• Des journalistes demandent aux soldats ukrainiens de cacher leurs écussons nazis, admet le New York Times Tyler Durden

    Le New York Times a été contraint de traiter très, très tardivement de quelque chose qui était depuis longtemps évident et connu de nombreux analystes et médias indépendants, mais qui a été soigneusement caché aux masses dominantes en Occident pour des raisons évidentes.


    Le titre surprenant de l’article du New York Times publié le lundi 5 juin (lien de l’article en anglais : https://www.nytimes.com/2023/06/05/world/europe/nazi-symbols-ukraine.html) dit que « les symboles nazis sur les lignes de front de l’Ukraine mettent en lumière les problèmes épineux de l’histoire ». Cette reconnaissance intervient après des années que des journalistes principalement indépendants et des commentateurs géopolitiques soulignaient que oui, en effet… Les groupes militaires et paramilitaires ukrainiens, en particulier ceux opérant dans l’est depuis au moins 2014, ont un sérieux problème d’idéologie nazie. Cela a été documenté de manière exhaustive, encore une fois, depuis des années. Mais le rapport, qui essaie simplement de le minimiser comme une « question épineuse » de « l’histoire unique » de l’Ukraine – suggère que le vrai problème pour les relations publiques occidentales est fondamentalement qu’il soit affiché si ouvertement. On demande aux troupes ukrainiennes de cacher ces symboles nazis, s’il vous plaît ! — comme Matt Taibbi a sarcastiquement plaisanté en commentant le rapport.


    Reportage de NBC News en 2014 : « Les Allemands ont été confrontés à des images du sombre passé de leur pays lorsque la télévision publique allemande ZDF a montré une vidéo de soldats ukrainiens avec des symboles nazis sur leurs casques dans son journal télévisé du soir. »

    Les auteurs du rapport du NYT commencent par exprimer leur frustration face à l’apparence des symboles nazis affichés si fièrement sur les uniformes de nombreux soldats ukrainiens. Suggérant que de nombreuses photographies journalistiques qui ont dans certains cas été présentées dans des journaux et des médias du monde entier (généralement associées à des articles généralement positifs sur l’armée ukrainienne) sont simplement « malheureuses » ou trompeuses, le rapport du NYT indique : « Sur chaque photographie, des Ukrainiens en uniforme portaient des écussons avec des symboles qui ont été rendus notoires par l’Allemagne nazie et qui font depuis partie de l’iconographie des groupes haineux d’extrême droite. »

    Le rapport admet que cela a conduit à une controverse dans laquelle les salles de presse doivent en fait supprimer certaines photos de soldats et de militants ukrainiens. « Les photographies et leurs suppressions mettent en évidence la relation compliquée de l’armée ukrainienne avec l’imagerie nazie, une relation forgée sous l’occupation soviétique et allemande pendant la Seconde Guerre mondiale », poursuit le rapport.

    C’est donc simplement « épineux » et « compliqué » nous dit-on. Vous trouverez ci-dessous un petit échantillon des types de patchs qui apparaissent sur les uniformes militaires ukrainiens avec « une certaine régularité » – selon les termes du New York Times :


    Voici un petit échantillon des types de patchs qui apparaissent sur les uniformes militaires ukrainiens avec « une certaine régularité » – selon les termes du New York Times

    Même l’Otan a récemment été forcée de supprimer des images sur ses comptes officiels de médias sociaux en raison de la présence de symboles nazis parmi les troupes ukrainiennes lors de séances photo.

    La ligne suivante du rapport dit tout ce que vous devez savoir sur le soi-disant « papier officiel » et sa couverture unilatérale et ultra-simpliste tandis que beaucoup se réveillent enfin pour réaliser qu’il s’agit d’une guerre avec une réalité profondément complexe (c’est le moins qu’on puisse dire), et loin du récit hollywoodien des bons contre les méchants des MSM de Putler contre le monde libre qui est typique des réseaux de CNN à Fox en passant par NBC…

    Citation de l’article du New York Times :
    « En novembre, lors d’une réunion avec des journalistes du Times près de la ligne de front, un attaché de presse ukrainien portait une variante de Totenkopf fabriquée par une société appelée R3ICH (prononcé « Reich »). Il a déclaré qu’il ne croyait pas que le patch était affilié aux nazis. Un deuxième attaché de presse présent a déclaré que d’autres journalistes avaient demandé aux soldats d’enlever le patch avant de prendre des photos ».

    Oups !

    Et maintenant, nous pouvons nous attendre à des efforts importants pour limiter les dégâts, ou même peut-être assistons-nous aux débuts de l’évolution des définitions et du déplacement des poteaux de but. On cite encore l’article du New York Times :

    « Mais certains membres de ces groupes combattent la Russie depuis que le Kremlin a annexé illégalement une partie de la région de Crimée en Ukraine en 2014 et font désormais partie de la structure militaire plus large. Certains sont considérés comme des héros nationaux, alors même que l’extrême droite reste marginalisée politiquement.

    L’iconographie de ces groupes, y compris un écusson en forme de tête de mort porté par les gardiens des camps de concentration et un symbole connu sous le nom de Soleil noir, apparaît désormais avec une certaine régularité sur les uniformes des soldats combattant en première ligne, y compris les soldats qui disent que cette imagerie symbolise la souveraineté et la fierté de l’Ukraine, pas le nazisme. »


    En 2019, le New York Times décrivait avec précision le bataillon Azov comme une « organisation paramilitaire néo-nazie ukrainienne » (image du dessus). Maintenant, selon ce même journal, c’est juste une « unité de la Garde nationale ukrainienne » (image du dessous)

    Ce n’est que très récemment que le ministère ukrainien de la Défense et même le bureau du président Zelensky ont été pris en flagrant délit :

    En avril, le ministère ukrainien de la Défense a publié sur son compte Twitter une photo d’un soldat portant un écusson représentant un crâne et des os croisés connu sous le nom de Totenkopf, ou tête de mort. Le symbole spécifique sur l’image a été rendu célèbre par une unité nazie qui a commis des crimes de guerre et gardé des camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale.

    L’écusson sur la photo place le Totenkopf au sommet d’un drapeau ukrainien avec un petit numéro 6 en dessous. Ce patch est le logo officiel de Death in June, un groupe néo-folk britannique qui, selon le Southern Poverty Law Center, produit un « discours de haine » qui « exploite des thèmes et des images du fascisme et du nazisme ».

    Comme on pouvait s’y attendre, le Times essaie toujours de se cacher tout en cherchant désespérément à « rassurer » son public en écrivant que « à court terme, cela menace de renforcer la propagande de Poutine et d’alimenter ses fausses affirmations selon lesquelles l’Ukraine doit être » dénazifiée ‘ – une position qui ignore le fait que le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy est juif. »

    De nouveaux niveaux de copulation en effet…

    Mais encore, le NYT concède maladroitement : « Plus largement, l’ambivalence de l’Ukraine à propos de ces symboles, et parfois même son acceptation de ceux-ci, risque de donner une nouvelle vie à des icônes que l’Occident a passé plus d’un demi-siècle à essayer d’éliminer. »

    Source : https://www.investigaction.net/fr/des-journalistes-demandent-aux-soldats-ukrainiens-de-cacher-leurs-ec
    Lien de l’article en anglais :
    https://www.zerohedge.com/geopolitical/journalists-are-asking-ukrainian-soldiers-hide-their-nazi-patches-nyt-adm

    traduction : http://lagazetteducitoyen.over-blog.com/2023/06/des-journalistes-demandent-aux-soldats-ukrainiens-de-c

    #ukraine #nazisme #nazis #New_York_Times #NYT #symboles #néo-nazis #guerre

  • Le Qatar a pu puiser dans la caisse noire du Maroc qui alimentait un réseau d’eurodéputés corrompus Strategic culture
    https://www.investigaction.net/fr/le-qatar-a-pu-puiser-dans-la-caisse-noire-du-maroc-qui-alimentait-un

    Dans quelle mesure le scandale de la caisse noire destinée à le blanchir affecte-t-il les revendications actuelles du Maroc sur le Sahara Occidental, à la fois à l’ONU et au niveau de l’UE ?

    Après que la poussière commence à retomber sur le plus grand scandale de corruption que l’UE ait jamais eu, il semble qu’il n’a pas été créé par le Qatar, mais par le Maroc qui avait un réseau de députés européens corrompus dans ses petits papiers depuis près de 20 ans. Mais qui d’autre a bénéficié du service de blanchiment ?


    Photo : Corruptible, par Paolo Calleri

    L’affaire a ébranlé les fondations et les plus hautes sphères de l’élite européenne à Bruxelles. Mais l’affaire de corruption d’Eva Kaili, qui a jusqu’à présent fait emprisonner trois députés européens, n’est pas tout à fait ce qu’elle semble être. Bien qu’il soit souhaitable de rejeter la faute sur les riches Qataris qui se baladent à Bruxelles avec des valises d’argent, de récentes enquêtes des autorités belges ont révélé qu’un ministre qatari est venu à Bruxelles récemment et n’a eu qu’à s’adresser à un “guichet unique” – une cabale d’eurodéputés avides d’argent qui ont été à la solde du Maroc pendant au moins 15 ans pour blanchir le dossier des droits de l’homme du royaume et obtenir le meilleur accord pour le Sahara occidental en termes d’accords commerciaux et de statut.

    Ce groupe d’eurodéputés corrompus a reçu de l’argent et des cadeaux pendant au moins 15 ans et était bien connu sur le circuit de Bruxelles pour leurs services “à la carte” au sein du Parlement européen dont la « commission des affaires étrangères » – autrefois considérée comme prestigieuse et certainement importante sur le circuit de l’UE – a maintenant été laissée en lambeaux.

    Pendant des décennies, le Maroc a bénéficié d’un traitement de faveur à Bruxelles. La question de la souveraineté de son Sahara occidental annexé n’a jamais été soulevée. Les droits des citoyens de cette région contestée n’ont jamais été mis sous les projecteurs, alors que le territoire lui-même a bénéficié d’un accord commercial de l’UE couvrant le poisson et les minéraux, pour ne citer que quelques exemples. Même le bilan du Maroc en matière de droits de l’homme, en général, dans son propre pays, a été ignoré pendant si longtemps que l’UE l’a considéré comme la coqueluche de la région MENA pour ses réformes sur les droits des femmes, par exemple.

