• La fin du monde se visite en camionnette Chez Renart - Renart
    Depuis un an, un Tour operator goupilesque à souhaits propose la visite des lieux les plus délabrés, toxiques, emblématiques, de la région la plus frappée par la « révolution industrielle ». Exquis, non ? Entre « urbex » et visite guidée, Nord-Pas de Calais Adventure remonte l’histoire industrielle des Flandres et du bassin minier pour expliquer la situation écologique actuelle. Accrochez-vous à votre second degré.

    Quand bien même on préfère souvent regarder ailleurs, nul n’ignore que la région Nord-Pas-de-Calais cumule les médailles les moins reluisantes. Pollutions des sols, de l’air et des eaux offrent à la région la première place du cancer et la dernière de l’espérance de vie. La preuve par cartes, ci-dessous.

    La région s’est encore illustrée dernièrement dans les médias. Le reportage « Les enfants du plomb », diffusé le 3 octobre sur France 5 , https://www.france.tv/france-5/vert-de-rage/4198072-les-enfants-du-plomb-extrait.html fut tourné autour de l’ancienne usine Penarroya-Metalleurop de Noyelles-Godault, qui fut la plus grande d’Europe. On y recense 5 000 cas de saturnisme depuis les années 1970. Malgré les interdictions de cultiver, construire, jouer dans la terre, et les obligations de décaisser les sols, vingt après la fermeture de l’usine, les taux de plombémie sont toujours aussi désespérants. Le métal infestera encore quelques siècles le sang des habitants sans que les actionnaires, évaporés eux, ne rendent un jour de compte. Entre une ruine et une déchetterie à ciel ouvert, Nord-Pas de Calais Adventure raconte l’épopée du fondateur de Metaleurop, le polytechnicien Charles Ledoux, ingénieur des mines ayant œuvré tantôt pour l’État, tantôt pour son compte.

    Le 21 septembre dernier, c’est par une enquête du Monde que les habitants du Nord-Pas de Calais apprennent que deux robinets sur trois les abreuvent d’une eau polluée aux pesticides – la moyenne nationale est de 20 %. La faute à l’agriculture intensive, aux patatiers et betteraviers.
Depuis la camionnette traversant la plaine agro-industrielle flamande, on apprend que les résidus chimiques de la première guerre mondiale interdisent la consommation d’eau dans des centaines de communes. . . . . .

    La suite : https://chez.renart.info/?La-fin-du-monde-se-visite-en-camionnette

    #tour_operator #pollution #ubex #plomb #saturnisme #tourisme #Nord #Pas_de_calais #metaleurop #chimie

    • New York vu par Le Monde : quelques remarques sur un « reportage » singulièrement biaisé Sylvie Tissot, vendredi 28 octobre 2022

      Quel journaliste ne mourrait pas d’envie d’être envoyé en reportage à New York ? Aude Goullioud du Monde a eu cette chance. Alors que le réchauffement climatique impose de réduire les vols transatlantiques, il est bon, après la publication de son article le 17 octobre 2022, https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2022/10/17/si-tu-es-genereux-avec-new-york-new-york-sera-genereuse-avec-toi-les-possibi de se demander : qu’y a-t-elle vu, qui y a-t-elle rencontré pour accumuler tellement de clichés que ça en devient presque gênant ?


      
La ville des « opportunités » qui se « réinvente sans arrêt » et se relève après chaque épreuve. La ville du « brassage constant », des milles nationalités, la ville où l’on vient tenter sa chance et où, si l’on « travaille dur », s’il l’on sait se « dépasser », on sera récompensé.

      On se croirait en plein American Dream , un mythe, qui n’a cessé, depuis des décennies, d’être contesté de toutes parts et de toutes les manières, mais dont il semble qu’il inspire, toujours et encore, des plumes françaises d’habitude plus acérées quand il s’agit de parler des Etats-Unis.

      De la gentrification qui avance à un rythme qui donne le tournis, des inégalités brutales, profondes, structurelles, visibles partout, de la pandémie qui a détruit tant de vies, on n’aura dans l’article que quelques rapides évocations, en guise de concessions. Certes les loyers sont faramineux, mais  : un peu d’entraide entre voisins et un puits sans fond d’opportunités viennent efficacement effacer du paysage ces ennuyeux détails, et donner toute sa place à ce « ciel bleu toute l’année » qui a tant fasciné la journaliste – ciel bleu qui, comme le soleil, rend probablement la misère « moins pénible ».

      Black Lives Matter est évoqué mais ravalé – on a du mal à le croire – au rang de plaidoyer naïf pour la « diversité ». C’est ce qu’on retient des propos d’une « jeune Française » appartenant à l’échantillon très particulier constitué par la journaliste envoyée « sur le terrain ».

      Pour cette habitante « bien ancrée à New York où elle a monté Polonsky&Friends, une agence de direction artistique et stratégique dans le secteur des métiers de bouche », BLM semble bel et bien avoir été un « tournant ». Désormais consciente du « racisme systémique », bouleversée semble-t-il, elle ne se laisse pas abattre et lance une newsletter où « elle met en lumière les meilleurs artisans de bouche de New York avec un souci constant de diversité ».

