Quand le Trésor public félicite un haut-fonctionnaire pour un pantouflage

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  • « Bref, Lionel Corre est un pur macronien.
    Dans une démocratie, il devrait être interdit de faire la navette entre le public et le privé pour faire du pognon dans le privé en utilisant son carnet d’adresse acquis dans le public, pas ici.
    Ce pays est malade… »
    #McKinsey #BCG #Macronie

    Quand le Trésor public félicite un haut-fonctionnaire pour un pantouflage
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    Sur le réseau LinkedIn, Le haut-fonctionnaire Lionel Corre a été félicité par le Trésor public pour son passage du service d’État au groupe privé de conseil Boston consulting. La preuve que le pantouflage est bien ancré dans les mœurs.

    On trouve de tout sur le réseau social professionnel LinkedIn… et même un service d’État qui félicite l’un de ses agents pour un pantouflage ! Ainsi, l’ancien sous-directeur des assurances à la direction générale du Trésor (DGT) Lionel Corre a reçu les louanges de son ex-employeur pour avoir rejoint le cabinet de conseil Boston consulting group, un prestigieux cabinet de conseil en stratégie. Sur le visuel partagé par la DGT sur le réseau social LinkedIn, sa nomination au poste de « Partner Finance » prend des airs de promotion.

    • « Un pantouflage salué en fanfare », une « république bananière » ou encore « une collusion publique privé renforcée » : les critiques pleuvent en commentaire de la publication pour dénoncer cette communication hasardeuse. Que l’on annonce le départ d’un haut fonctionnaire public vers le privé est tout à fait normal et même recommandable, mais de là à s’en vanter… Les allées et venues de ces fonctionnaires, passant du service de l’État aux sirènes du bizness et du privé, sont tellement rentrées dans les mœurs que les intéressés ne semblent plus voir le problème.
      Un « cursus honorum »

      « Partir à Boston consulting group, pour #Lionel-Corre, c’est vraiment un accomplissement, le signe de sa valeur », ironise auprès de Marianne Michel Crinetz, ancien superviseur financier. Le départ du haut fonctionnaire n’a rien d’étonnant selon lui. « Ses orientations de droite libérales étaient connues de tous dès le départ précise-t-il. Ça a joué dans sa nomination au Trésor et dans les réformes qu’il a impulsées. » Les allées et venues entre public et privé sont devenues monnaie courante aujourd’hui, d’après Michel Crinetz. « Il ne se passe pas un mois sans mouvement de porte tournante, au niveau français et européen. Ça fait partie du cursus honorum et ce genre de carrière est d’autant plus valorisée qu’elle additionne les postes sur le CV. »

      Cette pratique n’est pas nouvelle pour autant. On peut dater le début progressif des pantouflages aux années 80, et plus précisément au tournant de la rigueur sous François Mitterand et Pierre Mauroy en 1983. « La tendance s’est confirmée dans les mandats de droite comme de gauche qui ont succédé et s’est particulièrement accentuée sous Macron, analyse l’ancien superviseur financier. Auparavant c’était plus discret car ces fonctionnaires pouvaient travailler dans des sociétés nationalisées. »

      La place prépondérante des cabinets

      Mais ce n’est pas parce que Lionel Corre part dans le privé qu’il ne pourra pas faire facturer ses services par l’État. Les cabinets comme #BostonConsultingGroup où il a été nommé, ou le cabinet #McKinsey, sont de plus en plus sollicités par l’État pour produire des notes de conseil. Entre mars 2020 et janvier 2021, le ministère de la Santé a ainsi dépensé 11,35 millions d’euros auprès de sept cabinets différents pour être épaulé sur la gestion de la crise sanitaire. Matignon a même annoncé au début de l’année dernière 65 millions de dépenses annuelles en « conseil en stratégie et organisation » entre 2018 et 2020, tous ministères confondus.

      Avant de quitter le Trésor pour travailler dans le privé, Lionel Corre doit toutefois soumettre un dossier de déontologie qui doit permettre de savoir si son départ est autorisé. Les contrats peuvent spécifier qu’il ne puisse pas entretenir de relation avec d’anciens collègues, détaille Michel Crinetz. « C’est déjà arrivé qu’un départ soit interdit. » Mais l’ancien superviseur financier craint que des délais de confidentialité trop courts ne soient fixés. « Et puis, ces clauses ne sont pas toujours respectées … »