• « Toujours pas de dessin de Coco sur l’interdiction de Maus d’Art Spiegelmann, cancelé par les autorités scolaires d’un comté du sud des Etats-Unis ? »

    « Oui mais la cancel culture ! »

    Etats-Unis : un district scolaire bannit le roman graphique sur l’Holocauste « Maus » de son programme
    https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/etats-unis-un-district-scolaire-bannit-le-roman-graphique-sur-l-holocau


    Le roman graphique « Maus », d’Art Spiegelman, est photographié à Los Angeles (Etats-Unis), le 27 janvier 2022.

    La décision intervient dans un contexte de remise en cause des programmes scolaires dans les Etats conservateurs, qui s’attaquent aux livres traitant de sujets de société clivants comme le racisme ou l’identité de genre.
    Nouvel épisode de la guerre des écoles en cours dans des Etats conservateurs américains. Les autorités scolaires d’un comté du sud des Etats-Unis ont banni le roman graphique sur l’Holocauste au succès planétaire Maus pour son contenu jugé « inapproprié ». Dans ce livre, #Art-Spiegelman raconte les souvenirs de son père rescapé de la Shoah, dans lesquels les juifs sont représentés par des souris, les nazis par des chats. Récompensé par un prix Pulitzer en 1992, une première pour une bande dessinée, #Maus a été traduit en plus de vingt langues.

    Mais son contenu est « vulgaire et inapproprié » pour des collégiens de 13 ans, a estimé le conseil scolaire du comté de McMinn, dans le Tennessee, qui a voté le 10 janvier pour le retirer du programme en attendant de trouver un autre livre sur l’Holocauste. « Il y a un langage grossier et désagréable dans ce livre », a expliqué le directeur du conseil, Lee Parkison, selon le compte-rendu de la réunion. Huit mots vulgaires et une image de femme nue sont concernés.

    « Confusion totale » de l’auteur

    Interrogé jeudi par la chaîne CNN (en anglais), Art Spiegelman a dit avoir été plongé dans une « confusion totale » avant d’"essayer d’être tolérant avec ces gens qui pourraient ne pas être des nazis", mais « qui se sont concentrés sur quelques mots grossiers ». Alors que le 77e anniversaire de la libération du camp d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau est marqué jeudi, le Musée de l’Holocauste à Washington a souligné sur son compte Twitter que Maus jouait « un rôle vital » pour l’enseignement de la Shoah « en partageant des expériences détaillées et personnelles des victimes et des survivants ».

    La décision intervient dans un contexte de remise en cause des programmes scolaires dans les Etats conservateurs, qui s’attaquent aux livres traitant de sujets de société comme le racisme ou l’identité de genre. Un autre classique, Beloved de l’Afro-Américaine Toni Morrison, a fait récemment l’objet d’une polémique. Une mère d’élève de Virginie a affirmé que son fils lycéen avait fait des cauchemars après avoir lu le livre, qui raconte l’histoire d’une ancienne esclave choisissant de tuer son enfant pour éviter qu’il subisse les atrocités de l’esclavage.

    https://twitter.com/gunthert/status/1486979404047822853?cxt=HHwWisC96ff456IpAAAA

    Ce qui définit la #censure, c’est l’exercice d’un pouvoir, et donc des invisibilisations bien réelles. La « cancel culture », c’est une blague pour disqualifier des protestations, comme le « on ne peut plus rien dire » répété sur tous les plateaux de télé

    • https://www.ancrage.org/maus-la-bd-culte-sur-lholocauste-bannie-dune-ecole-du-tennessee-pour-une-di

      L’ouvrage, monument de la bande dessinée reconnu pour son intérêt historique, a été interdit au motif qu’il contenait des éléments « inappropriés ». Dans la BD, des souris figurent les juifs, et des chats, les nazis.
      Huit gros mots et l’image d’une femme » dénudée. C’est ce qui a motivé le choix d’une école du Tennessee, aux Etats-Unis, de mettre à l’index la bande dessinée Maus, œuvre majeure d’Art Spiegelman sur l’Holocauste. Après un vote à l’unanimité mi-janvier, les dix membres du conseil d’administration de la McMinn County School ont ainsi banni de leur programme scolaire un livre considéré comme un monument de la bande dessinée historique, récompensé par un prix Pulitzer en 1992.

