• Covid-19 : la carte de la vaccination, miroir grossissant des inégalités sociales en France
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/24/covid-19-la-vaccination-prise-entre-determinants-sociaux-et-defiance-envers-

    Covid-19 : la carte de la vaccination, miroir grossissant des inégalités sociales en France
    Les doutes envers le gouvernement et les scientifiques renforcent les inégalités sociales d’accès à la prévention : telle est la conclusion du troisième volet de la grande enquête EpiCoV, consacrée à la vaccination.(...)
    Nul ne sera stupéfait de lire que les catégories sociales les moins favorisées, les personnes les moins diplômées, celles aux plus bas revenus ou encore les immigrés non européens sont les moins vaccinés. Pas surprenant non plus le constat que la confiance envers le gouvernement ou vis-à-vis des scientifiques pèse lourdement dans le statut vaccinal.
    Mais l’ampleur de ces influences apparaît en revanche tout à fait étonnante, comme tout un ensemble de petits détails qui font de l’enquête rendue publique, jeudi 24 février, un tableau tout à fait saisissant.
    Les deux premiers volets de ce vaste projet lancé avec la pandémie avaient permis d’en suivre la dynamique sociale, d’analyser l’exposition au risque, les contaminations ou encore les répercussions de la crise sanitaire sur les conditions de vie des Français. Cent trente-cinq mille personnes avaient ainsi répondu à un premier questionnaire en mai 2020, 107 000 d’entre elles avaient poursuivi lors du deuxième volet en novembre 2020, avec cette fois un gros plan sur un éventuel recours aux vaccins encore à venir.
    Pour cette troisième livraison, 85 000 fidèles, âgés de plus de 15 ans, ont fait part tout à la fois de leur statut vaccinal, mais aussi de ce qui les avait motivés à accepter ou à refuser les deux doses de produit. Recueillies en juillet 2021, pour l’essentiel juste avant la mise en place du passe sanitaire, ces informations sont simultanément publiées dans deux articles, l’un édité par la Drees, l’autre déposé sur le site MedRxiv.
    (...)L’observation de la distribution par âge n’offre pas de surprise : les personnes âgées sont les plus vaccinées (93 % des 75-84 ans, contre 55 % des 18-24 ans), un effet d’autant plus marqué qu’en juillet 2021, la vaccination des jeunes n’était ouverte que depuis deux mois. Entre les sexes, en revanche, le résultat est nettement moins attendu : alors que les femmes étaient plus hésitantes devant les vaccins, lors du deuxième volet de l’enquête, elles apparaissent huit mois plus tard mieux vaccinées (73 % contre 71 %).« Notre hypothèse c’est que, face à des vaccins disponibles, un rappel à l’ordre de genre intervient, explique Nathalie Bajos. La charge de protéger les aînés, avec lesquels elles sont les plus en contact, revient aux femmes. »
    (...°Les écarts sociaux, s’ils étaient prévisibles, surprennent toutefois par leur ampleur. La différence dans la proportion de vaccinés est déjà de 10 % entre non-diplômés et bac + 5, mais elle s’amplifie encore lorsque l’on observe les catégories socioprofessionnelles, avec 64,8 % de vaccinés chez les ouvriers contre 83,1 % chez les cadres supérieurs. Et le fossé devient gouffre avec le niveau de vie : parmi les 10 % les plus pauvres, seuls 54,8 % étaient vaccinés, en juillet 2021, contre 87,6 % des personnes appartenant aux 10 % les plus riches. Plus de 30 points d’écart. « C’est d’autant plus spectaculaire que la vaccination est gratuite », souligne Nathalie Bajos, qui avance une explication : « Leurs conditions de vie les éloignent du contrat social. Ce sont les personnes les moins sensibles au discours préventif comme aux arguments de solidarité nationale, les deux principaux arguments avancés pour appuyer la vaccination. »
    L’origine géographique marque également une séparation entre deux groupes : d’un côté, les individus « ni immigrés ou descendants d’immigrés, ni natifs ou descendants de DROM [départements ou régions d’outre-mer] » ou les immigrés de l’Union européenne (UE), respectivement vaccinés à 74,5 % et à 76,3 % ; de l’autre les immigrés hors UE (59,1 %), leurs descendants (52,5 %) et les natifs ou descendants de DROM (56,2 %). « Cela renvoie cette fois sans doute à l’expérience de discrimination rencontrée par ces populations dans leur relation avec le système de soins, un constat que l’on retrouve dans plusieurs enquêtes conduites à l’étranger », constate Nathalie Bajos. Diverses études ont en effet été publiées ces derniers mois, particulièrement au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Elles aboutissent à des résultats similaires. Mais cette enquête, outre l’ampleur de son échantillon, offre la particularité d’avoir détaillé le poids de la confiance envers les institutions. »

