats pour être redistribuée aux ménages et aux entreprises. Une « contribution temporaire de solidarité » s’applique, en outre, aux producteurs et distributeurs de gaz, charbon et pétrole.
      Mais une majorité d’Etats membres (quinze, dont la France, la Belgique, l’Italie et l’Espagne) estiment qu’il faut encore s’attaquer au « problème le plus grave », en plafonnant les prix de gros du gaz sur le marché européen. L’Allemagne, qui était le pays le plus dépendant du gaz russe, a aussi jusqu’à présent rejeté l’idée.

      Les Français payent-ils l’électricité au prix européen ?
      Pas totalement, malgré une augmentation très nette. « Une partie seulement des kilowattheures est achetée au “prix fort” sur le marché de gros », explique à l’Agence France-Presse (AFP) Patrice Geoffron, professeur d’économie à l’université Paris Dauphine-PSL et directeur du Centre de géopolitique de l’énergie et des matières premières. Le reste « correspond à la production nucléaire, dont le coût est bien inférieur au niveau des prix de gros ». Les prix seraient toutefois bien plus contenus si le parc nucléaire était en mesure de tourner à plein régime.

  • A propos de la rémunération des médecins libéraux | Nicolas Da Silva
    https://www.alternatives-economiques.fr/nicolas-da-silva/a-propos-de-remuneration-medecins-liberaux/00105350#105350

    Quitte à investir massivement dans la médecine de ville (le passage de 25 euros à 50 euros couterait 7 milliards d’euros par an à l’assurance maladie), ne faut-il pas que cela permette aux médecins qui le veulent de réformer certains fondamentaux de la médecine libérale ? En remettant en cause le paiement à l’acte, en créant des postes salariés en centre de santé pour faire face aux aspirations des nouvelles générations, en remettant en cause la liberté d’installation, etc. N’est-il pas justifié d’attendre des contreparties à ces niveaux de rémunération ? Source : Alternatives économiques

  • Elon Musk, sauveur inespéré des complotistes
    Depuis qu’il a racheté Twitter pour défendre « le futur de la civilisation », il s’est imposé comme le sauveur des discours antisystème, conspirationnistes et radicaux.
    (…) ce sont désormais des employés de médias de gauche et des comptes antifascistes, qualifiés de « terroristes », qui sont bloqués du jour au lendemain.
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/12/22/elon-musk-sauveur-inespere-des-complotistes-sur-twitter_6155413_4355770.html

  • Un peu troublé par cet article de Le Monde sur les émissions de CO2 du fret maritime qui dénonce "le fret maritime est des un des plus grands émetteurs de CO2, et il tarde à changer de cap
    Lors de la conférence mondiale pour le climat à Charm El-Cheikh, plusieurs pays ont demandé à l’Organisation maritime internationale d’être plus ambitieuse et de viser le « zéro carbone » d’ici à 2050."
    Le graphique présenté montre que ce secteur émet 16% des émissions du fret pour 70% des tonnes-km. C’est surement trop, et faute de régulation contraignante, leurs émissions s’orientent à la hausse, ce qui n’est pas bon du tout. Mais n’est ce pas proportionnellement bcp moins que la plupart des autres acteurs du fret ? C’est le cas du fret routier mais aussi la logistique urbaine est très émettrice, ce qu’on doit reconnaitre même si on aime consommer local...
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/11/11/cop27-le-transport-maritime-un-secteur-polluant-qui-tarde-a-changer-de-cap_6


    #émissions #carbone #fret #transport #maritime

    • Ce qui me trouble c’est de faire une telle distinction entre fret routier et fret urbain, ce dernier n’étant pas nécessairement lié à une consommation locale : si tu commandes un truc en ligne, quelque soit le lieu d’expédition, c’est pas un semi-remorque qui va te livrer chez toi mais un véhicule utilitaire qui aura pris le relai en ville. On peut éventuellement faire un sous groupe (c’est intéressant d’avoir le détail) mais les deux sont du transport routier. J’y vois une façon d’atténuer les émissions des camions petits et gros.

  • COP27 : six indicateurs pour mesurer l’urgence climatique
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/11/03/cop27-6-indicateurs-pour-mesurer-l-urgence-climatique_6148399_4355770.html

    Température, concentration carbone, océans… A la veille de la COP27 en Egypte, le point sur les indicateurs-clés pour prendre la mesure de l’amplification du dérèglement climatique depuis la première conférence climat, en 1995.

  • Gérald Darmanin a bien voté trois motions de censure avec les députés du Front national
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/10/28/gerald-darmanin-a-t-il-vote-trois-motions-de-censure-avec-les-deputes-du-fro

    Gérald Darmanin a été élu député du Nord en 2012 (sous les couleurs de l’UMP), puis une deuxième fois, en 2022 (sous l’étiquette de la majorité présidentielle). Il a toutefois laissé sa place à l’Assemblée un mois après, à la suite de sa nomination en tant que ministre de l’intérieur.
    Il a donc siégé près de quatre années sur les bancs de l’Assemblée nationale lors de la 14e législature. Au total, au cours de cette législature, sept motions de censure ont été envisagées, mais quatre seulement ont été débattues dans l’hémicycle. Et parmi elles, le ministre de l’intérieur avait bien voté en faveur de trois textes aux côtés des deux seuls députés élus sous l’étiquette Front national (ex-RN) : Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen.

    20 mars 2013 : la motion de censure déposée par Christian Jacob, alors président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, est rejetée. Au total, 228 députés ont voté pour (loin des 287 voix nécessaires). Le texte dressait un bilan critique des dix premiers mois de la présidence de François Hollande et de son gouvernement, alors dirigé par Jean-Marc Ayrault. Gérald Darmanin a voté en faveur de ce texte, aux côtés d’un autre membre du gouvernement actuel, le ministre de l’économie Bruno Le Maire. Les députés FN, Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen, s’étaient également prononcés favorablement.

    19 février 2015 : en réaction au recours au 49.3 par le gouvernement pour faire passer la loi Macron, les présidents des groupes Les Républicains (LR) et Union des démocrates et indépendants (UDI), Christian Jacob et Philippe Vigier, déposent une motion de censure. Celle-ci est cependant rejetée : 234 députés ont voté pour alors qu’il en aurait fallu 289 pour faire tomber le gouvernement. Là encore, le député Darmanin a voté en faveur de cette motion, tout comme Gilbert Collard et Marion Maréchal.

    18 juin 2015 : en deuxième lecture du projet de loi Macron, le premier ministre Manuel Valls utilise à nouveau le 49.3. MM. Jacob et Vigier déposent derechef une motion de censure. Cette dernière est rejetée, avec moins de voix cette fois-ci (198 votes recueillis). Et là encore, Gérald Darmanin a suivi son groupe parlementaire, et voté en faveur de ce texte. Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard figurent parmi les députés ayant voté pour cette motion.

    Interrogé au sujet de ces votes, jeudi, sur France Inter, le locataire de la Place Beauvau, a reconnu avoir _« voté les motions de censure que mon groupe a déposées ». Mais selon lui, la situation actuelle « n’est pas comparable », « on n’a jamais été négocier avec Marion Maréchal des phrases dans la motion de censure », a-t-il affirmé. Cette accusation a été rejetée par les « insoumis ». « Gérald Darmanin, qui est un menteur structurel, (…) a dit qu’il y avait eu négociation. Mais personne n’a rien négocié », a réagi le leader des « insoumis », Jean-Luc-Mélenchon.

    • Flirt avec l’extrême droite : Darmanin sait de quoi il parle

      Le ministre de l’intérieur accuse la gauche de compromission avec le RN, en oubliant son propre bilan en la matière. De ses premiers pas aux côtés de Christian Vanneste à ses débats cordiaux avec Éric Zemmour et Marine Le Pen, en passant par ses écrits dans une revue de l’Action française, les souvenirs sont pourtant nombreux.

      https://www.mediapart.fr/journal/politique/271022/flirt-avec-l-extreme-droite-darmanin-sait-de-quoi-il-parle?at_campaign=67&

      GéraldGérald Darmanin se considère bien souvent comme le videur du champ républicain. C’est lui qui décrète, sur la base de critères choisis par ses soins, qui mérite d’entrer dans cet espace et qui s’en voit exclu. Ces derniers temps, le ministre de l’intérieur concentre l’essentiel de son attention et de ses critiques sur La France insoumise (LFI) qu’il estime « prête à tout, par méchanceté, par désordre, par cynisme pour jouer contre les Français, s’allier avec le Front national, trahir leurs électeurs ».

      Comme l’avait fait Emmanuel Macron la veille, sur France 2, l’ancien élu sarkozyste s’est de nouveau exprimé jeudi matin sur la motion de censure de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), votée en début de semaine par le Rassemblement national (RN). « Y a-t-il eu une négociation de la honte entre La France insoumise et le Rassemblement national pour voter une motion de censure “acceptable” ? », a-t-il interrogé sur France Inter.

