Dans le mode de production capitaliste, la population n’est pas un fait de « nature », sa production, reproduction, gestion et les catégories qui la constituent sont le produit de rapports de classe et de genre qui en structurent la mise en forme et l’évolution. Cette population n’existe socialement et ne se reproduit que comme fonction du capital. Il n’y a pas de substrat intact ou pur pouvant servir de préfiguration de quoique ce soit, il n’y pas de bonheur ou de souffrance, de bonne santé ou de maladie, de manière de vivre ou de mourir qui puissent se comprendre autrement que comme une expression de ces rapports de classe et de genre. Il faut ajouter, vu le sujet, que cette expression sans cesse renouvelée – car produit historique – du rapport de classe et de genre existe dans le quotidien de la pensée et de l’action pour toutes les classes, et encore plus à l’insu (mais « de leur plein gré ») de ses acteurs pour ce qui concerne les classes dominantes ou supérieures.
Cette reproduction n’est pas une mécanique idéale et froide des rapports de production mettant en mouvement ses propres matériaux idéaux. Les rapports de classe et de genre comme rapports de production ne se donnent pas en clair, ils existent dans une complexité qui peut être comprise conceptuellement comme un déploiement dynamique des catégories de l’exploitation (rapport surtravail / travail nécessaire) sur tous les pans de l’existence que le mode de production capitaliste met en mouvement de par son caractère total. Ainsi la population est produite et existe bien sûr dans les rapports de production à proprement parler, mais, par là, dans l’existence quotidienne à travers laquelle se constitue la (re)production du rapport d’exploitation dans son ensemble comme condition d’existence de ces rapports de production stricts (à travers idéologies, pensées, affectivité, sociabilité, loisirs, santé, rapport à l’habitat, nourriture, symptômes, inscription institutionnelle, 1 ou 2 sur la carte de sécu…).
Faire tenir ces éléments apparemment disparates ou hétérogènes n’est pas l’affaire d’un Macron ou d’un lobby même puissant et elle n’est pas non plus le fruit du hasard ni dénuée d’intentions, de volontés et de décisions. Mais toujours les structures dominent les individus ou groupes d’individus et leurs actions, pensées, idéologies, etc. sont elles-mêmes l’expression de ces rapports de classes et de genre qu’ils produisent et, les reproduisant naturellement, qui les reproduisent1.
Partons d’une idée simple, même simpliste.
Aucun Etat, aucune bourgeoisie ne foutra en l’air son économie (déjà pas brillante) dans le but de renforcer le « contrôle » et « l’asservissement » de la population ou pour favoriser les laboratoires et autres Gafa. A la limite cela peut être une opportunité mais à manipuler avec d’extrêmes précautions par cette classe dominante pour en éviter les effets pervers sur le travail, la production générale, la reproduction de la force de travail, la circulation, la consommation et de façon globale la vie sociale quotidienne qui nourrit le mode de production.
Passons à un niveau un peu plus élaboré, relatif à la mécanique du discours complotiste (ou conspirationniste).
Ne jamais accuser l’institution, le pouvoir, la cible en général, de « complot ». Ne pas employer le terme.
Se positionner en avant-garde éclairée.
S’appuyer sur la science et la raison (prolifération des notes de bas de page, références universitaires absconses, liens hypertextes, graphiques, cartes, etc.).
Toujours poser la question : « à qui profite le crime ? ». Désigner pour chaque événement un responsable, une organisation (si possible groupe occulte), et une cause unique. Ainsi on pourrait dire que puisque la révolution bolchévique de 1917 a été en partie possible dans les conditions de la première guerre mondiale, le nationaliste serbe qui assassinat l’archiduc d’Autriche à Sarajevo était un agent de Lénine.
Accumuler des « détails troublants » en les connectant.
Refuser le hasard, ne voir que des corrélations nécessaires (« Savez-vous que … ? » ; « Ce n’est pas un hasard si … »)
S’appuyer sur l’histoire et trouver toutes sortes d’événements semblables aussi disparates que possible, mais « ressemblant ».