Faut-il un nouveau modèle de surveillance du Covid-19 ? L’Espagne veut lancer le débat

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  • Faut-il un nouveau modèle de surveillance du Covid-19 ? L’Espagne veut lancer le débat
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/01/13/l-espagne-veut-mener-le-debat-sur-un-allegement-du-suivi-de-la-pandemie_6109


    Dans un métro à Barcelone, le 12 janvier 2022.
    NACHO DOCE / REUTERS

    Le gouvernement espagnol réfléchit à arrêter les tests systématiques, le traçage et l’isolement pour traiter le SARS-CoV-2 davantage comme une maladie endémique.

    Est-il temps d’en finir avec l’actuel système de surveillance de la pandémie, qui s’appuie sur des tests systématiques, le traçage et l’isolement des cas, y compris asymptomatiques ? En Espagne, malgré la virulence de la nouvelle vague provoquée par le variant Omicron, le débat a été lancé par le chef du gouvernement lui-même. Lundi 10 janvier, interrogé sur la radio Cadena Ser, le socialiste Pedro Sanchez a confirmé que le gouvernement « travaille depuis des mois » sur la nécessité de « répondre avec de nouveaux instruments » à « l’évolution du Covid-19, de la pandémie que nous avons connue, vers une maladie endémique ».

    Le matin même, le quotidien El Pais avait révélé que les autorités sanitaires espagnoles – le Centre de coordination des alertes et urgences sanitaires, le bureau des alertes et le Centre national d’épidémiologie – préparaient un nouveau modèle de surveillance de l’épidémie visant à traiter le Covid-19 comme une maladie respiratoire aiguë de plus, en appliquant une méthode similaire à celle utilisée pour le suivi de la grippe. Il s’agirait de ne plus compter les cas ni de faire des tests au moindre symptôme, mais de passer à un système de « sentinelles », s’appuyant sur un échantillon de médecins, de centres de santé et d’hôpitaux chargés de fournir des données statistiques extrapolables sur l’ensemble du pays, de manière à suivre l’expansion de la maladie.

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      le gouvernement « commencera à évaluer l’adaptation à un nouveau système de surveillance et de contrôle du Covid-19 une fois passée la vague actuelle ».
      Pour la ministre de la santé, « il est évident que la situation n’est pas semblable à celle des vagues antérieures. La forte couverture vaccinale [90,5 % des Espagnols de plus de 12 ans sont vaccinés], la présence de plus en plus large du variant Omicron, qui semble présenter moins de gravité, et les taux d’incidence que nous avons connus durant la pandémie sont en train de changer l’épidémiologie du Covid-19 (…), une maladie pandémique qui prend peu à peu des caractéristiques endémiques », a-t-elle ajouté, insistant sur l’importance de « promouvoir ce débat auprès des partenaires européens. »

      Dans les faits, la très forte transmissibilité du variant Omicron a déjà très amplement débordé la capacité de suivi de l’épidémie en Espagne, et les protocoles ont été relâchés dès décembre : l’isolement des cas positifs a été abaissé de dix jours à une semaine et les contacts étroits des cas positifs ne sont plus testés s’ils n’ont pas de symptômes.

      Se concentrer sur les plus vulnérables

      Avec un taux d’incidence hebdomadaire de 1 500 cas pour 100 000 habitants, l’épidémie pourrait ainsi être particulièrement sous-évaluée. Sur les 2,1 millions de tests réalisés la première semaine de janvier en Espagne (contre 9,5 millions en France), le taux de positivité s’est ainsi élevé à 38 % (contre 20 % en France). Les hôpitaux, pour l’heure, résistent, avec 13,3 % des lits hospitaliers et 23,5 % des unités de soins intensifs occupés par des malades atteints du Covid-19. La médecine de ville, en revanche, est totalement débordée par l’afflux de cas positifs, y compris de personnes présentant des symptômes légers.

      Craignant que cette saturation n’aboutisse à une faillite du système de soins primaires, le 7 janvier, la Société espagnole des médecins de famille (Semfyc) a publié un long éditorial plaidant déjà pour « cesser de tester les personnes saines avec des symptômes mineurs », « arrêter de tracer et tester leurs contacts, abandonner les isolements » et « récupérer au plus vite l’ancienne normalité (…) : sans masque ni limite aux interactions sociales ». Rappelant que le suivi de l’épidémie a « empiété sur les soins préventifs, le diagnostic de nouvelles maladies graves ou le suivi des maladies chroniques », le texte considère que « les gouvernements [régionaux] doivent concentrer leurs efforts sur la protection des personnes les plus vulnérables au lieu de tenter de freiner, probablement avec peu de succès, la circulation du virus dans la population ».

      Si tous les experts ne partagent pas les conclusions de ce texte – les deux autres grandes associations de médecine de ville s’en sont démarquées, estimant ses conclusions prématurées –, le débat est lancé. Et le gouvernement espagnol, pressé d’avancer.

      à ce propos, il me semble que l’article donné ici par @supergeante https://seenthis.net/messages/942135
      soulignait que le passage à une endémie ne permettait pas d’affirmer que cela s’accompagnerait d’une pathogénicité atténuée.

      #covid-19 #suivi_épidémiologique #tests #endémie ou #pandémie_endémique (ou je sais pas quoi)