      S’appuyant sur de mystérieux on-dit – « Beaucoup de gens racontent, dans les couloirs de l’Assemblée… » –, démentis depuis, Gérald Darmanin a donc renvoyé dos à dos, pour la 1984e fois depuis son entrée au gouvernement, l’extrême droite et ce qu’il aime à qualifier d’« extrême gauche ». « La vérité, c’est que vous vivez grâce à l’opposition que vous jouez avec l’extrême droite », avait-il déjà rétorqué, mardi, à un député LFI qui l’accusait de « donner des gages à destination de l’extrême droite ».
      Une rhétorique ancienne

      La rhétorique n’est pas nouvelle dans la bouche de l’ancien maire de Tourcoing (Nord). Il l’utilise depuis des années contre tous ses adversaires politiques, pour peu qu’ils se revendiquent de gauche. En 2015, c’est l’ex-premier ministre Manuel Valls, aujourd’hui membre de la même majorité que lui, qui en faisait les frais. « Manuel Valls et Marine Le Pen, c’est Dupond et Dupont », déclarait à l’époque le député UMP (ex-Les Républicains, LR).

      Avant de poursuivre, toujours selon la même logique : « Je le vois dans ma région : si le Front national est prospère, c’est dans les coins socialistes, […] parfois simplement une désespérance sociale, en nommant M. Macron ministre de l’économie, en ne respectant pas les promesses du Bourget et en préférant les dîners en ville aux dîners avec les ouvriers. » À ce moment-là, Gérald Darmanin est encore très proche de Nicolas Sarkozy, dont il copie aujourd’hui le style et la manière.

      Or, on connait désormais la responsabilité de l’ancien président de la République dans la banalisation des idées et des figures d’extrême droite en France. Après tout, c’est lui qui, parmi les premiers, déclarait en 2012 que « Marine Le Pen est compatible avec la République ». Avant de se mettre au service de l’ex-chef de l’État – dont il fut plusieurs fois porte-parole –, Gérald Darmanin avait fait ses classes auprès d’un autre élu de l’UMP, considéré comme sulfureux dans ses propres rangs : Christian Vanneste.

      Sur tous les sujets, il était en communion idéologique totale avec moi. Il était plus que catholique, pratiquement intégriste.

      Christian Vanneste, ancien député UMP
      Partisan d’un rapprochement entre la droite de gouvernement et l’extrême droite, l’ancien député du Nord est principalement connu pour être l’auteur de nombreuses déclarations homophobes. Lorsque l’actuel ministre de l’intérieur devient son assistant parlementaire en 2004, Christian Vanneste a déjà été condamné en première instance pour avoir notamment déclaré que « l’homosexualité est une menace pour la survie de l’humanité » – le jugement a finalement été cassé en 2008.

      Des propos et un positionnement idéologique qui ne semblent guère perturber le jeune Gérald Darmanin, qui tweetera lui-même, quelques années plus tard : « Si je suis maire de Tourcoing, je ne célébrerai pas personnellement de mariages entre deux hommes et deux femmes » ; « Mariage homosexuel et adoption par les homosexuels, faut-il tout accepter sous prétexte que “la société évolue” ? » ; ou encore « Incapable de redresser le pays économiquement, le PS propose de néfastes réformes de société : vote des étrangers, mariage homo, euthanasie ».

      En 2008, l’assistant parlementaire qu’il est encore ira jusqu’à écrire quelques articles pour Politique Magazine, une revue liée au mouvement Restauration nationale, qui se réclame de Charles Maurras et de l’Action française. « Sur tous les sujets, il était en communion idéologique totale avec moi. Il était plus que catholique, pratiquement intégriste », confiera à son propos Christian Vanneste au journaliste Jean-Baptiste Forray dans La République des apparatchiks (Fayard, 2017).
      Une motion de censure votée avec l’extrême droite en 2015

      Devenu à son tour député en 2012 – il est alors le plus jeune élu de l’Assemblée nationale avec Marion Maréchal-Le Pen dont il loue l’« intelligence » et l’« ouverture » –, l’élu UMP n’éprouve aucune difficulté à voter une motion de censure avec les députés d’extrême droite trois ans plus tard, comme l’a récemment rappelé le socialiste Boris Vallaud. Ce qui ne l’empêchera pas de qualifier, toute honte bue, Christiane Taubira de « tract ambulant pour le Front national » – la réponse de l’ancienne garde des Sceaux vaut le détour.

      Les choses se sont accélérées depuis son ralliement à Emmanuel Macron, son entrée au gouvernement en 2017, et plus encore son arrivée place Beauvau en 2020. De sa volonté de déplacer les questions sociales vers les sujets identitaires à son recyclage de la sémantique de l’extrême droite, en passant par son obsession d’un prétendu « islamo-gauchisme » et de nébuleuses « listes communautaires », Gérald Darmanin a rapidement sombré dans la com’ au Kärcher de son mentor Sarkozy.

      Passé maître dans l’art du tweet intempestif, de la polémique stérile et du grand n’importe quoi, le ministre de l’intérieur est allé jusqu’à manifester sous les fenêtres de l’Assemblée nationale auprès de syndicats policiers dont il n’a jamais condamné les propos, quand bien même certains expliquaient que « le problème de la police, c’est la justice » ou remettaient en cause l’État de droit en espérant que « les digues céderont, c’est-à-dire les contraintes de la Constitution, de la loi ».

      Il a débattu cordialement avec Éric Zemmour et Marine Le Pen, qu’il a même jugée un peu « trop molle ». Il a balayé d’une pirouette humoristique une tribune de militaires favorables à une reprise en main musclée du pays. Il s’est précipité sur la moindre polémique montée en épingle par la droite extrême et l’extrême droite sur les réseaux sociaux. Il s’est plusieurs fois étendu dans les colonnes de l’hebdomadaire Valeurs actuelles. Et c’est lui qui, aujourd’hui, accuse la gauche de s’acoquiner avec « le diable ».

      Ellen Salvi

  • Réforme des #retraites : est-il vrai que deux tiers des Français sont déjà au chômage à 60 ans ?
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/10/06/reforme-des-retraites-est-il-vrai-que-deux-tiers-des-francais-sont-deja-au-c

    Le député de La France insoumise Manuel Bompard a brandi cet argument [il spoilent tous seuls, ils veulent dire épouvantail, ndc] pour critiquer le projet d’Emmanuel Macron de repousser l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans.

    Le report de l’âge légal de départ est la mesure centrale de la réforme des retraites que le président de la République, Emmanuel Macron, souhaite mettre en œuvre. En faisant passer l’âge d’ouverture des droits à une pension de 62 ans à 65 ans, par un allongement progressif de quatre mois chaque année, le chef de l’Etat a crispé les syndicats ainsi qu’une grande partie de la classe politique française, jusqu’au sein de son camp.

    La France insoumise (LFI), hostile à cette réforme, estime qu’il n’y a aucune justification économique au report de l’âge de départ à la retraite. Invité sur France Inter, mardi 4 octobre, le député des Bouches-du-Rhône Manuel Bompard, a rappelé que le dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) « dit qu’à la date à laquelle on parle le dispositif de retraites en France est excédentaire ». Et d’ajouter : « Aujourd’hui, vous avez à peu près deux tiers des Français qui, au moment où ils arrivent à 60 ans, sont déjà au chômage. Vous n’allez pas faire d’économie, car vous allez transférer les gens d’une caisse à l’autre. » Est-ce vraiment le cas ?

    Un tiers environ des 60-64 ans en activité

    Globalement, la proportion des seniors occupant un emploi a augmenté ces vingt dernières années [Vive la France !] , selon une étude publiée en avril 2022 par la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques, chargée des études au sein du ministère du travail https://dares.travail-emploi.gouv.fr/sites/default/files/80d94dd7dbc89f535116072a9a536201/Dares_tableau-de-bord-seniors_T42021.pdf.
    Qu’en est-il de l’activité des femmes et hommes âgés précisément de 60 ans ? Une étude publiée en juillet 2022 par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) le détaille dans une « Photographie du marché du travail en 2021 ». Pour la population âgée de 60 ans, qui représente environ 825 000 personnes en France, 55,3 % sont en situation d’emploi. Cela signifie donc que 44,7 % des 60 ans ne travaillent pas, soit environ la moitié, comme l’a noté le 28 septembre sur Franceinfo le député de la Somme François Ruffin (LFI) [qui défend mieux l’avaleur travail] .

    Il est donc exagéré [ou peut-être vaguement sans-culottes] d’affirmer que les deux tiers des personnes de 60 ans sont au #chômage, comme le dit M. Bompard. Joint par Le Monde, le député « insoumis » affirme qu’il parlait du taux d’emploi pour la tranche de la population âgée de 60 à 64 ans. « C’est bien ce chiffre qui est pertinent en cas de report de l’âge de départ à la retraite à 64 ou 65 ans », précise-t-il.

    Alors, si l’on regarde la situation des 60-64 ans, selon le rapport du COR, seuls 35,5 % occupaient un poste en 2021, ce qui signifie que deux tiers des hommes et des femmes de cette tranche d’âge n’étaient pas en activité. Ce pourcentage a fortement augmenté depuis le début des années 2000, et en particulier, précise le COR, de « 15,6 points entre 2011 et 2021 du fait de la forte augmentation de l’activité entre 60 et 62 ans ». [les jeunes sans retraites montrent le chemin] Il demeure cependant très faible comparé à celui de l’activité des seniors chez nos voisins européens et internationaux [continuer comme ça ce serait le déclin de la France] .

