France Inter : Toute l’actualité Société, Politique, Musique, Culture, Humour

/franceinter

  • L’antisionisme est-il forcément un antisémitisme ?
    Samedi 30 mars 2024 | En quête de politique | France-Inter | Thomas Legrand
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/en-quete-de-politique/en-quete-de-politique-du-samedi-30-mars-2024-7417023

    Peut-on être antisioniste sans être antisémite ? Le conflit en Israël a-t-il ressuscité un nouvel antisémitisme déguisé en antisionisme ? La question se pose dans le débat public depuis la création de l’état d’Israël et donc bien avant la vague islamiste des années 90.
    Avec

    Shlomo Sand Historien israélien spécialisé dans l’histoire contemporaine
    Eva Illouz Sociologue
    Pierre Stambul Auteur
    René Guez Militant

    Que revêt aujourd’hui cet « isme » qui provoque encore tant de controverses et de débats ?

    #Antisionisme

  • Le lynx : le fantôme prétentieux des #forêts_boréales

    Il était une fois, un félin solitaire qui se cachait de tous. Mais la fin de l’hiver sonna l’heure de l’amour ! Il était temps pour lui de trouver une femelle, de partir dans la nuit.

    Habituellement, le lynx est un véritable fantôme. Il vit à l’abri des regards et ne sort qu’à la nuit tombée. Direction la taïga Sibérienne en pleine forêt boréale, au milieu des sapins.

    Haut sur pattes, le lynx boréal porte au sommet de ses oreilles pointues des touffes de poils noirs qu’on appelle « pinceaux ». Il ressemble à un gros chat sauvage. Mais en plus gros. Et sa queue, bien plus courte, se termine par un manchon noir.

    Les pinceaux de ses oreilles sont sensibles aux vibrations comme des antennes. Grâce à eux, il capte les moindres mouvements. Il possède aussi un excellent odorat et une très bonne ouïe. Quant à sa vue, on utilise souvent l’expression « avoir un œil de lynx » c’est dire si elle est bonne. Mais pas meilleure que celle de l’aigle.

    Son pelage parsemé de taches noires semblables à ceux d’un treillis militaire lui sert de camouflage. Quelque soit la saison, il est difficile de le distinguer dans son milieu puisque son pelage est beige-gris en hiver et cannelle en été.

    Chez les lynx, ce n’est pas aux mâles d’aller retrouver la femelle sur son territoire mais comme le dit l’adage : « si la montagne ne vient pas à toi, va à la montagne ». Celui des Bestioles a trouvé sa bien-aimée, alors, maintenant, il faut partir parce que la parade a commencé, et on va les laisser roucouler tranquillement.

    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/bestioles/le-lynx-le-fantome-pretentieux-des-forets-boreales-1219686

    #lynx #lynx_boréal

  • Drôme, Peyrins : projet d’usine géante à poulets industriels avec DUC
    https://ricochets.cc/Drome-Peyrins-projet-d-usine-geante-a-poulets-industriels-avec-DUC-7404.ht

    Import-export, libre marché, gigantisme et productivisme, le capitalisme agricole ignore superbement l’écologie, le bien être animal, les questions sociales et le climat. Ce qui compte priotairement c’est l’accroissement du tas d’argent, l’obéissance à l’impératif du « toujours plus » indispensable à la Croissance (qui accessoirement crée parfois quelques emplois de merde en même temps). Les poulets industriels étrangers arrivent moins cher ici, alors produisons des poulets maltraités en (...) #Les_Articles

    / #Agriculture, #Drôme, #Le_monde_de_L'Economie

    https://reporterre.net/Un-million-de-poulets-par-an-une-ferme-usine-en-projet-dans-la-Drome
    https://interpro-anvol.fr/decouvrez-le-manifeste-propose-par-les-professionnels-de-la-filiere-v
    https://www.l214.com/lettres-infos/2020/11/19-enquete-poulets-temoignage-ramassage-duc
    https://www.l214.com/communications/20201119-enquete-poulets-temoignage-ramassage-duc
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/hugo-clement-en-toute-subjectivite/hugo-clement-en-toute-subjectivite-du-mercredi-13-mars-2024-4138880

  • Didier Eribon : vie, vieillesse et mort de sa mère
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-9h10/le-7-9h30-l-interview-de-9h10-du-jeudi-11-mai-2023-9269246

    Didier Eribon, philosophe, sociologue, renoue avec sa mère dans les années 2000. Ce faisant, il renoue avec un passé qu’il a intellectuellement négligé et affectivement repoussé. Pourquoi lui, le fils d’ouvriers, n’avait-il jamais rien écrit sur la honte sociale ? « Retour à Reims » paraît en 2009. C’est un best-seller, le retentissement est mondial. Didier Eribon publie désormais « Vie, vieillesse et mort d’une femme du peuple ». Le grand âge, la dépendance et cette fissure dans l’identité : avoir été un fils et ne plus l’être.
    Le risque de la vérité

    Dans son dernier livre, "Vie, vieillesse et mort d’une femme du peuple", le sociologue écrit : « La tristesse et la honte s’emparent de moi au moment de raconter ces épisodes qui ont rythmé les étapes du lent déclin de ma mère. Il me faut pourtant les raconter. Je ne peux pas peindre des enluminures, des portraits édifiants, mais offrir un tableau de la réalité. »

    Il explique à Sonia Devillers ce que cette réalité recouvre : « C’est le passage de mon récit où je raconte une visite à ma mère. Elle regarde la télévision, fait des commentaires racistes comme elle l’a toujours fait tout au long de sa vie. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles j’avais fui mon milieu. Donc je donne à voir plusieurs scènes où, quand elle voit Yannick Noah avec des amis dans une émission ma mère me dit ’Tu ne vas quand même pas me dire qu’il n’a que des amis noirs !’. Je lui réponds ’Tu sais bien que je n’aime pas quand tu dis ce genre de choses’. Comme c’était une femme de caractère, elle rétorquait ’Je dis ce que je veux, je suis chez moi. Ce n’est pas toi qui va me commander’.

    Si je fais un portrait de ma mère, forte femme, ouvrière, communiste engagée qui a travaillé en usine pour que je puisse lire Kant et Aristote, et à qui je dois d’avoir pu devenir ce que je suis devenu, c’est pour lui rendre hommage. Mais je ne veux pas faire un portrait de Mère Courage, grande héroïne de la classe ouvrière. Non, ma mère était une femme très courageuse au corps détruit par les métiers qu’elle occupait et qui était une raciste. Sa personnalité, c’était ça. Comme elle avait été une femme soumise à toutes les humiliations, à toute cette infériorisation pendant toute sa vie, elle se permettait de donner la fierté de pouvoir insulter, mépriser des gens. Pour une fois, c’était elle qui était du côté de l’insulteur. »
    Quelle grande vieillesse aujourd’hui ?

