• Alors autant l’expliciter, parce que sinon on se fait de faux espoirs : hier à la manif, les slogans et les revendications affichées étaient totalement flous sur les questions sanitaires. À ce point de non-dit et d’évitement, je suis persuadé que c’était volontaire.

    Les seules revendications « sanitaires » que l’on a pu voir, c’était « trop de protocoles », « les protocoles on n’en veut plus »… Ce qui avait pour avantage (et bien sûr comme gros défaut) de laisser en plan la question de savoir quel « protocole », finalement, on voulait… Mais à aucun moment je n’ai vu ou entendu un slogan réclamant qu’on revienne au protocole de sécurité : fermer la classe au premier cas positif. Encore moins qu’on passe en distanciel au-delà de tel niveau de contamination. Ou juste qu’on ferme le merdier pour 15 jours 3 semaines le temps de voir si le pari qu’Omicron c’est terminé s’avère juste (ah ah), ou au moins pour commencer à sécuriser les classes : je n’ai d’ailleurs pas vu non plus le moindre slogan sur les capteurs de CO2 dans les classes.

    Mais clairement, le gros point douteux, c’étaient les omniprésents slogans « les protocoles on n’en veut pas », en évitant purement et simplement de dire ce qu’on veut à la place (à part « des moyens », mais sans jamais évoquer non plus capteurs et aération).

    Du coup, en tant que parent, avec mes gamins, j’ai manifesté pour qu’on sécurise les écoles, ou pour qu’on « laisse circuler Omicron, yaka filer des masques aux enseignants » ? C’est tout de même très gênant de se pointer à une manif, avec l’idée qu’on veut sécuriser le truc, et de se rendre compte que tout est fait pour satisfaire les gens qui, au contraire, souhaitent qu’il n’y ait plus aucun protocole qui leur casse les pieds, leur complique au boulot, parce qu’Omicron c’est qu’un rhume et qu’on s’en fiche si les enfants l’attrapent.

    Et évidemment quelques pancartes très borderline, histoire d’être certain qu’on est dans le flou total (une belle pancarte par une dame qui, par ailleurs, tenait la grande banderole de son syndicat, dénonçait « trop de protocoles » et « l’apartheid »… hum).

    • Du coup, autant l’expliciter aussi : je pense qu’il n’y aura jamais de mobilisation réellement forte ni constructive autour des questions sanitaires. Ni à l’école, ni contre l’autoritarisme. Parce qu’à chaque fois, cela nécessiterait un agrégat entre personnes qui veulent plus de solidarité et de sécurisation sanitaire, et personnes qui au contraire veulent juste leur libertay et qu’on arrête de les embêter avec ça.

      Que ce soit sur le passe ou sur l’école, les premières manifestations se font un devoir de n’afficher que des slogans totalement ambivalents, et tous ceux qui perçoivent ce confusionnisme vont refuser d’y participer plus avant. Et au final on n’aura plus que les tarés et les fachos dont l’image en miroir permettra de légitimer l’autoritarisme gouvernemental.

    • J’en parlais hier :
      https://seenthis.net/messages/943938#message943952

      Mon interlocuteur, plutôt dans la bonne moyenne intellectuelle, quand on a causé des revendications des profs, il a conclu « ils veulent être cocoonés » ; visiblement, il voulait faire du prof bashing. J’ai du manquer de pertinence dans mes explications. Je n’ai pas eu la phrase « ils veulent pouvoir travailler en sécurité ». Bref, j’en suis arrivé à conclure qu’on en arrive à une société eugéniste, et que dans mon éducation, l’eugénisme, c’est le mal. Je soupçonne qu’il est allé vérifier la définition une fois qu’on a eu terminé notre réunion. Parce qu’il est resté silencieux après que j’ai conclu là dessus.

      Oui, les gens veulent passer à autre chose. Nous aussi d’ailleurs. Mais pas pareil.

      Il ne nous reste plus que les décomptes macabres :
      https://seenthis.net/messages/943969#message944016

    • Et évidemment dans son intervention ce matin, Blanquer joue sur du velour de ce côté, avec une seule question vaguement sanitaire :
      https://twitter.com/franceinfo/status/1481894848038846464

      https://video.twimg.com/amplify_video/1481896444336480256/vid/1280x720/I-WeS7SwBKQhF2Mr.mp4

      Et donc même là, on n’arrive pas à comprendre si ce qui serait reproché au protocole, c’est d’être insuffisamment sécurisant, ou au contraire encore trop contraignant pour les parents.

