• Les mensonges de l’apprentissage
    https://blogs.mediapart.fr/nasr-lakhsassi/blog/180323/les-mensonges-de-l-apprentissage?at_medium=custom3&at_campaign=67

    Pourquoi parler en nombre de contrats et non pas en nombre d’apprentis ? Parce que la réalité est bien moins étincelante. Etant donné le nombre de ruptures de contrats qui ont lieu sur une année, plus de 31 % selon France Compétences, l’organisme national de régulation de l’apprentissage, le nombre réel d’apprentis est inférieur d’un bon tiers au nombre de contrats ! Prenons les chiffres de 2021 : pour le ministère du Travail et le gouvernement, il y avait eu cette année-là, 733.200 nouveaux contrats ! Mais pour le ministère de l’Éducation, il n’y avait que 338.975 inscrits en première année d’apprentissage (!) et 629.635 apprentis (toutes années confondues) inscrits dans les CFA. Alors pourquoi cette différence ? Parce qu’un apprenti licencié ou démissionnaire peut signer un nouveau contrat la même année, ce qui est loin d’être marginal : UN apprenti peut alors correspondre à DEUX voire TROIS contrats recensés sur une même année ! Cela est tout à fait compréhensible puisque de nombreux employeurs ne sont pas trop regardants quand il s’agit de percevoir des primes : ils testent puis gardent ou éjectent ! Et ils recommencent. Il n’y a aucun contrôle. Vu ainsi, les records font psitt ! Comme on s’en doute, pas vu à la télé ni dans la plupart des médias !

  • #Apprentissage : les masques tombent ! Christian Sauce
    https://blogs.mediapart.fr/nasr-lakhsassi/blog/070222/apprentissage-les-masques-tombent

    15 % seulement de formations dans le secteur industriel en apprentissage pour 71 % dans les services – formations à faible coût ! Si l’on ajoute les ruptures de contrat, les abandons, les accidents du travail, mais aussi les aides publiques sans contrepartie, on conclut que seul l’affichage compte pour l’exécutif. Un sujet à mettre en avant pendant la campagne présidentielle.

    Vous n’avez pas pu y échapper ! Le 3 février, Elisabeth Borne et les médias dans la foulée, ont poussé un énorme cocorico : « Élisabeth Borne se félicite des 718.000 contrats d’apprentissage signés en 2021, un record » (Le Figaro) « Apprentissage : record pulvérisé » (Les Echos) « L’apprentissage bat de nouveaux records en France » (Le Monde) « Apprentissage : pourquoi un tel succès ? » (La Tribune) « Apprentissage : un nouveau record en 2021 » (Sud-ouest)
    Précisons tout de suite qu’il suffisait de lire un seul article pour avoir toutes les informations sur cette victoire éclatante. En effet, pas de prise de tête : les médias ont repris quasiment mot à mot le « publi-reportage » du gouvernement et du ministère du travail ! On y retrouve les mêmes expressions, les mêmes commentaires, les mêmes arguments. Il ne faudrait pas gâcher l’ambiance en soulevant un coin de tapis ! Quelques-uns se sont même aventurés à aller au-delà de la propagande gouvernementale, c’est dire l’enthousiasme ! BFMTV excelle dans cet exercice de thuriféraire : « Apprentissage : La France devant l’Allemagne ! ». Ce n’est juste pas possible ! Alors, vous cherchez un peu. Résultat : 700.000 contrats (et non apprentis en France), 1,3 million apprentis en Allemagne (Connexion-emploi) !!! Quand on aime…

    Désolé, mais nous allons refroidir cet enthousiasme quasi unanime. Rappelons en premier lieu que la France compte en nombre de contrats alors que dans le reste du monde on compte en nombre d’#apprentis. La tricherie est énorme : en prenant en compte les dizaines de milliers de ruptures de contrat chaque année et la possibilité pour un apprenti de retrouver un autre contrat dans l’année, on ne doit pas dépasser les 500.000 nouveaux apprentis (mais total silence radio) ! Pour exemple, l’état s’émerveillait de 526.000 nouveaux contrats en 2020 alors que la DEEP (Direction de l’évaluation de l’EN) ne dénombrait que 260.000 apprentis en première année de formation ou en cursus 1 an ! Le medef lui-même ne comptabilise que 600.000 apprentis fin année 2021, toutes années confondues !!!

    Plus pervers : si le nombre de contrats d’apprentissage augmente, c’est au détriment des contrats de professionnalisation, ces contrats en alternance, de 6 à 24 mois, qui entrent dans le cadre de la formation continue et que des étudiants et salariés signent pour compléter leur formation initiale. Après un bac pro, un BTS, une licence, par exemple. Ils sont mieux rémunérés que les contrats d’apprentissage : 80 % du smic en première année, pour un jeune de 20 à 24 ans, au lieu de 53 % du smic. Ils reviennent donc plus chers à l’employeur qu’un apprenti ! C’est ainsi que leur nombre s’est effondré entre 2019 et 2021 par report vers les contrats d’apprentissage, passant de 257.700 à 128.300 ! Ce qui permet à l’employeur de recruter les mêmes jeunes, déjà bien qualifiés, de les payer encore moins, et d’être mieux remboursés par les aides dites « exceptionnelles » ! C’est à cela qu’on perçoit que la France adore sa jeunesse !

    Encore plus pervers : en analysant le « publi-reportage » du ministère du travail, on découvre une véritable bombe sur laquelle personne ne s’est attardé : 71 % des nouveaux contrats d’apprentissage sont signés dans le domaine des services, 15 % dans l’industrie, 11% dans le bâtiment et 3 % dans l’agriculture et la pêche ! Quand Macron et son gouvernement se font les chantres de la réindustrialisation du pays, c’est carrément du vent ! Leur politique ne sert qu’à détruire l’enseignement professionnel sous statut scolaire pour favoriser l’apprentissage patronal, alors que celui-ci inonde de formations le secteur tertiaire afin de profiter des primes de l’état et s’offrir ainsi une main d’œuvre à moindre coût ! C’est tout simplement impensable !

    autre phénomène, non mentionné, quand de plus en plus d’étudiants se retrouvent en contrat d’apprentissage, c’est une manne pour l’enseignement privé : https://seenthis.net/messages/944563

    #travail #précarisation #contrats_de_professionnalisation #enseignement_professionnel