    Le début du livre se situe au moment où sa mère ne peut plus sortir de chez elle. Elle a du mal à se déplacer dans l’appartement, elle tombe. Et quand Didier Eribon arrive, elle est nue : « J’ai appelé les pompiers qui ont brisé la vitre extérieure. Avec leur échelle, ils sont entrés et ont ouvert la porte de l’appartement. Je suis entrée et ma mère était nue sur le sol où elle avait passé visiblement plusieurs heures. Voir sa mère âgée et nue n’est pas une expérience banale et simple, mais la voir nue, et allongée sur le sol, le regard perdu, hagard, a été traumatisant. Qu’est-ce que la grande vieillesse pour une vieille femme qui tombe dans son appartement, qui ne peut pas se relever ? Mais qui ne veut pas aller à la maison de retraite, ce que je comprends parfaitement, mais qui ne peut plus vivre seule. Comment fait-on ? Comment se débrouille-t-on pour gérer ces situations ? »
    L’Ehpad : une rupture

    Didier Eribon raconte ce moment : « Je lui avais promis que je serai là pour son arrivée à la maison de retraite. Elle pleurait et je lui disais ’Mais maman, tu verras, tu seras bien ici, ils vont bien s’occuper de toi’, sachant que ça n’était pas vrai. Elle savait très bien que ce n’était pas vrai. C’est un déménagement sans retour. C’est son dernier logement, sa dernière demeure, avant le décès. »
    Un espace qui se clôture

    Le sociologue constate : « Pour qu’elle ne tombe pas, le personnel de la maison de retraite avait relevé les barreaux de son lit, pour qu’elle n’ait pas la tentation d’aller chercher des affaires dans le placard, on avait fermé à clé et enlevé la clé… Elle me le racontait au téléphone. Son espace restreignait, se réduisait.

    J’ai beaucoup lu et travaillé dans le cadre d’une tradition philosophique de Merleau-Ponty, Sartre… Pour laquelle la définition de l’existence humaine est pouvoir se projeter dans le temps et dans l’espace. Quand vous ne pouvez plus bouger de votre lit, l’espace se réduit à presque rien… Vous ne pouvez pas non plus vous projeter dans l’avenir en disant ’la semaine prochaine’, ou ’l’année prochaine, je ferai ça’. Donc ce qui définit l’existence humaine se réduit de plus en plus. Tout s’était refermé. »
    La philo faite pour des personnes au corps valide

    « Si vous prenez les concepts de la philosophie politique de toute une liste, le contrat social, le dissensus ou même le consensus, la prise de parole, la résistance, la manifestation, la désobéissance civile, le peuple assemblé, tous ces concepts impliquent des cerveaux qui peuvent discuter des libérés, des corps qui peuvent descendre dans la rue. Je me suis demandé quelle était la place pour ma mère dans la philosophie politique ? Elle me laissait des messages interminables la nuit qui disait : « On me maltraite ici, je ne sais pas ce que je leur ai fait. Je ne sais pas pourquoi ils me veulent du mal, mais on me maltraite. »
    La fin du ‘nous’

    « Si vous prenez les concepts de la philosophie politique de toute une liste, le contrat social, le dissensus ou même le consensus, la prise de parole, la résistance, la manifestation, la désobéissance civile, le peuple assemblé, tous ces concepts impliquent des cerveaux qui peuvent discuter des libérés, des corps qui peuvent descendre dans la rue. Je me suis demandé quelle était la place pour ma mère dans la philosophie politique ? Elle me laissait des messages interminables la nuit qui disait : « On me maltraite ici, je ne sais pas ce que je leur ai fait. Je ne sais pas pourquoi ils me veulent du mal, mais on me maltraite. »

    Évidemment, que les personnes âgées dans les maisons de retraite ne vont pas se rassembler dans le couloir, faire une pétition, partir en manifestation… ! Arrivée à l’Ehpad, ma mère ne put plus dire ’nous’ ».

    Simone de Beauvoir a écrit deux grands livres : « Le deuxième sexe » et « La vieillesse », l’un est devenu best-seller, l’autre pas… Il y a un mouvement féministe, mais il n’y a pas un mouvement des vieux qui ferait exister génération après génération l’intérêt pour un livre sur la vieillesse. »
    Avoir été un fils et ne plus l’être

    Didier Eribon fait le triste constat : « Toute ma vie, j’ai refusé d’être un fils. J’ai quitté ma famille quand j’avais 19 ans. Je ne voulais plus être le fils de cette famille. Je ne voulais plus être un fils. Je suis l’ami de mes amis. Et puis je suis redevenu un fils quand j’ai appris la mort de mon père, quand j’ai retrouvé ma mère, je me suis réconcilié avec elle. J’étais redevenu un fils et par la même occasion, un frère.

    Comme le dit l’écrivain américain John Edgar Wideman, « dans la famille, on a une carte de membre qui est toujours dans un tiroir et vous pouvez toujours la ressortir et la faire valoir. » Je suis membre de la famille, on ne quitte pas sa famille aussi simplement. Quand ma mère est morte, je n’étais plus un fils et c’est cette part de mon identité, même s’il elle avait été déniée un temps, j’étais redevenu un fils et là, je ne l’étais plus du tout. »

  • #Destruction des #haies : la grande accélération

    Malgré les règlementations et les subventions, le bocage continue de disparaître et de se dégrader. Pour éclairer le sujet de ce bocage qui régresse, le média Splann ! a mené l’enquête dans une partie du #Trégor, au nord-ouest de la #Bretagne.

    Le bocage joue pourtant un rôle clé et structurant dans le paysage et la qualité environnementale des espaces cultivables.

    Loin d’être des alliées les haies sont devenues des plaies pour une partie des agriculteurs. Pour entretenir un bocage et des haies, il faut de la main-d’œuvre et des #savoir-faire parfois perdus. Autrefois faisant l’usage de limite entre parcelles, la haie a perdu son sens avec les nouvelles formes d’#agriculture. En Bretagne en 10 ans les exploitations ont grossi de 14ha en moyenne.