    • Anne. D. :
      https://twitter.com/AnneD89568338/status/1481745580745498631

      Je ne sais pas si les enseignants sont contents mais la mère que je suis ne l est pas. Ras le bol du #GouvernementTsunami et du #ProtocoleTousInfectés

      Rien pour nos enfants. RIEN. PEANUTS.

      Marco Prolo :
      https://twitter.com/marcoprolo/status/1481758030605729795

      Affligeant. J’ai honte des syndicats. Il y avait une opportunité pour renverser le rapport de force et exiger/obtenir des garanties sanitaires. Et rien. On garde le « protocole » le pire. Bravo à LREM. Ils sont vraiment forts.

    • Pourtant nationalement yavait des revendications plus claires @arno :
      https://www.ouest-france.fr/education/enseignement/covid-19-pourquoi-les-syndicats-enseignants-appellent-a-la-greve-le-13-

      1 cas = fermeture, FFP2 (avec cependant mélange avec chirurgicaux), capteurs CO2, c’est déjà un peu plus précis et tous les syndicats s’étaient mis d’accord là-dessus. Mais évidemment IRL, beaucoup sont pas syndiqués, et c’est pas les mêmes revendications sur les pancartes persos.

    • Oui, mais dans la manif, ceux qui ont les plus grosses pancartes et ceux qui tiennent les mégaphones pour ambiancer la manif, ce sont les syndicats. C’est bien ceux-là que j’ai tous vus avec des slogans au mieux ambivalents.

      Je suspecte que ça pouvait être un peu comme ça pour les premières manifs anti-passe : si tu cherchais sur le webz, tu devais pouvoir trouver des déclarations clairement pro-vaccination mais anti-passe, et une fois sur place, uniquement des slogans ambivalents pour pas fâcher des gens pourtant totalement opposés à ta position.

    • L’exemple, ce serait plutôt les gilets jaunes (ou n’importe quelle mobilisation lycéenne, ou de chômeurs et précaires), il aura fallut que la mobilisation dure pour qu’ils se politisent ("j’arrête BFM").
      Les profs sont de droite, dépolitisés, brisés par des décennies de baffes dans la gueule gouvernementales et de mépris. Les jours de #grève hebdo rituelles coûtent cher pour rien. Il ya moyen de rendre la grève plus coûteuse. Un mot d’ordre commence à circuler : invoquer le #droit_de-retrait le plus tard possible afin que la réponse négative des rectorats (le covid y sévit, ça complique) parvienne après le maximum de jours non travaillés payés.
      Les syndicats peuvent au mieux suivre les luttes réellement existantes (jusqu’à les lâcher quand ils le peuvent).
      On peut spéculer. On ne sait rien de ce que peuvent inventer ceux qui prennent leurs affaires en main avant de l’avoir vu.
      Ce sera d’autant plus le cas si les lycéens entrent dans la danse.

      edit quant aux parents, le gouvernement (comme le syndicat, sorti du ministère sans mot d’ordre d’action) est certain de leur volonté de voir maintenue ouverte la garderie, c’est leur pari, selon Le Monde https://seenthis.net/messages/944095

      #école

    • Je partage ton sentiment arno, comme prof qui passe dans quelques salles des maîtres. Autour de moi, tout le monde est en mode « y’en a marre », ça tape sur Blanquer facilement, ok, mais quand tu creuses un peu t’as l’impression qu’ils ne veulent tout simplement plus qu’on les embête avec un quelconque protocole.
      Entre d’un côté l’équipe soudée qui prend les devants sur le protocole au risque de se faire recadrer par l’inspection, dont l’exigence pousse autour d’elle à la prudence et, de l’autre, le directeur avec masque sous le nez qui en a ras-le-bol de devoir tous les matins contrôler des résultats de tests et qui voudrait juste qu’on lui foute la paix parce que de toute façon y’a du brassage partout etc., entre ces 2 là, il n’y a pas trop de points communs en termes d’approche de la pandémie.

      Tous les motifs de grève qui se bornaient à souligner l’épuisement des personnels, le mépris dont ils sont victimes, la désorganisation dans les écoles, le nombre de protocoles depuis 2020, le fait d’être informés au dernier moment, etc., ouvraient grand les bras à tous les "y’en a marre" de la profession, sans aucune proposition ou exigence sur le plan sanitaire.

      « 1 cas positif = fermeture de la classe », c’est le snuipp qui le demande, pas l’intersyndicale. Même si les demandes de moyens et d’embauches sont absolument nécessaires (de base et encore plus maintenant) je regrette aussi qu’il semble ne pas y avoir de discussions sur le contenu du protocole lui-même.