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#EpiCoV#vaccination#inegalite#immigre#issuimmigration#DROM

  • Covid-19 : la commission des affaires sociales du Sénat appelle à supprimer rapidement le passe vaccinal
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    Dans un rapport rendu public jeudi, les élus critiquent cet outil mis en place il y a seulement un mois et qui n’a que partiellement atteint son principal objectif d’incitation à la vaccination.

    Fin de partie pour le passe vaccinal ? Alors que la cinquième vague de la pandémie de Covid-19 régresse et que le gouvernement poursuit son calendrier d’allègement des restrictions, la commission des affaires sociales du Sénat préconise, dans un rapport rendu public jeudi 24 février, « d’engager une levée rapide du passe vaccinal et appelle à renforcer la transparence dans la gestion de l’épidémie ».

    Les sénateurs ne sont pas tendres avec cet outil censé « réduire les tensions sur le système hospitalier » et « limiter les risques de contamination des non-vaccinés ». « C’est davantage l’évolution du virus, avec la perspective d’entrer dans une phase endémique, plus que le passe vaccinal, qui aura modifié le visage de la crise dans notre pays », a souligné Michelle Meunier, sénatrice (Parti socialiste) de Loire-Atlantique, l’une des rapporteurs de la commission d’enquête.

    Comme ils l’avaient anticipé, les sénateurs ont avancé très vite depuis le 20 janvier pour rendre leurs conclusions. Malgré ce « calendrier restreint » voulu par la présidente de la commission des affaires sociales, Catherine Deroche (Les Républicains, Maine-et-Loire), et qui a de fait présidé la commission d’enquête, ce rapport semble arriver un peu tard, presque à contretemps, tant le gouvernement a multiplié ces dernières semaines les annonces sur une possible levée du passe vaccinal dès mars. Un horizon encore confirmé devant la commission, mardi, par le ministre de la santé, Olivier Véran.

    Les sénateurs pointent d’ailleurs la rapidité avec laquelle l’exécutif a annoncé, dès le 20 janvier, la levée progressive de certaines mesures sanitaires, alors que le passe vaccinal n’entrait en vigueur qu’au 24 janvier.

    « La succession d’annonces parfois contradictoires, avant même que certains outils de gestion de l’épidémie soient applicables, a contribué à brouiller le message adressé à la population », soulignent les auteurs du rapport. Une communication qui, selon les sénateurs, « a certainement contribué à limiter le principal effet du passe vaccinal qui est d’inciter les personnes non vaccinées à entrer dans la vaccination ».

    La question des indicateurs est centrale

    En effet, contrairement au passe sanitaire cet été, le passe vaccinal a été présenté sans ambiguïté dès décembre 2021 comme un outil d’incitation à la vaccination. Un rebond de la primo-vaccination a d’ailleurs pu être observé à la suite de la conférence du premier ministre, Jean Castex, à la mi-décembre 2021, annonçant la mise en place prochaine du passe vaccinal. Résultat : 800 000 personnes ont reçu une première dose de vaccin entre le 20 décembre 2021 et le 23 janvier. Une progression qui semble bien insuffisante face aux cinq millions de personnes qui n’étaient toujours pas vaccinées à l’époque.

