« On peut associer les jeunes des quartiers populaires à la fabrique des politiques publiques »

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  • « On peut associer les jeunes des quartiers populaires à la fabrique des politiques publiques »
    https://www.lagazettedescommunes.com/787945/%E2%80%89on-peut-associer-les-jeunes-des-quartiers-populaires-

    Votre ouvrage (1), défini comme un « anti-dictionnaire des idées reçues sur les jeunes des quartiers populaires », fournit un éclairage utile à l’approche de l’élection présidentielle pour penser de nouvelles politiques publiques. Quelle est son ambition ?

    Nous avons voulu travailler avec les jeunes des quartiers car, si l’on en parle beaucoup, on les entend peu. Dans les grands médias, ils sont souvent réduits aux garçons qui traînent en bas des tours. Au contraire, nous nous intéressons à la diversité de cette jeunesse.

    Pour cela, nous avons mis en place une méthode qui leur donne la parole et qui permet de partir de leurs expériences, grâce à des ateliers et des entretiens individuels. Près de 130 jeunes ont participé, répartis sur dix territoires franciliens. Avec eux, mais aussi avec des professionnels de la jeunesse, nous avons travaillé sur les mots du quartier et de la ville.
    Une entrée du livre porte sur le « changement urbain ». Quel regard les jeunes portent-ils sur les programmes de rénovation ?

    Un sentiment partagé est celui de la dépossession. Ils ont l’impression que les changements se font sans eux. Au Petit-­Nanterre (Hauts-de-­Seine), quartier emblématique du logement social, la rénovation est perçue comme une menace, avec des constructions neuves en lisière du quartier pendant qu’on laisse « pourrir l’intérieur ». Ces termes sont souvent revenus. Les jeunes font aussi preuve de nostalgie. La rénovation a effacé beaucoup de lieux de leur enfance, comme les aires de jeux. Une phrase qui m’a marquée est « le quartier est en train de partir ».

    A ­Pantin (Seine-Saint-­Denis), où la gentrification est forte, le regard des jeunes est très ambivalent. Ils profitent de la rénovation des berges et des nouveaux espaces publics. Mais, dans le même temps, ils se disent « en sursis » dans la ville. S’ils y habitent encore, chez leurs parents, ils craignent de ne pas pouvoir y rester.

    Quels enseignements les acteurs locaux peuvent-ils tirer de la lecture de votre livre ?

    Considérer les jeunes des quartiers comme des ressources et pas comme des problèmes. Cela a déjà été dit avant nous, mais, grâce au livre, on arrive mieux à saisir qui sont ces jeunes, à voir ce qui les interpelle et ce sur quoi on peut les associer dans la fabrique des politiques publiques.

    Notre recherche souligne également l’importance des structures « jeunesse » dans les quartiers. Il faut veiller à leur donner les moyens nécessaires pour travailler. Non pas dans une logique d’encadrement des jeunes, mais dans celle d’un accompagnement.

    Enfin, un chantier majeur est celui de la lutte contre les discriminations, où l’action locale peut jouer un rôle clé.

    Thèmes abordés

    Politique de la ville

    Notes

    Note 01 « Jeunes de quartiers. Le pouvoir des mots », C&F Editions, octobre 2021. Retour au texte

    #Jeunes_de_quartier #Jeanne_Demoulin

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    https://www.lagazettedescommunes.com/787945/%E2%80%89on-peut-associer-les-jeunes-des-quartiers-populaires-

    Maître de conférences à l’université Paris Nanterre, Jeanne Demoulin publie un ouvrage sur les jeunes des quartiers populaires, coordonné avec Marie-Hélène Bacqué et issu d’une recherche participative sur plusieurs années.

    Chiffres-clés

    2021. Sortie de l’ouvrage accompagné du site internet jeunesdequartier.fr et de la pièce de théâtre « Vivaces » (Kygel théâtre, Montreuil).
    2018-2021. Conduite de la recherche participative (ateliers, entretiens, écriture) avec 130 jeunes Franciliens.
    2017. Début du programme de recherche Pop-Part.

    Votre ouvrage (1), défini comme un « anti-dictionnaire des idées reçues sur les jeunes des quartiers populaires », fournit un éclairage utile à l’approche de l’élection présidentielle pour penser de nouvelles politiques publiques. Quelle est son ambition ?

    Nous avons voulu travailler avec les jeunes des quartiers car, si l’on en parle beaucoup, on les entend peu. Dans les grands médias, ils sont souvent réduits aux garçons qui traînent en bas des tours. Au contraire, nous nous intéressons à la diversité de cette jeunesse.

    Pour cela, nous avons mis en place une méthode qui leur donne la parole et qui permet de partir de leurs expériences, grâce à des ateliers et des entretiens individuels. Près de 130 jeunes ont participé, répartis sur dix territoires franciliens. Avec eux, mais aussi avec des professionnels de la jeunesse, nous avons travaillé sur les mots du quartier et de la ville.

    Une entrée du livre porte sur le « changement urbain ». Quel regard les jeunes portent-ils sur les programmes de rénovation ?

    Un sentiment partagé est celui de la dépossession. Ils ont l’impression que les changements se font sans eux. Au Petit-­Nanterre (Hauts-de-­Seine), quartier emblématique du logement social, la rénovation est perçue comme une menace, avec des constructions neuves en lisière du quartier pendant qu’on laisse « pourrir l’intérieur ». Ces termes sont souvent revenus. Les jeunes font aussi preuve de nostalgie. La rénovation a effacé beaucoup de lieux de leur enfance, comme les aires de jeux. Une phrase qui m’a marquée est « le quartier est en train de partir ».

    A ­Pantin (Seine-Saint-­Denis), où la gentrification est forte, le regard des jeunes est très ambivalent. Ils profitent de la rénovation des berges et des nouveaux espaces publics. Mais, dans le même temps, ils se disent « en sursis » dans la ville. S’ils y habitent encore, chez leurs parents, ils craignent de ne pas pouvoir y rester.

    Quels enseignements les acteurs locaux peuvent-ils tirer de la lecture de votre livre ?

    Considérer les jeunes des quartiers comme des ressources et pas comme des problèmes. Cela a déjà été dit avant nous, mais, grâce au livre, on arrive mieux à saisir qui sont ces jeunes, à voir ce qui les interpelle et ce sur quoi on peut les associer dans la fabrique des politiques publiques.

    Notre recherche souligne également l’importance des structures « jeunesse » dans les quartiers. Il faut veiller à leur donner les moyens nécessaires pour travailler. Non pas dans une logique d’encadrement des jeunes, mais dans celle d’un accompagnement.

    Enfin, un chantier majeur est celui de la lutte contre les discriminations, où l’action locale peut jouer un rôle clé.

    #Jeunes_de_quartier #Gazette_des_communes #Sociologie_urbaine #Politique_ville