• [ ’ttention ça pique, on est chez l’ennemi, et Samantha n’y va pas de main morte. Je suis en train de lire sa bio, et elle arrive à se décrire à 13 ans avec énormément de justesse et de dignité. C’est aussi très libérateur comme lecture (pour ma part), très nuancé, très juste.]

    Samantha Geimer : « Personne n’est en droit de dire à une victime ce qu’elle doit penser » | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/187944/interview-samantha-geimer-affaire-roman-polanski-victime-viol-violences-sexuel

    Demander à toutes les femmes de supporter le poids de leur agression, mais aussi de l’indignation de tout le monde pour l’éternité, c’est cracher au visage de toutes celles qui se sont rétablies et qui sont passées à autre chose.

    Rameuter les victimes pour sanctionner des gens qui se sont mal comporté, c’est les victimiser davantage. Personne n’est en droit de dire à une victime ce qu’elle doit penser et comment elle doit se sentir. Lorsque vous refusez qu’une victime pardonne et tourne la page pour satisfaire un besoin égoïste de haine et de punition, vous ne faites que la blesser plus profondément.

    Une victime a le droit de laisser le passé derrière elle, et un agresseur a aussi le droit de se réhabiliter et de se racheter, surtout quand il a admis ses torts et s’est excusé.

    #Samantha_geimer

    • Quel agresseur voudra admettre ses torts si son crime est une dette qu’il ne pourra jamais payer ? Et quelle victime voudra dénoncer son agression si elle lui colle pour toujours à la peau ?

    • Peu de gens savent que vous avez poursuivi Polanski au civil en 1988 pour agression sexuelle, après avoir découvert qu’il enjolivait ce qu’il vous avait fait dans son autobiographie. Ni que vous avez gagné, cinq ans plus tard. À l’époque, bien avant l’apparition de Google, cette ignorance tombait sous le sens, car votre avocat avait eu la bonne idée de mal orthographier Polanski (« Rpolanski ») dans votre plainte, pour camoufler votre dossier aux yeux de la presse. Mais aujourd’hui, qui plus après la publication de votre livre qui détaille tout de A à Z, on a l’impression qu’il en va davantage d’une vérité plus complexe que le résumé « Polanski s’est soustrait à la justice et Geimer n’a jamais obtenu gain de cause ».

      En réalité, Polanski s’est soustrait à une injustice dont nous avons tous les deux été victimes. Lui parce que le juge n’a pas respecté son accord et, sous la pression médiatique, a laissé entendre qu’il pouvait lui infliger une peine de prison de cinquante ans. Moi parce que la procédure pénale n’a pas abouti.

      Peu de gens savent également que lorsque Roman a pris la fuite, j’avais moi aussi été mise dans un avion pour quitter la Californie, parce que le juge envisageait un procès à grand spectacle et que je sois citée à la barre alors que nous voulions, avec ma famille et mon avocat, préserver mon anonymat. Mais je suis très contente que Roman ait pris cette décision.

      Voilà la vérité, pure et simple. C’est cette injustice qui me poursuit depuis quatre décennies, pas ce que Polanski m’a fait chez Jack Nicholson. Avec la procédure civile, j’ai pu obtenir la justice que la cour pénale m’avait refusée, mais Polanski, lui, reste toujours victime d’un système corrompu et d’un juge immoral.

      #polanski

    • Il faut prendre soin des victimes de viol et les aider à s’en remettre, mais croire qu’elles seront pour toujours ravagées, les obliger à plier sous le poids de leurs souffrances est tout bonnement ridicule.

    • Vouloir que les victimes aient perpétuellement mal, comme si c’était la seule manière de prouver qu’un viol est un crime, est aussi terrible qu’absurde. C’est une autre manière de contraindre les femmes, de les contrôler, de les persuader qu’elles sont faibles. Ce n’est pas pour moi.

    • When I refuse to bend and show the damage that is demanded I am a rape apologist, with Stockholm Syndrome, who is bought and paid for and most importantly, I am hurting every other rape victim who ever lived, a woman who must be mad. And, also a slut for being sexually active at 13.

    • When a simple touch during a photograph, a bad joke, some typical behavior in the 70s or 80s is equated with rape and real sexual harassment, we have diminished the seriousness of those crimes or actions. When a pass at a 17 year old is talked of as pedophilia, we take away from the actual victims of those crimes. If you are searching your mind to remember who might have acted inappropriately to you, you are not a victim, and you shouldn’t want to be.

    • par contre faut me « mute » si ça pique trop, je comprends que ce soit dérangeant, après les années qu’on vient de traverser, et surtout que toutes les expériences ne se valent pas. Je fais moi-même une sorte de virage pas facile à comprendre et que je vais pas expliquer ici.