      Il faudrait beau voir qu’après ça, des policiers tuent encore des Noirs.

      Preuve que le message – sur le racisme systémique, donc – de BLM est passé, notre informatrice enchaîne : « Et c’est win win pour tout le monde ! ». La journaliste semble sous le charme.

      Quant à nous, nous sommes plutôt consternés. Est-ce que des Français au profil un peu différent auraient eu autre chose à dire ? Probablement, mais aucun n’est interviewé. Seuls les « gens qui font des choses formidables » ont eu l’honneur de parler de leurs « opportunités ». La liste est parlante : le conseiller culturel de l’ambassade de France, une photographe et joaillière, la directrice artistique d’un magazine, une curatrice et consultante dans l’art contemporain, le directeur d’un centre culturel et artistique de Brooklyn, un galeriste, une directrice artistique et consultante en stratégie de marque, un photographe, un écrivain et philosophe.

      Mon préféré reste le propriétaire français de trois restaurants, dont le dernier, tout juste ouvert à Brooklyn, s’appelle (car il est installé dans une ancienne laverie) : Fulgurances Laundromat.

      N’est-ce pas follement créatif ! (seul un esprit chagrin, plutôt qu’« innovant », y verra un lien avec la gentrification évoquée quelques paragraphes plus haut).

      Vous aurez, à la lecture de cet article, compris le sous-texte régulièrement relayé dans les pages du Monde, où les affinités macroniennes s’expriment parfois sans filtre : on pourrait en prendre de la graine en France, pays des grincheux et des fainéants, où perdurent des hiérarchies dépassées alors qu’ici, « jamais personne ne vous demande vos diplômes ou votre CV ».

      Qu’une journaliste relaie sans broncher une contre-vérité pareille, dans une ville où les discriminations sont bien ancrées, où la compétition est féroce, et où la préparation aux plus grandes universités commence dès l’école primaire… on croit rêver.

      La conclusion en rajoute une louche, avec le témoignage, repris sans ironie aucune, de la directrice artistique d’un important journal : épouse d’un célèbre illustrateur, avec qui elle a monté son magazine, elle se félicite – et s’étonne ! – d’avoir été ainsi recrutée, et y voit la manifestation de la plus grande des libertés et des possibilités infinies.

      Quand l’entre-soi des élites culturelles devient le « degré d’innovation maximal »…
      Sylvie Tissot


      « Sous le ciel bleu, les clichés »  : nous reproduisons, sous forme de tribune et avec son accord, un texte de Sylvie Tissot paru sur le site de LMSI https://lmsi.net/Sous-le-ciel-bleu-les-cliches (Les mots sont importants) le 24 octobre. (Acrimed)

  • Quand l’urinoir se féminise
    https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2022/01/12/quand-l-urinoir-se-feminise_6109212_4497319.html

    On les appelle les petits coins, les cabinets, les W-C, les #toilettes ou les #latrines, mais quel que soit le vocable, ces lieux d’aisance n’ont guère évolué depuis 1775, date d’un brevet pour système avec chasse d’eau, déposé par l’Ecossais Alexander Cumming. Voilà qu’avec de premiers #urinoirs pour #femmes la France a commencé depuis quelques mois une révolution des formes et… des usages.

    Derrière ces #toilettes_sèches se cachent deux créatrices aux parcours très différents. Il y a Louise Raguet, étudiante à L’Ecole nationale supérieure de création industrielle – Les Ateliers, qui pour son diplôme obtenu en 2019, conçoit l’urinoir Marcelle, permettant aux filles d’uriner en position squat, soit semi-accroupie comme dans la nature.

    #paywall


    • Marcelle, urinoir pour femme, de Louise Raguet. VÉRONIQUE HUYGUE

      Cette jeune chercheuse en biologie reconvertie dans le design, âgée aujourd’hui de 31 ans, veut allier combat féministe et écologie, « questionner le fonctionnement des toilettes actuelles avec leurs files d’attente interminables côté dames et permettre le recyclage des urines au féminin, ce qui n’était pas envisagé jusqu’ici ».

      A peine diplômée, elle reçoit des propositions et la voilà qui vend ses premières créations, qui seront notamment installées dans l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul, à Paris, transformé temporairement en lieu de partage dit Les Grands Voisins.

      Il y a aussi Nathalie des Isnards, 48 ans, ex-directrice des ressources humaines dans l’industrie, qui fonde en 2017 la start-up malicieusement baptisée madamePee (de l’anglais to pee, « uriner »), autour d’une « urinoire féminine » qu’elle brevette l’année suivante. « L’idée m’en est venue en tant qu’usagère », assure-t-elle. Dès le départ, elle s’entoure de designers, mais aussi d’ergonomes et de sociologues car « sur ce sujet intime, la parole n’est pas aisée, il faut faire s’exprimer les réels besoins des femmes ». On convient aussi de féminiser le nom du produit mis au point, « parce que la définition de l’urinoir, dans les dictionnaires, ne se réfère qu’aux hommes », précise l’énergique autoentrepreneuse.