    Le blanchiment en général est venu du Parlement européen que les autres institutions de l’UE, dans une certaine mesure, ont dû respecter (bien que les tribunaux de l’UE aient finalement refusé d’accepter que le Sahara occidental puisse ou doive être inclus avec le Maroc en termes de bénéfice d’un accord commercial avec l’UE).

    Donc maintenant, trois questions clés émergent, que la presse marocaine, championne de l’autocensure, ne posera certainement pas. Dans quelle mesure le scandale du blanchiment d’argent affecte-t-il les revendications actuelles du Maroc sur le Sahara Occidental, à la fois à l’ONU et au niveau de l’UE ? Deuxièmement, l’UE commence-t-elle maintenant à regarder le Maroc sans les lunettes roses et commence-t-elle à examiner la ribambelle d’arrestations de quiconque remet en cause les décisions prises à un haut niveau – des journalistes emprisonnés sur la base d’accusations forgées de toutes pièces aux anciens ministres qui ont osé critiquer la façon dont le gouvernement et la puissante élite des affaires gèrent le pays – et agit en conséquence ?

    Enfin, et c’est peut-être le plus important, il y a le sujet peu édifiant de savoir qui d’autre a bénéficié de ces députés européens véreux et de leurs services ? Quiconque suit les tentatives pathétiques de l’UE d’agir comme un acteur mondial avec une hégémonie en papier mâché qu’elle évoque de manière hilarante pour les pays du Sud en particulier, posera la question évidente d’Israël. La déshumanisation abyssale des droits des Palestiniens que nous voyons chaque jour sur les médias sociaux se faire voler leurs terres, déraciner leurs oliviers ou, dans de nombreux cas, détruire leurs maisons par les Israéliens, qui le font en sachant parfaitement que l’Occident et en particulier l’UE elle-même ne feront pas de vagues. Lorsque, tout récemment, un Palestinien de Cisjordanie a été abattu à bout portant par un agent de sécurité israélien qui se battait avec lui, cela n’a pas fait la une des médias et n’a certainement pas créé d’onde de choc parmi les députés européens. Comment est-ce possible, pourrait-on se demander, de la part d’une institution dont la raison d’être est de protéger les droits de l’homme tant au sein de l’UE qu’avec ceux avec lesquels elle interagit et commerce ?
     
    La dernière fois que l’UE a même feint de menacer Israël pour ses atrocités en matière de droits de l’homme, c’était en 2014, lorsqu’une Federica Mogherini quelque peu idéaliste et « arabisante » est entrée en fonction et a suggéré, juste pour quelques semaines, que l’UE applique un système d’étiquetage pour les produits fabriqués en Palestine occupée qui se retrouvent dans les supermarchés européens.

    L’idée a rapidement fait long feu, en l’espace de quelques semaines, et on n’en a plus jamais entendu parler. Compte tenu de ce que nous savons du réseau marocain de députés européens recevant des bakchichs, sans parler de la date de la proposition de Mogherini, est-il inconcevable que ces mêmes parlementaires aient pris de l’argent liquide pour faire pression sur leurs collègues dans les commissions pour qu’ils donnent un répit à Israël ? Le silence assourdissant et effrayant de l’UE sur le génocide quotidien des Palestiniens par Israël est inquiétant, mais maintenant que nous savons comment le Parlement européen fonctionne lorsqu’il s’agit d’atrocités commises par les pays de la région MENA – et comment elles sont occultées des ordres du jour – il n’est guère surprenant que la brutalité du régime israélien se soit intensifiée. La véritable histoire de la corruption au sein du Parlement européen ne concerne pas les trois députés européens qui ont touché de l’argent, mais la façon dont les 702 autres députés européens vont vouloir empêcher toute véritable enquête interne, tout cela simplement pour sauver leur emploi et préserver leur style de vie confortable.

    #géopolitique #ue #union_européenne #corruption #Quatar #Maroc #eva_kaili #Sahara_occidental #blanchiment #Sahara_Occidental #blanchiment #Palestine #israel

  • Catastrophe climatique au Pakistan : l’inaction des pays développés coûte cher | Robert Sandford

    La période de la mousson a été marquée par de terribles inondations au #Pakistan. Un tiers de la surface du pays s’est retrouvé sous les eaux. Au moins 1300 personnes ont été tuées. Robert Sandford explique comment de telles catastrophes sont liées au changement climatique et pourquoi elles sont amenées à devenir plus fréquentes. Pour le spécialiste, l’inaction des pays développés pourrait coûter très cher. (IGA)

    https://www.investigaction.net/fr/catastrophe-climatique-au-pakistan-linaction-des-pays-developpes-cou

  • La reine Elizabeth est morte, mais son héritage sanglant perdure Sharon Zhang
    https://www.investigaction.net/fr/la-reine-elizabeth-est-morte-mais-son-heritage-sanglant-perdure

    La reine Elizabeth II est morte le 8 septembre après avoir régné 70 ans sur le Royaume-Uni. Les messages de condoléances affluent du monde entier. S’il est difficile d’évaluer à quel point Elizabeth aura pesé sur les décisions du Royaume-Uni, difficile de passer à côté du sanglant bilan de l’impérialisme britannique. (IGA)

    La reine Elizabeth II, le monarque britannique ayant régné le plus longtemps, est décédée jeudi à l’âge de 96 ans dans le château de la famille royale en Écosse, a indiqué le palais de Buckingham jeudi soir.


    Le fils de la reine, le prince Charles, âgé de 73 ans, lui succédera comme roi. La mort d’Elizabeth a suscité les condoléances des dirigeants du monde entier, notamment du président Joe Biden, qui a déclaré que la reine avait « marqué une ère » à la « dignité inégalée » au Royaume-Uni.

    Pour beaucoup, notamment dans le monde occidental, les 70 ans de règne de la reine ont été marqués par la stabilité et la diplomatie. Sous le règne d’Elizabeth, la famille royale a pris soin de se distancier de la politique du pays et de la longue histoire coloniale de la monarchie.

    Mais des millions de personnes ont vécu et subissent encore les conséquences du colonialisme brutal et du racisme de la famille royale, tant à l’étranger qu’au Royaume-Uni. Pour ces millions de personnes, l’héritage de la reine se perpétuera sous la forme de la domination violente et persistante que la famille royale a exercée et dont elle profite encore.

    Pour de nombreux défenseurs de la famille royale, la reine Élisabeth devrait être protégée de telles critiques. Elle a mis des distances entre la famille royale et ce passé pas très glorieux. Et elle a tenté de faire amende honorable à travers des événements tels que les tournées du Commonwealth.

    Ses détracteurs réfutent cet argument, affirmant que la famille royale n’a toujours pas affronté son passé ni payé des réparations aux personnes qui continuent de souffrir à cause de la monarchie britannique, des décennies encore après le colonialisme direct. La famille royale a également fait l’objet de critiques pour avoir caché la poussière de son histoire sous le tapis, notamment lors du jubilé de platine de la reine cette année.

    « Tant le hasard de sa longue vie que sa présence en tant que chef d’État et chef du Commonwealth – une association regroupant la Grande-Bretagne et ses anciennes colonies – ont permis d’apposer une chape traditionaliste sur des décennies de violents bouleversements« , a écrit Maya Jasanoff, professeur d’histoire à l’université de Harvard, dans le New York Times. https://www.nytimes.com/2022/09/08/opinion/queen-empire-decolonization.html « En tant que telle, la reine a contribué à occulter une histoire sanglante de décolonisation dont les proportions et les séquelles n’ont pas encore été reconnues de manière adéquate. »

    Depuis presque aussi longtemps que la monarchie existe, elle a été une puissance colonialiste et impérialiste, colonisant et exploitant des dizaines et des dizaines de pays et de territoires en particulier dans le Sud. Beaucoup partagent des répercussions communes en termes de pauvreté et d’oppression continue.

    Au fil des siècles, le Royaume-Uni a détourné des milliers de milliards de dollars de ses colonies pour s’enrichir. Jusqu’a aujourd’hui, il continue de profiter de ce passé et de ce présent racistes. La monarchie s’est construite sur l’esclavage, établissant un commerce d’esclaves qui a vu des millions d’Africains et d’Américains du Sud et du Nord déplacés vers d’autres pays. La traite des esclaves était si importante que ce n’est qu’en 2015 que le pays a fini de rembourser l’intégralité de ses « dettes » envers les propriétaires des esclaves libérés au XIXe siècle.

    Évidemment, le règne d’Elizabeth a débuté en 1952 et ce n’est pas elle qui a mis en œuvre ces politiques. Rappelons tout de même qu’elle est parfois intervenue lorsque, par exemple, l’ancienne Première ministre Margaret Thatcher refusait d’aider à mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud.

    Mais certains, notamment ceux qui ont directement souffert de l’impérialisme britannique durant son règne, affirment qu’Elizabeth a eu un impact direct sur les prises de décision de son époque. Des historiens diront qu’il est difficile de déterminer quelles horreurs imposées par le Royaume-Uni sous son règne – au Kenya ou en Irlande par exemple – ont été autorisées par la reine. D’autres affirment qu’elle est responsable. Pour les victimes de la domination coloniale britannique en tout cas, difficile de mettre de la distance entre la Couronne et les décisions politiques du pays.

    À gauche, certains affirment que la symbolique du trône reflète l’oppression, la discrimination et de grandes inégalités de richesses au Royaume-Uni. Les principaux membres de la gauche britannique n’osent pas cependant plaider l’abolition de la monarchie.

    Elizabeth était au moins en partie responsable de certaines inégalités que le pays a connues et qui se sont perpétuées lorsqu’elle était sur le trône.

    Ces dernières années, la Couronne a résisté aux demandes de réparation que des pays comme la Barbade et la Jamaïque réclamaient pour l’exploitation sanglante et abominable survenue dans le cadre de la traite britannique des esclaves.

    Même au niveau national, les antécédents racistes de la famille royale au cours des dernières décennies ne donnent pas une bonne image de la Couronne. Ces discriminations ont été entretenues au sein même du palais de Buckingham ; les conseillers royaux ont ainsi interdit aux « immigrants ou étrangers de couleur » de travailler dans le palais au moins jusqu’à la fin des années 1960, soit plus d’une décennie après le début du règne d’Elizabeth.