    [le jeune vieux travaille pas assez !] Parmi les Etats membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques, la France figure en effet parmi les plus mauvais élèves. En 2020, le taux d’emploi des femmes et hommes ayant entre 60 et 64 ans était bien inférieur à celui des seniors américains (53,2 %), allemands (60,7 %) et japonais (71 %).

    Des « inactifs » plutôt que des « chômeurs »

    M. Bompard a commis une autre imprécision en parlant de « #chômeurs », alors que la majorité des personnes de 60 ans qui ne travaillent pas sont des « inactifs ».

    L’Insee distingue en effet les inactifs de ceux qui sont au chômage, et établit ses calculs à partir des chiffres du Bureau international du travail, dont les données sont internationalement reconnues.
    Une personne inactive est quelqu’un qui n’est ni en emploi ni au chômage. C’est le cas des retraités, mais aussi des personnes au foyer ou en incapacité de travailler, par exemple.

    Dans son rapport publié en septembre 2022, le COR précise que les 55,3 % de 60 ans en situation d’emploi se répartissent ainsi :
    41,4 % sont à temps complet ;
    10,6 % sont à temps partiel ;
    3,3 % sont en cumul emploi-retraite.
    [ah bon, mais alors combien sont des "chômeurs en activité à temps réduit", que ça marche aussi bien pour les vieux pas trop rassis que pour les femmes ?]

    Et les 44,7 % qui ne travaillent pas se composent :
    de 20,6 % d’inactifs (dont AAH, invalides du travail du travail, ..., ndc)
    de 16,6 % de retraités ou préretraités ;
    de 7,5 % de chômeurs.

    Le nombre de chômeurs au sens strict parmi cette tranche d’âge est donc bien inférieur à ce qu’a déclaré M. Bompard le 4 octobre.

    #emploi

  • Jets privés : visualisez les trajets les plus fréquents ou les plus courts en France
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/09/06/jets-prives-visualisez-les-trajets-les-plus-frequents-ou-les-plus-courts-en-

    Comme le Paris-Nantes du PSG, la grande majorité des trajets effectués par des avions privés en France sont faisables en train ou en voiture, parfois sans grande différence de temps.

    #climat

  • Environ 75 % des forêts françaises sont privées, un défi pour leur adaptation au changement climatique
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/08/08/75-des-forets-francaises-sont-privees-un-defi-pour-leur-adaptation-au-change


    La répartition des surfaces forestières en France en fonction du statut de propriété. IGN2021

    Selon le Centre national de la propriété forestière (CNPF), établissement public chargé d’accompagner la gestion des #forêts privées, 11 % des propriétaires (soit 380 000 personnes physiques ou morales) possèdent des forêts de plus de 4 hectares, qui totalisent à eux seuls 76 % de la forêt privée. Seuls 50 000 possèdent des surfaces dépassant 25 hectares. Ils assurent les trois quarts de la commercialisation de bois à des professionnels tels que des scieries. L’usage dépend ensuite de l’âge du #bois (chauffage quand il est coupé jeune, construction quand la coupe est effectuée des décennies plus tard).

    Toutes les parcelles relèvent du code forestier (promulgué en 1827 et actualisé depuis), mais au-delà de 25 hectares, les propriétaires sont tenus de faire valider « un plan de gestion », décrivant les coupes de bois et travaux qu’ils prévoient sur leurs forêts dans les dix ou vingt prochaines années. Pour les plus petites, le suivi est moins attentif. Le simple recensement des propriétaires relève de la gageure, souligne le CNPF, dont le rôle est, avec ses quelque 300 agents, de les conseiller et de les former.

  • Cabinets de conseil : Capgemini, le coûteux prestataire dont l’Etat ne sait plus se passer

    L’Etat a confié au moins 1,1 milliard d’euros de missions à Capgemini en cinq ans. L’omniprésence du cabinet fait grincer des dents au sein de l’administration, où des voix dénoncent missions coûteuses, projets ratés, opacité et de conflits d’intérêts.

    C’est un puissant cabinet de conseil privé qui gagne des milliards d’euros grâce à de lucratives missions publiques. Une usine à consultants à qui les ministères externalisent un nombre croissant de tâches, au point de développer vis-à-vis de ses experts une dangereuse dépendance. Une entreprise qui entretient des liens étroits avec l’appareil d’Etat. Il n’est pas question ici de la firme McKinsey, mais de Capgemini, un cabinet français qui semble disposer d’un poids bien supérieur à ses confrères américains sur la conduite des affaires de l’Etat.

    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/07/02/cabinets-de-conseil-capgemini-le-couteux-prestataire-dont-l-etat-ne-sait-plu


    Etienne Grass, patron de la branche « #services_publics » de Capgemini Invent, lors d’une convention sur la #santé, à Paris, le 2 octobre 2021. GABRIELLE FERRANDI / CHAM

    https://justpaste.it/5y61t

    #Cabinets_de_conseil

    • L’embarrassante mission secrète du cabinet de conseil Capgemini pour les douanes françaises

      Des consultants privés de l’entreprise ont eu accès à des données couvertes par le secret fiscal dans le cadre d’un projet informatique, suscitant des remous au sein de l’administration.

      Le sentiment du devoir accompli, Boris G. part en congés. Son algorithme a repéré une possible fraude à la TVA concernant deux jets privés Falcon 7X, pour lesquels l’importateur aurait omis de payer plusieurs millions d’euros lors de leur livraison sur le territoire français. Voilà une excellente nouvelle pour son employeur, les douanes françaises, qui ont parié sur l’intelligence artificielle pour cibler les fraudes à l’importation, en mettant sur pied, quelques mois plus tôt, un « service d’analyse de risque et de ciblage » (SARC). Sa mission : croiser des bases de données pour y détecter, grâce à des algorithmes sophistiqués, des anomalies statistiques menant à de possibles irrégularités.

      Un détail étonne toutefois dans la signature du courriel que Boris G. envoie, le 27 juillet 2017, pour faire part de ses résultats : ce spécialiste de l’intelligence artificielle, qui travaille sur des données ultrasensibles couvertes par le secret fiscal, n’est pas un fonctionnaire des douanes, mais un consultant privé de Capgemini.

      Malgré les risques, le SARC a en effet externalisé une partie de son projet de détection automatique des fraudes au géant français du conseil informatique, en 2017 et 2018. D’après les éléments recueillis par Le Monde, le projet consistait à mettre en place un « puits de données » rassemblant plusieurs fichiers provenant des douanes et de l’administration fiscale, sur lequel les consultants privés pourraient ensuite se brancher pour mener leurs analyses. Sur ce serveur informatique figuraient des données sur l’ensemble des marchandises franchissant les frontières françaises, y compris des biens sensibles comme le matériel de guerre. Mais également des informations très précises sur les opérations de contrôle menées par les douanes.

      « Des prérogatives régaliennes de l’Etat »

      Certaines de ces données ont-elles pu être extraites des serveurs des douanes par des consultants de Capgemini peu scrupuleux ? Un document suggère en tout cas qu’aucun garde-fou n’était prévu, puisqu’une consultante a pu faire une copie sur son ordinateur d’une partie du fichier Banaco, qui contient des informations aussi précises que le nom de l’entreprise contrôlée par les douanes et le résultat du contrôle. Or, l’arrêté de déclaration de ce fichier est clair : il ne doit être accessible qu’aux douaniers.

      Le Monde a également appris que le directeur du SARC, Perry Menz, avait informé plusieurs consultants de Capgemini que l’importateur des jets Falcon 7X identifiés par leur algorithme était déjà dans le viseur de la direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED). Une information ultraconfidentielle, puisque l’entreprise visée, Dassault Aviation, n’était à l’époque pas au courant elle-même. Cette imprudence étonne d’autant plus que Dassault Aviation était par ailleurs à l’époque client de Sogeti, une filiale de Capgemini.

      « C’est un problème de confier à un prestataire privé des données sensibles, qui relèvent des prérogatives régaliennes de l’Etat », réagit Fabien Milin, représentant du syndicat Solidaires Douanes. « Pour un projet aussi sensible, on ne ferait jamais appel à un cabinet extérieur », assure une source à la direction générale des finances publiques, une autre administration qui utilise des techniques informatiques similaires pour le contrôle fiscal, sans faire appel à des prestataires privés.

      Une plainte déposée au PNF

      Au sein des douanes, la mission de Capgemini a fait grincer des dents. D’autant qu’une équipe d’agents publics travaillait en parallèle sur le même projet et que les résultats de Capgemini étaient « décevants », comme l’a reconnu elle-même la direction du SARC, lors d’une rencontre avec les syndicats. Lors de cette réunion, organisée en mars 2018, des représentants syndicaux ont interrogé en vain leur hiérarchie sur le coût de cette prestation, et se sont émus des « risques d’une telle opération, de par la sensibilité et la confidentialité des données, ainsi que les éventuels conflits d’intérêts ».

