« Nos enfants méritent bien mieux que la négligence de la gestion sanitaire actuelle »

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  • #Covid-19 : « Nos #enfants méritent bien mieux que la négligence de la gestion sanitaire actuelle », Ecole et familles oubliées et d’autres

    Elisa Zeno, membre du collectif Ecole et familles oubliées, ainsi qu’un certain nombre d’associations, de médecins et de parents d’élève s’alarment, dans une tribune au « Monde », de la situation des enfants en pleine rentrée scolaire, compte tenu de la propagation fulgurante de l’épidémie de Covid-19.

    Tribune. L’école reste ouverte, mais les classes se vident : faute de mesures robustes de prévention et d’anticipation, les établissements connaissent une forte désorganisation et, à quatre jours de la rentrée, ont été déclarés 47 453 cas confirmés d’élèves et 5 631 de personnels. Au 1er janvier, le taux d’incidence des 15-17 ans avait dépassé 3 000 pour 100 000, dans déjà deux régions ; la rentrée au niveau deux (sur quatre) du protocole pour ce groupe d’âge, avec le brassage dans les établissements, a permis de propager très efficacement les contaminations.

    Le nouveau protocole, présenté à la veille de la rentrée, n’aura tenu que trois jours jusqu’à ce que, à la suite de la rupture de stocks d’autotests, au nombre vertigineux de contaminations et aux fermetures de classe, un nouvel allègement, bien paradoxal, intervienne.

    Des activités à haut risque sans masque, comme les activités sportives ou nautiques au collège, sont toujours autorisées. La pratique sportive à la piscine, lorsqu’elle est maintenue, reste obligatoire et soumise à sanctions pour les élèves dont les parents veulent éviter l’exposition, sans protection, à un agent biologique pathogène de niveau trois, sur quatre.

    Nouveau record d’hospitalisations

    La doctrine l’emporte sur la raison : les classes doivent rester ouvertes, même sans enseignants. Pour faire face aux absences de personnels, malades ou isolés, l’Académie de Paris se fixe l’objectif d’atteindre 100 à 120 recrutements, parmi des étudiants « qui se projettent dans ce métier, avec au minimum une licence », mais « aussi des parents d’élèves, au niveau master ».

    Au même moment, chaque jour un nouveau record d’#hospitalisations d’enfants et d’adolescents est battu, comme le ministre de la santé l’a annoncé à l’Assemblée nationale : au 7 janvier, selon Santé publique France, 335 enfants de moins de 10 ans et 229 entre 10 ans et 19 ans étaient hospitalisés (respectivement, une augmentation de 40 % et 90 % en dix jours). Au total, 91 étaient en soins critiques. Des hôpitaux pédiatriques, dont Necker, annoncent devoir déprogrammer des interventions non urgentes, mais dont les annulations répétées finissent par avoir des répercussions sur la santé des patients enfants.

    Force est de constater que l’#école n’est plus en mesure de garantir ni l’éducation ni la protection de la santé. Dans ces conditions, peut-on continuer à dire que l’école est « bonne » pour les enfants ?

    L’école est restée ouverte au virus, de ce fait elle a fermé ses portes à de très nombreux enfants, de manière intempestive et désorganisée. En 2021, si l’éducation nationale avait déployé les moyens nécessaires, technologiques et humains, un enseignement en distanciel d’une ou deux semaines, le temps de mettre en œuvre les mesures nécessaires, accompagné d’une politique sociale pour les enfants défavorisés, aurait été sûrement moins impactant, sur le plan psychologique et pédagogique, que le chaos actuel.

    « Roulette russe »

    A l’heure où le pays se clive entre vaccinés et non-vaccinés et débat des choix linguistiques et politiques de son président, tout le monde semble oublier que les enfants sont toujours en première ligne sans protection. Ni celle du vaccin, difficile à obtenir même pour les élèves éligibles de moins de 12 ans, ni celle de la sécurisation des endroits qu’ils fréquentent, en premier lieu l’école.

    Tous les jours, nous envoyons nos enfants dans des salles de classe et des cantines bondées et mal ou non aérées, pour jouer à la « roulette russe » avec le variant du moment, en espérant qu’ils échapperont à une forme grave ou à un Covid long pédiatrique, avec des séquelles parfois très graves. Tous les jours, nous subissons des choix irresponsables, estampillés unilatéralement « dans l’intérêt des enfants », déniant ainsi la possibilité de tout questionnement légitime.