    « La disparition des haies est une conséquence de la disparition des élevages laitiers, de l’agrandissement des exploitations et de l’intensification du #modèle_agricole. 159,2km de haies détruits en 20 ans sur un territoire sensibles aux algues vertes et exceptionnel par son fleuve sauvage : la #vallée_du_Léguer. »

    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-mercredi-28-fevrier-2024-8031910
    #bocage #France #agriculture_intensive #élevage

    • En Bretagne, la #dégradation du bocage continue

      Le bocage est globalement en mauvais état. D’importants arrachages de haies ont lieu en Bretagne dans des zones jusque-là préservées, en raison de l’agrandissement des fermes.

      – L’érosion qualitative du bocage se poursuit malgré les investissements publics.
      - Les zones bocagères du Centre Bretagne subissent d’importants arasements de haies sur talus.
      – La disparition des haies est une conséquence de la disparition des élevages laitiers, de l’agrandissement des exploitations et de l’intensification du modèle agricole.
      - 159,2 km de haies détruits en vingt ans sur un territoire sensible aux algues vertes et exceptionnel par son fleuve sauvage : la vallée du Léguer.

      « Quand ils ont repris mes terres, ils ont tout rasé, mis tout ça « propre ». Il y avait quatre parcelles, il n’y en a plus qu’une. J’avais des beaux chênes, c’est moi qui les avais élevés, quand même. Ça m’a fait mal au ventre, je peux te dire. » Maurice, paysan retraité dans le Goëlo (22), est amer de constater la dégradation du paysage dont il a eu la charge. C’est loin d’être un cas isolé. Les paysages et la biodiversité du bocage du nord-ouest de la France s’appauvrissent à une vitesse qui impressionne même les chercheurs.

      « C’est une période de rupture paysagère. On a été surpris par l’ampleur, l’intensité de cette transformation des paysages, qui est identique quelle que soit la zone étudiée » (— Thibaut Preux, auteur d’une thèse sur la transformation du bocage normand, et actuellement en travail d’étude dans le Centre Bretagne.)

      Les haies continuent de subir un déclin de grande ampleur. Pire : le rythme s’accélère depuis la dernière décennie. Chaque année, environ 23.500 km de haies disparaissent en France. 70 % ont été rayées de la carte depuis les remembrements des années 1950. La tendance n’est pas près de s’inverser : « La disparition et la dégradation des haies sont des conséquences inéluctables de l’évolution de notre modèle agricole, explique le rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), remis au ministère de l’Agriculture en avril 2023. L’intensification des productions, la régression de l’élevage à l’herbe, la baisse constante du nombre d’agriculteurs avec en corollaire l’augmentation de la taille des exploitations ont fait des haies une contrainte pour l’exploitant agricole. » Cette analyse est partagée par les chambres d’agriculture de Bretagne qui désignent « l’évolution du parcellaire et des exploitations – reprises de parcelles, échanges, agrandissements d’entrée de champ » parmi les causes des arrachages.

      Pourtant, le déclin de la haie revient à perdre une alliée précieuse face à l’effondrement de la biodiversité et aux conséquences du dérèglement climatique : inondations catastrophiques, sécheresses interminables, pollution de l’eau, canicules étouffantes, autant de catastrophes accentuées par l’arrachage des talus et des haies. À l’heure où le pays se prépare à affronter un réchauffement de +4 °C, préserver le bocage est crucial tant pour l’agriculture que pour l’ensemble de la société.

      En Bretagne, la qualité du bocage s’érode toujours

      Face à cet appauvrissement du paysage, la Région Bretagne a lancé dès 2007 un programme de replantation : Breizh Bocage. En Loire-Atlantique, c’est le cadre régional « Liger Bocage et Agroforesterie » qui a été lancé en 2021. Les efforts en termes de plantations et de subventions sont indéniables (6.500 km de haies plantées depuis 2008 par la Région Bretagne). Mais le rapport du CGAAER souligne la limite des politiques publiques en faveur du bocage : « Si l’accent est souvent mis sur la création de nouvelles haies, il convient avant tout de mieux protéger le linéaire existant ».

      Le nombre de kilomètres de haies en Bretagne administrative semble stabilisé depuis 2020. Mais il faut nuancer cette avancée. Le bocage, ce ne sont pas que des haies, mais aussi des talus sans arbres et des lisières de forêt. Et quand on tient compte de tous ces éléments, on note un recul de 4 % du bocage.
      Compenser une haie fonctionnelle est impossible

      Le problème, c’est que la plupart des chiffres raisonnent en linéaires, c’est-à-dire en longueur de haies. Ils ne tiennent pas compte de la qualité effective des haies : le bocage breton est en très mauvais état. 80 % des haies sont mal entretenues [lire notre article « Le bocage, lourde charge pour les agriculteurs »], et dépérissent. C’est même la principale cause de l’érosion du bocage, avant les arasements. L’autre biais, de taille, est que la politique agricole commune (PAC) considère dans certains cas qu’on peut remplacer une haie existante par une jeune plantation : un exploitant peut donc arracher autant qu’il veut, tant qu’il compense en replantant le même équivalent linéaire un peu plus loin.

      « Un linéaire qui fonctionne bien, dense, avec des arbres anciens, on ne le compense pas avec une jeune haie avec des arbres de deux ans le long d’un bâtiment », explique Julie Le Pollès, technicienne bocage au syndicat de la baie de Douarnenez (Epab, 29). Faute de suivi et d’entretien [lire « Champ libre aux destructions »], de nombreuses haies issues de compensations périclitent : « Si ce n’est pas accompagné, on peut avoir un taux de reprise [survie des plants, NDLR] de 20-30 %. Il n’y a pas d’attente qualitative, on n’est que sur du quantitatif, et c’est là qu’il y a un problème. »

      Rupture paysagère en Centre Bretagne

      En 2022, à Spézet (29), quatre kilomètres de haies sur talus ont été arrachés et « compensés », le tout dans une zone très bocagère. Cet épisode suscite une forte indignation d’une partie de la population en Centre Bretagne, qui s’est organisée en collectifs « Kleuzioù » (« talus », en breton) pour défendre ce patrimoine paysager.

      Le sujet est sensible, car dans cette partie de la Bretagne, nombre de fermes laitières cessent leur activité et partent à l’agrandissement des exploitations voisines, faute de jeunes repreneurs. « La filière est en train de se restructurer à une vitesse grand V, parce qu’elle est pilotée de plus en plus par les industries laitières, notamment les grands groupes comme Lactalis, ou les grandes coop’ comme Agrial…, explique l’universitaire Thibaut Preux. Il est très probable que la restructuration de la filière ait des conséquences sur les paysages et notamment sur le maintien des particularités que sont les bocages, le maintien des prairies permanentes, et sur la qualité de l’eau. »

      Les disparités sont fortes entre les terroirs bretons. Dans des secteurs où le bocage a déjà été simplifié depuis les années 1970, on note peu d’évolution. Par endroits, le gain en termes de linéaires de haie est notable, grâce à Breizh Bocage : sur le bassin versant de Douarnenez, classé bassin algues vertes, une soixantaine de kilomètres de haies environ a été gagnée, selon les estimations fournies par la technicienne Julie Le Pollès.

