• Pourquoi existe-t-il des inégalités patrimoniales entre les hommes et les femmes ?

    « En matière d’héritage, les fils, et a fortiori les fils ainés, sont favorisés par rapport aux filles, même lorsque ces dernières sont les aînées de la famille. » Par Maud Navarre.

    https://blogs.mediapart.fr/dieses/blog/050122/pourquoi-existe-t-il-des-inegalites-patrimoniales-entre-les-hommes-e

    Plusieurs études ont montré que les inégalités sociales progressent ces dernières années et, en particulier les inégalités de patrimoine, qui s’accroissent davantage encore que les inégalités de salaire. C’est ce qu’indiquent le best-seller de l’économiste Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle (Seuil, 2013), ou encore le livre Les Nouveaux Héritiers de Nicolas Frémeaux (Seuil, 2018). Mais les inégalités de patrimoine entre les hommes et les femmes sont demeurées peu étudiées. Pour cause, la statistique française a abordé les questions pendant longtemps à travers le prisme du couple, considéré comme une unité homogène. Or, le gender mainstreaming, l’approche genrée imposée dorénavant dans la plupart des analyses statistiques, fait ressortir l’existence d’inégalités de patrimoine très fortes entre les hommes et les femmes. À en croire les sociologues Céline Bessière et Sybille Gollac (Le Genre du capital, La Découverte, 2020), les écarts de richesse entre hommes et femmes se seraient accrus, passant de 9% en moyenne en la défaveur des femmes en 1998 à 16% en 2015. Ces résultats convergent avec les analyses internationales. Le rapport Wealth and Gender in Europe réalisé par une équipe de chercheuses pour la Commission européenne et publié en 2017 mentionne que la France fait partie des pays où les écarts entre le patrimoine détenu par les femmes et les hommes sont les plus élevés. Certes, le pays n’est pas le seul dans ce cas puisque le rapport pointe une situation analogue en Autriche ou encore en Allemagne. Pourtant, alors que l’égalité des droits entre époux s’est progressivement instaurée en France au XXe siècle, on peut se demander pourquoi de tels écarts subsistent encore aujourd’hui et pourquoi augmentent-ils.