« Je dormais à même le sol, ils me criaient sans cesse dessus »

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  • Aujourd’hui, dans l’humanité.fr encore ces foutus journalistes qui farfouillent et passent des coups de fil !

    « On pensait l’esclavage aboli en 1848. Mais, dans les quartiers riches de la capitale, des femmes sont toujours exploitées et humiliées par des familles du golfe Persique. Elles vivent l’enfer. »

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    Esclavage moderne Exploitées par des familles du golfe Persique, des travailleuses domestiques témoignent de leur calvaire quotidien. Ce mardi, s’ouvre le procès en appel d’une riche Saoudienne condamnée en première instance à trois ans de prison ferme.

    Lorsque Madame s’estimait mal servie, de violents orages éclataient dans son vaste appartement de 220 mètres carrés, à l’ombre de la tour Eiffel. À la moindre contrariété, elle explosait. Il fallait alors esquiver les cendriers qui volaient, faire le dos rond sous les cris, les insultes : « Chienne », « pute », « salope », « mal-baisée », « espèce d’animal ». Si elle injuriait ainsi les travailleuses domestiques qu’elle employait, c’était par « jeu », a expliqué Shalemar Sharbatly aux policiers qui l’ont auditionnée.

    Cette « artiste » choyée par le régime saoudien, dont l’activité créative consiste pour l’essentiel à peinturlurer des bolides de luxe, avait été interpellée et placée en garde à vue le 18 avril 2019, après dénonciation de ses employées de maison. Deux Érythréennes et une Éthiopienne recrutées en Arabie saoudite, dont elle avait confisqué les papiers pour mieux les soumettre à « des conditions de travail et d’hébergement contraires à la dignité humaine », selon les termes choisis, à l’époque, par les enquêteurs.

    Poursuivie par les trois femmes qui ont réussi à lui échapper, mais aussi par d’autres salariés établis en France, elle a été reconnue coupable par le tribunal judiciaire de Paris, le 2 juillet 2020, de traite d’êtres humains, travail dissimulé et emploi d’étrangers sans autorisation de travail. Verdict : trois ans de prison ferme et un mandat d’arrêt, la prévenue ayant profité de l’allègement de son contrôle judiciaire en raison de motifs professionnels pour quitter le pays, où elle n’a plus remis les pieds depuis lors. Son procès en appel a lieu ce mardi, à Paris. Sentiments d’impunité et de toute-puissance ? Shalemar Sharbatly ne s’était présentée, en première instance, à aucune des audiences ; elle était alors représentée par son avocat et ami Elie Hatem : un militant d’extrême droite passé par le comité directeur de l’Action française, familier d’Alain Soral et du clan Le Pen.

    Sharbatly s’était elle-même chargée du « transfert » en France des victimes, R., S. et M., en 2014 pour deux d’entre elles, en 2017 pour la troisième. Ces employées devaient s’occuper de sa fille, s’acquitter des tâches ménagères et se tenir prêtes à satisfaire toutes ses exigences : jusqu’à 17 heures de travail par jour, sans repos ni congés, sans liberté de mouvement. Pour une rémunération dérisoire : quelques centaines d’euros par mois, payées en liquide, selon le bon vouloir de la maîtresse de maison. Les jeunes femmes étaient tenues de supporter, dans un climat de terreur, les caprices et les humiliations de leur exploiteuse. « Quand elle s’énerve, on se sauve. Une semaine avant ma fuite, madame Sharbatly m’a secouée », a confié S. Sa compagne d’infortune, R., a témoigné du chantage permanent auquel étaient soumises ces travailleuses domestiques ayant fui, dans leur pays, la misère, la guerre, le service militaire obligatoire : « Elle me disait : “Tu es sale comme les animaux, tu ne comprends rien du tout.” Elle criait beaucoup. (…) Elle avait le pouvoir de nous faire rentrer en Érythrée et nous ne voulions pas. (…) Je vivais dans la peur d’être reconduite chez moi. »

    Libérée de son calvaire après la fuite de ses collègues, à l’occasion de la perquisition des policiers, M. a confirmé l’usage permanent de la menace qui les tenait toutes les trois sous la férule de cette femme richissime, faisant retirer de ses comptes en banque des sommes folles aussitôt dépensées – jusqu’à 80 000 euros par semaine. « Madame Sharbatly nous hurle dessus tout le temps, même sans raison.

    Rosa Moussaoui