      Le patron de la douane en personne, Rodolphe Gintz, a été destinataire à la même période d’une note d’alerte d’un agent des douanes. Mis en difficulté par sa hiérarchie, puis contraint au départ, ce fonctionnaire a par la suite déposé une plainte pour violation du secret fiscal auprès du Parquet national financier (PNF), en novembre 2021, qui n’a pour l’instant donné lieu à l’ouverture d’aucune enquête. « Je suis indigné de voir une telle inertie judiciaire face au courage de mon client lanceur d’alerte, qui dénonce des faits d’intérêt public incontestables », s’étonne son avocat, Me Pierre Farge.

      La direction des douanes n’a pas donné suite aux sollicitations du Monde. Des correspondances internes de l’époque montrent toutefois qu’elle a assumé le choix de l’externalisation malgré les critiques. « Bien sûr qu’il convient de préserver [la] confidentialité, écrivait ainsi Gil Lorenzo, le numéro deux du département de lutte contre la fraude des douanes, en mai 2017. Pour autant nous devrons travailler avec des partenaires privés, il ne peut en être autrement, car les ressources internes nous manquent. » Quelques semaines plus tard, le patron du SARC, Perry Menz, se rassurait sur le fait qu’« il n’y a pas de problème légal (…) compte tenu des clauses de confidentialité que l’administration a fait signer [ à Capgemini] ». Mais comment Capgemini s’est-il lui-même assuré du respect de ces règles par ses salariés ? Contactée, l’entreprise n’a pas souhaité répondre.

      https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/07/02/l-embarrassante-mission-secrete-du-cabinet-de-conseil-capgemini-pour-les-dou

    • A l’Agence nationale de l’habitat, les consultants privés de Capgemini font la loi

      L’ANAH a dépensé plus de 30 millions d’euros depuis 2016 pour des prestations du cabinet de conseil, afin de répondre aux demandes du gouvernement sur la rénovation énergétique.

      Une trentaine d’agents de l’Agence nationale de l’habitat (ANAH) ont assisté à une drôle de scène, le 27 juin. En ce lundi matin, une consultante du cabinet de conseil Capgemini présente les résultats d’un audit mené par ses équipes sur le fonctionnement du département des aides et des relations aux usagers (DARU) de l’ANAH, qui pilote MaPrimeRénov’, le dispositif d’aides publiques à la rénovation énergétique des bâtiments.

      Si la salle écoute poliment, rares sont ceux qui ignorent l’évident conflit d’intérêts de Capgemini : depuis des années, ses consultants et développeurs informatiques travaillent par dizaines auprès de l’ANAH pour développer MaPrimeRénov’, et sont tenus responsables de la plupart des problèmes qui secouent l’agence publique, placée sous la tutelle des ministères de l’écologie et de l’économie.

      Un homme, présent dans la salle, en sait quelque chose : David Marx, le consultant en chef de Capgemini à l’ANAH. Depuis le départ de la patronne du DARU, fin mai, il assure l’intérim à la tête de ce département de l’ANAH, qui compte une petite quarantaine de personnes, au mépris des règles de séparation entre agents publics et consultants privés. « Lorsque ça nous a été annoncé en réunion, on était tellement abasourdis qu’un prestataire extérieur puisse devenir notre chef que personne n’a réagi », témoigne un membre de l’équipe sous le couvert de l’anonymat.

      Aux yeux de nombreux agents de l’ANAH, cet événement couronne une longue série de dérives liées à l’omniprésence de Capgemini. Coût exorbitant des missions, dépendance malsaine, intrusion du privé dans les décisions publiques, brouillage des frontières entre consultants et fonctionnaires, choc des cultures… Autant de problèmes soulignés en mars dans le rapport au vitriol de la commission d’enquête du Sénat sur l’emprise des cabinets de conseil sur l’Etat, qui trouvent ici une nouvelle illustration.

      « Pas d’autre choix que d’externaliser »

      D’aussi longtemps qu’ils se souviennent, la plupart des employés de l’ANAH ont toujours vu « les gars de Cap ». « On vit avec eux, on finit par les connaître », rapporte l’une des salariés. Géant français du conseil et des prestations informatiques, le cabinet a mis un pied dans la maison en 2016, avec une première mission d’assistance à la dématérialisation des procédures de demande de subventions, facturée 4,7 millions d’euros.

      Mais le jackpot est arrivé en 2019, quand le premier ministre Edouard Philippe a confié à l’ANAH la création de MaPrimeRénov’ – une aide unifiée destinée à des centaines de milliers de ménages pour mener des travaux de rénovation énergétique dans leurs habitations. Le lancement étant exigé au 1er janvier 2020, il a fallu en quelques mois amender les réglementations, mettre en place une plate-forme informatique pour les demandes d’aides et installer un centre d’appels pour répondre aux usagers.

      Une mission impossible pour l’ANAH, qui ne compte alors qu’une centaine d’agents. Il est exclu pour elle de recruter, en raison de la règle budgétaire qui plafonne le nombre d’emplois de chaque agence de l’Etat pour l’ensemble de l’année. « Pour répondre à la demande urgente du premier ministre, il n’y avait donc pas d’autre choix que d’externaliser », soupire un agent présent depuis le début du projet.

      Un premier contrat est signé en mai 2019 avec Capgemini Invent, la branche de conseil du groupe. Des consultants commencent alors à plancher sur l’organisation de MaPrimeRénov’avec une poignée d’agents de l’ANAH. Des développeurs issus de la branche technique du groupe (Technology Services), les rejoignent bientôt pour bâtir la plate-forme informatique. Idean, une autre filiale de Capgemini, conçoit la charte graphique.

      Les consultants de « Cap » se glissent dans toutes les réunions, sollicitent les agents pour nourrir leurs présentations PowerPoint, qui finissent parfois dans les comités de pilotage avec les ministères, sans aucune mention de la contribution d’un prestataire extérieur. « On ne sait pas ce qu’ils retiennent des chiffres qu’on leur donne, comment ils les présentent à la hiérarchie », se désole une agente. « Puisqu’ils fabriquent les présentations à destination de la direction générale, ils contrôlent l’information et peuvent ainsi s’autocouvrir », abonde un collègue.

      Une dépendance « perverse »

      Le lancement de MaPrimeRénov’, en 2020, n’a pas mis fin à la mission de Capgemini – bien au contraire. L’ANAH, qui compte officiellement 207 agents publics, emploierait actuellement en parallèle plus de 70 développeurs informatiques et 20 consultants de Capgemini, d’après une source interne. Une présence massive et onéreuse, puisque des documents consultés par Le Monde chiffrent les missions du cabinet à plus 30 millions d’euros depuis 2016. Cette somme ne prend pas en compte l’externalisation du centre d’appels, où travaillent plusieurs centaines d’employés de Docaposte, la filiale informatique de La Poste.

      En 2021, la multiplication de bugs sur la plate-forme MaPrimeRénov’, dénoncée par des milliers d’usagers sur un groupe Facebook et dans une pétition, a catalysé le ressentiment contre Capgemini, jugé responsable de ces errements. « Outre les bugs liés à leurs choix techniques, ils ont dépriorisé beaucoup de fonctionnalités importantes pour pouvoir tenir le calendrier du projet, en nous promettant de les introduire plus tard. Mais ça n’a pas été le cas, car il y a toujours plus urgent », témoigne un agent, qui déplore « une énorme perte de temps ».

      Si la pression du politique pour livrer une solution dans des temps resserrés a joué, une autre agente souligne le problème des consultants « qui changent tous les six mois, qu’on doit reformer à chaque fois, et qui ne connaissent rien à la rénovation énergétique et aux publics modestes auxquels on s’adresse ». « On est obligés de repasser sans cesse sur leur travail, qui est truffé d’erreurs », se désole-t-elle.

      Malgré ces déconvenues, l’ANAH a signé en début d’année un nouvel avenant au contrat avec Capgemini, facturant 8,5 millions d’euros le premier semestre 2022. L’agence a renoncé à faire un nouvel appel d’offres pour ouvrir le marché à des concurrents, au nom du « droit de suite » du cabinet pour finaliser le projet. Mais elle lui a également confié la responsabilité de deux nouvelles missions, France Rénov’ (un guichet unique pour la rénovation de l’habitat) et MaPrimeAdapt’ (une future aide financière destinée aux seniors).

      Les missions pour l’agence de l’habitat sont si importantes que Capgemini a mis en place une « ANAH Academy » pour former ses consultants. « Ils ont acquis un poids tellement fort que ce serait compliqué de s’en passer aujourd’hui, convient un agent pourtant critique. Si un nouveau prestataire arrivait, tout le monde péterait les plombs. » Une dépendance jugée « perverse » par sa collègue : « Ils sont là depuis tellement d’années qu’on se demande pourquoi ne pas avoir carrément embauché des fonctionnaires qualifiés pour assumer ces missions pérennes… » https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/07/02/a-l-agence-nationale-de-l-habitat-les-consultants-prives-de-capgemini-font-l

    • « Il est possible que l’on soit allé trop loin » : comment les cabinets de conseil se sont installés à l’hôpital

      Depuis les années 1990, les consultants ont progressivement étendu leur toile dans les établissements, en faisant notamment la promotion de la politique de réduction du nombre de lits.

