• Au Cameroun, « toi, tu viens prendre le vaccin de la CAN ? »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/01/13/au-cameroun-toi-tu-viens-prendre-le-vaccin-de-la-can_6109317_3212.html

    Au Cameroun, « toi, tu viens prendre le vaccin de la CAN ? »
    A Yaoundé, le centre de vaccination international ne désemplit pas. A l’occasion de la CAN 2022, les supporteurs doivent se faire vacciner pour accéder aux stades.Il est 10 heures du matin et déjà sept personnes sont dans la file d’attente. Mardi 11 janvier, à l’avant-veille du deuxième match du Cameroun en Coupe d’Afrique des nations (CAN), face à l’Ethiopie, le centre de vaccination international de Yaoundé ne désemplit pas. (...)Sous la pression des clubs européens qui ne souhaitaient pas « libérer » leurs joueurs africains à cause de la propagation du variant Omicron, la Confédération africaine de football (CAF) a imposé que chaque spectateur présente une attestation de vaccination en plus d’un test PCR négatif de moins de 72 heures.A l’entrée des stades, plusieurs contrôles sont effectués par de jeunes bénévoles encadrés par des forces de l’ordre. Une jauge de 60 % de spectateurs (80 % pour les matchs du Cameroun) est aussi appliquée.« Le but de toutes ces mesures est de faire en sorte que l’événement ne devienne pas un cluster mais une opportunité pour tester le maximum de personnes et inciter à la vaccination », explique le professeur Yap Boum, représentant régional d’Epicentre, la branche Recherche et épidémiologie de Médecins sans frontières (MSF). « Dans un pays où le taux de vaccination était de 6,7 % [nombre de personnes éligibles ayant reçu une dose], la compétition va avoir un effet catalyseur et accélérateur évident », ajoute-t-il.« Le vaccin a toujours été disponible pour les Camerounais. Mais depuis le début de la compétition, on constate un engouement très important, confirme le docteur Yann Emmanuel Ntsobe Njoh Bolo Bolo, chef du centre de vaccination internationale de Yaoundé. Il y a quelques semaines, nous faisions entre 120 et 150 doses par jour. Le week-end dernier, avant le premier match des Lions indomptables [qui s’est soldé par une victoire 2-1 face au Burkina Faso], nous étions à 2 500 injections. Alors que, jusque-là, l’acceptabilité du vaccin posait problème notamment à cause des fake news. »Si la CAN semble avoir un impact sur la campagne vaccinale à Yaoundé, où sont joués tous les matchs de la sélection camerounaise, il n’en va pas de même partout. Hors de la capitale, après quasiment une semaine de compétition, on constate qu’il y a très peu de spectateurs dans les tribunes, certains matchs se déroulant même dans des enceintes quasiment vides.
    Les réticences qui persistent face au vaccin peuvent-elles expliquer ce manque d’ambiance dans les stades du Cameroun, un pays où le football fait pourtant partie du quotidien ? Il est fréquent d’entendre les Camerounais s’inquiéter que le produit injecté rende « stérile » ou qu’il « a été fait pour tuer les Africains ».Avec près de 110 000 cas de contamination et 1 850 décès depuis le début de la pandémie, le Cameroun est l’un des pays de la sous-région les plus touchés par la Covid-19, « même s’il ne compte qu’un faible nombre de cas sévères et de décès », reconnaît Yap Boum.(...)
    Mais il n’y a pas que le football qui incite les Camerounais de Yaoundé à se faire vacciner. Yannick, 26 ans, doit prochainement voyager en Italie et « le vaccin est indispensable pour monter dans l’avion ». Donald, 21 ans, est censé assister dans quelques jours « à une réunion de travail très importante pour laquelle tous les participants devront avoir reçu leur injection ». Quant à Joséphine, 22 ans, elle est là aujourd’hui parce qu’elle veut se rendre « à une cérémonie religieuse pour laquelle le vaccin est obligatoire ». Alors que de faux certificats sont désormais facilement accessibles, les mesures incitatives de la CAN auront-elles un réel impact sur le taux de vaccination à l’échelle du Cameroun ? Certains, comme Véronique Saada, veulent y croire : « Les gens voient que leurs parents, leurs voisins ou leurs amis qui se sont fait vacciner n’ont eu aucun problème. Du coup, ils viennent davantage nous voir », souligne-t-elle. Jérôme, qui vient de se faire piquer, se voit suggérer de prendre du paracétamol dans la soirée en cas de maux de tête. « C’est rapide et ça ne fait pas mal, assure le jeune supporteur. Maintenant, je peux aller encourager mon équipe : allez les Lions ! »

    #Covid-19#migrant#migration#sante#cameroun#afrique#CAN#sport#vaccination#circulation#frontiere#sensibilisation

  • En Ouganda, la plus longue fermeture au monde des écoles a laissé des traces
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/01/13/en-ouganda-la-plus-longue-fermeture-au-monde-des-ecoles-a-laisse-des-traces_


    Un enseignant accueille les élèves le jour de la réouverture des écoles, à Kampala (Ouganda), le 10 janvier 2022. BADRU KATUMBA / AFP

    Après presque deux ans de pause, les établissements ont rouvert, mais des millions d’élèves risquent désormais de ne jamais retourner en cours.

    « Mais la crise économique est la principale raison des décrochages scolaires : de nombreux parents ne peuvent plus payer les frais de scolarité » (...)

    « Je suis enseignante et je ne peux même pas inscrire mes enfants à l’école, déplore-t-elle. Au total, pour un enfant en primaire et l’autre en secondaire, je devrais payer environ 200 dollars [174 euros] par trimestre, mais j’ai perdu toutes mes économies depuis le début de la pandémie. »

    (...) pour Saphina Nakulima, ces programmes ne suffiront pas à combler les lacunes des élèves les plus défavorisés, dans un pays où seule une personne sur deux a accès à Internet. « Les inégalités entre les classes les plus aisées, dont les enfants ont poursuivi les cours sur le Web ou avec des professeurs particuliers, et les classes populaires, vulnérables pendant la crise et plus à risque de décrochage scolaire, vont encore s’accentuer », s’inquiète-t-elle.