      « Il y a un vocabulaire grossier et répréhensible dans ce livre », a expliqué le directeur de l’école, Lee Parkinson, en ouvrant la réunion destinée à discuter de l’utilisation de l’ouvrage pour les élèves en fin de collège. Précisant avoir « consulté l’avocat » de l’école, le directeur annonce que « la meilleure manière de corriger ou de maîtriser le vocabulaire dans ce livre est de le modifier de manière à le débarrasser des huit gros mots et de l’image de la femme » qui a fait l’objet de signalement de la part de certains membres du conseil.

      Une position immédiatement soutenue, d’après le procès-verbal de la réunion, par l’un d’entre eux, Tony Allman, qui dénonce un contenu « vulgaire et inapproprié ». « Dans les écoles, en tant qu’éducateurs, nous n’avons pas besoin de permettre, voire de promouvoir, ce genre de choses », estime-t-il, soulignant que le livre « montre des gens pendus, d’autres en train de tuer des enfants ».

      Le livre en question raconte l’histoire du père d’Art Spiegelman, juif polonais ayant survécu à Auschwitz. Son contenu ? Des dessins en noir et blanc où des souris figurent les juifs, et des chats, les nazis, pour raconter l’enfer des camps d’extermination pendant la seconde guerre mondiale. La BD a valu à son auteur une célébrité mondiale et s’est imposée dans plusieurs pays, comme la France, comme un classique du « devoir de mémoire », au point de figurer dans les programmes scolaires.

      Après un long débat sur la suppression des mots jugés répréhensibles par les membres du conseil, ces derniers ont finalement acté qu’une interdiction pure et simple de la BD était préférable, notamment en raison des problèmes liés aux droits d’auteur que posait une modification du texte.
      Plaidoyer pour l’intérêt pédagogique de l’ouvrage

      Deux responsables pédagogiques de l’école, consultés par le conseil d’administration, ont pourtant tenté de convaincre l’assemblée de l’intérêt pédagogique de l’œuvre d’Art Spiegelman pour les élèves. « Il n’y a rien de joli dans l’Holocauste. Pour moi, [ce livre] est une bonne façon de raconter un moment effroyable de l’histoire », insiste par exemple Julie Goodin, ancienne professeure d’histoire. « Je détesterais priver nos enfants de l’opportunité que représente ce livre », plaide-t-elle, estimant nécessaire de préciser :

      « Va-t-on enseigner ces gros mots en tant que mots de vocabulaire en dehors de ce livre ? Bien sûr que non. »

      Elle est soutenue par son collègue Melasawn Knight. Pour ce dernier, l’usage d’un vocabulaire parfois rude était une manière, pour l’auteur, de dépeindre l’horreur de la situation et de faire passer plus implicitement le message. « Nous pensons que c’est un livre précieux, et la plupart des responsables ici présents l’ont lu », relève M. Knight.

      Les arguments sont cependant restés inaudibles pour les membres du conseil. M. Allman répond ainsi qu’il ne « nie pas que c’était [évoquant le génocide des juifs] horrible, brutal et cruel » mais que le livre n’a, selon lui, besoin ni de gros mots ni de « scène de nudité » pour servir son propos. Avant de prétendre qu’Art Spiegelman « faisait les illustrations de Playboy ». « Et nous le laissons faire des illustrations dans les ouvrages destinés à des enfants à l’école primaire », s’interroge-t-il, alors que la discussion porte sur l’usage de la bande dessinée dans le programme des élèves correspondant au niveau 4e.