      C’est un tweet posté par un directeur du cabinet de conseil Capgemini, en juillet 2019, quelques mois avant que le pays bascule dans la crise sanitaire. Le consultant s’y dit « fier » d’avoir accompagné « avec succès » l’hôpital de Nancy et cite, à l’appui, un article annonçant que « la suppression de 179 lits et de près de 600 équivalents temps plein dans les effectifs » au CHU de Nancy vient d’être approuvée par les autorités publiques.

      Le professeur Stéphane Velut, neurochirurgien du CHU de Tours, a archivé le message. D’abord parce que ce plan, présenté comme remarquable à l’été 2019, a coûté son poste, au printemps 2020, au directeur de l’agence régionale de santé (ARS) Grand-Est. Celui-ci avait estimé, en pleine lutte contre le Covid-19, qu’il n’y avait « pas de raison » d’interrompre les suppressions de postes et de lits à l’hôpital de Nancy. Un faux pas politique que le gouvernement a sanctionné. Le professeur Velut a aussi suivi cette histoire de près, car, en dépit de la crise aiguë qui affecte le système de soins, un programme de réduction de coûts analogue guette le CHU où il exerce.

      « Il est prévu que l’hôpital de Tours, qui compte plusieurs sites, soit restructuré et rénové. Mais le financement de ce projet, tel qu’il nous a été présenté en 2017, était assujetti à la suppression de 250 lits, explique le neurochirurgien. Pour nous faire avaler cette pilule, nous avons eu droit à des séminaires organisés par Capgemini. »

      Le médecin ne savait « même pas que ce corps de métier – les consultants – existait. Ils nous expliquaient que l’hôpital de demain serait un “aéroport” – on rentre, on opère, on sort –, utilisaient des expressions comme “redimensionnement capacitaire” sans nous dire à l’époque que ça signifierait près de 25 % de lits en moins ».

      De jeunes cadres expliquent alors aux chefs de service qu’ils peuvent améliorer leur pratique, en comparant la durée moyenne de séjour des patients au CHU de Tours à celle de l’hôpital de Grenoble, bien inférieure. « Or, les activités ne sont pas comparables, Grenoble fait davantage de traumatologie de la colonne vertébrale, s’agace le neurochirurgien. On assistait à un lavage de cerveau, si bien qu’au bout de quelques mois, lors d’une réunion de praticiens, nous avons décidé d’évincer Capgemini. » Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, le nouvel hôpital et le plan d’économies ne sont plus à l’agenda, mais « ils vont y revenir, prévient le médecin. Simplement, je crois comprendre qu’ils supprimeront moins de lits que prévu initialement ».

      Un appel d’air

      Au fil des ans, les cabinets de consultants ont vu leur influence croître et sont devenus un appui incontournable pour bon nombre d’établissements et pour les ARS, ces agences régionales chargées de la mise en œuvre de la politique de santé dans les régions. Ils sont régulièrement perçus, parmi les soignants, dans la crise profonde que traversent les hôpitaux, comme le bras exécutant de la politique de réduction des coûts.

      « Les consultants sont entrés dans le secteur de la santé au début des années 1990 : une loi avait prévu que tout hôpital devait faire un projet stratégique. Or, à l’époque, les directeurs d’hôpitaux ne savaient pas comment conduire de tels projets. Ils se sont donc tournés vers les cabinets de conseil, principalement Bossard, où je travaillais, et Ernst & Young », se souvient Antoine Georges-Picot, énarque, consultant en santé depuis vingt-cinq ans, notamment chez Capgemini et aujourd’hui à la tête du cabinet GovHe. La contribution de ces cabinets prend une tout autre ampleur dans les années 2000, lorsque la puissance publique demande à l’hôpital d’être performant, mieux organisé et de réduire ses coûts.

      Pour accompagner ce mouvement, le gouvernement crée une nouvelle structure, la Mission nationale d’expertise et d’audit hospitaliers (MEAH). Elle diligente des études sur divers sujets, depuis le temps d’attente aux urgences jusqu’à la gestion des pharmacies à l’hôpital. En passant des marchés publics, en diffusant des cahiers des charges, en structurant de grosses missions de conseil, la MEAH crée un appel d’air : certains gros cabinets, qui auparavant ne trouvaient pas les hôpitaux suffisamment attractifs pour en faire leurs clients, se mettent à s’intéresser à eux.

      A la fin des années 2000, l’Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (ANAP) prend le relais, avec un objectif : « l’efficience hospitalière ». L’ANAP change de braquet, elle pilote de plus gros projets et mobilise de plus gros budgets, pour accompagner des hôpitaux en grande difficulté financière. « En gros, l’ANAP payait les consultants, les consultants rendaient un diagnostic sur l’hôpital : “Voilà tous les problèmes et voilà comment il serait possible de les résoudre, par exemple en augmentant la rotation des patients sur les lits hospitaliers ou en développant les soins ambulatoires”, raconte un ancien consultant spécialisé dans le domaine de l’hôpital − il souhaite rester anonyme − qui a participé à ces missions. Et, derrière, un contrat tripartite était signé entre l’hôpital, l’ANAP et l’agence régionale de santé. »

      Des équipes de deux à cinq jeunes gens dynamiques débarquent dans les hôpitaux, y restent parfois un mois et demi, le temps de voir tous les services, administratif, médicaux, logistique, technique. Ces missions sont onéreuses, le prix à la journée par consultant avoisinant les 1 200 à 1 500 euros. Dans le métier, on dit volontiers que « 1 euro dépensé pour un consultant doit en rapporter 5 ou 6 à l’hôpital », grâce aux économies qui seront réalisées.

      « Perte de compétences des équipes »

      « Comment des consultants extérieurs peuvent-ils paraître plus compétents que des personnes qui évoluent depuis quinze ans dans le milieu hospitalier ? », s’est interrogé Martin Hirsch, alors directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), lors de son audition au Sénat, en janvier, par la commission d’enquête sur l’influence croissante des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques. Alors que les hôpitaux sont « très sollicités par les cabinets de conseil, a-t-il précisé, une des premières décisions que j’ai prises a été de mettre fin à des prestations et de ne pas utiliser des marchés “ouverts” avec de grands cabinets de consultants pour des prestations stratégiques pour l’AP-HP qui représentaient des montants significatifs ».

      La Cour des comptes, qui s’est penchée sur le sujet, a souligné, dans un référé publié en 2018, un « recours mal maîtrisé » des établissements publics de santé aux consultants, ayant pour conséquence, « en sus des dépenses immédiates (…), la perte de compétences des équipes ».

      Une étude portant sur les hôpitaux anglais est même parvenue à la conclusion que « plus un hôpital fait appel à des consultants, plus son efficience diminue », a révélé le professeur à l’Essec Jérôme Barthélemy, dans une tribune publiée le 26 juin dans les colonnes du Monde. Notamment parce que les coûts induits par les prestations de conseil réduiraient la capacité des hôpitaux à investir dans leurs propres compétences ou parce que, dans certains cas, les consultants ne semblent pas suffisamment connaître le fonctionnement des hôpitaux pour améliorer leur performance.

      « Il y a trois raisons pour lesquelles les hôpitaux ont recours au cabinet de conseil, avance de son côté Antoine Georges-Picot. “Je n’ai jamais fait”, par exemple reconstruire un hôpital ou fusionner des établissements ; “Je n’ai pas le temps et pas les ressources” ou “Si je le fais en interne, le message ne passera pas, donc je fais appel à l’extérieur pour mettre les sujets sur la table”. »

      « Le monde réel est imparfait »

      Un hôpital est devenu un cas d’école en la matière. Au milieu des années 2000, la construction du Centre hospitalier sud-francilien, regroupement des hôpitaux d’Evry et de Corbeil-Essonnes (Essonne), dans le cadre d’un partenariat public-privé, vire au naufrage. Pour faire tourner l’hôpital, des consultants sont finalement dépêchés, sur une période longue, pour un budget considérable.

      Dans la foulée de cette expérience calamiteuse, la ministre socialiste de la santé Marisol Touraine met en place, fin 2012, le « Copermo », pour Comité interministériel de la performance et de la modernisation de l’offre de soins hospitaliers. Il lui revient de sélectionner les projets d’investissements des hôpitaux nécessitant un financement de l’Etat et d’assurer le suivi des établissements en difficulté. Les projets actuels de modernisation des CHU de Nancy et de Tours, et, au-delà, plusieurs dizaines de projets d’investissements et de plans de retour à l’équilibre financier ont été examinés et validés par le Copermo.

      « L’objectif est alors d’éviter que la France construise à nouveau des hôpitaux trop grands, explique cet ancien d’un grand cabinet de conseil, qui a présenté plusieurs dossiers au Copermo. Il faut donc envoyer le message que l’hôpital sera construit de manière parfaitement rationnelle, selon des standards d’efficience extrêmement élevés. Donc, en gros, il faut s’engager à réduire le nombre de lits de 20 %. Les consultants tiennent le stylo, mais ce ne sont pas eux qui décident. » L’hôpital fait donc appel à un cabinet de conseil « avec l’intention d’obtenir la validation du Copermo, donc de Bercy et du ministère de la santé, poursuit-il. Le consultant est là pour que le dossier soit signé. De toute évidence, quand on acquiert un peu d’expérience en la matière, on sait très bien que ce qu’on va suggérer, écrire, sera bien sûr difficile à tenir ».