    Le racisme profondément ancré au sein de la famille royale semble persister aujourd’hui ; en 2020, le duc et la duchesse de Sussex, le prince Harry et Meghan Markle, ont carrément quitté la famille royale en dénonçant le racisme qui y sévissait, malgré les protestations de membres de la famille comme le prince William.

    #racisme #colonialisme #violence #impérialisme #inégalités #Commonwealth #richesse #esclavage #massacres

  • Au-delà de la visite de Pelosi à Taïwan, les manœuvres agressives des États-Unis en mer de Chine méridionale sont passées sous silence | Sara Flounders

    Pourquoi n’y a-t-il eu pratiquement aucune couverture des exercices maritimes menés par les États-Unis en mer de Chine méridionale au moment même où la multimillionnaire Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, était en visite à Taïwan ? Dans les reportages occidentaux sur les actions navales de la Chine autour de Taïwan, il faut à la fois considérer ce qui est dit et ce qui est totalement omis.

    https://www.investigaction.net/fr/au-dela-de-la-visite-de-pelosi-a-taiwan-les-manoeuvres-agressives-de
    #USA #Chine #médias

  • Une brève histoire des inégalités par Piketty ou comment ne pas attaquer le problème à la racine Henri Houben
    https://www.investigaction.net/fr/une-breve-histoire-des-inegalites-par-piketty-ou-comment-ne-pas-atta

    L’économiste Henri Houben analyse le dernier livre de Thomas Piketty, Une brève histoire des inégalités. Dans la lignée de ses ouvrages précédents, Piketty apporte quantité d’informations éclairantes sur l’écart riches-pauvres. Il situe utilement le tout dans un contexte historique. Manque hélas une analyse rigoureuse des mécanismes d’exploitation, si bien que ses appels à plus d’égalité prennent des allures de voeux pieux. Explications. (IGA)

    Bref est généralement une notion peu usitée par l’économiste français Thomas Piketty. Ses ouvrages majeurs, que ce soit Les hauts revenus en France au XXème siècle publié en 2001, Le Capital au XXIème siècle sorti en 2013 ou le dernier Capital et Idéologie paru en 2019, avoisinent chacun le millier de pages, voire les dépassent. De quoi rebuter plus d’un lecteur qui aurait pu être intéressé par ses propos.

    Sur ce plan, la Brève Histoire[1] permet de corriger ces longueurs, utiles pour approfondir un débat, mais qui peuvent se révéler peu accessibles au grand public. Le livre se présente clairement comme une synthèse des trois « briques » livrées précédemment. De fait, il se parcourt aisément et permet de se faire une idée précise des thèses avancées par Thomas Piketty. Il en a les qualités, mais aussi les défauts.

    L’œuvre de l’économiste, centrée sur les inégalités sociales, se décompose habituellement en deux parties liées, mais qu’on peut facilement séparer. Il y a d’abord son analyse, la plupart du temps précise, détaillée, émaillée de nombreuses preuves chiffrées, de tableaux évocateurs montrant l’évolution des revenus et des patrimoines depuis la fin du XVIIIème siècle. Il est évident que l’auteur est dépendant de la qualité des sources statistiques, qui s’améliorent avec les périodes, mais qui doivent donc être prises avec prudence pour les époques les plus anciennes.

    Il en tire un portrait qui paraît assez réaliste de la situation en Europe et aux Etats-Unis : un enrichissement global et progressif des catégories sociales les plus fortunées au cours du XIXème jusqu’à la Premier Guerre mondiale ; ensuite, une chute des avoirs en particulier pour ces strates à cause des guerres et de la crise des années trente ; une stabilisation de cette situation durant les Trente Glorieuses ; enfin, une remontée des inégalités depuis la fin des années 70.

    A partir de là, il souligne deux facteurs qui expliquent cette évolution, notamment après la Révolution française, ce qui pourrait paraître paradoxal, puisque cette dernière affichait sa volonté égalitaire : le colonialisme et l’esclavagisme. « La répartition des richesses en vigueur aujourd’hui entre pays du monde comme à l’intérieur des pays porte la trace profonde de l’héritage esclavagiste et colonial » (p.138). Dans ce capitalisme libéral, il ne pouvait y avoir, tout du moins au début, de libération pour ceux qui étaient enchaînés. Sur les quinze présidents américains qui ont précédé l’élection d’Abraham Lincoln en 1860, onze étaient propriétaires d’esclaves (p.119-120).

    Et Thomas Piketty de rappeler le cas emblématique de cette ancienne colonie française Haïti. Au moment de la Révolution française, il y avait environ 450.000 esclaves à Saint-Domingue du côté français[2]. Cela représentait 90% de la population de ce territoire (p.105). En 1789, environ 40.000 Africains arrivaient dans les ports antillais pour remplacer la force de travail qui mourait des conditions de travail épouvantables infligées. Cela montre le degré de surexploitation des travailleurs à cette époque sur l’île.

    Avec les événements à Paris, les Noirs demandent à participer à la nouvelle démocratie qui s’installe dans la métropole, notamment à travers le droit de vote. Cela leur est refusé. Ils se révoltent donc à partir d’août 1791 et la France envoie immédiatement des troupes pour mater les insurgés. Deux ans plus tard, les révolutionnaires de la métropole acceptent de décréter l’émancipation des esclaves, mesure étendue à l’ensemble des colonies en février 1794 (p.107). Mais ils n’ont pas réellement les moyens de faire respecter cette décision. En 1802, Napoléon rétablit l’esclavage. Mais il ne peut l’appliquer à Haïti, qui se déclare indépendant en 1804. Toutes les interventions militaires pour reconquérir la moitié de l’île échouent. Aussi, en 1825, Charles X reconnaît cette souveraineté (p.109).

    Mais il y a une condition que le nouveau gouvernement haïtien se doit de respecter : l’indemnisation des propriétaires d’esclaves. Cela implique pour le nouvel Etat un endettement de 150 millions de francs-or, soit 300% du revenu national du pays en 1825 (p.110). Entre 1840 et 1915, celui-ci doit verser annuellement 5% de ce produit pour rembourser les créanciers français. La dette représentait en données actuelles 30 milliards d’euros (p.111). Pour un pays qui affiche un PIB[3] de 13,6 milliards d’euros en 2020. Cette créance ne sera soldée qu’en 1950. Mais, là, d’autres problèmes surgiront qui maintiendront Haïti dans une situation de dépendance.

    Les propos de Thomas Piketty sont clairement accusateurs et à raison. Il estime à 5% le revenu supplémentaire par an obtenu par la France grâce aux placements internationaux et près de 10% pour la Grande-
    Bretagne avant la Première Guerre mondiale (p.208). Des montants sans doute sous-évalués. Pas étonnant que ces deux pays ont pu s’enrichir largement durant le XIXème siècle.
    Mais l’auteur est aussi un des rares économistes qui reconnaissent l’importance des luttes sociales dans les réalités économiques. Il écrit ainsi que « l’inégalité est avant tout une construction sociale, historique et politique » (p.20). Il ajoute qu’il y a une tendance lente, non linéaire vers l’égalité, en fonction des combats politiques, idéologiques et sociaux : « Cette marche vers l’égalité est la conséquence des luttes et des révoltes face à l’injustice, qui ont permis de transformer les rapports de force et de renverser les institutions soutenues par les classes dominantes pour structurer l’inégalité sociale à leur profit, afin de les remplacer par de nouvelles institutions, de nouvelles règles sociales, économiques et politiques plus justes et émancipatrices pour le plus grand nombre. » (p.20-21).

    C’est là que l’analyse de Thomas Piketty, qu’on peut trouver excellente jusqu’à maintenant, montre une lacune non comblée. Le spécialiste des statistiques et de l’inégalité arrive à un constat justifié, mais il semble un peu démuni lorsqu’il s’agit d’examiner les rapports du travail. Tant qu’il reste au niveau des chiffres, des données, il est brillant et déteint par rapport à bon nombre de ses confrères. Mais la tradition économique d’en rester à la surface et de ne pas approfondir les relations structurelles, qui se cachent derrière ces statistiques, reste prégnante et Piketty ne s’en est pas complètement détaché.

    Ainsi, le concept d’exploitation lui est quasiment étranger, car il ne ressort pas directement des données chiffrées. Ce qui apparaît, ce sont les inégalités sociales et il en reste à ce stade. Sans voir que ce sont justement ces relations dans le processus de production, entre des propriétaires d’entreprises, d’une part, et des salariés, d’autre part, qui provoquent ces discriminations humainement inacceptables. Ce sont les détenteurs de titres, comme le montrent très bien les livres de Piketty, qui s’enrichissent. Ce sont les ouvriers et employés qui fournissent le travail de production, sans en tirer les profits, à quelques rares exceptions près.

    De là réside le problème que posent les propositions de l’économiste français. Sa perspective centrale est d’étendre la tendance vers l’égalité qu’il a remarquée à travers l’histoire. Pour lui, « l’Etat social et l’impôt progressif constituent bel et bien une transformation systémique du capitalisme » (p.225). Il poursuit : « Poussés jusqu’au bout de leurs logiques, ces institutions représentent une étape essentielle vers une nouvelle forme de socialisme démocratique, décentralisé et autogestionnaire, écologique et métissé, permettant de structurer un autre monde, autrement plus émancipateur et égalitaire que le monde actuel. » (p.225)

    Mais ceci relève de la profession de foi. Il est évident qu’un univers où les riches paient de lourds impôts en regard de leur fortune, les mécanismes de sécurité sociale sont approfondis, la lutte contre les discriminations scolaires est poursuivie avec acharnement, l’égalité démocratique est recherchée, les dérives environnementales sont éliminées, serait infiniment plus acceptable que la situation actuelle où les inégalités s’accentuent et où la guerre et le conflit se trouvent régulièrement à nos portes. Mais ceci est-il possible sans changer les structures du capitalisme ?

    Thomas Piketty partage, sur ce point, les vues qui circulent, dans les partis socialistes ou sociaux-démocrates, en rejetant les expériences dites « communistes ». Il relève : « Historiquement, le mouvement socialiste et communiste s’est construit autour d’une plateforme sensiblement différente, à savoir la propriété étatique des moyens de production et la planification centralisée, qui a échoué et qui n’a jamais été véritablement remplacée par une plateforme alternative. Par comparaison, l’Etat social et surtout l’impôt progressif sont souvent apparus comme des formes « molles » de socialisme, incapables de remettre en cause la logique profonde du capitalisme » (p.225).

