Un professeur de prépa du lycée Henri-IV suspendu

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  • Un professeur de prépa du lycée Henri-IV suspendu
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    Un professeur de lettres en classe préparatoire hypokhâgne vient d’être suspendu de ses fonctions, pour une durée de quatre mois, par le rectorat. Cette décision est intervenue après que trois de ses anciennes étudiantes se sont plaintes auprès de la direction de l’établissement d’avoir subi l’emprise de cet homme, aujourd’hui âgé de 52 ans. Des relations où s’entremêlaient séduction et subordination et qui les auraient conduites, pour certaines, à accepter des relations sexuelles avec lui.

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      Le recteur d’académie et l’inspecteur général de l’éducation, du sport et de la recherche ont été informés des faits. Une enquête est en cours.

      Pour Tiphaine*, tout a commencé en 2016, alors qu’elle redoublait sa deuxième année. « J’avais 19 ans, lui 46. Il a commencé à flirter avec moi, à m’inviter au restaurant, au théâtre. On s’envoyait des mails et des SMS tous les jours » , raconte la jeune fille. Lorsqu’elle est acceptée à l’École normale supérieure d’Ulm, le professeur tient à la féliciter. Ils dînent ensemble. « Le lendemain, il m’a écrit pour me dire qu’il avait envie de moi. » Deux enseignants sont au courant de cette idylle naissante. Âgée de 20 ans, Tiphaine s’offre à lui, pour sa première fois. « Je ne l’avais jamais désiré, mais je ne me voyais pas lui dire non. J’avais l’impression de lui devoir quelque chose » , raconte-t-elle. La jeune femme répond à ses envies « à lui » , « tremble comme une feuille » à chaque rapport, craignant « de le décevoir » . Elle évoque une souffrance lors de chaque rapport sexuel, ce qui ne lui est « plus jamais arrivé avec un autre garçon. » Tiphaine n’est pas heureuse avec lui. « J’étais devenue sa chose, sa créature. Je voulais qu’il approuve tous mes faits et gestes. Ce que je lisais, ce que je pensais. Il m’impressionnait. Je pense que je l’aimais éperdument, j’étais folle de lui. » Après des mois d’isolement, loin de ses amis, elle se libère. « Je l’ai quitté en mars 2017. J’ai beaucoup culpabilisé, j’avais l’impression de l’avoir trahi. Mais je ne pouvais plus vivre sous cette emprise » , souffle-t-elle.

      « Sous emprise »

      Manise Gréget elle aussi a vécu le même scénario, à 18 ans. « Mais je n’ai jamais couché avec lui » , précise-t-elle. Alors qu’elle est en khâgne, l’étudiante sollicite l’aide de son ancien professeur. « C’était un an après Tiphaine. Comme elle, il m’a invitée à dîner, et me parlait de ses névroses et de ses fantasmes sexuels par mail. » Manise lui répond. « J’étais sous emprise » , analyse-t-elle, « à ses genoux » , elle aussi. « C’est un génie torturé. Il a une façon de captiver. Son autorité de prof prenait le dessus, c’était malsain » , raconte la jeune femme. Physiquement, rien chez lui ne l’attire. « Mais il a une aura » , reconnaît-elle. Elle dit s’être laissé embrasser une fois.

      Murées dans le silence depuis des années, Manise, Tiphaine et une autre de ses camarades de classe qui tient à l’anonymat ne souhaitent pas porter plainte, mais elles ont lancé un appel à témoignages sur les réseaux sociaux. « Nous voulons protéger les autres étudiantes et pointer du doigt un dysfonctionnement dans les relations prof-élève » , explique Manise. Un avis partagé par Tiphaine. « Je souhaite aussi une reconnaissance de ma souffrance, qui m’a conduite à être hospitalisée plusieurs jours en psychiatrie » , poursuit la jeune fille. Le 17 février, les deux anciennes étudiantes seront auditionnées au rectorat de Paris. Contacté par Le Figaro , ce dernier n’a pas souhaité se prononcer.

      *Le prénom a été modifié.