    Nous demandons encore une fois au gouvernement d’agir réellement dans l’intérêt des enfants : investir massivement dans l’aération des écoles et de lieux publics, organiser le dépistage itératif en ayant recours aux techniques qui permettent de tester tous les élèves et personnels, fonder le #protocole_sanitaire sur des données scientifiques et des seuils connus et anticipés pour passer d’un niveau à l’autre, interdire et adapter les activités à très haut risque.

    Nos enfants méritent bien mieux que la négligence de la gestion sanitaire actuelle. Le gouvernement a le devoir de tout mettre en œuvre pour respecter leurs droits les plus fondamentaux : le droit à l’éducation et le droit à la santé.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/01/09/covid-19-nos-enfants-meritent-bien-mieux-que-la-negligence-de-la-gestion-san

    Les signataires : Jérôme Barrière, oncologue médical, parent d’élève ; Fabienne Blum, docteure en pharmacie, présidente de l’association Citizen4Science ; Céline Bon, parent d’élève ; Sylvain Bouchon, avocat ; Céline Castera, infirmière ; Matthieu Chauveau, professeur certifié et parent d’élève ; Audrey Coulon, parent et assistante maternelle ; Gisèle Daste, pédagogue ; Stéphane Dedieu, professeur des universités, université Reims-Champagne-Ardenne ; Vanessa Ezerzer, psychologue ; Anne Fougeret, parent d’élève ; Yannick Freymann, médecin généraliste ; Claude-Alexandre Gustave, biologiste médical ; Alain Homsi, réalisateur et parent d’élève ; Christophe Lamarre, médecin généraliste à Roubaix ; Christian Lehmann, médecin généraliste, membre du collectif Du côté de la science ; Solenn Lesven, parent d’élève ; Agnès Limbert, infographiste, parent d’élève ; Andreea-Cristina Mas, collectif Covid long pédiatrique ; Arnaud Mercier, professeur en communication, université Paris-II-Assas ; Philippe Moreau-Chevrolet, communicant, parent d’élève ; Virginie Oliviero, parent d’élève ; Cécile Philippe, Institut économique Molinari et parent d’élèves ; Nathalie Piat, parent d’élève ; Corinne Plante, parent d’élève, commerçante ; Audrey Quehen, parent d’élève ; Michaël Rochoy, médecin généraliste ; Anne Rolland, neuropédiatre ; Muriel Rouyer, professeure de science politique, université de Nantes, représentante élue de parents FCPE ; Nicolas Russier, parent d’élève ; Meryl Sebbane Welp, microbiologiste ; Barbara Serrano, consultante indépendante, maîtresse de conférences associée à l’université Paris-Saclay, membre du collectif Du côté de la science ; David Simard, docteur en philosophie, membre du collectif Du côté de la science ; Laure Soule, parent d’élève ; Marie Valdes, présidente de l’association nationale Familles des enfants victimes du PIMS Covid ; Armelle Vautrot, psychanalyste et psychopédagogue, parent d’élève ; Elisa Zeno, ingénieure de recherche, PhD, collectif Ecole et familles oubliées ; Laurent Zimmermann, maître de conférences, Université de Paris ; Mahmoud Zureik, professeur d’épidémiologie et de santé publique à l’Université de Versailles Saint-Quentin, membre du collectif Du Côté de la Science.

    Covid-19 : des hospitalisations pédiatriques en hausse, en lien avec l’augmentation du nombre de cas

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/01/05/covid-19-pas-d-envolee-d-hospitalisations-en-pediatrie_6108271_3244.html

    Les formes graves restent très rares chez les enfants, confrontés eux aussi à la vague Omicron.

    Inédite par son ampleur – plus de 270 000 nouveaux cas détectés le 4 janvier –, la vague portée par les variants Delta et Omicron n’épargne par les enfants. Au moins 180 000 d’entre eux ont été diagnostiqués positifs au SARS-CoV-2 la dernière semaine de décembre. Selon les statistiques de Santé publique France (SPF), à la veille de la rentrée, on dénombrait 48 500 lycéens (15-17 ans), 56 000 collégiens (11-14 ans), 60 000 écoliers (6-10 ans) et 15 500 élèves de maternelle (3-5 ans) diagnostiqués positifs. Plus épargnés lors des précédentes vagues, les petits Français apparaissent désormais en première ligne face au virus, alors que la vaccination pour les 5-11 n’a été ouverte que le 22 décembre 2021.