      « J’entends que les enfants voient pire à la télévision, et peut-être chez eux, mais nous sommes en train de parler de mots qui, s’ils avaient été prononcés par un élève dans les couloirs, lui auraient valu une sanction, et à juste titre, argue M. Allman. Et on continuerait à utiliser ce livre dans notre enseignement quitte à aller contre notre règlement ? »
      « Endoctriner les enfants »

      Un autre membre du conseil, Mike Cochran, abonde. « Nous parlons d’enseigner l’éthique à nos enfants, et ce livre commence avec le père et le fils qui parlent du moment où le père a perdu sa virginité. Ce n’était pas explicite mais c’est là », assure-t-il. « Nous pouvons enseigner l’histoire aux élèves (…), nous pouvons leur dire exactement ce qui s’est passé, mais nous n’avons pas besoin de nudité et de tous ces autres trucs », poursuit-il. M. Cochran fait notamment référence, dans son réquisitoire contre l’ouvrage, aux dessins – les seuls figurant des personnages humains – représentant la lame de rasoir utilisée par la mère de l’auteur pour se couper les veines, et le corps à demi-nu de cette dernière, étendu dans une baignoire après son suicide.

      M. Cochran va plus loin, fustigeant l’intégralité du programme d’études de l’école, qu’il estime conçu pour « normaliser la sexualité, la nudité et normaliser un langage vulgaire ». « Si j’essayais d’endoctriner les enfants de quelqu’un, je ne m’y prendrais pas autrement », conclut-il.

      Comme le souligne le quotidien britannique The Guardian, la phrase trouve un écho particulier dans un contexte où des groupes conservateurs multiplient les campagnes aux Etats-Unis pour expurger les bibliothèques des écoles des livres qu’ils jugent inadaptés – voire dangereux – pour les enfants. Ces livres, dénoncés comme étant « à caractère sexuel » ou « propagent des idéologies radicales », traitent la plupart du temps du racisme, de la cause LGBT (ou tout simplement de l’orientation sexuelle) ou des minorités en général.
      Le Tennessee est « manifestement devenu fou »

      L’auteur de Maus, Art Spiegelman, a réagi sur la chaîne américaine CNBC, se disant « assez déconcerté » par la décision de la McMinn County School. « Je suis resté bouche bée en me disant “Quoi ?” », détaille l’auteur de 73 ans, qui a qualifié le conseil d’administration de l’école d’« orwellien ».

      « J’ai rencontré tellement de jeunes gens qui… ont appris des choses grâce à mon livre »,a regretté M. Spiegelman, pour qui l’Etat du Tennessee est « manifestement devenu fou ». Selon lui, « les choses sont en train de vraiment, vraiment mal tourner là-bas ».

      L’Etat du Tennessee, rappelle CNBC, a, depuis 2000, toujours été remporté par les candidats républicains à la présidence des Etats-Unis. En 2020, Donald Trump avait remporté le comté de McMinn avec près de 80 % des suffrages exprimés.

      D’autres auteurs de bandes dessinées, comme le britannique Neil Gaiman, auteur de la série Sandman, ont vivement réagi sur Twitter. « Il n’y a qu’un seul type de personnes qui voteraient pour interdire Maus, quel que soit le nom qu’elles se donnent ces temps-ci », a-t-il écrit sur le réseau social.

      Le Monde

    • Rat rouge et ligne noire
      https://cqfd-journal.org/Rat-rouge-et-ligne-noire
      http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/redrat.html

      Un dicton dit : « Dieu a créé le monde et les Néerlandais ont créé les Pays-Bas ». Et dans ce pays que l’on imagine bien tranquille, un Néerlandais, lui, a créé un rat !
      Au travers d’instants de vie et de luttes, on découvre les péripéties d’un petit rongeur à la naïveté touchante qui évolue dans un monde qui le dépasse.
      Dans cette #bande_dessinée culte, Johannes van de Weert emploie talentueusement la ligne claire et le zoomorphisme pour nous brosser avec humour une fresque méconnue et haute en couleur de trois décennies d’histoire politique et sociale.
      Voici Les aventures de Red Rat

    • Un article concernant la mise à l’index de livres et les pressions subies par les enseignant·es dans certains états :

      Aux États-Unis, l’effrayante chasse aux livres “woke”

      Dans l’opulente banlieue de Southlake, près de Dallas, une guerre fait rage. Le champ de bataille : les écoles, où des conservateurs cherchent à bannir tout ouvrage faisant référence à l’esclavage ou aux discriminations. Une lutte qui pourrait bien embraser le pays, à l’approche des élections de mi-mandat.