      MadamePee, urinoir créé par Nathalie des Isnards, ici au festival Peacock Society, en septembre 2021. MADAMEPEE

      De ces deux approches naissent des urinoirs au féminin, du jamais-vu. Une cuvette très étroite en Inox peint (beige et orange), fabriquée par une chaudronnerie de Troyes pour Marcelle. Une forme plutôt géométrique façon bec de pélican, en aluminium et polyéthylène recyclable, avec un retour à l’avant pour éviter les éclaboussures, pour madamePee. Les usagères n’ont besoin de toucher à rien, critère primordial car la plupart d’entre elles adoptent, hors de chez elles, une succession de stratégies de contournement qui prend beaucoup de temps : ne toucher le verrou qu’avec leur manche, ne surtout pas s’asseoir sur la cuvette ou la recouvrir de papier, etc. Dans les deux cas, la cuvette est un peu basse et il n’y a pas de chasse d’eau : l’urine est recueillie dans une cuve, direction le tout-à-l’égout ou bien les champs, comme engrais.

      Star du concours Lépine

      « Les confinements successifs, notamment en France avec la fermeture des bars et des restaurants – solution de repli traditionnel pour les femmes – ont confirmé l’intérêt de l’urinoir au féminin », fait remarquer Nathalie des Isnards qui, après les festivals de musique Hellfest en Loire-Atlantique ou Solidays dans la capitale et des événements comme Paris Plage, a exporté sa formule du Portugal à la Belgique, en attendant ce printemps le Canada et la Côte d’Ivoire. De son côté, Louise Raguet cherche un ou une associé(e) pour développer la commercialisation de sa « Marcelle » qui à l’été 2021, trônait au festival We Love Green, ou sur la péniche culturelle Le Barboteur, à Paris. Toutes deux ont dessiné et breveté leurs pictogrammes, clairement explicites quant à la posture à adopter devant la cuvette, nouveaux usages obligent.

      Toutes ces innovations chahutent le marché peu original des sanitaires. A Bordeaux, on teste des urinoirs madamePee dans un lycée, afin de lever les craintes en termes d’hygiène qui conduisent une majorité de jeunes filles à se retenir d’aller aux toilettes à l’école . A Rennes, après Toulouse, on expérimente de drôles d’urinoirs collectifs féminins en forme d’hélice, brevetés fin 2017 sous le nom de Lapee, par un jeune duo d’architectes, l’un danois, l’autre française.

      Ces toilettes sèches, star du concours Lépine en France en 2019, ne comportent pas de portes – seule la tête dépasse – et accueillent trois filles d’un coup dans son cercle de plastique rose bonbon. Il s’agit de permettre un pipi express : en trente secondes, au lieu de trois minutes en moyenne dans des toilettes fermées . La ville de Copenhague a décidé de les installer dans ses parcs et jardins durant la belle saison, de juin à septembre. « Dans l’espace public, le manque de sanitaires où l’on se sent autorisée à rentrer est criant. On habitue les filles très jeunes à se retenir, alors que faire pipi, c’est naturel et cela devrait être simple », martèle Gina Périer, 27 ans, co-fondatrice de la marque Lapee.

      Lapee, urinoirs collectifs féminins. LAPEE

      Des toilettes Lapee au Roskilde Festival (Danemark) de 2019. OLIVIA ROHDE

      Même JCDecaux qui fête les quarante ans de ses Sanisettes – « les premières toilettes universelles, unisexes et autonettoyantes », selon Albert Asseraf, directeur général communication et nouveaux usages – a révisé sa copie. Pour rassurer les femmes qui répugnaient à les utiliser, on a fait entrer la lumière du jour par un oculus dans le toit, et rajouté un poussoir d’urgence, visible dès l’entrée. Et depuis 2019, des urinoirs pour messieurs ont été accrochés au dos d’une cinquantaine de Sanisettes à Paris (notamment au Trocadéro et à la tour Eiffel), mais aussi à Marseille, Bayonne, Berlin ou Düsseldorf, en Allemagne. Il s’agit « de libérer davantage la cabine pour les personnes en fauteuil roulant et pour les femmes et les enfants » [parlons pas de caca, de fix, et autres variantes d’usage qui consomment du temps de toilettes disponibles, ndc], explique le designer Patrick Jouin, qui a signé toutes ces adaptations. L’urinoir ne dispose pas d’eau, mais de gel hydroalcoolique, et se cache derrière un joli drapé vert chêne, comme la Sanisette.

      L’« urinoire » féminine de madamePee n’est pas restée célibataire longtemps. A la demande des loueurs de sanitaires, une version masculine a vu le jour. « Des festivaliers se rendaient trop souvent chez les filles, arguant préférer, eux aussi, un minimum d’intimité »_, explique Nathalie des Isnards. Ainsi est née misterPee, une cabine aux portes battantes façon saloon, habillée de noir quand celle des filles est rouge vermillon. On a pu voir les deux parader dans des mariages.

      and de ouineure is : allier combat féministe, écologie, diminution du temps consacré à la réduction des risques et rotation en just à temps. habituons nous aux #gagnant_gagnant enchanteur. Oui, un capitalisme sans domination est possible !