      La dynamique est tout autre au centre de la péninsule : des Monts d’Arrée au Kreiz Breizh en passant par le Sud-Trégor, où le maillage de haies sur talus est encore dense, l’érosion qualitative récente et rapide du bocage ne fait aucun doute.

      De la source du Léguer à son embouchure, 159 km de haies détruites en vingt ans

      Difficile, à l’échelle de la Bretagne, de savoir combien de haies et talus ont ainsi disparu. Des associations, comme Eau et Rivières de Bretagne et le site Sentinelles de la Nature, s’emploient à recenser celles dont elles ont connaissance, sans parvenir à une vision exhaustive. Splann ! s’y est attelé dans une partie du Trégor, autour de la baie de Lannion, sur le territoire du Sage, un document qui élabore la stratégie locale en matière de gestion de l’eau. Le résultat est net : 159,2 km de linéaire bocager ont été détruits entre 2003 et 2023. Sollicités sur ces chiffres, ni Lannion-Trégor Communauté, ni Guingamp-Paimpol Agglomération n’ont répondu à nos questions.

      2015 : année catastrophique pour le bocage

      Point culminant des arrachages en France : la catastrophique période 2014-2016, juste avant l’entrée en vigueur de la nouvelle PAC (Politique agricole commune). L’Europe décide de passer les haies en « surfaces non-agricoles » et d’interdire leur arrachage, tout en précisant qu’elles restent éligibles aux aides. Il s’ensuit une certaine confusion : de nombreux agriculteurs s’attendent à ce que les haies diminuent les subventions auxquelles ils ont droit, qui sont calculées en fonction de la taille de leurs parcelles. De peur que leurs haies soient sanctuarisées et qu’ils ne puissent plus y toucher, de nombreux agriculteurs préfèrent les faire disparaître avant qu’elles ne figurent sur les cartes. Cette nouvelle PAC, qui avait pour objectif de protéger les haies, a finalement entraîné beaucoup de destructions.

      Combien de kilomètres de haies ont été détruits à cette période ? Difficile à dire, d’autant plus que des haies ont été gommées des cartes : les allers-retours entre services et les sous-déclarations faites par des agriculteurs ont « abouti à une forte sous-estimation du linéaire de haies », soit « plus de 30 % des linéaires qui ne sont pas protégés », estime l’association de promotion de la haie Afac-Agroforesterie dans un rapport consacré à cette mesure de « protection des haies » de la PAC. « Ils n’auraient pas interdit l’arrachage des haies, ça s’en serait pas arraché la moitié », rapporte ainsi un agriculteur, cité dans la thèse de Léo Magnin, consacrée à l’application des Bonnes conditions agricoles et environnementales (BCAE 7).
      « On ne sait pas combien de haies ont été détruites »

      Aujourd’hui, le bocage est suivi par des techniciens qui travaillent pour des collectivités locales ou syndicats de bassin versant. Suivant leurs fiches de poste et agréments, ils sont chargés de déployer les plantations du programme régional Breizh Bocage, de conseiller les agriculteurs qui souhaitent « déplacer » une haie (comprendre : « détruire » et « compenser »), et d’observer l’évolution de la maille bocagère sur l’ensemble du territoire qu’ils couvrent. Mais la tâche est ardue : obtenir des chiffres fiables et actualisés est presque impossible.

      Les données cartographiques, malgré un travail d’amélioration en cours, sont incomplètes et erronées, notamment parce que les services de l’État ont eu recours, pour identifier les éléments bocagers, à l’aide de photos aériennes, à des « travailleurs du clic » à l’étranger. Les Directions départementales des territoires et de la mer (DDTM) ont une vue d’ensemble sur les dossiers d’arrachages déclarés, mais les techniciens bocage locaux, bien souvent, n’y ont pas accès. « On ne sait pas combien de linéaire a été détruit, déplore Gwenaëlle*, technicienne bocage en Bretagne-Sud. À chaque fois on redemande à la DDTM pourquoi les arasements dont ils ont connaissance ne sont pas numérisés, on ne comprend pas comment est traité ce volet-là. »

      Aux techniciens de se débrouiller seuls pour obtenir des données sur les évolutions du maillage bocager de leur territoire, de mener leur propre travail de cartographie, très chronophage. « On n’est pas aidés par la DDTM, et ce n’est pas un euphémisme », appuie Erwan*, technicien bocage dans une collectivité, qui affirme être parvenu à obtenir, « par des chemins détournés », un jeu de données cartographiques détenu par les services de l’État. « Il y a un verrou de la part de la DDTM pour ne pas donner ça aux opérateurs de terrain », constate-t-il. Julie Le Pollès, technicienne à Douarnenez, prend l’exemple de son territoire, où la DDTM aurait consenti à donner le nombre de dossiers traités, mais pas les emplacements précis des linéaires : « Ça complique le suivi du maillage bocager. On estime que 14 km de haies ont été détruits depuis 2015, dont 9 qui étaient déclarés à la PAC. On sait qu’on a 1,7 km de compensé, mais le reste on n’en sait rien. » Contactées par Splann !, aucune des DDTM de Bretagne administrative n’a répondu à nos questions.
      « Les arasements non déclarés seraient le plus gros des arasements »

      « Sans inventaire en temps réel, c’est compliqué de dire que le bocage est stabilisé, entre ce qui est détruit et ce qui est créé, commente Ronan*, technicien bocage dans le Finistère. Si ça se trouve, il y a deux fois plus de linéaires qui ont été arasés et on ne le sait pas, en fait. » Le suivi du bocage est encore plus ardu quand les arrachages sont faits sans déclaration. Par exemple, dans le bassin versant de l’Aulne, un comptage effectué par un naturaliste pour l’association Bretagne Vivante a recensé au moins 55 km de haies détruits dans seulement six communes allant de Saint-Rivoal à Scrignac entre 2005 et 2022. D’après nos informations, la grande majorité n’aurait pas fait l’objet de déclaration ni de compensation.