    Le problème est qu’il n’apporte pas vraiment dans ces écrits les éléments qui montreraient que la « plateforme communiste » a échoué, comme il l’affirme. Sur ce plan, il partage les analyses de ceux qui se sont ingéniés à diaboliser les Etats dits socialistes comme l’URSS, la Chine ou Cuba : « n’en parlons plus, cela n’en vaut pas la peine ». Au contraire, un examen scientifique plus sérieux serait de voir ce qui a fonctionné et ce qui a coincé.

    Traiter ces expériences d’échecs n’a tout simplement pas de sens sur le plan économique, quand on sait que l’URSS était un pays arriéré et techniquement attardée en 1913 et est devenue en cinquante ans la seconde puissance industrielle du monde, que la Chine a depuis 1949 une des croissances les plus fortes dans le monde, malgré toutes les péripéties qu’elle a connues, que Cuba assure à sa population un enseignement et des soins de santé gratuits, malgré le blocus américain. Haïti, par exemple, aurait sûrement bien aimé connaître des échecs pareils.

    Maintenant, l’opposition que Piketty reprend des conflits entre le mouvement socialiste et communiste, entre « réforme » et « révolution », entre « socialisme dit démocratique » et « socialisme nécessairement autoritaire » n’est pas aussi catégorique que présenté. Dans la situation présente de l’Europe et des Etats-Unis, un programme aussi radical que celui avancé par l’économiste français, qui détonne clairement par rapport à ce qu’avancent les partis socialistes, sociaux-démocrates, travaillistes, européens, peut tout à fait faire l’objet de batailles justifiées de la part des travailleurs et des simples citoyens.

    Certaines revendications fondamentales sur l’imposition des patrimoines, la démocratisation de l’enseignement, celle de la vie politique, le développement de la sécurité sociale et des services publics, le réchauffement climatique, peuvent rassembler tout le monde. La divergence ne porte pas sur ce plan, mais sur le caractère qu’on donne à ces luttes justifiées : apportent-elles en elles-mêmes la possibilité de s’émanciper du capitalisme ou montrent-elles qu’il faut aller un pas plus loin et déstructurer ce système pour le remplacer par un autre ?
     
    Notes :
    [1] Thomas Piketty, Une Brève Histoire des inégalités, éditions du Seuil, Paris, 2021, 351 pages. Les indications de page dans le texte se réfèrent à cet ouvrage.
    [2] L’île est partagée entre la France et l’Espagne. La partie française formera Haïti et l’autre la République dominicaine.
    [3] Le Produit intérieur brut (PIB) est la richesse marchande et monétaire créée en un an dans un pays.

    #inégalités #économie #piketty #thomas_piketty #capitalisme #france #Haïti #esclavage #capital #riches #travail #economie #dette #ue #pauvreté #austérité #fiscalité #politique #Russie #Chine

  • La Cour suprême veut faire appliquer des lois du XVIIe siècle | Margaret Atwood

    Le droit à l’avortement est en phase terminale aux Etats-Unis, où la Cour suprême envisage d’abroger l’arrêt qui le décriminalise depuis 1973. La grande écrivaine canadienne Margaret Atwood avait exploré les risques d’une dictature théocratique étasunienne dès 1985 dans La Servante écarlate, son chef-d’œuvre dystopique. Voici sa tribune, d’abord publiée dans The Atlantic

    https://www.investigaction.net/fr/la-cour-supreme-veut-faire-appliquer-des-lois-du-xviie-siecle

  • En Italie, les listes de proscription d’un système médiatique malade | Sergio Cararo

    La guerre se livre aussi sur le champ de l’information et autorise toutes les bassesses. En Italie, deux journaux mainstream ont publié une liste établie par les services de renseignements pour désigner les « propagandistes du Kremlin ». Manifestement, le simple fait de s’opposer à la guerre fait de nombreux universitaires, journalistes et analyses des parias. (IGA)

    https://www.investigaction.net/fr/en-italie-les-listes-de-proscription-dun-systeme-mediatique-malade
    #médias

  • Ukraine : La face cachée des choses (Deuxième partie) Vladimir Caller
    https://www.investigaction.net/fr/ukraine-la-face-cachee-des-choses-deuxieme-partie

    Le traitement de l’information de la guerre entre la Russie et l’Ukraine risque, par son immédiateté, de nous faire perdre de vue l’énormité de son importance, de sa signification politique et de ses conséquences prévisibles. A ce propos, il ne nous semble pas exagéré de dire que le moment historique que nous vivons est comparable à, par exemple, celui de la chute du mur de Berlin ou 11 septembre.


    Dans ce scénario, la diplomatie américaine s’est déployée en trois temps (en attendant un quatrième) : le retrait des forces américaines d’Afghanistan, la trame organisée pour entraîner l’intervention armée russe en Ukraine (voir la première partie de cet article) et le basculement d’alliances au Moyen Orient dont les Accords d’Abraham annoncent la tendance.([1])

    Des objectifs bien précis
    – Reprendre le contrôle hégémonique d’une Europe durablement affaiblie et ce, sur le plan de l’énergie, la défense, la finance internationale ; dans ce cadre faire de l’Allemagne et du germanisme anti slave, la nouvelle référence militaire européenne.

    – Affaiblir la Russie à l’extrême, organiser un « Afghanistan-bis » sur des terres ukrainiennes et, comme voie de conséquence, installer un « Eltsine-bis » au Kremlin

    – Renforcer très lourdement le négoce militaire et son association avec les médias (le nouveau complexe militaro-médiatique). ([2])

    – Tout ceci, en préalable de la cible chinoise (le quatrième temps).

    Si les grandes lignes de cette stratégie étaient dûment programmées, il nous semble que ses mentors ne s’attendaient pas à une riposte russe si brutale ; en tout cas, pas de cette dimension. Cette riposte a changé la donne et précipité le timing des plans américains. Le soutien à l’Ukraine, à son intégrité territoriale, à sa politique d’alliances, est devenu un sujet mineur. Le volet politico-diplomatique de la guerre elle-même est devenu obsolète. Lorsque Biden traite Poutine de « criminel de guerre » ou de « voyou » ce n’est pas une saute d’humeur ; c’est une fin de non-recevoir à toute négociation, à toute discussion. Que la Russie saigne, c’est la (seule) priorité.

    Dans un entretien, passé inaperçu, à la NPR, le principal réseau de radiodiffusion public des États-Unis le 16 Mars, le secrétaire d’état Antony Blinken précisait les objectifs de sa diplomatie. Pour lui, cette guerre était l’occasion de changements, de grands changements. « L’un de ces changements est que les Européens s’intéressent de très près, et non seulement s’intéressent, mais commencent à agir sur la sécurité énergétique et cessent de se nourrir du pétrole et du gaz russes. Ce serait un changement majeur » .([3])

    Ursula von der Leyen, Charles Michel, Emmanuel Macron, semblent avoir bien entendu l’injonction en signant sans tarder un accord avec les États-Unis, lors du sommet européen des 24 et 25 mars, pour la livraison de 15 milliards de mètres cube de gaz naturel liquéfié (GNL) avec la perspective d’arriver à 50 milliards pour la fin de la décennie. A noter que la satisfaction vis-à-vis de cet accord n’est pas venue des marchands du GNL mais des acheteurs : « J’aimerais dire au peuple américain la reconnaissance de l’Europe pour leur soutien indéfectible », a salué Ursula von der Leyen, qui a dit voir en cet accord « une garantie de la sécurité et de l’indépendance énergétique de l’UE ».([4]) De son côté, dans l’élan de cet accord, l’Allemagne a débloqué 1,5 milliards d’euros pour acheter du GNL ; notamment aux Etats-Unis.

    L’acquiescence de l’UE envers les directives de la Maison Blanche ne se limitent pas aux directives sur le gaz. Elle anticipe même les propositions punitives de Washington et, pour y parvenir, n’hésite pas à violer ses propres directives. Ainsi, l’UE sanctionnait la banque centrale russe gelant ses dépôts avant même les États-Unis et décidait l’envoi des armes à l’Ukraine en totale contradiction avec les propres dispositions du Conseil européen qui régissent le contrôle des exportations militaires ; règles dans lesquelles il est bien précisé que « Les États membres refusent l’autorisation d’exportation de technologie ou d’équipements militaires susceptibles de provoquer ou de prolonger des conflits armés ou d’aggraver des tensions ou des conflits existants dans le pays de destination finale. »([5])

    Concernant Moscou, Blinken assure que le changement est déjà en marche : « L’une des choses que nous faisons est de priver la Russie de la technologie dont elle a besoin pour moderniser son pays, pour moderniser les industries clés – défense et aérospatiale, son secteur de haute technologie, l’exploration énergétique. Toutes ces choses vont connaître des effets profonds et pas seulement immédiats. Ils vont augmenter et s’accroître au fil du temps […] Tout ce qui est fait est, en fait, irréversible ». Cette guerre multi-sectorielle a donc vocation à durer. Pour qu’il ne reste pas de doutes, le secrétaire d’État estimait nécessaire d’avouer que « …le simple fait d’arrêter l’invasion de l’Ukraine pourrait ne pas suffire pour annuler les sanctions contre la Russie ».