    « Pour moi, un enfant à l’hôpital, c’est déjà beaucoup, 60 enfants en réanimation pour une maladie infectieuse, c’est déjà énorme, a lancé le ministre de la santé, Olivier Véran, aux députés, mardi, dans le cadre des discussions sur l’instauration du passe vaccinal. La dynamique épidémique, même si elle est moins impressionnante dans les chiffres que s’agissant des adultes, poursuit son augmentation. Les risques pour un enfant de présenter une forme grave sont très faibles, mais il y en a », a-t-il ajouté.

    Plus de 800 PIMS en France

    Les cas graves restent rares chez les enfants, mais, avec l’envolée du nombre de cas, les hospitalisations se multiplient. Au 4 janvier, 284 enfants de moins de 10 ans, ainsi que 180 enfants et adolescents entre 10 ans et 19 ans étaient hospitalisés avec un diagnostic Covid-19. Ils étaient respectivement 78 et 54 un mois plus tôt, avec une accélération depuis les derniers jours de décembre 2021. « Certains sont hospitalisés pour d’autres causes que le Covid-19 et le diagnostic est fortuit », relativise François Angoulvant, pédiatre à l’hôpital Robert-Debré, à Paris, qui estime à environ 20 % ces cas incidents. « Les hospitalisations pour Covid sont bien moins nombreuses que pour la grippe ou la bronchiolite », ajoute-t-il, en précisant que ces maladies hivernales sont à l’origine de plusieurs milliers d’hospitalisations chaque année.

    Les cas graves, qui requièrent parfois une prise en charge en réanimation, sont le plus liés à une complication baptisée « syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique » ou #PIMS : plus de 800 ont été recensés en France depuis le début de l’épidémie. « Omicron reste une grande inconnue. On ne sait pas trop ce que cela va donner, car on n’a pas encore assez de recul et de données concernant les PIMS chez les enfants », observe François Angoulvant.

    Le pédiatre se dit favorable à la vaccination des enfants de 5 ans à 11 ans, compte tenu de l’absence de signal inquiétant, alors que 9 millions d’enfants ont déjà reçu au moins une dose aux Etats-Unis. « Si on ne vaccine pas les 5-11 ans [5,7 millions de personnes, selon l’Insee], on accepte qu’un jour ou l’autre ils attrapent le Covid et que plus d’un millier d’entre eux fassent un PIMS », souligne le pédiatre, en précisant qu’on estime à 75 % la part des enfants qui n’ont jamais eu le Covid-19, et qu’il y a un cas de PIMS toutes les 4 000 infections. Une étude portant sur un peu plus de 30 adolescents suggère que le vaccin réduit de façon très importante le risque de survenue de PIMS, et le même effet est attendu chez les enfants.

    Peu d’enfants vaccinés

    « Avec Delta et Omicron, il est probable qu’on ait une augmentation importante de PIMS en soins critiques pédiatriques en janvier et en février », prévoit Etienne Javouhey, chef du service d’urgences et de réanimation pédiatriques du centre hospitalier universitaire (CHU) de Lyon, en précisant que les symptômes surviennent quatre à cinq semaines après la contamination. « C’est plus lié à l’augmentation du nombre de cas qu’à une sévérité particulière de ces variants », ajoute le pédiatre. Le pourcentage des 5-11 ans vaccinés est très faible – moins de 0,5 %, fin décembre –, trop pour constater un impact sur la vague épidémique de ce début d’année. L’incidence des PIMS étant la plus élevée dans cette classe d’âge, les réanimateurs se préparent à l’arrivée de nombreux cas.

    « Les réanimations étaient jusqu’à présent saturées par les bronchiolites. Là, on respire un peu, car le nombre de cas a baissé, mais la grippe et le Covid vont vite suivre », pressent le réanimateur, qui a aussi déjà recensé quelques cas d’hospitalisation pour un syndrome de détresse respiratoire aigu (SDRA). « Nous avions eu quelques rares cas avant, mais chez des adolescents avec des comorbidités », précise-t-il. La survenue de Covid longs est difficile à estimer. « Cela existe aussi chez l’enfant, mais, comme chez l’adulte, les symptômes sont difficiles à dissocier des conséquences physiques et psychologiques du Covid et de l’hospitalisation », avance Etienne Javouhey.