      À titre de comparaison, le syndicat de bassin versant a planté une trentaine de kilomètres de haies depuis 2013, sur un territoire à cheval sur 49 communes. Bien au-dessous des destructions répertoriées sur une fraction de son territoire. « Les arasements non déclarés et que personne ne voit, je dirai que c’est le plus gros des arasements qui existent. Donc, ça reste inconnu à tous », poursuit Ronan, le technicien bocage. « C’est trop tard, on ne reviendra pas en arrière, assène Maurice, l’exploitant retraité du Goëlo (22). Et comme il y a de moins en moins de paysans, et qu’il va continuer à y en avoir de moins en moins, il y aura encore des regroupements d’exploitations, et y’aura l’arasement des talus automatiquement. Ça, il ne faut pas se voiler la face. »

      * Les prénoms ont été modifiés.

      https://splann.org/enquete/bocage/degradation-bocage-continue

  • Santé mentale des jeunes filles : il y a urgence | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/130224/sante-mentale-des-jeunes-filles-il-y-urgence

    La hausse affolante des tentatives de suicide des jeunes filles, dès l’âge de 10 ans, ne peut plus s’expliquer par la crise du Covid. Face à l’urgence, les annonces de Gabriel Attal, comme l’offre de soin, sont très insuffisantes, estiment les psychiatres.
    [...]
    Les derniers chiffres de la Direction des études, de l’évaluation, des statistiques et la recherche du ministère de la santé (Drees) sont affolants : en 2022, 75 803 personnes de 10 ans ou plus ont été hospitalisées pour un geste auto-infligé, soit des scarifications ou des tentatives de suicide. Si le niveau est comparable à celui d’avant la crise sanitaire, détaille la Drees, de « brutales augmentations sont observées chez les filles et les jeunes femmes » entre 2021 et 2022 : + 63 % chez les filles de 10 à 14 ans ; + 42 % parmi les adolescentes de 15 à 19 ans ; + 32 % de jeunes femmes âgées de 20 à 24 ans.
    [...]
    Les rapports s’empilent, comme celui de la Cour des comptes en 2023 qui estime que « 13 % environ des enfants et adolescents présentent au moins un trouble psychique ». Pour les prendre en charge, il ne reste plus que 597 pédopsychiatres, dont la moyenne d’âge est de 65 ans. Leur nombre est en chute libre, en baisse de 34 % entre 2010 et 2022.
    [...]
    Le Dr Blanchard explique ainsi la hausse si forte du passage à l’acte suicidaire chez les jeunes filles : « Des études montrent qu’il y a une corrélation entre les gestes auto-infligés et la fréquentation des réseaux sociaux. Ils créent un cadre très normatif de la féminité, encouragent les comparaisons permanentes, abîment l’identité et l’estime de soi. Les adolescentes que je vois en consultation portent un regard sur elles impitoyable, elles sont dans un processus d’autodénigrement insupportable. L’exigence de la performance scolaire pèse aussi : je vois des refus scolaires anxieux par des ados rongées par l’angoisse. Elles ne dorment plus, se lèvent à 4 heures du matin pour réviser, elles se consument littéralement. »

    Mais le psychiatre se dit plus inquiet encore pour les garçons : « Ils s’isolent, en s’enfermant dans les jeux en ligne. Ils vivent la nuit, consomment beaucoup de stupéfiants. Ils sont dans un déni, c’est difficile de mettre en place avec eux un projet de soins. » Chez les filles, les passages à l’acte, souvent « très visibles », sont au contraire un appel à l’aide qui permet une entrée plus aisée dans les soins.
    Selon la professeure Ouss, les enfants et les adolescents passent d’autant plus à l’acte qu’ils vivent dans « un contexte économique et social très précaire. Les situations sont de plus en plus inextricables. La jeunesse est très déboussolée, l’ensemble de la société et l’ensemble des institutions, l’Éducation nationale, l’hôpital sont fragilisés ». Elle assure voir aussi « des éléments optimistes et réjouissants, des jeunes qui inventent des modes de vie alternatifs ».
    [...]
    Autre fait inquiétant : la consommation de psychotropes ne cesse d’augmenter. Dans un livre qui vient de paraître, Le Silence des symptômes – Enquête sur la santé et le soin des enfants (Champ social Éditions), trois membres du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge documentent l’augmentation de la consommation de médicaments psychotropes par les enfants et les adolescent·es entre 2014 et 2021 : + 48,54 % pour les antipsychotiques, + 62,58 % pour les antidépresseurs, + 78,07 % pour les psychostimulants, + 155,48 % pour les hypnotiques et sédatifs, etc.
    [...]

    https://jpst.it/3Awh_

  • Mort de Damo Suzuki, chanteur mythique et mystique de Can
    https://www.liberation.fr/culture/musique/mort-de-damo-suzuki-chanteur-mythique-et-mystique-de-can-20240210_OJ3DUN6

    L’étrange destin de ce Japonais ambitionnant adolescent de « faire des bandes dessinées » s’est tramé une après-midi de mai 1970 sur un trottoir de Munich. Lâché par son chanteur américain Malcolm Mooney, par ailleurs sculpteur, qui file une sévère dépression, les membres du groupe #Can se traînent de bistrot en bistrot en maudissant leur sort avec pour horizon quatre concerts à assurer dans une boîte de la ville, le Blow Up. Czukay ramasse alors littéralement sur le trottoir un jeune musicien des rues qui avait entrepris de les coller depuis des heures et l’invite à chanter avec eux.

    Can est alors déjà un groupe important, monté par deux élèves (Czukay et Irmin Schmidt, claviériste) du compositeur allemand Karlheinz Stockhausen et qui a déjà laissé un classique derrière lui, Monster Movie, le tout premier jalon avec Phallus Dei d’Amon Düül d’une musique rock authentiquement allemande, où la violence et les libertés que s’accordent les musiciens apparaissent comme décuplés. Czukay racontait ainsi la soirée qui suivit : « Au début, Damo chanta de façon dramatique, mais assez paisible. Il était extrêmement concentré. Et puis d’un seul coup, il bondit comme un samouraï, agrippa le micro et se mit à hurler en direction du public. Cela énerva tellement les gens qu’ils commencèrent à se taper dessus, il y eut une bagarre générale et presque tout le monde s’est enfui. A la fin, il ne restait que quelques fans inconditionnels et enthousiastes, trente Allemands, trente Américains, pour qui on joua la suite. Ce fut magnifique, l’un de nos meilleurs concerts. » La musique du groupe venait de changer du tout au tout.

    Damo Suzuki est un voyageur, un peu artiste dans l’âme, un peu autre chose. Il a quitté le Japon pour l’Europe très tôt et dort sous les ponts, une expérience qu’il conseillera dans la quasi-totalité des interviews sur lesquelles on a mis la main et dont il gardera un souvenir émerveillé. Difficile de savoir s’il portait cette vision en lui ou si la rencontre avec le groupe allemand l’a cristallisée : Suzuki va alors se vivre comme une sorte de média, traduisant pour ceux qui peuplent ce bas monde des visions mystiques qui irriguent son cerveau depuis des univers parallèles. La musique du groupe agit alors sur lui comme une drogue, une amphétamine psychique qui lui permet d’aller chercher ce qu’il doit ramener.

