L’union entre Jadot et Rousseau vacille après la réunion avec Taubira

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  • L’union entre Jadot et Rousseau vacille après la réunion avec Taubira
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    La tension monte d’un cran entre les deux personnalités écolos. Sandrine Rousseau regrette publiquement "les manœuvres politiciennes" menées par l’équipe de Yannick Jadot à deux mois de l’élection présidentielle.

    POLITIQUE - Chez les Verts, le linge sale se lave en public. Sur le papier, Sandrine Rousseau est bien la présidente du conseil politique de Yannick Jadot mais le doute est permis tant leurs derniers échanges publics sont âpres, en marge de la révélation d’un conciliabule entre l’entourage du candidat écologiste et celui de Christiane Taubira à deux mois de l’élection présidentielle.

    “Une réunion en non-mixité”, a réagi l’éco-féministe sur les réseaux sociaux en apprenant dans la presse la tenue de ce rendez-vous secret auquel participaient cinq hommes. Des discussions confirmées par Christiane Taubira et Yannick Jadot, mais qui n’auraient pas abouti à grand chose à en croire les deux camps. Qu’importe, pour Sandrine Rousseau le procédé est détestable et elle n’hésite pas à le dire dans les médias.

    Une charge indirecte qui n’a pas franchement plu au principal intéressé. “Je ne comprends pas sa sortie”, a répliqué l’eurodéputé, sur un ton quelque peu exaspéré, ce mercredi 9 février sur LCI, au lendemain des révélations, avant d’expliquer en substance qu’il n’a pas à la prévenir avant de discuter avec les autres prétendants de la gauche.

    De nouvelles crispations qui viennent s’ajouter à plusieurs divergences de vues, et des épisodes déjà tendus entre le vainqueur de la primaire EELV -tenant d’une ”écologie de rassemblement”- et celle qui avait créé la surprise lors de ce processus interne avec une ligne plus clivante. Au risque de faire planer un parfum de rupture ?

    Tensions en série

    Déjà à l’automne 2021, Sandrine Rousseau s’était difficilement rangée derrière Yannick Jadot. Elle avait mis trois jours et posé plusieurs conditions pour acter clairement son soutien et affirmer qu’elle se mettait “pleinement à son service”. Sans jamais contester sa courte défaite (51% contre 49), elle avait jusque-là entretenu le flou en refusant d’appeler à voter pour l’eurodéputé ou en exprimant publiquement ses doutes quant à sa capacité à “entendre le mouvement qu’il y a derrière” sa personnalité. En d’autres termes, à radicaliser son discours.

    Depuis ce mois d’octobre, Sandrine Rousseau est devenue présidente du conseil politique du candidat des Verts, une fonction symbolique, sans cesser de faire entendre sa propre petite musique. Problème pour Yannick Jadot, cette partition prend souvent la forme de critiques à son encontre, sur la forme comme sur le fond.

    “On s’emmerde, non ?”, se demandait-elle dans les colonnes de L’Obs le 25 novembre, à propos de la campagne, avant de se prendre au “côté trop sage” de Yannick Jadot. “Ce qu’il nous faudrait, c’est un type qui met les pieds dans la boue, un rockeur qui donne envie de passer une nuit à Woodstock avec lui.” Une sortie qui provoquera la colère du candidat, lequel va refuser d’adresser la parole à son ancienne concurrente pendant plusieurs jours, selon le récit du Monde.

    Et pour le côté rockeur ? On repassera, Yannick Jadot a choisi d’enfiler une cravate pour la première fois le 30 janvier dernier pour ne pas être disqualifié auprès des “personnes d’un certain âge qui disent ‘pour être président de la République, il faut mettre une cravate’”, selon ses mots sur France Inter.

    Sur le fond, Sandrine Rousseau ne manque pas une occasion pour appeler son candidat à aller plus loin dans son discours et ses propositions. “Je pense que la bataille qui se joue est culturelle, ce n’est pas juste un ensemble de mesures”, avançait-elle au HuffPost le 14 décembre dernier en affirmant qu’elle aurait ”évidemment fait campagne différemment.”

    Des conseils qu’elle répétait presque mot pour mot mi-janvier sur le plateau de Public Sénat. Selon elle, l’eurodéputé devrait “aller sur des mesures plus radicales, affirmer le fait que l’écologie est centrale et que ce n’est pas juste des petits gestes”. Et d’ajouter du bout des lèvres “il le porte, il le sait”.

    Silence radio chez les écolos

    En parallèle de ces “conseils” ou de ces critiques, c’est selon, on peut effectivement reconnaître à Sandrine Rousseau une forme de constance dans son soutien au camp de l’écologie politique, et de son représentant pour 2022. “Je me suis engagée à suivre un processus, je le suivrais, ça fait partie de mes qualités, ne pas bouger de ligne” affirmait-elle encore sur la chaîne parlementaire, toujours au mois de janvier. Mais qu’en sera-t-il avec le nouveau recadrage public de Yannick Jadot ?

    Côté écolo, on refusait, ce mercredi, de répondre aux questions sur ces nouvelles bisbilles. Comme une ambiance de gêne au sein de l’état-major EELV ou chez les différentes chapelles. Il faut dire que les deux principaux intéressés ne s’épargnent plus vraiment par médias interposés.

    “Oui, il y a un sujet” a ainsi estimé Sandrine Rousseau mardi soir, sur BFMTV, en confirmant qu’elle n’était pas au courant des tractations entre les camps Jadot et Taubira. Selon elle, ce genre de “magouilles”, “de la politique à l’ancienne, c’est exactement ce qu’il ne faut pas faire ou faire pour dégoûter les gens de la politique”. L’économiste se dit même “furibarde”, dans L’Opinion, face à la tournure des événements.

    Des reproches malvenus pour Yannick Jadot. “Tout le monde va retrouver un peu de calme, de sérénité”, a-t-il d’abord répondu, ce mercredi matin sur LCI, pour tenter d’apaiser ce climat délétère, accompagné de sondages en berne (autour des 5%) avant d’ajouter, à toutes fins utiles : “vous me permettrez de ne pas discuter avec Sandrine Rousseau avant d’accepter l’appel de Christiane Taubira. Je suis le candidat des écologistes à l’élection présidentielle.” Fermez le ban ? Pour l’instant.