      D’abord, les républicains, au pouvoir au Parlement du Texas, ont adopté une loi, en vigueur depuis septembre dernier : elle stipule que les enseignants de l’État doivent s’efforcer de présenter à leurs élèves des « perspectives contradictoires » sur les débats de société. Puis les autorités scolaires de Southlake ont recommandé aux bibliothécaires et aux instituteurs de proscrire les livres « représentant un discours singulier dominant, qui ne peut être contrebalancé par d’autres contenus ». Et en guise d’exemple, une responsable du district scolaire, l’entité chargée de la gestion des écoles locales, a suggéré que des points de vue alternatifs devaient être offerts quand l’Holocauste était abordé en cours…

      Aussitôt, et de peur de subir les foudres de parents d’élèves majoritairement républicains, les enseignants se sont mis à passer leurs livres en revue. Lesquels étaient donc « acceptables » ou pas ? Parmi ceux subitement devenus problématiques, The Hate U Give, sur l’éveil militant d’une jeune Noire, dont l’ami a été tué par un policier blanc lors d’un contrôle. Ou A Good Kind of Trouble, un roman pour enfants dont le personnage principal rejoint le mouvement Black Lives Matter.

      Certains sont allés jusqu’à couvrir des livres de draps ou à les placer derrière un ruban jaune et noir… utilisé pour délimiter les scènes de crime. « Les autorités se plient aux volontés de parents extrémistes qui veulent contrôler tous les aspects de la vie de leur enfant », commente Aaliya Mithwani, une lycéenne d’origine sud-asiatique, membre de la Southlake Anti-Racism Coalition (Sarc), une association locale de lutte contre le racisme.

      “Pro-libertés” cherchent livres à interdire
      Cette réalité n’est pas propre à Southlake. Dans tout le pays, la chasse aux livres supposés « offensants » est devenue le sport favori des groupes conservateurs. À Katy, dans le sud-est du Texas, les autorités du district scolaire ont banni cinq livres LGBT à la suite de plaintes de parents. Dans le Tennessee, des mères se disant « pro-liberté » ont tenté d’en faire interdire des dizaines d’autres – dont un consacré à la marche de Washington orchestrée par Martin Luther King en 1963 pour l’égalité raciale. En Pennsylvanie, un district scolaire a refusé aux enseignants la possibilité d’utiliser des centaines d’ouvrages, de documentaires et d’articles recommandés par une commission de promotion de la diversité.

      Même Beloved, célèbre roman de Toni Morrison (Prix Pulitzer 1988 et Nobel de littérature 1993) évoquant l’esclavage et contenant un langage violent, a suscité en Virginie un débat quant à l’opportunité de le mettre entre les mains des enfants… Et la polémique a contribué à l’élection du républicain Glenn Youngkin comme gouverneur de cet État, jusqu’ici dirigé par les démocrates.

      Ce combat de la droite conservatrice n’est pas nouveau, mais il monte en puissance depuis la mort de George Floyd, tué par un officier de police blanc en 2020. Alors que les institutions et les entreprises américaines entamaient un examen de conscience sur leur rôle dans la perpétuation du racisme, Donald Trump menait la charge contre les efforts de diversité et d’inclusion dans les écoles – et au-delà. Aux derniers jours de sa présidence, il a créé une commission pour promouvoir « l’éducation patriotique » face au « 1619 Project », une initiative du New York Times visant à faire connaître l’héritage de l’esclavage, et accusée par la droite trumpiste de ternir le passé du pays et de culpabiliser les Blancs.