    • Enseignant et parent d’élève, ayant participé à la petite manif de périgueux jeudi, frustré également par les prises de paroles des syndicats et surtout du traitement médiatique de la mobilisation, je pense quand même que pour les enseignant·es, demander des fermetures de classes par mesure de sécurité, ce n’est pas chose facile, Blanquer ayant méthodiquement fait passer celleux-ci pour des feignasses, et on se rappelle le #prof_bashing lors des précédentes vagues : « comment, alors que les caissières et infirmières sont en première ligne, les profs veulent se la couler douce à télétravailler !?? »

      Dans ma situation de prof, je ne sais que faire car la plupart de mes collègues ne veulent pas entendre parler ni de distanciel (pourtant je suis au lycée), ni même de protocole plus sérieux. Et me mettre en grève ou droit de retrait tout seul ne me satisfait pas.
      Dans ma situation de parent, j’hésite à remettre ma fille de 5ans dans son cluster lundi, mais dans le même temps je n’arrive pas encore à convaincre sa mère de la faire vacciner, et trouver des PCR oraux n’est pas chose aisée.

      bref, je ne sais plus trop quoi faire : le plus simple serait que j’arrête de lire seenthis et que je fasse « comme tout le monde », :P

    • LE truc, c’est que l’immunité «  naturelle  », ce n’est pas juste qu’elle ne marche pas. C’est qu’il y a des configuration où le covid détruit le système immunitaire des infectés.

      Donc, on est bien coincés, là.

      Entre tout le monde qui lâche la rampe en mode «  passer à autre chose  » et ce putain de virus qui n’en finit plus de montrer sa sale gueule couche par couche.

      Ce n’est pas la même chose, mais on a découvert que la sclérose en plaque est causée par le virus de la mononucléose, le virus «  gentil  » que tout le monde chope.

      J’ai l’impression qu’on est des bébés en virologie, en vrai. Et que la contamination de masse est vraiment une idée de merde pour sortir d’une pandémie. Ça va nous faire un nouveau scandale sanitaire massif à retardement.

    • @clementb : Il ne faut rien lâcher quant à la vaccination, c’est une vraie protection, même pour les enfants. Mais la difficulté est d’obtenir un créneau, en ce moment. Et le schéma sera incomplet au plus fort d’Omicron... Donc, l’alternative, ce sont les masques. Faute de FFP2 pédiatriques, la double couche chir+tissu par dessus, c’est presque aussi efficace, et si la gamine le prend au sérieux, ça peut le faire pour passer au travers de l’orage.

      Je suis comme toi. Envie de faire comme tous les autres. Faire comme s’il n’y avait pas des dizaines de milliers de personnes qui en chient, pendant que le reste les ignore, ou pire les méprise. Mais impossible de fermer les yeux pour moi.

      Et pour ta position en tant que prof. Hélas, les profs sont des consommateurs comme les autres, pas de raisons qu’ils soient plus conscientisés, bizarrement, que le reste de la populatoin. Bon courage à toi, pas mieux à dire.

    • Very interesting. The Omicron variant has been known for less than 2 months and in South Africa there are already people getting reinfected with it. It may turn out that pursuing herd immunity through mass infection with an immune-evasive virus that attacks the immune system

      Andrew Sparling @awsparling
      https://twitter.com/awsparling/status/1482055312484020226

      je ne doute pas que bien des échanges sur divers points sanitaires et politiques ont lieu informellement parmi les concernés et iront nourrir les ag et autres réus de lundi.
      vivre et mourir comme des porcs sous l’égide d’une déclaration de Great Barrington rédigée pour partie par une épidémiologiste de zoo, c’est pas fatal.

      aussi écrasés et soumis, aussi « responsables » ("on peut pas arrêter de faire cours"), aussi désireux de déléguer à l’État qu’il servent leur survie soient-ils, il y aura des profs pour prendre les armes (savoirs) disponibles, il se trouvera diverses minorités, parmi eux ou ailleurs pour, finalement, en faire usage. rien n’est joué, il n’y a pas de prédiction possible en la matière : on a jamais su ce qui faisait passer à la révolte, une manière d’apprendre avec d’autres dont on doit bien admettre que chez les profs elle est radicalement dépotentialisée, impuissantée. tout vient du haut, de la transmission entonnoir (mais zut ! la circulaire pour demain est à acheter sur le JDD ah ah ah), Freinet et tous les autres ont perdu parmi eux, à de rares exceptions. et les nouveaux embauchés des dernières années auront fort à faire (car c’est les étrangers aux moeurs de la tribu qui sont les mieux à même d’agir) face à leurs collègues et au syndicat, où c’est en train de se corser puisque des appels ont lieu, que par le bas, de la force va apparaître, là où au sommet, ils se sont couchés comme des chiens devant le mâle dominant.