    • Our young women need to learn the sexuality is healthy, normal, necessary. That lives are not shaped by a bad experience but by our resilience. That hatred and punishment does not heal you or undo something that has happened. Your beauty, your value, that is something inside you that cannot be taken.

    • Standing with women should be our strength, not a way to turn us all into un-redeemable victims who must be shielded from the world, from men, from sex, from themselves. Sexuality is individual, it’s part of life, it can be tricky and awkward. It does not harm you.

    • @tintin ben ça va. Je trouve que ce qu’elle raconte est intéressant.

      Je ne crois pas à la justice communautaire qui est l’ancienne/nouvelle tendance dans les milieux militants actuels. La police/la justice sont imparfaites donc débrouillons nous à part. Non. L’intérêt du système judiciaire ce n’est pas seulement rendre justice à la victime, ça me semble une erreur. Car c’est aussi dire ce qui est acceptable ou pas dans un contexte donné par une société, puis de rendre justice aux victimes mais aussi d’éviter les vendetta, les lynchages physiques ou symboliques, et les vengeances individuelles (partiellement dans notre société en tout cas). Mais c’est aussi de comprendre comment quelqu’un en arrive à perpétrer un crime pas pour l’en excuser, mais pour comprendre, dans l’idéal, comment éviter que ça se reproduise, si c’est possible.

      Il y a des avancées pour améliorer le système judiciaire, des tentatives d’ajustement, mais par exemple, je ne comprends pas l’imprescriptibilité qui est demandée par certains groupes, ni justement le fait de revenir toujours sur les condamnations passées de quelqu’un. Soit on pense que la prison a un sens, et dans ce cas là, une fois la sentence exécutée, alors ça devrait être bon.

      Le soucis dans les questions criminelles c’est qu’il y a différents profils, dont celui de ces personnes qui ne s’amenderont jamais de quoi que ce soit, car elles sont trop loin, et sans psychologisme exacerbé, elles sont incapables de reconnaître leurs torts, ne sont centrées que sur elles-même, n’ont pas de perception du mal fait à autrui, s’en foutent ou en tirent satisfaction. Ces cas-là me semblent non amendables et je crois qu’en tant que société, ils nous emmerdent au plus au point, on a un angle mort, un truc difficile à penser : qu’est-ce qu’on peut faire d’eux ?

      Est-ce que Polanski est dans ce cas ? Je n’en suis pas sûre. Geimer pointe les dysfonctionnements judiciaires dans son affaire, aussi bien vis à vis d’elle que de Polanski, je trouve ça intéressant. Et je ne crois pas que de reconnaître que son agresseur n’ait pas plus bénéficié que soi d’un procès juste à cause des défauts du système judiciaire soit faire preuve d’un quelconque syndrome de Stockholm (qui est un concept bien foireux by the way). J’aime bien qu’elle amène de la complexité dans une affaire dont la dimension médiatique empêche de penser.

      Par contre, que ça soit Peggy Sastre qui l’interviewe ça me laisse perplexe sur la médiation tordue potentielle de ses idées, c’est pour ça que j’ai mis son blog en lien.

    • Il faut lire sa biographie « une fille » (the girl) je suis en train de la terminer, c’est une lecture indispensable pour comprendre « l’affaire polanski » et aussi beaucoup d’autres choses, notamment les choses qui ne vont pas bien chez Metoo et les travers (bien merdiques) de certaines militantes contre les Violences Sexuelles. C’est franchement le truc le plus sain et le plus éclairant que j’ai lu sur ces sujets depuis une éternité. Je me demande même si c’est pas juste le meilleur bouquin, le plus équilibré, le plus sain (bis), le plus juste et aussi celui qui me donne le plus d’espoir, pratiquement le seul qui offre une réelle voie de sortie (je suis désolé de le dire, mais c’est un champ de mines ce sujet, et le niveau est hyper faible). Sa façon de « survivre », ou de prendre ce qui lui est arrivée à sa juste hauteur, c’est un modèle énorme pour moi aujourd’hui.

      Pour ces histoires d’imprescriptibilité, pour ma part, le simple fait d’être comparé à une victime de l’holocauste, ça ne me va pas du tout ou pour le dire autrement, à part me rajouter une grosse couche de trauma (imaginaire (en ce qui me concerne (parce que mon expérience personnelle n’a rien à voir avec l’holocauste, ce qui n’en fait pas moins un truc naze et glauque))), je ne vois pas.

      Bref c’est une lecture formidable qui m’est arrivé par là : https://seenthis.net/messages/944354