« in flew-Enza »". La grippe espagnole en chansons.

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    "in flew-Enza"". La grippe espagnole en blues et chansons.

    "Les systèmes de santé durement éprouvés par la guerre ne disposent pas de respirateurs artificiels, ni de la possibilité d’intuber efficacement les malades ayant développé des formes graves. Les conditions de vie très difficiles, le manque d’hygiène dont souffrent une grande partie de la population d’alors représentent également un terreau favorable à la propagation et la persistance de l’épidémie. Les longues années de guerre et son cortège de privations, de rationnements et de pénuries avaient largement affaibli les corps des combattants, mais aussi des civils. Dans un premier temps, le nom même de l’épidémie contribua peut-être à en relativiser la dangerosité. D’aucuns avancèrent alors qu’il ne s’agissait que d’une grippe, comme l’humanité en avait déjà surmonté beaucoup au cours de son histoire.

    Ces chiffres, si effroyables soient-ils, sont pourtant restés ignorés, comme éclipsés par ceux de la Grande Guerre. Ainsi, la pandémie resta longtemps un événement refoulé de l’inconscient collectif. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce relatif effacement.

    Avec la révolution pasteurienne, les progrès de l’hygiène et de l’asepsie, les autorités médicales se crurent enfin débarrassées des grandes épidémies infectieuses. L’hécatombe provoquée par la grippe démontra cruellement le contraire. Les médecins n’avaient donc aucun intérêt à entretenir la mémoire de ce grand ratage. D’autre part, la sidération provoquée par les morts de la Grande Guerre ne laisse aucune place aux victimes de la grippe. Au traumatisme des combats se superpose celui de la pandémie, mais il s’agit d’un ennemi moins visible et identifiable. Être terrassé par la grippe est pathétique, bien moins glorieux au yeux des contemporains que de tomber au champ d’honneur. Enfin, la grippe n’est qu’une maladie... Le 9 novembre 1918, le journal satirique Le Rire perçoit très bien ce phénomène : « La grippe aura beau se promener dans Paris, elle n’y rencontrera pas cette panique plus dangereuse que le fléau lui-même. Non, la grippe - qui tue cependant beaucoup plus de monde que les obus et les torpilles - ne fait trembler personne : on en parle allègrement, on la chansonne, on la met en caricatures, on ne veut pas en avoir peur. Et si elle nous entraîne dans une danse assez macabre, on affecte d’en rire, peut-être parce que cette danse est espagnole. (...) Le danger qui ne fait pas de bruit effraie infiniment moins que le danger à grand orchestre. »"