Flahault sur LCI : La nouvelle hausse des contaminations en France provoquée par le BA.2, un sous-variant d’Omicron ?
INTERVIEW - Attendu depuis plusieurs jours, le pic de la cinquième vague ne semble toujours pas atteint en France. Selon le Pr Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale de Genève, un sous-variant d’Omicron pourrait compliquer la sortie de crise.
Propos recueillis par Idèr Nabili - Publié le 20.01.22 à 13h22
Le pic se fait attendre. Alors que le nombre de patients admis en soins critiques s’est stabilisé dans le pays, le nombre de contaminations, lui, ne cesse d’augmenter. Mercredi 19 janvier, plus de 436.000 personnes ont été testées positives en France, soit 20% de plus que le mardi précédent. Dans deux régions - l’Île-de-France et la Corse - le nombre de nouveaux cas avait pourtant diminué, avant de repartir à la hausse depuis quelques jours.
Pourtant, certains de nos voisins constatent une baisse significative des contaminations. C’est notamment le cas du Royaume-Uni. D’autres, comme l’Espagne, semblent arriver au pic de cette cinquième vague. Mais pas la France. Parmi les hypothèses pour expliquer ce phénomène, la possible présence d’un sous-variant d’Omicron, baptisé BA.2, sur notre territoire. Le Pr Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale de Genève (Suisse), répond à LCI.
Le pic de la cinquième vague n’est toujours pas atteint en France. Comment l’expliquer ?
Le niveau actuel de contaminations déjoue les pronostics de l’arrivée du pic. Cela me rappelle la situation à la mi-décembre. Nos modèles prédisaient alors un pic possible de la vague Delta, mais le variant Omicron est venu se brancher et il n’y a pas eu de redescente en France. Je ne sais pas si la remontée actuelle, un peu inattendue, est attribuable au variant Omicron, ou s’il faut l’attribuer à l’arrivée d’un sous-variant, comme c’est le cas au Danemark. Il faudra rapidement savoir si ce sous-variant échappe à l’immunité vaccinale ou naturelle.
Que sait-on de ce sous-variant, baptisé BA.2 ?
Ce sous-variant comporte 28 mutations de plus qu’Omicron, mais nous ne savons pas encore grand-chose. Il a été repéré dans plusieurs pays, comme en Israël, à Singapour, en Inde ou en Chine. Nous ne connaissons ni son origine, ni sa virulence, ni sa capacité d’échappement à l’immunité, y compris celle conférée par Omicron. En revanche, il semble qu’il soit plus contagieux. Il est d’ailleurs déjà devenu majoritaire au Danemark, un pays qui séquence beaucoup les souches. En France, le séquençage est moindre. Il est donc difficile de connaître la part réelle de BA.2, mais nous le saurons bientôt.
Faut-il s’inquiéter de l’émergence de mutations ?
Nous nous attendions à de nouveaux variants. Nous aurons forcément de fausses alertes, comme Deltacron. Mais je ne crois que ce soit le cas de BA.2, repéré par plusieurs équipes dans le monde. Il faudra rapidement savoir s’il échappe à l’immunité conférée par le vaccin et les infections antérieures et en connaître plus sur sa virulence. Regardons de près la situation danoise, qui sera la plus éclairante sur le sujet.
Si ce sous-variant se confirme, doit-on s’attendre à une nouvelle hausse des contaminations dans les prochaines semaines ?
Cette pandémie déjoue beaucoup les prédictions. Même à sept jours, je suis dans l’incapacité de dire si cela va redescendre ou continuer à monter. Si plusieurs vagues se combinent l’une sur l’autre, c’est encore plus difficile. La clé est de savoir si ce sous-variant peut atteindre des personnes qui viennent d’être contaminées. C’est peu probable, mais il faut l’étudier de près. Tant que nous n’avons pas la réponse à cette question, la prévision est un exercice très périlleux.
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