      Dans le discours qui a conclu le Ségur de la santé, cette vaste consultation des acteurs du système de soins du printemps-été 2020, Olivier Véran, alors ministre de la santé, s’est exclamé : « S’agissant du Copermo, disons-le nettement, il a vécu. » L’heure n’est plus à « la fermeture systématique des lits ».

      Sans attendre ce changement de cap, intervenu sous le coup d’une crise hospitalière profonde, accélérée par la pandémie de Covid-19, certains consultants ont pris de la distance avec le métier. « Il est tout à fait possible qu’on soit allé trop loin, témoigne cet ancien, désabusé. Le problème du consultant est qu’il évolue toujours dans un monde parfait. Sur le papier, il peut trouver une solution pour mieux remplir les lits ou réduire les durées de séjour. Mais le monde réel est imparfait, les soignants ne sont pas des robots, les locaux et les équipements sont souvent vétustes et mal fichus. »

      Benoît Péricard, énarque, ancien directeur d’hôpital puis consultant, passé notamment chez KPMG, estime que « peut-être un tiers des hôpitaux en France ont passé commande auprès de cabinets de conseil ». Pour un résultat « globalement très décevant ». « A la grande époque, il y a environ dix ans, les propositions des cabinets de conseil n’étaient pas à la hauteur de ce qu’il fallait, affirme-t-il. C’était de l’offre un peu plaquée, passe-partout, qu’on retrouve dans l’industrie, avec les fameuses méthodes du “lean management” [la gestion par la réduction des coûts]. »

      « Le conseil est une expertise un peu vaporeuse par moments », renchérit Nathan Guilbault, 26 ans, désormais étudiant infirmier, après avoir travaillé quatre ans dans le conseil en santé. « On sait que la meilleure façon d’aider les hôpitaux serait de modifier certaines règles, dit-il. Par exemple, celle du 70/30 des plans de retour à l’équilibre financier : l’effort doit provenir à 70 % des économies de charges et à 30 % seulement du développement de l’activité, même si les besoins de la population vont croissant sur le territoire. » Le jeune homme avait « l’espoir d’être utile. Finalement, notre travail offre des solutions, mais très court-termistes, et, en cela, nous sommes mauvais pour l’hôpital. »

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/07/03/il-est-possible-que-l-on-soit-alle-trop-loin-comment-les-cabinets-de-conseil

    • Ma petite expérience de l’ANAH et de MaPrimeRénov’
      dont le site a été réalisé par Capgemini.
      Sur le site de MaPrimeRénov’ à part ouvrir un compte, déposer sa demande en téléversant les preuves fiscales, l’interface du site ne permet pas grand chose d’autre.
      Tu me rétorqueras que l’interface ne fait pas tout, et tu auras bien raison.
      Après la dépose du dossier pour demander la visite de l’expert d’une société privée mandatée par l’ANAH qui te fait miroiter une prise en charge des travaux de 80% pour les foyers démunis (plafonnée à 30.000€), je ne me voyais pas maitre d’œuvre du chantier, j’ai été dirigée vers des architectes aux devis impossibles pour moi. J’ai perdu 6 mois en démarches pour un programme de rénovation énergétique où la Prime Rénov’ sert essentiellement à ceux qui ont les moyens de payer et gérer le chantier.

      Mais le plus excellent, c’est la raison pour laquelle je ne peux pas payer une telle somme, car le budget extravagant engloutit par Capgemini empêche la réalisation d’autres projets, ou sont réalisés dans la souffrance.
      Tout en râlant sur le budget alloué à CapGemini qui organise une réunion d’une demie journée pour changer la couleur d’un bloc, les personnes pour qui je travaille dans le même secteur ont dû plafonner drastiquement le budget d’un extranet des collectivités régionales, et se félicitent de l’avoir réalisé en ayant à disposition des petits indépendants en sous traitance corvéables pour pas grand chose, comme moi, tiens tiens.

      Petit rappel
      https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/07/02/a-l-agence-nationale-de-l-habitat-les-consultants-prives-de-capgemini-font-l

      L’ANAH a dépensé plus de 30 millions d’euros depuis 2016 pour des prestations du cabinet de conseil, afin de répondre aux demandes du gouvernement sur la rénovation énergétique.

      #MaPrim’Renov

  • Un seen pour tout ce qui concerne le risque Le Pen présidente, donc une police Le Pen, une administration Le Pen, des référendums Le Pen. Quand bien même elle devrait cohabiter, avec un Parlement contre elle (tout contre).

    Dans Le Canard de ce 13/04/2022 :

    « Si la nouvelle Assemblée nous est hostile, nous changerons la loi électorale par un référendum organisé dès l’été prochain, puis la présidente dissoudra l’Assemblée… » annonce au « Canard » Gilles Lebreton, professeur de droit public, député européen RN et membre du « conseil stratégique de campagne » de Le Pen.
    La candidate ne prend pas les électeurs en traître : tout ou presque se trouve déjà écrit dans son programme officiel.
    Le projet frontiste de nouvelle loi électorale figure au titre V : il s’agit d’élire les députés à la « proportionnelle intégrale ». Cette idée assez populaire cache une véritable entourloupe. Car la proportionnelle à la sauce lepéniste attribue « une prime majoritaire de 30 % des sièges à la liste arrivée en tête ». À ce tarif-là, il suffit qu’un parti — au hasard, le RN — profite de la dispersion des voix et remporte le scrutin avec 20 % des voix pour disposer de la majorité à l’Assemblée.

    Profiter de la dispersion, c’est ça. Je ne crois pas trop à la réforme constit par référendum, mais ma foi, tout est possible. Et si je me fais l’avocat du diable (ne sachant pas encore si j’irai à CASTORama, comme dit une amie, mais hésitant déjà davantage qu’en 2017), on peut aussi se dire que ce serait une occasion de se regrouper pour faire face. De tester les contre-pouvoirs au sein comme en dehors de l’État. D’éprouver l’antifascisme réel. Sans y croire. Surtout conscient que je ne serais pas le premier à en payer les conséquences.

  • Les électeurs parisiens ont placé Emmanuel Macron en tête (35,33 %, contre 27,6 % dans tout le pays) mais auraient volontiers envoyé Jean-Luc Mélenchon au second tour (30,09 % contre 21,95 %). Marine Le Pen se classe en 6e position avec (5,54 % à Paris contre 23,04 %), et c’est EZ qui se classe 3e (8,16 % contre 7,05 %).
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/04/11/presidentielle-2022-paris-coupee-en-deux-entre-macron-et-melenchon-au-premie

    avec une carte des résultats par bureau (le tout sans données sur l’abstention...)


    #Paris

  • Emmanuel Macron : une lobbyiste du vin au cœur du quinquennat et de la campagne du président-candidat


    Audrey Bourolleau avec Emmanuel Macron, lors de la visite du candidat d’En marche !, au Salon de l’agriculture, le 1er mars 2017. LAURENCE GEAI POUR « LE MONDE »

    si le temps manque pour lire les tripatouillages évoqués, la conclusion peut suffire :

    Au sein de l’équipe de campagne du candidat Macron, celle que La Revue du vin de France rêvait en « ministre » ou « secrétaire d’Etat » en 2017 est aujourd’hui accompagnée par une autre ex-lobbyiste : l’ancienne directrice générale de l’Association nationale des industries alimentaires, Catherine Chapalain. Deux mastodontes de l’économie française dont les intérêts dépassent ensemble les 220 milliards d’euros.

    – - -

    Des documents obtenus par « Le Monde » révèlent comment Audrey Bourolleau, ex-conseillère du chef de l’Etat, a défendu à l’Elysée les intérêts du secteur de l’alcool, après avoir été la déléguée générale de l’organisation de lobbying de la filière viticole.

    Elle avait incarné l’afflux de représentants de la société civile et du secteur privé dans les cercles du pouvoir, au début du quinquennat d’Emmanuel Macron. En 2017, le nouveau chef de l’Etat avait désigné Audrey Bourolleau, lobbyiste en chef de la filière viticole française, comme conseillère « agriculture, pêche, forêt et développement rural » à son cabinet. Et c’est à elle, encore, que le candidat Macron a confié cette année la tête de son groupe de campagne consacré aux questions d’agriculture et d’alimentation, rôle qu’elle avait déjà rempli il y a cinq ans.
    A l’époque, le « rétro-pantouflage » de Mme Bourolleau avait d’emblée suscité l’indignation au sein de la communauté de la santé publique, troublée par cette irruption, au cœur du pouvoir, du lobby de l’alcool, deuxième cause de mortalité prématurée évitable après le tabac, et responsable du décès de 41 000 personnes chaque année en France, selon Santé publique France.

    Une quinzaine d’organisations, dont la Fédération française d’addictologie ou la Ligue nationale contre le cancer, avaient dit redouter les « conflits d’intérêts qui pourraient survenir au détriment de la santé publique ». Audrey Bourolleau avait beau avoir démissionné de Vin & Société, l’organisation de lobbying de la filière viticole dont elle était la déléguée générale depuis 2012, les associations signalaient que, selon la loi sur la transparence de la vie publique de 2013, « l’apparence du conflit suffit (…) à le caractériser ».