    Le musicien et critique anglais Julian Cope verra dans sa voix et sa présence « une mélancolie », « une insistante sensualité » qui manquait aux autres. Communément considéré comme le chef-d’œuvre du groupe et véritable Sacre du Printemps de la musique psychédélique d’où qu’elle vienne, Tago Mago marque aussi le début de la fin pour l’association entre Suzuki et Can. La puissance abrasive et volontairement terne (il faut jouer monotone car la vie des gens est monotone) du groupe et les douces lumières allumées puis éteintes par leur chanteur ne pouvaient pas non plus s’accorder éternellement. « Il y a des moments où je me perds et me tourne vers l’autre monde, expliquait Suzuki en 2001. Parfois, je suis un chaman. J’ai l’impression que les voix que j’utilise ne sont pas les miennes. Connaissez-vous le théologien et scientifique suédois [du XVIIIe siècle] Emanuel Swedenborg ? Il a voyagé dans le monde après sa mort, s’est rendu au paradis mais aussi en enfer et a rédigé des rapports. Il y a été plusieurs fois. Moi, je suis très concentré comme un chaman, au moment de son contact avec la mort et après. »

    Volant assurément trop haut pour Can, Suzuki partit en 1973 après Future Days sur lequel il joue « à l’eau et aux sacs de sable ». Le groupe ne s’en remit pas et lui non plus. Suzuki n’a jamais quitté l’Allemagne, travaillant comme employé d’hôtel, exportateur de voitures anciennes ou même terrassier. Un premier cancer le rattrapera en 1983, ce qui coïncide avec son retour en musique au sein d’un groupe taillé sur mesure, Damo Suzuki’s Network. Si le plaisir de jouer s’entend toujours, l’intensité et les aspérités qui ont gouverné sa première carrière l’ont complètement déserté, ce qui permet rétrospectivement de mesurer le dévouement et l’esprit de corps dont les musiciens de Can avaient su faire preuve pour « porter » Suzuki vers sa vérité à lui.

  • Nestlé a illégalement pompé plus de 10 milliards de litres d’eau entre 2007 et 2022
    https://lareleveetlapeste.fr/vittel-avec-9-forages-illegaux-nestle-a-pompe-plus-de-10-milliards

    La longue lutte entre Nestlé Waters et les habitants de Vittel et Contrexéville n’en finit plus ! Ces derniers accusent Nestlé Waters d’être à l’origine d’un déficit chronique de la nappe phréatique inférieure de leurs communes. Opposés à la privatisation de l’eau, le collectif eau88 est en poursuite judiciaire contre la multinationale qui a illégalement pompé plus de 10 milliards de litres d’eau entre 2007 et 2022 en exploitant neuf forages sans autorisation.

    D’autant que #Nestlé traite la flotte qu’elle vend comme étant « minérale naturelle » ou « de source »
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/nestle-et-d-autres-industriels-ont-purifie-illegalement-de-l-eau-contami

  • Perrier, Vittel, Hépar, Contrex... pourquoi Nestlé a-t-il désinfecté ses eaux minérales avec des traitements interdits ? - midilibre.fr
    https://www.midilibre.fr/2024/01/30/perrier-vittel-hepar-contrex-pourquoi-nestle-a-t-il-desinfecte-ses-eaux-mi

    Sophie Dubois, directrice de Nestlé Waters France, a confié tous ses espoirs de croissance pour le site historique de la Source Perrier à Vergèze, dans le Gard à Midi Libre. Désormais, deux puits sur huit produiront une eau de consommation humaine qui ne pourra pas se prévaloir de l’appellation d’eau minérale. « Nous lançons Maison Perrier, une nouvelle gamme d’eaux aromatisées, qui n’auront pas les caractéristiques de l’eau de Perrier mais correspondent à un nouveau segment de consommation en très forte croissance », assure Sophie Dubois.
    Conséquences

    L’arrêt du recours à ces dispositifs de traitement et de filtration a obligé Nestlé Waters à suspendre l’activité de certains de ses puits dans les Vosges. Cet arrêt qui a conduit à une réduction des volumes de production d’Hépar et de Contrex.

  • Nestlé et d’autres industriels ont purifié illégalement de l’eau contaminée pour continuer de la vendre
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/nestle-et-d-autres-industriels-ont-purifie-illegalement-de-l-eau-contami

    Lorsqu’une information nous indispose, feignons d’en être les organisateurs. Dans un article intitulé “Perrier, Vittel, Contrex : Nestlé fait son mea culpa”, le journal Les Échos révélait le lundi 29 janvier 2023 que “pendant des années, Nestlé avait enfreint la réglementation pour maintenir la sécurité de ses eaux”. Cette opération “mea culpa” de la part de la multinationale a en réalité été orchestrée par ses équipes de communication.

  • Les dames de l’algorithme
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-code-a-change/le-code-a-change-6-5342040

    Absolument passionnant !

    L’histoire d’un groupe « d’annotatrices » qui entraînent un programme d’IA sur un programme d’anonymisation automatique des décisions de justice qui doivent maintenant être accessibles à tous.

    C’est l’histoire d’une jeune chercheuse qui se lance dans une thèse de sociologie sur l’Intelligence artificielle dans la Justice française. Par un mélange de hasard et de persévérance, elle tombe sur un « terrain » assez inattendu. Quelques bureaux du Palais de Justice, sur l’île de la Cité, à Paris, où on entraîne un algorithme auto-apprenant.

    #Intelligence_artificielle #Justice #Annotation

  • En Espagne, le mouvement « Adolescence sans portable » crée un débat national
    https://www.france24.com/fr/europe/20240107-en-espagne-le-mouvement-adolescence-sans-portable-cr%C3%A9e-un-d%

    La mesure a déjà fait réfléchir le gouvernement. Le 13 décembre 2023, la ministre de l’Éducation, Pilar Alegría, a proposé aux communautés autonomes d’interdire le téléphone en primaire et de restreindre son utilisation au secondaire, en fonction de chaque établissement.

    L’ Espagne pense à réfréner le fléau électronique qui fait des ravages sur les enfants. En france on en est encore à se trainer Babylala de la Régression et son interdiction de robes.