    Au bonheur des armuriers
    Nous disions ci-dessus que la réaction russe avait surpris les Occidentaux, par sa nature et son envergure, le quotidien Le Figaro rapportait que, soucieux de son budget, Boris Johnson avait prévu, peu avant le déclenchement du conflit, de tailler dans les effectifs et matériels destinés à la défense.([6]) En France, le président de la Cour de comptes Pierre Moscovici prévoyait « réduire la voilure » du budget des armées dans son rapport sur « La loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 et les capacités des armées ». « Il va devoir revoir sa copie car la guerre en Ukraine a balayé certaines convictions des rapporteurs »  ; estimait le journal français La Tribune. ([7]) Aux USA même, au début de l’année, une publication spécialisée dans le domaine de la défense commentait : « Le secteur est confronté à une période de stagnation ou de diminution des budgets du Pentagone, alors même que le ministère de la Défense s’efforce de faire face à des conditions difficiles dues à la montée de la Chine ».([8])

    Le cas le plus marquant fut, pourtant, celui de l’Allemagne. Le 12 février le ministre des Finances, Christian Lidner du Parti libéral démocrate, bien connu pour son attachement à la rigueur budgétaire, s’était adressé au Bundestag insistant sur l’urgence de réduire les dépenses militaires en dépit des pressions de l’OTAN pour qu’elles atteignent, au minimum, le 2 % du PIB du pays. Cela dit, le climat martial autour du dossier ukrainien, poussé par les écolos, était déjà bien animé, pendant que le premier ministre Olaf Scholz semblait résister à ces pressions. C’est alors que le magazine Der Spiegel , incité par l’intervention russe, titrait en une dans son édition du 26.02 : « Ayez honte Monsieur Scholz », l’accusant d’être trop mou et « d’empêcher l’Union européenne d’agir contre le régime de Poutine ».([9]) Le lendemain, Scholz décidait, devant le parlement, d’attribuer un montant de 100 000 milliards d’euros au budget de la défense. Pour le journal français Les Echos « La révolution copernicienne de l’Allemagne ne fait que commencer ».([10])

    Et elle prend de l’envol si l’on en juge par les décisions qui suivirent. Le 27 mars, la présidente de la commission de la défense au Bundestag, Andrea Schwarz, annonçait que son pays se proposait d’acheter le système de missiles israéliens « Arrow », plus connu sous le nom de « Dome de fer » lorsqu’il sert à se protéger des missiles venant du Hezbollah ou du Hamas. « Nous devons mieux nous protéger contre la menace russe. Pour cela, nous avons besoin rapidement d’un bouclier antimissiles à l’échelle de l’Allemagne« , expliqua-t-elle dans le Bild. Et d’ajouter, « Nous pouvons tendre le Dôme de fer au-dessus des pays voisins. Nous jouerions ainsi un rôle clé pour la sécurité de l’Europe » . Selon le journal, le système coûterait 2 milliards d’euros et pourrait être opérationnel dès 2025 depuis trois sites en Allemagne. ([11]) Jean Monnet en rêvait, l’alliance de gaullistes et de communistes l’avait empêché en 1954, le réarmement allemand est à l’ordre du jour. Et ce n’est que le commencement. Des F-35 furtifs sont déjà commandés en masse aux USA ; des drones armés à Israël et des projets, si chers à Emmanuel Macron, de chars et avions de chasse mutualisés sont plus que jamais d’actualité.

    L’autre guerre
    Une autre guerre non moins importante se joue dans la communication où excelle l’ancien comédien Zelinsky élu sur un programme de pacification et devenu faucon parmi les faucons du projet d’éterniser la guerre et, si possible, de l’étendre. Maître dans l’art de l’ambiguïté, un jour il propose, demande, des négociations et lorsqu’elles sont entamés, il exige la fermeture du ciel ukrainien par l’OTAN. Il suggère des concessions, y compris territoriales pour toute de suite accuser la Russie de génocide et son président d’être un criminel de guerre et ce en parfaite concertation avec Biden et les grandes corporations médiatiques mondiales. Sa campagne de communication est particulièrement efficace « Ils sont vraiment excellents en stratcom – médias, info ops, et aussi psy-ops, a déclaré un haut responsable de l’OTAN au  Washington Post. « J’espère que les pays occidentaux prendront exemple sur eux ». ([12]) La production, notamment vers l’extérieur, est assuré par l’agence Internews  financée conjointement par le gouvernement américain et diverses ONG’s dont la fondation Gates, The Open Society de George Soros et The National Endowment for Democracy.

    Nous sommes ainsi face à un climat « d’union sacrée » autour de Zelensky et son équipe. Impensable de toucher un mot à propos de ses nombreux faits de corruption aggravée révélées par les Pandora papers. Si vous osez le faire, vous devenez ipso-facto un « agent de Poutine ». Encore mieux : surtout ne pas parler de « nazification » puisque, c’est le « vox médiatique » qui sanctionne : Zelensky est lui-même juif. Comme si le fait d’être juif vaccinait contre des compromissions. Cette campagne est si efficace que l’idée s’est installée que des formations comme Pravy Sektor, Patriotes d’Ukraine et Azov seraient très marginales car leur dimension serait fort modeste. Concernant Azov, le plus engagé parmi ces groupes sur le plan militaire, les ‘spécialistes’ des moyens de communication avancent le fait qu’ils « ne seraient que 4 000 dans une population militaire de 200 000 membres » ; insignifiants, donc. Or ce chiffre semble tiré de Wikipédia de manière un peu désinvolte, nos commentateurs oubliant que nous sommes déjà en 2020. En effet, ce site précise que « Le bataillon d’Azov était composé d’environ 800 volontaires fin 2014, mais vit ses effectifs rapidement augmenter portant le nombre de combattants potentiels à plus de 4 000 à la fin de 2016 ».([13]) Si en 2 ans, (2014-16) Azov grandit de 500 % on peut estimer que « The International Institute for Strategic Studies », organisme américain spécialisé dans la chose militaire, n’exagère pas lorsqu’il estime que les forces paramilitaires ukrainiennes (dont Azov est, de loin, la plus importante) représentent 102 000 membres pour un effectif total de l’armée nationale ukrainienne de 145 000 membres.([14])

    D’autres commentateurs insistent sur leur prétendue insignifiance en raison du fait qu’ils n’ont pas d’élus au parlement. Or le problème n’est pas qu’ils soient ou non au parlement mais qu’ils sont parfaitement bien installés et dans les forces armées et dans le ministère de l’intérieur. Et là, c’est-à-dire au cœur de la guerre, ils sont en position d’orienter la ligne politique générale et ce, en parfaite concertation avec le Pentagone, l’OTAN (et la caution de l’UE) avec même des projections internationales. Dans une enquête très fouillée, le magazine américain TIME, très peu suspect de « complotisme gauchiste », rapporte les déclarations d’Ali Soufan, un ancien cadre de très haut niveau du FBI, expert en questions de terrorisme, à propos du mouvement Azov. Selon Soufan, « Azov occupe une place centrale dans un réseau de groupes extrémistes qui s’étend de la Californie à la Nouvelle-Zélande en passant par l’Europe ». Et faisant référence aux talents de recrutement de l’organisation, l’expert soutient que « plus de 17 000 combattants étrangers sont venus en Ukraine au cours des six dernières années en provenance de 50 pays. » . Intriguée, la rédaction du magazine est allée sur place à Kiev pour interroger Olena Semenyaka, la responsable de questions internationales du mouvement, à propos des objectifs de son organisation. Cette dernière a répondu : « la mission d’Azov était de former une coalition à travers le monde occidental, dans le but ultime de prendre le pouvoir dans toute l’Europe. » ([15]) TIME précise qu’en octobre 2019, 40 membres du Congrès avaient signé une lettre appelant, sans succès, le Département d’État américain à désigner Azov comme une organisation terroriste étrangère. 

    Plus récemment, le quotidien israélien Jerusalem Post, publiait un rapport de l’Institut d’études européennes, russes et eurasiennes (IERES) de l’Université George Washington qui révélait que « le Canada, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont contribué à la formation de membres des organisations d’extrême droite au sein des académies militaires ukrainiennes » . Le rapport soulignait la tolérance dont ces groupes bénéficiaient des directions de ces académies. Situation qui avait provoqué la colère des Amis du Centre Simon Wiesenthal (FSWC) du Canada qui faisait état de leur mécontentement dans un communiqué. « .. Il est inacceptable que nos forces armées encouragent les groupes néonazis en Ukraine par le biais de la formation de nos forces armées. »([16])

    Cette présence militaire, ce prosélytisme sans limites ni frontières du néofascisme kiévien ne se limite pas aux casernes. Dès le lendemain du coup d’état de 2014 parrainé par Laurent Fabius, Frank-Walter Steinmeier (actuel président de l’Allemagne) et Victoria Nuland, le poste du ministre de l’intérieur, le plus sensible et stratégique du nouveau gouvernement « démocratique et européiste » fut attribué à Arsen Avakov, le créateur d’Azov. Question d’urgence ? Pas d’autre choix pour le moment ? Désignation passagère ? Pas du tout ! Avakov resta ministre 8 ans jusqu’au mois de juillet 2021 dûment confirmé d’ailleurs, malgré de vives oppositions y compris du grand rabbin de Kiev, par monsieur Zelensky. Trop visible pour rester à côté du Monsieur propre Zelenzky, il dut quitter ce poste si visible pour devenir conseiller spécial du ministère de la défense.

    Les évidences, les démonstrations de la très large mainmise de l’extrême droite néonazie sur les forces militaires et paramilitaires du pays et sur une très large partie de l’opinion publique ukrainienne, notamment sur sa jeunesse sont incontestables Pourtant, dans un exercice pervers de manipulation de l’opinion, le système fait tout pour l’ignorer, pour le cacher. Ainsi, finalement ce n’est pas Poutine qui ‘dénazifie’ l’Ukraine mais bien l’UE, la Maison Blanche, les médias…

    En attendant le vrai morceau
    Dans cette guerre qui se joue (pour le moment) à trois : USA-Russie-UE (la Chine est, cette fois, en stay behind), on peut estimer que les gagnants seront les deux géants, les USA et la Chine avec comme perdants leurs partenaires mineurs, l’Europe et la Russie. Cela dit, les recompositions en cours avec l’entrain militaire de la Russie, sa disposition à « passer à l’acte » comme nouvelle donne, ajoutées à la fixation sur la Chine, ne peuvent que conforter plus que jamais le négoce militaire. Présentant le nouveau budget de la défense pour 2023 (Budget que l’administration Biden estime à 773 milliards de dollars soit le niveau le plus élevé de l’histoire américaine), la revue Foreign Policy, titrait ce 28 mars, « L’invasion de l’Ukraine par la Russie a obligé le Pentagone à revoir son approche centrée sur la Chine. »([17])

