• Un vrai-faux colloque à la Sorbonne pour mener le procès du « wokis... — Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/080122/un-vrai-faux-colloque-la-sorbonne-pour-mener-le-proces-du-wokisme

    Vendredi 7 et samedi 8 janvier s’est tenu à la Sorbonne un colloque éloigné des canons du genre, mais patronné par d’illustres visiteurs, dont le ministre de l’éducation nationale, qui a par ailleurs aidé à financer l’événement. « Épidémie de transgenres », « soleil noir des minorités » : les formules ont fleuri pour qualifier la manière dont le décolonialisme et les études intersectionnelles martyriseraient l’université française.

    https://www.dropbox.com/s/fe32q6i5gmomu5y/article_1004736.pdf?dl=0

    • Quand la Sorbonne fait la courte échelle au fascisme : les acteurs.
      https://paris-luttes.info/quand-la-sorbonne-fait-la-courte-15613

      En parachevant ce simulacre de débat universitaire, cet intellectuel [ Thierry Coulhon ] au service du gouvernement et de l’État concède aux associations organisatrices et à leur ligne idéologique une légitimité institutionnelle. Enfin, il faut appeler un chat un chat, et présenter ce joyeux bordel pour ce qu’il est : une offensive en règle des intellectuel·les du bloc bourgeois conservateur, à la fois effrayé·es de voir dans les « études culturelles » et le « décolonialisme » la relève d’un marxisme universitaire si difficilement battu en brèche [13], et suffisamment en confiance pour revendiquer la direction intellectuelle de l’Université française. Ce mouvement accompagne la fascisation de la société, phénomène toujours révélateur à la fois de la force et de la faiblesse de ce bloc bourgeois réactionnaire.

    • Entre autres acteurs :

      Nathalie Heinich est sociologue spécialiste de l’art contemporain. Ses travaux ont été qualifiés de « populisme scientifique » par son directeur de thèse. Comme la plupart de ses camarades, elle utilise le champ lexical de l’infection et de la maladie pour dénoncer le wokisme et la bien-pensance dans l’université. Elle s’était opposée au PACS et au mariage pour tous, et avait soutenu que le port du burkini encourageait le passage à l’acte des djihadistes. Il faut savoir séparer la sociologue de l’artiste...

      Mathieu Bock-Côté est un ultraconservateur fustigeant régulièrement la dictature de la bien-pensance et de la gauche aux côtés d’Eugénie Bastié et de Charlotte d’Ornellas. Il est de ceux qui courent les plateaux de télévision pour y déclarer qu’on ne peut plus rien dire, alors que ni vous ni moins n’avons eu ni n’aurons jamais l’occasion d’y foutre les pieds et d’y asseoir nos fesses, sur un plateau télé. Mathieu Bock-Côté est considéré comme le remplaçant d’Éric Zemmour sur CNEWS depuis que celui-ci est officiellement rentré dans la campagne présidentielle. Bock-Côté trouve ça « grotesque » d’affilier Zemmour à l’extrême droite. Il fait aussi partie de ces personnes qui dénoncent les thèses de leurs adversaires comme des positions militantes tenues par des idéologues... tout en étant critiqué par ses paires comme un « militant » (dixit le sociologue Mark Fortier) dont les analyses ne présentent aucun caractère sociologique ni scientifique (dixit le sociologue Mathieu Noury).

    • Heinich est pas trop awake de la citation. elle balance les siennes sans source, réécrites. Son Bêtisier du sociologue a pour exergue "Contre la bêtise, même les dieux ne peuvent rien" une phrase de Schiller qu’elle attribue à Holderlin.
      elle n’est pas dépourvue d’expertise pour autant :

      Nous autres sociologues sommes payés pour être intelligents. Ce qui ne nous empêche pas, à l’occasion, de dire des bêtises...
      Ce livre tente d’en répertorier les raisons : depuis le goût pour les généralités jusqu’au souci de défendre ses opinions, qui fait parfois déraper les « intellectuels engagés », en passant par la croyance aux arrière-mondes complotant dans notre dos, les erreurs de raisonnement, voire les manipulations rhétoriques qui embrouillent leurs auteurs autant que leurs lecteurs. Il y a même, paradoxalement, le désintérêt pour le réel, qui fait détourner pudiquement les yeux au passage des faits ; et aussi, plus profondément, la peur d’être seul, qui incite à penser « comme nous »…
      Le lecteur intéressé par les chausse-trappes de la pensée trouvera dans ce petit répertoire un certain nombre d’exemples, mais pas de noms (du moins d’auteurs vivants) : se défendre contre la bêtise n’exige pas qu’on soit méchant.[présentation éditeur]