    • TousAntiCovid : une utilité "marginale" d’après l’étude d’impact. Le coût de la marginalité en 2022 ?
      https://www.latribune.fr/technos-medias/tousanticovid-une-utilite-marginale-d-apres-l-etude-d-impact-faut-il-l-arr
      Avec plus d’un an de retard, le ministère de la Santé a enfin publié le rapport d’impact de l’application TousAntiCovid, chargé d’étudier l’utilité et l’efficacité du dispositif dans la lutte contre la propagation de l’épidémie de Covid. Problème : les auteurs de cette évaluation se basent sur une étude de #KantarPublic qu’ils qualifient eux-mêmes de "non-représentative" pour juger de l’utilisation et de l’appréciation de l’app, et manquent de données cruciales pour correctement analyser le dispositif de #contact-tracing. L’utilité de TousAntiCovid dans la lutte contre la propagation du #Covid, sa mission première, est donc qualifiée de "marginale", et au mieux "complémentaire" des autres dispositifs au plus fort de la crise Omicron. Dans un contexte de polémiques depuis l’origine du projet au printemps 2020, de fin annoncée du #pass-vaccinal en mars prochain, de coûts qui explosent et d’une #étude-d'impact-inconsistante, faut-il arrêter TousAntiCovid ?

      Il était temps ! Alors que la Commission nationale informatique et liberté (#Cnil) avait demandé au gouvernement de fournir une étude d’impact analysant l’utilité de l’application #TousAntiCovid avant janvier 2021, celui-ci s’est enfin exécuté... avec plus d’un an de retard. En catimini, sans aucune communication ni information du public, le ministère de la Santé et le secrétariat d’Etat à la Transition numérique ont fini par publier, en début de semaine, le fameux rapport tant attendu.

      Pour le trouver, il faut vraiment le chercher. Sur le site dédié à TousAntiCovid, il faut d’abord cliquer sur la page "Ressources" située tout en bas de la page d’accueil, puis, sur cette nouvelle page, "scroller" à nouveau l’écran jusqu’en bas. Le Rapport 2020-2021, de 32 pages, apparaît enfin en-dessous des dossiers de presse, des kits de communication et de la vidéothèque. L’objectif affiché : "évaluer l’utilisation de l’application TousAntiCovid et son appropriation par les utilisateurs, mais également l’efficacité des fonctionnalités de contact tracing". Pour rappel, la Cnil avait conditionné son approbation du dispositif StopCovid (la première version de l’application du 2 juin 2020) et de TousAntiCovid (son successeur à partir du 22 octobre 2020) à la réalisation d’une étude d’impact devant prouver que l’outil, très intrusif car collectant les données de déplacement des Français, était utile et proportionné pour lutter contre la propagation de l’épidémie.

      Un rapport incomplet et biaisé

      Disons-le tout net : ce rapport d’activité est un #simulacre-d'évaluation. Les données sur lesquelles il se base sont incomplètes et biaisées, comme le rapport l’admet lui-même page 29 dans la section "Limites et biais de l’étude". Ainsi, le rapport déduit l’utilisation et l’appropriation de TousAntiCovid par les utilisateurs sur la base d’une étude qualitative réalisée par Kantar Public en octobre 2021.

      Problème :

      « Le panel interrogé est constitué d’utilisateurs assidus de l’application, ne pouvant pas constituer par conséquent un échantillon représentatif des comportements de l’ensemble de la population en termes d’utilisation et d’appréciation de l’application, s’agissant d’utilisateurs plutôt assidus et portant un regard globalement positif sur TousAntiCovid ».

      Autrement dit, le rapport d’activité de TousAntiCovid précise lui-même que les conclusions qu’il tire sur l’utilisation et l’appréciation de l’application par ses utilisateurs, se basent sur une étude non-représentative...