      À travers les États-Unis, des parents en colère sont à leur tour partis en croisade contre la « théorie critique de la race ». Ce concept universitaire sur le racisme institutionnel est devenu un terme fourre-tout pour dénoncer la moindre initiative de discussion sur la diversité en milieu scolaire, présentée comme source de division de la société sur la base de l’identité. Au Texas, le raidissement s’est traduit par la ratification, en juin, d’un texte encadrant l’enseignement de la race et du genre dans les écoles primaires et secondaires. Approuvée par le gouverneur Greg Abbott – qui cherche le soutien de la droite dure pour se faire réélire en 2022 –, la loi interdit notamment d’inculquer aux enfants qu’ils « devraient ressentir un malaise, une culpabilité, une anxiété ou toute autre forme de détresse psychologique en raison de la race et de leur sexe ». Elle empêche aussi les établissements publics d’intégrer des activités militantes ou politiques à leurs cursus.

      Fin octobre, un parlementaire texan est allé plus loin : il a envoyé une liste de huit cent cinquante ouvrages aux responsables de districts scolaires pour leur demander s’ils étaient en possession de ces livres. Et si oui, combien d’exemplaires ils avaient, et le montant dépensé pour les acquérir. Figurent dans son énumération de seize pages, des titres sur les relations raciales, la communauté LGBT, la sexualité, le féminisme et d’autres ouvrages susceptibles de « créer un malaise » chez les jeunes – la très subjective notion de « malaise » pouvant évidemment être invoquée pour tuer dans l’œuf toute conversation sur l’esclavage ou le droit des minorités.

      « Cette situation crée un climat où les enseignants ont peur d’aborder les sujets qui dérangent, de crainte d’être sanctionnés ou poursuivis en justice. Or, l’Histoire n’est pas toujours agréable à entendre ! » regrette Ovidia Molina, présidente de la Texas State Teachers Association, une association d’enseignants texans. Elle redoute une démotivation des enseignants, déjà mal payés et peu considérés au Texas. « Certains comptent démissionner avant la fin de l’année scolaire. Ils font face à une ambiance de censure. Les bibliothécaires redoutent désormais de répondre à des questions sur des livres, car ils ne savent pas si cela va leur attirer des ennuis. »

      À l’assaut des conseils d’école
      À Southlake, les tensions ont éclaté sur fond de mutation démographique et sociologique : cette ville, essentiellement blanche, a en effet vu arriver ces dernières années des familles noires aisées, attirées par la qualité de vie et les écoles publiques de haut niveau ; et la diffusion publique en 2018 d’une vidéo montrant des élèves scandant une insulte raciste y avait suscité une vive indignation. Le « school board » local (un conseil chargé de superviser la gestion du district scolaire) avait alors proposé un plan de « compétence culturelle » pour promouvoir la diversité et l’inclusion. Il n’en aura pas fallu davantage pour qu’une opposition organisée se mette en place.

      Des parents en colère ont réclamé la mort du projet aux réunions du conseil. Des poursuites judiciaires ont été engagées. Un groupe d’action politique, qui revendique un enracinement « judéo-chrétien », Southlake Families, a levé des dizaines de milliers de dollars pour faire élire des conservateurs au « board », du jamais-vu dans ces élections d’ordinaire apolitiques et ronronnantes. En novembre, le groupe a réussi son pari. « Nous, parents qui croyons aux libertés offertes par la Constitution, ne voulons pas que les écoles s’interposent entre nous et nos enfants », expliquait alors Andrew Yaeger, le nouveau membre du conseil, porté par les voix conservatrices.

      Dans sa ligne de mire notamment : un dispositif censé lutter contre les « micro-agressions », c’est-à-dire l’ensemble des comportements anodins traduisant des préjugés négatifs envers des groupes marginalisés (un Blanc faisant remarquer à une personne de couleur qu’elle « s’exprime bien », par exemple). « Beaucoup de parents m’ont dit qu’ils retireraient leurs enfants de nos établissements si cette trajectoire woke se poursuivait. Or, s’ils partent, nous perdrons des aides publiques et nous devrons faire des coupes budgétaires », poursuit-il.