    Un négociant invité à la visite d’Etat en Chine

    Audrey Bourolleau est-elle allée au-delà des apparences pendant ses deux ans à l’Elysée ? Un extrait de sa correspondance électronique, obtenu par Le Monde par le biais d’une demande d’accès aux documents administratifs, semble montrer que oui. La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), chargée d’examiner les déclarations d’intérêts des agents publics, a-t-elle recommandé des mesures de déport à la conseillère ? Cette information, couverte par le secret professionnel, n’est pas publique.
    Loin de se déporter des sujets liés à l’alcool, la conseillère du président apparaît, dans une demi-douzaine de documents, comme une facilitatrice du lobby alcoolier à l’Elysée. A l’automne 2017, elle reçoit Antoine Leccia, le président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France, qui avait sollicité Emmanuel Macron par courrier. En janvier 2018, le négociant fera partie de la délégation présidentielle au cours de la première visite d’Etat en Chine.
    En mars 2019, c’est elle qui prépare les « EDL » (éléments de langage) que le « PR » (président de la République) doit prononcer lors de la réception à l’Elysée de près de 150 invités de la filière brassicole à l’occasion de l’arrivée de la bière de printemps. « La France n’est plus elle-même si elle oublie cet art de vivre dont elle a si profondément le génie et votre secteur y contribue », doit conclure le « PR ».

    Un plan national de lutte édulcoré

    Mais Mme Bourolleau est aussi directement intervenue sur les politiques de lutte contre les consommations nocives d’alcool. Un courriel du 21 août 2018, en particulier, la montre en pleine interférence dans la rédaction du plan national de mobilisation contre les addictions de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) pour la période 2018-2022.
    Des propositions de modifications, sur la question de l’alcool exclusivement, qu’elle estime justifiées « en raison de la sensibilité du sujet alcool, [qui] pourrait de nouveau créer une agitation inutile des filières vin, bière et spiritueux », écrit-elle à ses collaborateurs, ajoutant : « Il faudrait éviter de laisser le moindre espace pour une interpellation des filières sur ce rapport. »
    Les occasions sont rares de pouvoir démontrer l’influence exercée sur un texte. Il faut pour cela pouvoir disposer du document de travail, de la trace d’une intervention, et du document final. Or une simple lecture de la version définitive du plan de la Mildeca suffit à le constater : les suggestions de Mme Bourolleau ont été prises en compte. En d’autres termes, l’ex-lobbyiste du vin a contribué à l’édulcoration de la stratégie du gouvernement sur l’alcool.

    Page 17 de la version de travail, relève-t-elle tout d’abord, la phrase suivante pose problème : « L’enjeu désormais est de communiquer sur le fait que toute consommation d’alcool comporte des risques. » Cette partie « fera très fortement réagir les filières [qui] estimeront que cela revient à remettre en question la notion de consommation modérée », alerte la conseillère présidentielle.
    La question de santé publique qui se loge derrière cette remarque est en effet parmi celles qui enflamment le secteur. Depuis le vote de la loi Evin contre le tabagisme et l’alcoolisme en 1991, les alcooliers ont structuré leur lobbying autour de la « modération ». Leur slogan « à consommer avec modération », par exemple, a été conçu pour saper la portée du message sanitaire « L’abus d’alcool est dangereux pour la santé ». Or, depuis plusieurs années, un nombre croissant d’études scientifiques dénoncent les risques liés à toute consommation d’alcool, même minime, en matière de cancer notamment.

    En vue d’un « compromis », Mme Bourolleau propose donc de remplacer la phrase par une autre : « L’enjeu est de communiquer sur le fait que les risques liés à la consommation d’alcool augmentent avec la quantité consommée (risque de cancer sans effet de seuil, y compris en deçà des repères). » C’est cette version plus light et moins limpide qui apparaîtra dans le plan publié par la Mildeca quelques mois plus tard.

    Un « système souhaité par le président »

    La deuxième interpellation de la conseillère concerne justement « l’évolution du message sanitaire », « sujet sensible pour les filières ». L’enjeu : ce message doit-il abandonner la notion d’« abus » pour devenir « l’alcool est dangereux pour la santé » tout court ? C’est ce que recommandait en mai 2017 une expertise de l’Institut national du cancer (INCa) et Santé publique France, qui jugeait « obsolète » l’avertissement actuel au vu des connaissances scientifiques.
    Mais, pour être en cohérence avec « le fond du message que le gouvernement souhaite tenir sur l’alcool », Mme Bourolleau propose de « conserver en l’état » ce passage. Le plan final de la Mildeca s’en tiendra donc à cette recommandation aussi « hyper-prudente » que floue : « Elaborer des scénarios d’évolution du texte du message sanitaire législatif. »

    Sollicitée par Le Monde, la Mildeca indique ne pas être « en mesure de faire de commentaire » sur cet épisode. Mais son plan a été publié avec près d’un an de retard et « nous savions que tout bloquait sur la partie alcool », explique Nathalie Latour, alors déléguée générale de la Fédération Addiction. Au vu du document révélé par Le Monde, « nos soupçons sont confirmés par des faits, estime-t-elle. Il paraît limpide que l’arbitrage s’est exclusivement fait dans le sens des intérêts économiques et en fonction des souhaits du lobby de l’alcool ». Mme Latour, qui se dit « navrée », insiste cependant sur un point : « C’est un choix politique, un système souhaité par le président de la République et le gouvernement, pas le fait de cette femme seule. »
    Des représentants reçus à l’Elysée
    A quel titre Mme Bourolleau agissait-elle à l’Elysée ? La porte-parole des alcooliers pouvait-elle réellement échanger cette casquette pour celle de défenseuse de l’intérêt général ? Ni Audrey Bourolleau ni la présidence de la République n’ont répondu aux sollicitations du Monde.
    Peu avant cet épisode, en mai 2018, la conseillère du président était directement sollicitée par sa successeure à la tête de Vin & Société, Krystel Lepresle. « Mesdames les conseillères, écrit la lobbyiste à Mme Bourolleau et à son homologue sur les questions de santé, Marie Fontanel, nous souhaitions partager avec vous le bon avancement de nos travaux avec Matignon. » A l’invitation de l’Elysée, les filières de boissons alcoolisées ont en effet élaboré des propositions pour le plan national de santé publique Priorité Prévention. Elles s’apprêtent alors à partager les « axes stratégiques ainsi que les mesures-phares de leur contribution à la lutte contre les consommations excessives d’alcool et les comportements à risque » avec des membres des cabinets du premier ministre et des ministères de la santé et de l’agriculture, ainsi que le président de la Mildeca. Mais Mme Lepresle souhaiterait aussi présenter leur contribution à Emmanuel Macron en personne, « si vous le jugez opportun ». Les représentants du secteur seront reçus à l’Elysée le 27 juin.

    « Elle a donc jugé cela opportun », constate Nathalie Latour, qui ignorait jusqu’alors que les deux femmes de Vin & Société étaient à l’initiative de l’invitation. « La régulation se construit dans le dialogue avec toutes les parties prenantes, regrette-t-elle. Or là, l’Etat n’a pas joué son rôle de régulateur et a demandé aux acteurs économiques d’organiser la prévention. »

    Le Monde a également demandé à l’Elysée le compte rendu d’un rendez-vous d’Audrey Bourolleau et Marie Fontanel avec Krystel Lepresle en 2019, et avec Jean-Marie Barillère, président du Comité national des interprofessions des vins à appellation d’origine, fin décembre 2017. Mais « les entretiens des conseillères (…) avec des personnalités extérieures n’ont pas donné lieu à des comptes rendus écrits », précise dans un courriel Patrick Strzoda, directeur de cabinet d’Emmanuel Macron.

    Vinexpo sous le haut patronage de M. Macron

    L’Elysée n’a communiqué qu’une demi-douzaine de courriels et de notes internes. C’est très peu. Mais, par petites touches impressionnistes, ces documents racontent quelque chose de l’exercice du pouvoir dans les coulisses des cabinets.
    Comme ce message interne aux services de l’Elysée qui, en janvier 2019, mentionne au passage que le salon Vinexpo, qui se tiendra à Bordeaux en mai 2019, a été « placé sous le haut patronage du chef de l’Etat sur consignes de Madame Bourolleau ». Ou cette lettre du président de Vinexpo : « Très heureux » du haut patronage, Christophe Navarre demande à François-Xavier Lauch, chef de cabinet d’Emmanuel Macron, la permission de faire figurer cette distinction présidentielle sur les cartons d’invitation à un dîner de gala donné pour « les représentants de la presse internationale », à l’occasion de l’ouverture du salon au château d’Yquem (Sauternes).

    Un dénommé Antoine Cohen-Potin s’en réjouit lui aussi. Il l’écrit en décembre 2018 à Audrey Bourolleau depuis son adresse personnelle « wanadoo.fr », avant de solliciter un rendez-vous. Deux heures plus tard à peine, le secrétariat de celle-ci lui propose une date. « Communication corporate Relations extérieures Affaires publiques Fondations Culture Lifestyle Luxe » pour un cabinet de relations publiques qu’il dirige depuis 2014, M. Cohen-Potin a été directeur de la communication et des relations extérieures de Moët Hennessy au sein du groupe LVMH pendant douze ans. Ses clients ne sont pas connus, faute d’inscription au registre des représentants d’intérêts de la HATVP.

