L’inquiétante augmentation des abandons en mer de marins, malgré la mobilisation des syndicats et ONG - ritimo
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« Je ne pensais pas que le destin serait si dur avec moi ». Sahabaj Khan, marin indien, n’aurait jamais cru vivre cette situation. Avec trois autres travailleurs de la mer, ils sont restés coincés près de deux ans sur deux bateaux d’une compagnie indienne, sans électricité, sur un bâtiment infesté de cafards, à quelques kilomètres du port de Mumbai. « J’ai commencé à travailler le 18 décembre 2018, puis, en mars [2019], j’ai entendu que la compagnie pour laquelle je travaillais traversait une passe difficile. L’armateur était incapable de rembourser ses prêts. Puis tout s’est emballé », raconte le jeune homme. Les officiers en poste quittent alors les navires et quatre marins, dont Sahabaj Khan, doivent rester à bord pour continuer à prendre en charge la maintenance. Le début du calvaire. Le marin ne pourra débarquer de sa prison flottante qu’en février 2021, avec qu’une partie des salaires dus et grâce à l’aide de l’organisation Sailors’ Society.
Cette situation, des centaines de travailleurs de la mer à travers le monde l’ont connue. L’un des cas les plus emblématique est celui des marins du MT Iba, coincés 43 mois (environ 3 ans et demi) au large des Émirats arabes unis. Une problématique bien connue du transport maritime, selon la Convention du travail maritime (MLC) de 2006, un marin est considéré comme « abandonné » lorsque son armateur ne peut plus assurer le coût de son rapatriement, le laisse sans soutien ou coupe tout lien avec lui, notamment en ne lui versant plus de salaire, durant au moins deux mois.