      #intellectuels #intellectuels_de_droite

    • Pour des études noires sans compromis
      https://lundi.am/Pour-des-etudes-noires-sans-compromis

      Les 7 et 8 janvier, se tenait à la Sorbonne un colloque intitulé Après la déconstruction. Reconstruire les sciences et la culture. Introduit par Jean-Michel Blanquer himself, un parterre d’universitaires réactionnaires s’y est retrouvé pour disserter de la lourde menace que ferait peser la recherche critique sur la bonne moralité de ses étudiants. La sulfureuse question du « wokisme » y a d’ailleurs été évoquée frontalement. Si scientifiquement les interventions semblent avoir été à la hauteur de toutes les attentes, le caniveaux, l’audace et la vulgarité de l’opération n’en sont pas moins significatives. Comme on ne rit jamais très longtemps de pareille déchéance, nous publions en guise de réponse indirecte, l’introduction de Noirceur le dernier livre de Norman Ajari qui paraît à point nommé le 14 janvier prochains aux Éditions Divergences. Il y est précisément question du spectre qui hante certaines têtes blanches ou chauves.

      https://www.editionsdivergences.com/livre/noirceur-race-genre-classe-et-pessimisme-dans-la-pensee-africai
      JMB doit aussi être chauve de l’intérieur.

    • Clair, net et précis !
      « Le colloque organisé à La Sorbonne contre le “wokisme” relève d’un maccarthysme soft »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/01/10/francois-dubet-le-colloque-organise-a-la-sorbonne-contre-le-wokisme-releve-d

      Intitulé « Après la déconstruction : reconstruire les sciences et la culture », l’événément qui s’est tenu au sein de l’université parisienne les 7 et 8 janvier, n’a servi à rien d’autre qu’à fabriquer un ennemi de l’intérieur, estime le sociologue François Dubet, dans une tribune au « Monde ».

      Tribune. On peut être agacé, inquiet, voire hostile à la pensée dite « woke », aux théories du genre appliquées à toutes les sauces, au déconstructivisme radical… On peut préférer les arguments scientifiques à la seule force des indignations. On peut refuser d’être réduit à une identité de dominant de la même manière que l’on refuse de réduire autrui à une identité dominée. On peut penser que l’intersectionnalité est un truisme sociologique érigé en pensée critique nouvelle. On peut penser que la critique de l’islam n’est pas plus nécessairement raciste que l’est celle du catholicisme.

      Bref, on peut avoir de bonnes raisons scientifiques et morales de ne pas adhérer à tout un ensemble de théories et d’idéologies, sans faire pour autant comme si cet ensemble-là était un bloc cohérent, homogène et caricatural, uni par la cancel culture, l’islamo-gauchisme, le décolonialisme ou le « wokisme »…

      Mais quand un colloque officiel est tenu en Sorbonne les 7 et 8 janvier sous l’égide de l’Observatoire du décolonialisme, ouvert par [le ministre de l’éducation nationale] Jean-Michel Blanquer et clos par le président du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur, Thierry Coulhon, il y a de quoi s’inquiéter. Il s’agit, ni plus ni moins, de fabriquer un ennemi intérieur, un ennemi disparate, masqué mais cohérent, qui viserait à détruire, à la fois, la raison et les valeurs républicaines.

      Faute déontologique et erreur politique

      C’est là un maccarthysme soft visant à désigner les ennemis de l’intérieur, leurs complices, leurs compagnons de route et leurs victimes. Ce colloque, tout ce qu’il y a d’officiel, a mobilisé des collègues honorablement connus et souvent reconnus pour la qualité de leur œuvre, auxquels se sont mêlés des intervenants comme Mathieu Bock-Côté, dont les diatribes à la limite du racisme inondent chaque jour CNews et les réseaux de l’extrême droite. Gageons que si Eric Zemmour n’avait pas été pris par la présidentielle, il aurait été de la fête au nom de son œuvre d’historien !

      Comment un président de la République annoncé comme libéral peut-il encourager cette mise en scène maccarthyste ? Comment penser que c’est à l’Etat de dire quels sont les courants de pensée acceptables et ceux qui ne le seraient pas ? Comment ne pas faire suffisamment confiance au monde académique et scientifique pour laisser un ministre de l’éducation conduire un procès à charge contre les idées et recherches qui le dérangent ?

      Ce maccarthysme soft n’est pas seulement condamnable et inquiétant ; il est aussi stupide. Selon la vieille loi de la prédiction créatrice, ce procès fait advenir l’adversaire qu’il combat. Il transforme une nébuleuse hétéroclite de courants de pensées et de travaux disparates en complot plus ou moins organisé contre la science et contre la République.