La gauche vaut-elle une grève de la faim ?, par Aude Lancelin

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  • La gauche vaut-elle une grève de la faim ? par Aude Lancelin
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    On apprend donc qu’une poignée de militants, dont certains évidemment à peine sortis de l’œuf et fort ingénus, viennent d’entamer une grève de la faim afin que « la gauche » se mette en ordre de bataille pour 2022 derrière une candidature unique. « On espère que cette violence qu’on inflige à nos corps fera réagir les candidats » affirme l’une d’entre elles, interrogée le 7 janvier dernier par nos confères de Libération. « On pousse un cri du corps, un cri du ventre. On crie famine parce qu’on a faim d’autre chose », complète son camarade gréviste, un jeune militant climat. Après la gauche du cœur des années 1990, la gauche du corps des années 2020, donc. Deux façons d’échouer avec les meilleures intentions du monde depuis plus de trente ans. Ce qu’on attend toujours, et qui n’est toujours pas venu, c’est la gauche du peuple. Celle qui renouerait avec les aspirations des classes populaires, et gagnerait à nouveau leur confiance. Une opération prendrait il est vrai plus de trois mois, et aurait dû a minima commencer aux lendemains de la victoire d’Emmanuel Macron en 2017.

    À quoi bon en effet s’affamer pour obtenir aux forceps une manœuvre politicienne de dernière minute, contraignant des carpes et des lapins à produire une nouvelle chimère ? Un monstre politique condamné à échouer quel que soit le cas de figure en 2022 : soit au moment de l’élection au printemps prochain, car ce candidat unique n’a désormais quasiment plus aucune chance d’être au second tour ; soit en aval de l’élection, vautré dans le reniement et l’imposture comme Syriza hier en Grèce, plateforme de gauche qui se vit condamnée à appliquer avec de plus en plus de zèle les purges de la Troïka, ou comme Hollande en France, bienfaiteur du CAC 40 cyniquement élu sur une déclaration de guerre à la finance.

    Car de quelle « gauche » française au juste parle-t-on aujourd’hui, en ce début d’année 2022 ? Qui sont ces gens que l’on veut voir communier œcuméniquement pour que des processions entières d’électeurs, qui n’attendraient plus que ce signal, se précipitent dans l’isoloir afin de la porter au firmament élyséen ? La gauche bifteack-pinard de Fabien Roussel, secrétaire général du PC, qui défila en mai dernier aux côtés de syndicats de police violents et corrompus, ayant applaudi au martyre des Gilets jaunes ? La gauche d’Olivier Faure, secrétaire général du PS, qui se disait prêt à rejoindre Macron en vue de mettre en place, là encore, « une grande coalition », et a les yeux de Chimène pour le racisme anti-arabe à fleur de peau du Printemps Républicain, sous couvert de défense des valeurs laïques ? La gauche d’EELV, qui a produit des piliers du régime macroniste comme François De Rugy, ex-candidat à la primaire socialiste en 2017, ou Barbara Pompili, ex-secrétaire d’État de Manuel Valls ? Est-ce ce genre de pot-pourri constitué de tout ce qui s’est fait de pire en France depuis trente ans que l’on veut voir porté à la tête de notre pays ? Est-ce un nouveau François Hollande que l’on aspire à voir gouverner, lui qui nomma Emmanuel Macron conseiller à l’Élysée, puis ministre de l’économie, sous les injonctions directes du patronat (Voir l’interview vidéo de Gérard Davet et Fabrice Lhomme sur QG, « Macron, un quinquennat fatal ») ?...