Est-il vrai qu’omicron n’a provoqué que 200 réanimations pour 12 millions de contaminations, comme le dit Pujadas ? – Libération

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  • Est-il vrai qu’omicron n’a provoqué que 200 réanimations pour 12 millions de contaminations, comme le dit Pujadas ? – Libération
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    Dans son émission sur LCI, l’animateur a multiplié les approximations sur les chiffres des réanimations liées à omicron. Même s’il est vrai que ce variant conduit à beaucoup moins d’entrées en soins critiques.

    Votre question porte sur l’émission 24h Pujadas, diffusée lundi sur LCI. Dans une séquence consacrée au Covid-19, l’animateur David Pujadas explique : « On peut le dire clairement [que] cette vague de contaminations omicron n’a pas eu d’effets sur la réanimation, autrement dit sur les cas critiques, c’est vrai ou c’est faux ? »

    « C’est vrai, lui répond son acolyte, debout face à un écran. […] Premier point spectaculaire, cela fait maintenant six jours que les admissions en réanimation baissent. […] On va faire un petit calcul, au 21 décembre 2021, on comptait 3 096 patients en réanimation. Aujourd’hui, avec un rythme de 250 000 contaminations par jour, on compte 3 852 patients. Ça veut dire qu’on a 756 patients en plus. […] Mais en même temps, si on multiplie le nombre de cas détectés par deux [pour s’approcher du nombre de cas réel, ndlr], on serait sur un ordre de grandeur de 12,5 millions de Français qui ont été contaminés. Or dans le même temps, [pour] les cas graves, on parle de moins de 800 personnes. C’est facile à comprendre […] : ce n’est pas omicron qui est responsable des hospitalisations pour cas graves, c’est la vague delta. Or delta a représenté, il y a encore quelques semaines, 20 % des cas chaque jour. Ce sont ces cas delta qui ont développé des formes graves de la maladie et se sont retrouvés dans les services de réanimation. Ce qui veut dire qu’omicron n’a pas déclenché de vagues dans les services de réanimation. »

    Et Pujadas de reprendre la parole : « Si je résume, avec 12,5 millions de cas en trois semaines, ça a produit un quart des 800 cas de réanimation, les trois quarts étant du delta, donc ça a produit 200 cas ! 200 personnes en réanimation pour 12,5 millions de cas omicron. Autrement dit, on n’est même pas dans l’épaisseur du trait, on est dans le microscope. Omicron n’a pas produit de réanimations – je parle sous votre contrôle Martin [Blachier, présent sur le plateau] –, ce sont des faits, pas de l’analyse, pas du doigt mouillé. Pas de la roulette russe, ce n’est pas un pari, ce sont des faits. »

    Omicron n’a-t-il vraiment conduit qu’à 200 cas en plus en réanimation (plus précisément en soins critiques) durant les trois semaines citées ? Pas vraiment. Le collègue de David Pujadas, chargé de faire la démonstration de ce chiffre, n’utilise, en réalité, pas les bonnes données. Pour déterminer ses « 756 patients en plus », il soustrait du nombre total de personnes en réanimation le 16 janvier le nombre de personnes qui s’y trouvaient le 21 décembre. Autrement dit, il raisonne sur le « stock ». Or, entretemps, nombre de patients en soins critiques en sont sortis, soit parce qu’elles ont guéri (70 à 75 %), soit parce qu’elles sont mortes (25 à 30 %).

    Sur cette période, ce sont en réalité 8 200 personnes qui sont entrées en soins critiques en France avec un diagnostic Covid-19. Combien l’ont été avec le variant omicron ? Difficile à dire. Car le suivi par type de variant est réalisé par la Drees (cellule statistique du ministère de la Santé) et les informations sur le sujet s’arrêtent pour l’heure au 9 janvier (elles seront réactualisées ce vendredi).

    Pour réaliser une estimation sur vingt-six jours, comme dans cette émission, il faut donc faire le calcul du 14 décembre au 9 janvier. Sur cet intervalle, la Drees estime à 966 le nombre de patients entrés en soins critiques avec omicron. Soit 31 % des cas sur la semaine du 2 au 9 janvier. Une proportion qui devrait augmenter dans les semaines qui viennent, omicron étant désormais ultra majoritaire en France.

    Ces données, cependant, qu’elles portent sur les hospitalisations ou les entrées en soins critiques, intègrent aussi les personnes porteuses du virus, mais admises pour d’autres pathologies. Comme nous l’expliquions dans un précédent article, la part des patients Covid-19 pris en charge pour une autre raison que le virus se monte ainsi, pour la semaine du 3 au 9 janvier, à 20 % pour les hospitalisations et à 8 % pour les soins critiques. On peut donc réduire de 8 % le nombre d’entrées en soins critiques avec omicron, ce qui conduit à 889 entrées sur vingt-six jours. Et non pas 200, comme l’avance David Pujadas.

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    Il est vrai, en revanche, qu’omicron provoque beaucoup moins de cas nécessitant un passage en soins critiques que delta. Toujours selon la Drees, une personne non vaccinée âgée de 60 à 79 ans et positive au Sars-CoV-2 n’a qu’un peu moins de 2 % de risques d’être hospitalisée en soins critiques avec omicron, contre près de 6 % avec delta.

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    Pour une personne positive, dans la même tranche d’âge, et vaccinée avec rappel, le risque passe de 1,3 % à 0,3 % avec omicron. Concernant les hospitalisations conventionnelles (75 % des décès), le risque est diminué également, mais dans une moindre mesure (50 % environ pour les 60-79 ans).
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    A noter, enfin, que si le nombre d’entrées en soins critiques est effectivement en baisse depuis plusieurs jours, celui des entrées à l’hôpital continue, lui, de progresser.

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