      Tous, évidemment, ne sont pas de cet avis. Alex Heymann par exemple, jeune militante antiraciste, veut croire que la situation évoluera : « Il y a toujours eu à Southlake des insultes racistes balancées dans les écoles, des profs étrangers moqués à longueur de journée pour leur accent. Beaucoup de parents et d’élèves sont incapables de reconnaître que le racisme et l’homophobie sont une réalité, et qu’eux-mêmes jouent un rôle dans le phénomène. Pour rendre le monde meilleur, il faut commencer par affronter nos propres préjugés. C’est difficile et, oui, cela met mal à l’aise. » Tout laisse supposer en tout cas qu’au Texas comme ailleurs la bataille pour le contrôle des écoles et des programmes scolaires sera un thème majeur des élections de mi-mandat de novembre 2022.

      Un autre sur la censure de « Maus » la BD de Art Spiegelman

      “Maus” censuré dans une école du Tennessee : jusqu’où ira la purge ?

      Aux États-Unis, des groupes conservateurs tentent localement d’expurger les programmes scolaires et bibliothèques des livres et œuvres évoquant le racisme ou les minorités. Le roman graphique d’Art Spiegelman est le dernier à en faire les frais.

      Dérisoires, pitoyables, pathétiques… Les adjectifs sont légion pour qualifier les raisons invoquées par le « school board » du comté de McMinn, dans le Tennessee, de bannir Maus, le roman graphique d’Art Spiegelman, du programme scolaire des collégiens de la région. Elles se résument à huit jurons et une scène de nudité féminine. Et encore, quand on parle de nudité, rappelons qu’il s’agit de celle d’un animal puisque, dans Maus, les Juifs sont représentés par des souris et les Allemands par des chats.

      Spiegelman, qui a reçu en 1992 un prix Pulitzer spécial pour ce livre témoignage d’une incroyable puissance évocatrice de la Shoah, s’est dit « abasourdi » par cette décision. Dans une interview à la chaîne de télévision américaine CNBC, il l’a qualifiée d’« orwellienne ». À juste titre car, derrière la prétendue défense des intérêts des enfants, c’est bien d’une censure dont il s’agit. Un négationnisme qui ne dit pas son nom et participe d’un mouvement de fond de manipulation de l’information et des programmes scolaires à l’œuvre dans certaines régions conservatrices des États-Unis. Et qui conduit à la mise à l’index de certains ouvrages pour les enseignants dès lors qu’il s’agit d’enseigner l’Histoire, la question du racisme ou celle des minorités visibles.

      Une décision prise à l’unanimité

      À McMinn, la décision a été prise à l’unanimité par les parents et les administrateurs, malgré l’intervention de professeurs expliquant la portée de l’œuvre et son importance dans leur programme d’enseignement. Dans le Kansas, des romans LGBT ont été retirés d’une bibliothèque scolaire après l’intervention d’un groupe conservateur. En Pennsylvanie, des élèves ont réussi à renverser la décision du district d’interdire l’étude d’ouvrages sur le racisme, parmi lesquels un livre pour enfants sur Rosa Parks et l’autobiographie de Malala Yousafzai. Au Texas, les Républicains ont fait passer une loi stipulant que les enseignants doivent présenter à leurs élèves des « perspectives contradictoires » sur les débats de société. En guise d’exemple, un responsable du district de Southlake a suggéré que des points de vue alternatifs devaient être offerts quand… l’Holocauste était abordé à l’école.

      Sources :
      https://www.telerama.fr/debats-reportages/aux-etats-unis-les-conservateurs-ouvrent-la-chasse-aux-livres-woke-7008310.
      https://www.telerama.fr/debats-reportages/maus-censure-dans-une-ecole-du-tennessee-jusqu-ou-ira-la-purge-7008468.php