    De con côté, avec ce franc parler si américain, le Pentagone publiait une fiche informative de la NGS (National Defense Strategie) soulignant la permanence de la menace chinoise d’où le fait que ces efforts visent à « agir de toute urgence pour soutenir et renforcer la dissuasion, la République Populaire de Chine (RPC) étant notre concurrent stratégique le plus important et le défi majeur pour le département« . La fiche présente ainsi les priorités du Pentagone « La défense de la patrie, face à la menace multi-domaine croissante que représente la RPC.[…] Dissuader toute agression, en donnant la priorité au défi posé par la RPC dans la région indopacifique, puis au défi posé par la Russie en Europe. »([18])

    Cette agressivité langagière (et budgétaire) n’empêchait pas messieurs Blinken et Sullivan d’entreprendre moult tentatives pour essayer d’aligner la Chine contre la Russie dans le cadre des sanctions en cours. Ce fut une secrétaire d’un programme de TV chinois qui, en manière de réponse, résuma le mieux la démarche étasunienne : « Pourrais-tu m’aider à combattre ton ami pour que je puisse m’occuper de toi plus tard ? »[19]

    Post scriptum 09.04.2022
    Je viens de lire un long article du Wall Street Journal (ici en annexe) informant d’une proposition faite par l’allemand Scholz à Zelensky, « une dernière tentative », le 19 février, quelques jours avant l’entrée de troupes russes en Ukraine. L’Allemand aurait déclaré à Zelensky que l’Ukraine devrait renoncer à ses aspirations envers l’OTAN et déclarer sa neutralité dans le contexte d’une convention sur la sécurité européenne garantie conjointement par les Etats-Unis et la Russie. Demande que Zelensky aurait refusée arguant que l’on « ne peut pas faire confiance à Poutine et que la plupart des Ukrainiens souhaitent adhérer à l’OTAN ».([20])

    Cette révélation me semble précieuse pour évaluer la personnalité du président ukrainien, sa capacité à décider seul (contrairement à l’idée qu’il serait soumis à des influences…) et sa responsabilité dans le drame que vit son pays.
    Source : Le Drapeau Rouge https://www.ledrapeaurouge.be
    Voir la première partie de l’article. https://www.investigaction.net/fr/ukraine-la-face-cachee-des-choses-premiere-partie
    Photo : Manhhai (CC 2.0)

    Notes :
    [1] Accords officialisant la reconnaissance d’Israël par des pays arabes qui jusqu’ici s’y refusaient. Le dossier ukrainien, si riche et complexe, ne nous a laisse le temps de traiter ce sujet. Nous y reviendrons.

    [2]La formule complexe militaro-industriel devenant un peu obsolète ; outre que pour ce qui est des USA l’importance de la composante industrielle n’est plus la même que du temps du Général Eisenhower,
    auteur de la formule, le facteur médiatique est, par contre, devenu incontournable pour la gestion de guerres.

    [3]Blinken, https://www.npr.org/transcripts/1086835380?t=1648549050349 March 16, 2022 

    [4]https://lechiffredaffaires.dz/15-milliards-de-m3-de-gnl-americain-pour-leurope

    [5]Actes pris en application du traité UE ; position commune 2008/944/PESC du 8.12.2008 https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32008E0944&from=FR

    [6]https://www.lefigaro.fr/international/royaume-uni-a-l-heure-du-global-britain-boris-johnson-somme-d-en-faire-enco

    [7]https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/armees-la-cour-des-comptes-propose-de-reduire-la-voilure-dans-un-contexte-

    [8]National security for insiders by insiders https://warontherocks.com/2021/01/13the-u-s-defense-industry-in-a-new-era

    [9]https://www.spiegel.de/ausland/deutschlands-halbherzige-sanktionspolitik-schaemen-sie-sich-herr-scholz-komm 

    [10]https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/la-revolution-copernicienne-de-lallemagne-ne-fait-que-commencer-1393884

    [11]https://www.msn.com/fr-be/actualite/other/l-allemagne-envisage-de-se-doter-d-un-bouclier-antimissiles-%C3%A0-2-milliards-d-euros/ar-AAVxQvZ?ocid=winp1taskbar

    [12]https://www.washingtonpost.com/national-security/2022/03/16/ukraine-zelensky-information-war Les sigles « Ops » et « Psy-ops » correspondent aux opérations de propagande et publicité dans le premier cas et à celles visant à manipuler les informations ; susciter compassion du public, etc. dans le second.

    [13]https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9giment_Azov

    [14]Ukraine’s military strength https://graphics.reuters.com/RUSSIA-UKRAINE/dwpkrkwkgvm 26.1.22

    [15]« Like, Share, Recruit : How a White-Supremacist Militia Uses Facebook to Radicalize and Train New Members” https://time.com/5926750/azov-far-right-movement-facebook January, 7,2021

    [16]By Jerusalem Post staff ; October 19, 2021 https://www.jpost.com/diaspora/western-countries-training-far-right-extremists-in-ukraine-report-682411

    [17]https://foreignpolicy.com/2022/03/28/pentagon-defense-strategy-russia-ukraine-war.

    [18] US Department of Defense Fact Sheet : 2022 National Defense Strategy https://media.defense.gov/2022/Mar/28/2002964702/-1/-1/1/NDS-FACT-SHEET.PDF

    [19] China Global Television Network — CGTN LIU Xin 刘欣 (LiuXininBeijing) March 19, 2022

    [20] https://www.wsj.com/articles/vladimir-putins-20-year-march-to-war-in-ukraineand-how-the-west-mishandled-it-1 

    #otan #usa #etats-unis #ukraine #azov #néonazis #néofascisme #ue #union_européenne #Russie #guerre #crimée #otan #réfugiés #énergie #géopolitique #france #politique #poutine #allemagne

  • Romain Rolland était-il « poutiniste » ? Anne Morelli
    Source : https://www.investigaction.net/fr/romain-rolland-etait-il-poutiniste

    Il est très difficile de faire comprendre, en Belgique, aux étudiants d’aujourd’hui, l’enthousiasme qui a poussé, il y a cent ans, d’autres jeunes à participer – pour certains volontairement – à la Première Guerre mondiale. La rivalité entre les puissances européennes de l’époque leur semble incompréhensible.

    Rappelons qu’au début de la Première Guerre mondiale, la « Triple Entente » réunit la France, la Grande-Bretagne et la Russie tsariste dans le but d’isoler l’Allemagne. De l’autre côté, l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie forment la « Triple Alliance ». Il est difficile de croire aujourd’hui que tous les « barbares » étaient réunis d’un même côté et les « démocrates » (alliés au tsar) de l’autre. Les jeunes actuels ont très généralement intériorisé la thèse de l’« inutile boucherie saignant une génération », et le nationalisme anti-boche du début du XXe siècle leur semble risible.

    Ils s’esclaffent franchement en apprenant que des rues de Bruxelles, dont le nom évoquait les « ennemis », ont été débaptisées après la défaite de l’Allemagne et de l’Autriche. De même, on n’a plus parlé, lorsque ces pays furent écrasés, de « café viennois », mais de « café liégeois » (pour saluer la résistance des forts de la ville à l’invasion allemande), et les « boules de Berlin » sont devenues pour un temps des « boules de l’Yser ». (1)

    Lorsqu’on en vient à leur parler de l’infime minorité qui – des deux côtés de la frontière – avait refusé de s’investir dans le conflit et avait prôné une solution négociée, on voit des jeunes auditeurs soulagés d’apprendre qu’au milieu de ce délire nationaliste, il y avait donc au moins quelques personnes sensées ne se laissant pas entraîner à la haine envers ceux qui ont une autre nationalité.

    La difficulté d’être pacifiste en temps de guerre
    Le principal ténor de l’humanisme internationaliste, Jean Jaurès, qui, quelques jours avant l’invasion allemande, galvanisait, au Cirque royal de Bruxelles, la foule venue l’acclamer et défilant au cri de « Guerre à la guerre », est assassiné le 31 juillet 1914.

    Sa voix est donc étouffée à la veille du conflit alors qu’elle était écoutée, et même vénérée, dans les divers partis socialistes des pays désormais belligérants.

    Reste alors la voix de Romain Rolland, homme de lettres, musicologue, internationaliste. Il cherche un moyen de communion entre tous les êtres humains. Il ne veut pas mettre à l’écart, comme le prônent les chauvinistes français, Beethoven et Richard Strauss (qui est d’ailleurs un de ses amis personnels) parce que nés dans le camp « ennemi ».

    Il critique les deux camps dans leur volonté belliciste et dénonce la démence dans laquelle sombre l’humanité.

    Ami de Stefan Zweig, il publie un appel pacifiste (Au-dessus de la mêlée) qui fait dire à Zweig que Rolland est la « conscience de l’Europe ».
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    Bien qu’il ait été couronné en 1915 par le Prix Nobel de littérature, Romain Rolland est vilipendé par tous les va-t-en-guerre et les médias dont ils se servent. Ses appels au désarmement et à la cessation des combats y sont évidemment ignorés.

    Prudemment exilé en Suisse, il est accusé d’être un traître à la patrie française, un agent de l’ennemi, un pion de Guillaume II, ce « Kaiser » allemand, qui sert d’épouvantail en France.

    Et aujourd’hui…
    La bêtise nationaliste est sans frontières et défie le temps.

    On a vu récemment l’Université « Bicocca » de Milan interdire à Paolo Nori de donner un cours consacré à l’écrivain russe Dostoïevski (1821-1881).

    Le concert d’un groupe folklorique suédois a été annulé à Uppsala parce que… il jouait de la balalaïka.

    Une cantate de Prokofiev (1891-1953) a été supprimée par l’Orchestre national de Slovaquie, comme la représentation de Boris Godounov de Moussorgski (1839-1881) par l’Opéra de Varsovie. Même la Scala de Milan a procédé à ces censures absurdes.

    Les musiciens et chefs d’orchestre détenteurs d’un passeport russe, quelles que soient par ailleurs leurs convictions politiques, sont « déprogrammés », écartés, montrés du doigt par des institutions culturelles européennes.

    L’Académie européenne du cinéma boycotte tous les films russes pour les « European Film Awards ».

    Cerise sur le gâteau dans l’excès de zèle et le ridicule, le MR bruxellois a suggéré qu’on débaptise la rue de Russie ( La Libre du 6 mai 2022), ignorant sans doute qu’en 1918 les fureurs nationalistes avaient déjà débaptisé à Bruxelles toutes les rues évoquant l’Allemagne et l’Autriche.