    #addiction_numérique

  • Philippe Descola « Le savoir est une matière explosive »

    Podcast Bistroscopie du samedi 6 janvier 2024 (40 min., productrice : Charline Vanhoenacker )

    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/bistroscopie/bistroscopie-du-samedi-06-janvier-2024-9782189

    Aller écouter notamment au timecode 20min. 20sec

    Anthropologue, professeur au Collège de France, Philippe Descola étudie depuis 40 ans les rapports des hommes avec le monde non-humain ; cette « nature » qui n’existe pas en soi mais que l’humain occidental a inventé et exploite. A ce titre, il défend les initiatives politiques qui permettent d’inverser ce mode d’appropriation.

  • Israël- Palestine : « Un Etat binational arrivera après plusieurs catastrophes » avec Shlomo Sand
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-grand-face-a-face/le-grand-face-a-face-du-samedi-06-janvier-2024-4341205


    à partir de 27:00

    La paix ne pourrait passer que par la naissance d’un Etat binational. C’est la thèse du dernier livre de l’un des plus grands historiens israéliens. Shlomo Sand signe « Deux peuples pour un État ? » aux éditions du Seuil. Une réflexion sur les origines du sionisme et l’identité israélienne.
    Avec

    Shlomo Sand Historien israëlien spécialisé dans l’histoire contemporaine

  • Elias Sanbar
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20/l-invite-de-8h20-du-we-du-vendredi-15-decembre-2023-1303967

    L’invité du Grand Entretien d’Ali Baddou et Marion L’Hour est #Elias_Sanbar, ancien Ambassadeur de la Palestine auprès de l’UNESCO. Commissaire de l’exposition « Ce que la #Palestine apporte au monde » à l’Institut du Monde Arabe, à Paris jusqu’au 31 décembre 2023.

    10 semaines de massacres avant de donner la parole à un palestinien

    edit "C’est très très dur. Nous sommes obligés de nous faire violence pour en discuter. Si nous nous laissions aller, nous serions dans le silence absolu /.../ C’est que nous sommes un peuple de trop. /.../ Toute notre histoire depuis 48 est celle là."

    #Israël #media #France

  • Le narcotrafic, puissant facteur de déstabilisation
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/04/le-narcotrafic-puissant-facteur-de-destabilisation_6203833_3232.html

    C’est une activité qui génère 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires en France, fournit 21 000 emplois à temps plein et qui fait vivre, directement ou indirectement, 240 000 personnes. Cette activité en plein essor est celle du marché des stupéfiants. Et ces chiffres glaçants ont été livrés lundi 27 novembre par la directrice de l’Office anti-stupéfiants (Ofast)

    (260 000 employés précaires et au noir, j’aurais dit davantage)

    #drogues #emploi #économie

  • Il a guéri du VIH : « Quitte à me mettre en danger, j’ai voulu le faire pour moi, mais aussi pour la recherche »
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-jeudi-30-novembre-2023-5468670

    Aujourd’hui, six personnes au monde ont guéri du sida. Romuald est le sixième. En 2018, on lui diagnostique une leucémie, une nouvelle maladie indépendante du VIH, mais qui a eu un effet inattendu. « C’est grâce à cette leucémie, certainement, qu’il y a eu effacement [du VIH]. » Il vit trois années d’enfer : « Chambre stérile, traitements très lourds, chimiothérapie, radiothérapie... C’était la période la plus difficile de ma vie. »

    Il subit également une greffe de moelle osseuse... que son organisme rejette. Les cinq autres patients ayant guéri du VIH ont également bénéficié d’une telle intervention, mais Romuald était le premier dont les défenses immunitaires se sont renforcées, au point de rejeter la greffe mais aussi, sans doute, le VIH. « Tout le monde pensait que ça ne fonctionnerait pas, et par miracle cela a tout de même fonctionné. Cette leucémie a été bénéfique, c’était un mal pour un bien. »

    Il choisit d’arrêter son traitement pour le VIH. « Quitte à me mettre en danger, j’ai voulu le faire pour moi, mais aussi pour la recherche », assure-t-il. « Si j’étais resté dans ma zone de confort, je ne serais pas avec vous aujourd’hui, il n’y aurait pas eu cet effacement et cette guérison. »

  • Y z’en causaient dans le poste ce matin :

    https://reporterre.net/Agriculture-les-ammonitrates-des-produits-banals-a-haut-risque

    Les ammonitrates sont utilisés par les agriculteurs comme engrais azotés, bien souvent sans précaution particulière. Le rapport remarque même qu’il s’agit de produits « si banals que beaucoup d’utilisateurs ne leur prêtent guère attention : en particulier il ne semble pas que les exploitants agricoles soient particulièrement sensibilisés aux risques des ammonitrates dont ils stockent souvent des dizaines de tonnes ». En 2018, Reporterre avait révélé que la Coopérative agricole de céréales (CAC) d’Ottmarsheim (Haut-Rhin) stockait sans précaution 3 600 tonnes de nitrate d’ammonium.

    Le rapport préconise ainsi de mieux informer les agriculteurs des risques encourus, et d’interdire la vente en vrac des ammonitrates haut dosage [3] à partir de juillet 2022. Il propose également l’élaboration d’un règlement du transport et de la manutention des matières dangereuses transportées par voie fluviale, une clarification des responsabilités pour le transport des matières dangereuses par voie fluviale ainsi que le suivi du trafic des matières dangereuses transportées par voie d’eau.

    https://www.fayard.fr/livre/tout-peut-exploser-9782213720722

    Savez-vous combien d’accidents industriels subit la France chaque année ? Plus de 68 000. Environ 187 par jour.
    Vous n’en avez jamais entendu parler ? C’est normal ! La plupart du temps, ils suscitent juste un entrefilet dans la presse régionale. Seuls les accidents les plus meurtriers font la une. AZF nous a ainsi douloureusement marqués il y a vingt ans. Trente et une personnes ont perdu la vie parce qu’une centaine de tonnes de nitrate d’ammonium avait explosé. Ce même matériau a provoqué plus de 200 morts à Beyrouth en 2020.
    Pourtant, des ports comme Marseille ou Saint-Malo continuent à en stocker jusqu’à 60 000 tonnes.
    Vous l’ignoriez ?

    #risques_industriels #agroindustrie #ammonitrates

    • https://fr.wikipedia.org/wiki/Yara_International

      Yara International ASA est une société chimique basée en Norvège. C’est le plus grand distributeur de nutriments pour végétaux sous forme d’engrais cristallisés3. Ses principales activités sont la fabrication et la mise en marché d’engrais azotés, tels que l’urée et des nitrates. Elle synthétise et vend également de l’ammoniac, élément essentiel pour la fabrication des engrais azotés synthétiques.

