Le féminisme ludique de Fifi Brindacier - Chroniques critiques
▻http://www.zones-subversives.com/2022/07/le-feminisme-ludique-de-fifi-brindacier.html
La traduction française de Fifi Brindacier propose une version édulcorée et assagie. « Une anarchiste en camisole de force », ironise Christina Heldner. La narration foisonnante se réduit à un pauvre petit récit d’aventures linéaires. La version française subit de nombreuses coupes. « Et de se demander, vraiment, quel intérêt pouvaient bien avoir ces livres dont on avait censuré toute la puissance, toute la liberté, tout le plaisir », interroge Christine Aventin. L’éditeur Hachette estime que la bonne moralité doit régner sur la littérature jeunesse. Il censure les passages dans lesquels Fifi manque de respect à l’autorité, mais aussi la créativité des histoires qu’elle invente. Ce qui révèle la dimension subversive et politique de la fiction.
Fifi est devenue un personnage incontournable avec des adaptations pour la télé, le cinéma, la comédie musicale, le jeu vidéo, le musée ou le parc d’attractions. Mais le texte original semble le plus souvent oublié. Ce qui permet de lisser les aspects transgressifs du personnage. « Déminage idéologique, transformation de la loser en outsider, et ré-insertion dans les lois du marché », déplore Christine Aventin.
Le personnage de Fifi est créé par Astrid Lindgren dans le cadre de la « Bibliothèque rose ». Les livres destinés à la jeunesse se distinguent entre ceux réservés aux garçons et ceux qui s’adressent aux filles. Mais Fifi remet en cause ce cadre conformiste. Fifi émerge donc dans la niche culturelle la plus mineure et la moins légitime : celle de l’édition pour enfants réservée aux filles. « Choisir la créativité comme mode d’action et faire des zones les plus dominées de la culture populaire un terrain privilégié de la lutte politique », propose Christine Aventin.
▻https://cdn.kobo.com/book-images/300f7dc5-6aa5-48de-aa9e-f57d0909ca22/353/569/90/False/feminispunk-1.jpg