    « Pacifiste » est redevenu une injure comme lors de la Première Guerre mondiale et le mot équivaut aujourd’hui à être considéré comme un « agent de Poutine ».

    Romain Rolland, resté, malgré le conflit entre la France et l’Autriche alliée à l’Allemagne, l’ami de Stefan Zweig, n’aurait certainement pas davantage renié aujourd’hui son autre ami, l’écrivain russe Maxime Gorki, avec lequel il a échangé vingt ans de correspondance.

    Le dixième principe de propagande de guerre veut que celui qui n’adhère pas avec enthousiasme à la propagande de son pays soit vilipendé en tant qu’agent de l’ennemi.

    On taxerait donc en 2022, sans aucun doute, ce Prix Nobel de « poutiniste ».

    (1) Anne Morelli, Principes élémentaires de propagande de guerre, utilisables en cas de guerre froide, chaude ou tiède, nouvelle édition 2022 sous presse.

    #Romain_Rolland #pacifisme #guerre_mondiale #guerre #Jean_Jaurès #Stefan_Zweig #censure #va-t-en-guerre #médias Université de #Bicocca #Uppsala
    #Orchestre-national-de-Slovaquie #Opéra-de-Varsovie #Scala-de-Milan #european-film-awards #Moussorgski #Prokofiev

  • L’impérialisme à l’état pur : Biden redéploye des forces en #Somalie | T.I. Coles - The #Grayzone

    Donald Trump avait décidé de retirer les troupes US de Somalie. Biden revient sur cette décision et va y redéployer des forces d’opérations spéciales. Ce n’est que le dernier chapitre d’une longue histoire d’ingérence destructive américano-britannique dans la Corne de l’Afrique.

    https://www.investigaction.net/fr/limperialisme-a-letat-pur-biden-redeploye-des-forces-en-somalie

  • Hommage à Badia Benjelloun - 2022-05-12-Comaguer
    Entretien sur l’état de la France en 2019
    https://radiogalere.org/wp-content/uploads/1652/54/2022-05-12-Emission-Comaguer.mp3


    https://www.legrandsoir.info/_benjelloun-badia_.html

    https://www.investigaction.net/fr/?s=Benjelloun+

    « Badiaa Benjelloun était médecin, chercheuse aussi. Elle avait travaillé à l’Institut Pasteur, elle soignait encore récemment malgré l’âge de la retraite dépassé dans la campagne profonde de la Seine-et-Marne car elle voulait garder le contact avec ce peuple rural où tant de paysans sont acculés au suicide et lui criaient leur douleur de voir l’agriculture saccagée et leur avenir détruit. Pour elle, c’était cette « sous-France » qui représentait la vraie France, celle qu’elle allait rejoindre tout naturellement sur les barricades des Gilets jaunes, cette France qu’elle souhaitait voir se marier avec cette « non France » cantonnée dans des ghettos urbains.

    Dans sa jeunesse, Badia avait milité dans la clandestinité sous le régime d’un roi inique et traitre à son peuple marocain. Elle en avait gardé la blessure de voir certains de ses camarades disparus, d’autres amoindris par des années de répressions et de tortures. Jusqu’au bout elle a voulu aider ses camarades blessés à pouvoir à nouveau regarder avec confiance les rayons du soleil de la vie.

    J’ai connu Badiaa Benjelloun au début de l’agression de l’OTAN contre la Libye lors d’une réunion convoquée par des observateurs revenus de dessous les bombes. Son intervention était limpide, ce n’était pas le moment de faire la liste des erreurs ou des crimes commis sous le régime Kadhafi, c’était celle de soutenir l’État libyen contre une agression extérieure.

    Principe central qu’elle allait pratiquer sans hésitations jusqu’à son dernier souffle. C’est à cette occasion que des participants à cette assemblée, de toutes origines et de différentes orientations, ont décidé de continuer à …prêcher dans le désert de la sarkozie, en fondant le collectif « Pas en notre nom » pour interpeller les politiciens français, tenir des conférences, informer, manifester contre l’hypocrite « droit de protéger » proclamé avec arrogance pour assassiner tout pays indépendant, dont la Libye qui venait d’oser cette année là de lancer une monnaie africaine devant soustraire tout un continent au piège de « l’aide au développement » et de la « coopération », donc au piège de l’endettement et de l’usure.
Ce collectif allait poursuivre ses activités avec la guerre visant la Syrie.

    Tout naturellement, nous heurtant à l’impossibilité d’obtenir des salles pour tenir nos réunions ou aux annulations de dernières minutes sous des prétexte fallacieux au royaume de la démocratie et des « droideloms », Badiaa Benjelloun consacra ses deniers à l’achat et surtout à la réfection d’un local à St Ouen qui ouvrit ses portes aux activités associatives, politiques, culturelles.

    Ce fut l’aventure de « Maymana ». Pendant plusieurs années, elle s’acharna et s’épuisa à le faire vivre, ce qui permit plusieurs rencontres de qualité qui contribuèrent à redonner vie à cette banlieue de St Ouen et détonnait dans la masse de conformisme qui engluait le pays, avec souvent, malheureusement, en particulier un conformisme de « gauche ».

    Nous nous sommes ensuite retrouvés spontanément dans la rue dès le début du mouvement des Gilets jaunes où mûrissait, au fil des attaques de LBD et des conversations sous les porches pour s’abriter, un embryon d’analyse et de pensée collective pour rebâtir des lendemains qui chantent.
Je me rappelle particulièrement de deux épisodes qui m’ont marqué.

    C’était un soir, au début de janvier, le thermomètre était au-dessous de zéro et, au milieu de la foule rassemblée place de la République, j’ai croisé par hasard Badiaa avec une amie. À peine s’était-on vus que les tirs de gaz et de LBD se sont abattus et nous avons couru vers un porche dans le coin de la place pour nous abriter. A ce moment là, une voiture avec canon à eau nous a longé, nous étions seuls tous les trois sous ce porche, il s’est rapproché de nous a tourné son canon vers nous puis, à quelques mètres de nous, il a commencé à cracher son eau glacée à pleins jets sur nous.

    J’ai essayé de recouvrir ces deux dames de mon corps pendant des minutes qui ont semblé des heures, Badiaa criait qu’ils étaient en train de nous tuer et que notre dernière heure était venue, avant de commencer à faire une prière musulmane.

    Puis l’apprenti tueur passa à autre chose et, transis de froid, nous avons couru vers la souricière policière qui bloquait l’entrée de la place pour essayer de fuir, sans même réfléchir que nous n’avions aucune chance de pouvoir passer le cordon de police …et pourtant, arrivé là, j’ai vu dans le regard d’un policier un éclair de compassion, il a repoussé ses collègues et nous a laissé sortir de la place. Dans chaque policier peut sommeiller un être humain… et là, à quelques mètres de ces scènes dantesques, c’était le Paris du samedi soir, cafés ouverts, musique, clients attablés, un autre monde, impression trouble …mais, fort heureusement !
Car nous sommes entrés dans un café, où nous avons pu nous sécher sous les appareils chauffant, commander du chocolat chaud et regarder autour s’il y avait une table où pouvaient se trouver d’autres réfugiés de la place de la République …et nous avons refait avec eux le monde jusqu’à tard dans la nuit.

    Un ange passe…
    Une autre fois, c’était devant le musée d’Orsay, à quelques mètres de la scène connue où le boxeur Dettinguer a asséné des coups à des policiers qui tabassaient une femme à terre, mais dans la foule nous n’avons rien vu ni su à ce moment là. Nous nous sommes approchés du cordon de police bloquant les issues à l’entrée du musée.

    La grande petite Badiaa s’est dressée devant l’officier de police qui commandait son bataillon et qui crachait à tue tête sa haine des manifestants et elle a commencé à le sermonner doigt pointé vers lui, l’autre répondant avec un langage de plus en plus haineux …et tout à coup, un policier qui était à côté s’est dressé et a dit « Vous avez raison Madame, d’ailleurs mon fils est avec vous en ce moment ! »

    Courage d’un être humain qui laisse espérer un avenir radieux pour notre humanité, et qui donne toute sa valeur aux actions d’une Badiaa Benjelloun au milieu des actions de ces millions à la recherche d’humanité.

    Un an plus tard, nous avons découvert lors d’une rencontre que nous venions tous les deux, sans même s’être consultés, d’adhérer à l’Association nationale des communistes. Bref, il y a de ces hasards qui ne sont pas des hasards mais replacent le monde et notre petit monde dans sa logique profonde, celle du chemin menant vers le progrès humain.

    Badia était musulmane et marxiste ce qui peut paraître incongru à certains Occidentaux. Mais Badiaa était l’ennemi de la bigoterie, surtout quand celle-ci est politisée, elle retenait du Coran le message de justice et c’est ce message là qui l’avait amenée vers le socialisme scientifique. Elle ne voyait donc aucune contradiction entre la vénération coranique de la justice et l’analyse de la situation concrète.

    Elle avait voulu voir les lieux de la révolution en Russie et participer à la marche des immortels à Moscou pour célébrer tous les 9 mai ceux qui nous avaient tous libérés du fascisme, on a parfois tendance à l’oublier sous nos cieux où le grand Stalingrad est oublié au profit du petit débarquement de Normandie.

    Une de ses joies fut de pouvoir aller à Moscou participer avec son drapeau soviétique à cet événement, d’aller ensuite à la mosquée de Moscou, puis d’aller avec un camarade russe brûler un cierge à l’église du Sauveur.

    Il y a des œcuménismes qui mènent vers l’internationalisme prolétarien, Badiaa en était le porte-parole avancé. »

    Par Bruno Drwevski (ANC)
    #Femme #Résistance #Militante #Politique #Badiaa_Benjelloun #Analyse #géopolitique #Science

  • Trois questions à Viktor Dedaj sur le contrôle de l’information par les GAFAM | Investig’Action

    La censure des GAFAM n’est pas nouvelle. Les sites d’information alternative sont particulièrement ciblés. Viktor Dedaj du Grand Soir nous explique comment le phénomène prend de l’ampleur, quels sont les objectifs poursuivis par cette censure et comment nous pouvons y résister.

    https://www.investigaction.net/fr/trois-questions-a-viktor-dedaj-sur-le-controle-de-linformation-par-l
    #gafam #censure

    Le signal de départ, on aurait du mal à donner une date précise, mais je dirais que quand Trump a été éjecté de Twitter, c’était un tournant. On s’est dit, quoi qu’on pense de Trump, que si le président des États-Unis peut être évincé de Twitter, n’importe qui peut l’être. Peut-on encore considérer que ce sont des entreprises privées ou leur situation de quasi-monopole n’en fait pas des services publics ou considérés comme tels ?