    Un « détricotage » de la loi Evin

    Mme Bourolleau a quitté l’Elysée en juillet 2019 pour rejoindre le château de Lévis-Saint-Nom (Yvelines), qui héberge Hectar, un campus agricole hi-tech financé par Xavier Niel (actionnaire à titre personnel du Monde). Fait notable, aucun autre « échange » avec les alcooliers n’a eu lieu ensuite, pendant au moins un an, avec son successeur ou les ministres de la santé et de l’agriculture, selon Patrick Strzoda.
    Baron Philippe de Rothschild, France Boissons/Heineken, Union des côtes de Bordeaux : en dehors d’un bref détour chez Bic, Audrey Bourolleau, 42 ans, avait jusqu’alors effectué toute sa carrière dans l’alcool. Ses talents de lobbyiste, acclamés par la profession, s’étaient fait notamment remarquer lors de la quatrième étape du « détricotage » de la loi Evin.

    Fin 2015, certaines mentions liées aux terroirs et au patrimoine sur les boissons alcooliques étaient ainsi sorties du périmètre de la loi, contre l’avis de la ministre de la santé Marisol Touraine, mais avec l’assentiment du président François Hollande et de son ministre de l’économie… Emmanuel Macron. Au même moment, Mme Bourolleau orchestrait pour Vin & Société l’opération Grain de raison sur les repères de consommation, dénoncée par la Haute Autorité de santé comme « une campagne publicitaire détourn[ant] un outil médical de lutte contre les dangers de l’alcool ».

    Au sein de l’équipe de campagne du candidat Macron, celle que La Revue du vin de France rêvait en « ministre » ou « secrétaire d’Etat » en 2017 est aujourd’hui accompagnée par une autre ex-lobbyiste : l’ancienne directrice générale de l’Association nationale des industries alimentaires, Catherine Chapalain. Deux mastodontes de l’économie française dont les intérêts dépassent ensemble les 220 milliards d’euros.
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/03/21/une-lobbyiste-du-vin-au-c-ur-du-quinquennat-et-de-la-campagne-electorale-d-e

  • Rapport du Sénat sur les cabinets de conseil : l’opposition dénonce un « scandale d’Etat et fiscal »

    Dans un rapport rendu jeudi, la commission d’enquête du Sénat sur le recours par l’Etat aux cabinets de conseil a notamment dénoncé le « phénomène tentaculaire » de leur présence dans la sphère publique.

    Gestion de la crise sanitaire, réformes des aides personnalisées au logement (APL), de la formation professionnelle, organisation de colloques : la commission d’enquête du Sénat sur le recours par l’Etat aux cabinets de conseil a dénoncé dans son rapport publié jeudi 17 mars le « phénomène tentaculaire » de leur présence dans la sphère publique.

    Le rapport sénatorial se risque pour la première fois à livrer un chiffre, bien qu’imparfait : les sénateurs ont dénombré 945 missions de conseil. Le Monde, qui a enquêté parallèlement, en a recensé des centaines d’autres, arrivant à un total de près de 1 600 contrats depuis 2015, pour un montant estimé à près de 2 milliards d’euros – des chiffres probablement inférieurs à la réalité.

    Le rapport sénatorial dévoile également que le cabinet de conseil américain #McKinsey & Company n’a payé aucun impôt sur les sociétés en France depuis dix ans.

    https://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2022/article/2022/03/18/rapport-du-senat-sur-les-cabinets-de-conseil-l-opposition-denonce-un-scandal

    Explorez les 1 600 missions des cabinets de conseil pour l’Etat recensées par « Le Monde »
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/03/17/explorez-les-1-600-missions-des-cabinets-de-conseil-pour-l-etat-recensees-pa

    #cabinets_de_conseil #conseil #gouvernement #restructurations #fiscalité #fraude_fiscale

  • « Un phénomène tentaculaire et opaque » : le rapport au vitriol du Sénat sur le recours aux cabinets de conseil
    https://www.publicsenat.fr/article/parlementaire/un-phenomene-tentaculaire-opaque-le-rapport-au-vitriol-du-senat-sur-le-r
    https://video.twimg.com/amplify_video/1504414031528013834/vid/1280x720/I0pJvlMPlPUCgeV_.mp4?tag=14

    La commission d’enquête sénatoriale sur l’influence des cabinets de conseil sur les politiques publiques a rendu ses conclusions, après quatre mois de travaux. Elle met en évidence un recours « croissant » aux consultants privés et épingle une « influence avérée », à travers des interventions sur des « réformes majeures ». Elle appelle à mettre fin à l’opacité et à durcir le cadre déontologique.

    Cabinets de conseil : "L’Etat donne parfois le sentiment qu’il ne sait plus faire. #McKinsey est la clé de voûte de la vaccination. En moyenne, une journée de consultant est facturée 2168,38 euros. Les cabinets ont été chèrement présents dans la crise sanitaire."
    "Même le baromètre de l’action publique a été créé par un cabinet, #Capgemini, 3 millions d’euros, cela fait cher le baromètre. Nous avons identifié une prestation de 4 millions d’euros à McKinsey pour la réduction de 5 euros des APL."

    Faux témoignage : "L’un de ses directeurs de McKinsey a affirmé sous serment que McKinsey payait l’impôt sur les sociétés en France, hors McKinsey n’a pas payé l’impôt sur les sociétés en France depuis 10 ans. Le procureur de la République va être saisi." Eliane Assassi

    • Le cabinet de conseil McKinsey accusé d’évasion fiscale en France
      https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/03/17/le-cabinet-de-conseil-mckinsey-accuse-d-evasion-fiscale-en-france_6117905_43

      Le géant américain, qui mène régulièrement des missions de conseil pour l’Elysée et le gouvernement, n’a payé aucun impôt sur les sociétés en dix ans. L’un de ses dirigeants avait affirmé l’inverse en janvier devant une commission d’enquête du Sénat. Dans leur rapport publié jeudi, les sénateurs évoquent un « exemple caricatural d’optimisation fiscale ».

      McKinsey avait fait l’objet, début 2021, d’une vive polémique quand l’implication de ses consultants dans la gestion de la pandémie de Covid-19 a éclaté au grand jour. Un an plus tard, le prestigieux cabinet de conseil américain est de nouveau dans la tourmente, cette fois pour des accusations d’optimisation fiscale agressive. « La Firme », comme elle est surnommée, n’a payé aucun impôt sur les sociétés en France depuis dix ans, selon le rapport de la commission d’enquête sénatoriale sur les cabinets de conseil, rendu public jeudi 17 mars, et dont Le Monde a pris connaissance.

      Cette révélation est d’autant plus embarrassante, à l’aune de la déclaration faite par l’un de ses dirigeants lors de son audition par les sénateurs, le 18 janvier : « Je le dis très nettement : nous payons l’impôt sur les sociétés en France », a témoigné, sous serment, Karim Tadjeddine, le responsable du pôle secteur public de McKinsey. Une affirmation en contradiction avec les informations obtenues par la commission d’enquête auprès de l’administration fiscale, qui a conduit les sénateurs à saisir le procureur sur cas de M. Tadjeddine. Le faux témoignage devant une commission d’enquête est passible de cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.

      Grâce à leurs pouvoirs étendus, les sénateurs ont pu poursuivre l’enquête

      En février 2021, Le Monde avait révélé que la branche française de McKinsey opérait en réalité depuis une structure basée dans l’Etat du Delaware (Etats-Unis), le principal paradis fiscal américain pour les sociétés, caractérisé par une imposition nulle et une grande opacité financière. Sans pouvoir détailler les mécanismes fiscaux utilisés par l’entreprise, faute de transparence sur ses comptes. Grâce à leurs pouvoirs étendus, les sénateurs ont pu poursuivre l’enquête, en allant directement récupérer à Bercy des documents relatifs à McKinsey & Company Inc France et McKinsey & Company SAS, les deux principales entités françaises du cabinet, sur la période 2011 à 2020.

      Conclusion : McKinsey est bien, techniquement, assujetti à l’impôt sur les sociétés. Mais peut-on vraiment dire qu’il l’a « payé » ? Il n’a pas versé le moindre centime à ce titre entre 2011 et 2020, ont constaté les sénateurs. Et ce alors que le chiffre d’affaires français du cabinet était de 329 millions d’euros en 2020, dont 5 % dans le secteur public, pour six cents salariés.
      Optimisation fiscale prisée de bien des multinationales

      Pour parvenir à ce résultat, McKinsey utilise un mécanisme d’optimisation fiscale prisé de bien des multinationales : la déclaration des « prix de transfert » de ses entités en France à la société mère basée au Delaware. Concrètement, le cabinet déduit de ses bénéfices imposables en France de nombreux frais facturés à d’autres entités du groupe situées à l’étranger, comme s’il s’agissait de prestataires. Frais d’administration générale, usage de la marque, assistance interne au sein du réseau, mise à disposition de personnels… Autant de dépenses qui apparaissent comme des charges dans les comptes de la société, et permettent au cabinet de réduire son impôt sur les sociétés à zéro.