      .../...

      Yara International mène une importante campagne de lobbying, notamment auprès de l’Union européenne, pour éviter toute régulation contraignante de son impact climatique. Selon Corporate Europe Observatory, la multinationale a dépensé près de douze millions d’euros en lobbying à Bruxelles entre 2010 et 2019, tout en bénéficiant du soutien de lobbies sectoriels comme FertilisersEurope ou le Conseil des industries chimiques Cefic. Le stockage d’ammonitrate sur son site de Montoir-de-Bretagne (juste à côté de Donges, sa raffinerie, son terminal pétrolier ; cocktail explosif) a été particulièrement pointé.

      En 2013, Yara est mêlée à un scandale impliquant de nombreuses entreprises. Le quotidien économique norvégien Dagens Næringsliv a rapporté que Yara avait payé plus de huit millions de couronnes norvégiennes à Choukri Ghanem, ancien Premier ministre libyen, ministre du Pétrole et commandant en chef de la compagnie pétrolière d’État. Ghanem avait été retrouvé mort dans le Danube autrichien en 2012.

      En janvier 2014, la compagnie est déclarée coupable de corruption lors de contrats avec la Libye, l’Inde ainsi que la Russie. Elle a été condamnée à une amende de 295 millions de couronnes (35,5 millions d’euros à l’époque).

      En 2021, Yara est accusé de financer la dictature en Biélorussie en continuant à travailler avec Belarus Kali, malgré les sanctions économiques prononcées par l’Union Européenne à la suite des événements après la falsification des résultats des élections en Biélorussie en 2020 qui ont porté atteintes aux droits de l’homme des biélorusses par le régime de Lukashenko après les manifestations en Biélorussie en 2020. La leader de l’opposition démocratique Svetlana Tikhanovskaya a dénoncé la poursuite d’échanges commerciaux avec Belarus Kali, celle-ci étant une entreprise détenue par le gouvernement biélorusse, finançant ainsi indirectement la dictature en Biélorussie. Yara s’est engagé à arrêter de travailler avec Belarus Kali en décembre 2021 mais en janvier 2022 continue toujours à travailler avec cette dernière.

      https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/secrets-d-info/nitrate-d-ammonium-six-mois-apres-beyrouth-enquete-sur-un-produit-explos

      De son côté, le spécialiste en risque industriel, Paul Poulain a étudié différents scénarios d’accidents. Il a notamment effectué un « calcul de détonation » afin d’observer ce qui pourrait se passer en cas d’explosion, au niveau de la gare de triage de Drancy, en Seine-Saint-Denis. « 2 000 trains passent chaque année par cette gare avec un stock de 400 tonnes d’ammonitrate, estime Paul Poulain. En cas d’explosion, les personnes présentes dans un rayon de 250 mètres sont potentiellement exposées à un risque mortel, avec d’importants dégâts dans un rayon de 600 mètres. Sans compter, les 400 000 voyageurs qui circulent chaque jour sur la ligne B du RER. » (voir la vidéo ci-dessous).

      https://www.radiofrance.fr/franceinter/nitrate-d-ammonium-en-france-un-risque-explosif-1076442

      Une grande partie de ces stocks échappent effectivement au contrôle. « Les installations qui stockent moins de 250 tonnes ne sont pas soumises à déclaration auprès des autorités, s’alarme Paul Poulain, spécialiste des risques industriels. Elles ne sont ni contrôlées par des bureaux d’études privés, ni inspectés par les services de l’État. Potentiellement, un exploitant agricole ou une coopérative peut donc stocker du nitrate d’ammonium agricole sans respecter les mesures de base de sécurité.  Nous ne faisons pas tout pour éviter qu’un accident du type AZF ne se produise à nouveau. »

      (Et où l’on retrouve un lourd dossier à charge sur l’entreprise Yara)

      https://basta.media/multinationale-Yara-engrais-gaz-a-effet-de-serre-climat-enrichissement-au-d

      Parmi les firmes nominées, Yara incarne non seulement la domination croissante de grandes firmes globalisées sur le monde agricole, mais aussi les liens étroits entre agriculture intensive et crise climatique. La firme norvégienne est, tout simplement, le leader mondial des engrais synthétiques, dont la principale matière première est le gaz naturel fossile. Ces engrais entraînent de fortes émissions de gaz à effet de serre, au niveau de leur production comme lors de leur application sur les sols. Ils libèrent du protoxyde d’azote, un puissant gaz à effet de serre qui représente presque la moitié des émissions de l’agriculture française, selon le Réseau action climat

  • Israël a une nouvelle théorie pour les médias internationaux (qui s’empressent donc de te la régurgiter) :
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/geopolitique/geopolitique-du-dimanche-19-novembre-2023-6609471

    Celle-là se joue sur le terrain de l’opinion. C’est là que le Hamas a tendu ses pièges les plus dramatiques, sous la forme d’engins émotifs improvisés. Prenez l’exemple de l’hôpital al-Shifa, le poumon médical de la Bande de Gaza.

    Comment expliquer ce piège si c’en est un ?

    Si c’en est un, le Hamas qui a trompé la vigilance israélienne le 7 octobre, l’a également berné sur l’hôpital al-Shifa. Un leurre préparé pendant des mois, voire des années. Sans doute en y laissant volontairement traîner des cadres du parti et de la branche armée, filmés par les drones d’observation de l’État hébreu. Peut être en laissant les collaborateurs palestiniens raconter ces va-et-vient à leurs officiers traitants en Israël. Dans l’imagination de ces derniers, les contours d’un quartier général de la terreur commencent à apparaître. Cela devait en faire la pierre angulaire de l’opération Sabre de fer. Pour l’instant il n’est qu’un énorme caillou dans la chaussure du pouvoir israélien

    Donc c’est pas la faute d’Israël, qui massacre les enfants palestiniens et viole le droit international à l’insu de son plein gré. (Mais dans le même temps, regardez-bien, civils libanais : on va vous faire la même chose.)

    Israël a annoncé dès le premier jour couper l’eau, le fuel et l’électricité à l’intégralité de la bande de Gaza, ses bombardiers rasent l’intégralité des villes et détruisent systématiquement les écoles et les hôpitaux, leurs communicants ont diffusé des vidéos selon lesquelles ils ont trouvé plein de preuves et de calendriers accrochés au mur démontrant que le Khamas contrôlait les hôpitaux, mais maintenant on t’explique qu’al Shifa, c’est un « piège » super-élaboré du Hamas pour gagner la « bataille de l’opinion » préparé depuis des années.

    On a vraiment une bande de clowns.