  • Ukraine, tout était écrit dans le plan de la Rand Corp. | Manlio Dinucci
    Utiliser l’#Ukraine pour faire vaciller la Russie, ternir son image et lui

    infliger de lourdes sanctions économiques ? C’est ce que préconisait une étude d’un influent think tank US en 2019. Spécialiste des stratégies de l’Otan, Manlio Dinucci en avait déjà parlé à l’époque. Il revient sur l’application de ce plan diabolique et la réaction russe.

    https://www.investigaction.net/fr/ukraine-tout-etait-ecrit-dans-le-plan-de-la-rand-corp

  • #Anne_Morelli : Sur la guerre en Ukraine : « Il n’y pas de place pour des avis divergents »
    https://www.investigaction.net/fr/anne-morelli-sur-la-guerre-en-ukraine-il-ny-pas-de-places-pour-des-a

    Historienne et professeure à l’ULB, spécialiste de la critique historique appliquée aux médias, Anne Morelli a publié l’ouvrage de référence « Principes élémentaires de propagande de guerre » https://fr.wikipedia.org/wiki/Principes_%C3%A9l%C3%A9mentaires_de_propagande_de_guerre
    . Nous l’interrogeons sur la propagande de guerre appliquée au conflit ukrainien. Le rejet de la responsabilité sur l’autre partie que l’on peut apercevoir ces derniers jours dans les médias correspond à un des dix principes édictés dans son livre. Elle affirme que la diabolisation de l’adversaire, dont la parole est sans cesse décrédibilisée, ne permet pas de comprendre le conflit.

     

    Nos médias donnent toute la responsabilité à Poutine. Pourquoi n’examinent-ils pas les conséquences des actions qui ont précédé dans le camp occidental, à savoir celles des États-Unis, de l’Europe et des dirigeants ukrainiens ?
    On est dans une situation où il n’y a pas de place pour les divergences. Je suis sidérée de voir à l’ULB des affiches « Sauver l’Ukraine », « Poutine assassin ! » et d’autres messages de ce type. C’est la première fois que je vois des étudiants se positionner comme ça dans un conflit militaire. Il faut souligner que l’Ukraine à des armes, et ces armes ne sont pas arrivées toutes seules. On arme l’Ukraine depuis 2014 et le gouvernement lance régulièrement ses armes contre les « indisciplinés » des territoires que l’on appelle « prorusses ».

    Lorsqu’en #Yougoslavie, des territoires comme la #Croatie et le #Kosovo ont fait sécession, on a applaudi. Les pays occidentaux les directement ont soutenus. Par exemple, l’Allemagne ou le Vatican ont tout de suite reconnu l’indépendance de la Croatie alors qu’on était occupé à dépecer un pays qui jusque-là était uni. Mais quand c’est l’inverse, comme c’est le cas ici avec notre ennemi qui soutient une autonomie, là on dit que c’est scandaleux. On a un deux poids deux mesures flagrant. Imaginez si demain les Basques, les Catalans ou les Flamands voulaient leur autonomie. Est-ce qu’on applaudirait ?

    On ne comprend pas très bien ce qui a poussé la Russie à attaquer l’Ukraine, sauf à considérer que Poutine est un fou furieux qui veut dominer le monde. Une dépêche de l’AFP, reprise par de nombreux médias, évoque pourtant ce que Moscou reproche à Kiev : génocide au Donbass, présence de néonazis et prétentions atomiques de Zelensky… Mais l’AFP précise que ce sont des « accusations folles ». Vraiment ?  
    La #diabolisation de l’ennemi, c’est un principe de base de la propagande de guerre, assez continu. Napoléon était fou. Le Kaiser, Saddam Hussein, Milosevic et Khadafi l’étaient aussi. Et Poutine est fou bien entendu. Nous, nous avons la chance d’avoir des dirigeants qui sont tous sains d’esprit tandis que de l’autre côté, ce sont tous des fous furieux. C’est élémentaire comme principe de propagande de guerre.

    Pourtant, la question des #néonazis est bien réelle. Le #Bataillon_Azov, ce n’est pas des enfants de choeur, ce sont des néonazis. Il faut aussi rappeler qu’une partie des Ukrainiens se sont solidarisés de l’Allemagne nazie. Il y a une partie de la population qui a combattu les nazis, mais une partie qui a soutenu le #génocide des juifs et toutes les atrocités.

    Quand Poutine dit « On va lutter contre les fascistes ukrainiens », la Russie sait de quoi elle parle. Là aussi, la propagande occidentale a fait oublier que c’est l’ex-URSS qui a le plus collaboré à la défaite de l’Allemagne nazie. C’était tout à fait évident pour la population belge en 1945. Mais depuis, la propagande a fait ses effets à travers notamment les productions d’Hollywood, des films comme Il faut sauver le soldat Ryan et une multitude d’autres.

    Comment développer un mouvement pacifiste dans ces conditions et quel rôle pouvons-nous jouer ?
    C’est très difficile pour l’instant. Ça correspond au dixième principe, si on pose des questions au moment de la guerre c’est déjà aller trop loin. On vous considère pratiquement comme un agent de l’ennemi.

    Si on demande « Est-ce que des gens du Donbass n’ont pas le droit, comme ceux du Kosovo, d’avoir leur indépendance ? », on est suspecté d’être un agent de Poutine. Non, j’aime pas du tout Poutine. Mais j’ai pas envie d’une information qui est si partisane, pas envie d’une information qui est finalement celle de l’OTAN !

    Que faire alors ? J’ai été plusieurs fois invitée à des chaines de télévision et quand j’ai demandé de projeter la carte de 1989 en Europe pour montrer qui avance ses pions vers l’autre, curieusement on m’a dit que ce n’était finalement pas nécessaire que j’intervienne.

    Je pense que dans une situation de forte propagande comme maintenant, notre voix est inaudible.

    Il faut pourtant voir qui encercle qui. Ce sont les troupes de l’OTAN qui encerclent la Russie et pas l’inverse. Récemment, pour une manifestation contre la guerre, il n’y avait que quelques personnes. Depuis la guerre en Irak jusqu’à maintenant, il y a eu un certain découragement du mouvement pacifiste. Quand on voit les énormes manifestations qu’il y a eu par exemple en Grande-Bretagne et en Italie, ça n’a pas empêché les gouvernements d’y aller malgré les réactions populaires contre la guerre.

    Vous disiez dans une interview à La Libre Belgique que pour Biden « La Chine étant un trop gros morceau, s’attaquer à la Russie via l’OTAN apparaît plus accessible ». La réalité d’une guerre USA-Russie n’est-elle pas exagérée ?
    Je ne pense pas que Biden va la faire lui-même, il a promis à son électorat de ne plus envoyer des troupes étasuniennes directement au front. Mais d’une part, il envoie des militaires dans des pays qui étaient autrefois dans l’orbite soviétique comme les pays baltes, la Pologne, etc. Et d’autre part, il espère faire faire la guerre contre la Russie par les pays européens. Dans ce cas-là, Biden n’aura pas à se confronter à son opinion publique. Et au contraire, il obtiendra une réputation de courageux par rapport à l’ennemi. Je ne suis qu’une historienne, mais je pense que Biden essaiera de faire faire la guerre par les autres. Les Ukrainiens ont d’ailleurs déjà reçu énormément de matériel militaire.

    #propagande #manipulation #médias #histoire #cartographie #journalisme #politique #racisme #guerre #censure #ukraine #presse #ukraine #otan #etats-unis #géopolitique #énergie #allemagne #gaz #nucléaire

  • La seule guerre que l’OTAN ait jamais gagnée est la guerre de l’information | Alfred de Zayas

    Juriste de renommée internationale et ancien expert auprès des Nations Unies, le professeur Alfred de Zayas s’interroge sur le succès de la propagande de l’Otan. Alors que tant de mensonges ont déjà été avérés pour justifier des agressions militaires – depuis le Vietnam jusqu’à la Libye en passant par l’Irak – comment le récit sur l’Ukraine parvient-il encore à convaincre autant de monde aux États-Unis et en Europe ? D’autant plus que les arguments en faveur de la démocratie ne tiennent pas la route. Le véritable objectif pour Washington est d’exporter un modèle socio-économique au mépris de la souveraineté des États et de l’autodétermination des peuples. Peut-être faut-il comprendre le phénomène de l’Otan comme une nouvelle religion… (IGA)

    https://www.investigaction.net/fr/la-seule-guerre-que-lotan-ait-jamais-gagnee-est-la-guerre-de-linform


    #OTAN

  • Treize faits hallucinants sur les prisons américaines | Lee Camp

    Si vous avez grandi aux États-Unis, comme moi, vous pensez probablement que les prisons font partie de la vie en société. Nous vivons au jour le jour en supposant qu’une grande partie de notre population doit être composée de grands criminels (ce qui est très différent des criminels endurcis : des voyous impliqués dans des cambriolages et excités à l’idée d’y participer) et que sans les prisons, ces délinquants courraient partout, casseraient tout, donneraient des coups de pied aux écureuils et urineraient sur la fenêtre de votre voiture lorsque vous attendez au feu rouge. Nous supposons simplement que les prisons existent depuis toujours, comme si à l’époque des hommes des cavernes, on avait posé un mur dans une grotte et on y avait ajouté des bâtons ainsi que des lianes pour y enfermer Blartho, parce que c’était un véritable enquiquineur.

    Pourtant, les grandes prisons n’existaient pas en Amérique, ni vraiment ailleurs dans le monde, avant les années 1800. C’est le premier fait hallucinant de cette liste de treize sur les prisons américaines. (Cette liste a été réduite et adaptée à partir de ma précédente liste de 1 234 faits sur les prisons américaines qui vous feront vomir).

    https://www.investigaction.net/fr/treize-faits-hallucinants-sur-les-prisons-americaines
    #prison #USA