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/2022

  • Cyclistes vulnérables et délinquance routière

    J’ai déjà perdu un pote il y a 2 ans, un militant, et son fils de 16 ans.
    Hier soir, un pote FB postait ça  :

    Krec’h Goulifern, sur les hauteurs de la gueule de l’enfer.
    Et en plein dedans. Marianne est allée au pain ce matin, probablement revenait elle avec des croissants et un pain au chocolat pour moi, parce que c’est dimanche.
    Elle n’est jamais revenue.
    Un chauffard l’a tuée.
    Comme le veut la formule, ni fleurs ni couronnes ni visites ni quoi que ce soit.

    Quelqu’un de proche   :

    Marianne et Erwan le Corre ont créé un lieu magique en Bretagne : le Manoir Krec’h Goulifern . Depuis des années nos vies étaient liées par nos projets fous, des utopies bien réelles sur lesquelles nos quotidiens sont souvent mis à rude épreuve. On a partagé joies, fiertés, questionnements, peines et déceptions et tant de beaux moments.
    Ce matin Marianne est allée chercher le pain à vélo et n’est jamais revenue. Un chauffard a pris sa vie.
    Je n’ai pas de mot pour dire la peine immense et la violence de la nouvelle. Marianne était une femme d’une incroyable rélisience, brillante, lucide, attentive, déterminée. Elle avait tant de fois fait face aux défis et épreuves que la vie avait mis sur son chemin, sans se laisser gagner par la haine ou la colère. Sans jamais se détourner de ses valeurs, de ce qu’elle avait tenté de bâtir par dessus tout.
    On avait prévu cette semaine un de ces goûters qu’on aimait tant, l’odeur des crêpes chaudes, les doigts pleins des confitures de leur jardin, à partager en douceur et sincérité les émerveillements, les doutes, les difficultés de l’année écoulée. Il n’y aura plus de goûter, de visite de chantier, de pressées de pommes ou d’atelier de savon. Plus de rire, de débats jusqu’au bout de la nuit sur ce monde qu’on essaie d’inventer face à celui qui part en vrille, plus de larmes et de réconfort mutuel.
    Enfin si, des larmes, des larmes infinies, impossibles à sécher.
    Marianne, Erwan, vous qui avez tant de fois eu les mots pour nous soutenir dans les moments durs, qui avez été notre refuge. Je me sens impuissante à trouver à mon tour les mots justes face à une telle ignominie.
    Il reste tout ce qu’on a partagé, tous ces moments resterons précieusement dans nos cœurs. Personne ne pourra nous l’enlever.
    Et promis, on respectera tes volontés : pas de gerbes de fleurs, de grande cérémonie, pas de chichi, ça ne te ressemblerait pas. Mais au pommé cette année, on chantera pour toi autour du feu et on ravivera dans nos cœurs chahutés la flamme des jours heureux. Pour ne pas oublier, pour ne pas laisser la tristesse gagner... Et bien sûr, tu veilleras sur nous de là haut.
    Ici où tout est triste, on prendra soin de ce que vous avez construit et de notre ami Erwan qui devra vivre avec l’absence infinie, la peine absolue et éternelle de cette journée sans retour en arrière possible. On lui tiendra la main sur le chemin vers l’appétit de la vie, que tu savais tant nous transmettre. Sur ce chemin, je te le promets, on ne le laissera pas seul.
    Repose en paix Marianne, avec tout notre amour

    Perso, j’ai ma voiture dans le garage depuis un an, mais je n’arrive pas à me résoudre à la vendre  : parce que pour l’instant, passer au vélo, même en ville, ça revient à se faire agresser en permanence, à risquer très concrètement sa peau, parce que je n’ai toujours pas trouvé de toubib traitant et que s’il faut, faudra faire 15 ou 20 km pour en trouver un, ce qui est totalement aberrant…

    J’en ai ras le cul de la civilisation de la bagnole…

  • Incendie dans les monts d’Arrée : la chapelle du Mont-Saint-Michel de Brasparts menacée par les flammes - Bretagne - Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/bretagne/monts-d-arree-incendie-en-cours-a-brasparts-18-07-2022-13116227.php


    L’incendie se propage, non loin de la chapelle du Mont-Saint-Michel de Brasparts.
    Photo Lionel Le Saux

    L’incendie s’est déclaré en milieu d’après-midi avant de s’étendre à une prairie.
    Un incendie s’est déclaré ce lundi en milieu d’après-midi dans les monts d’Arrée, au niveau de Brasparts. Le feu a démarré à la maison des artisans et se serait propagé aux champs : il menace désormais la chapelle du Mont-Saint-Michel de Brasparts, et s’étend en direction de Commana à cause du vent.

    Une dizaine de camions de pompiers sont présents sur place, ainsi que Dragon 29 qui survole la zone. Ce feu « va durer », a affirmé un responsable de la Direction départementale de l’équipement (DDE), alors que le Sdis 29 a fait appel à tous les départements bretons.

    Des gendarmes sont également appelés en renforts, car plusieurs tronçons de routes ont été fermés à la circulation sur la D764, D42, D785 et la D30. Une déviation a été mise en place vers Saint-Rivoal.

    • Guipavas (Finistère), 18 juillet 2022.– Quinze départements de la façade atlantique ont été placés, le 18 juillet, en vigilance rouge pour canicule. Et dans l’ouest de la France, plus particulièrement en Bretagne administrative, de nombreux records absolus de chaleur sont tombés, selon Météo-France, dont certains dataient d’il y a plus de 70 ans.

      À Rennes, le thermomètre a atteint 40,5 °C (ancien record de 40,1 °C en juillet 2019) ; à Vannes, 40,2 °C (38,3 °C en août 2003) ; à Lannion, 40 °C (35,8 °C en juillet 2016) ; à Dinard, 40 °C (39,4 °C en août 2003) ; à Saint-Brieuc, 39,7 °C (38,1 °C en août 2003) ; à Brest, 39,3 °C (35,2 °C en juillet 1949) ; à Landivisiau, 39,1 °C (35,3 °C en août 2003) ; à Ploudalmézeau, 38,7 °C (33 °C en juillet 2022) ; à Groix, 37,9 °C (35,6 °C en juin 1976) ; à Ouessant, 31,5 °C (29,3 °C en août 2003). En tout, 35 stations météorologiques bretonnes, sur les 44 disposant d’un historique, ont battu leur record absolu de température.

      La commune de Bléruais (Ille-et-Vilaine), à proximité de la mythique forêt de Brocéliande, a quant à elle pulvérisé le record de température maximale enregistrée dans la péninsule, avec 41,6 °C.

      source : Mediapart

  • Des Bretons vent debout face à la crise du logement - CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales
    http://cqfd-journal.org/Des-Bretons-vent-debout-face-a-la

    Confrontés à la flambée des prix de l’immobilier, aux résidences secondaires qui pullulent et à un parc locatif gangrené par Airbnb, de nombreux Bretons galèrent à se loger. Une tendance qui, à moins d’être enrayée par une politique volontariste, n’est pas près de s’inverser. Mais collectifs et organisations politiques préparent la riposte.

    Rassemblement - Action : Stop à la crise du logement en Bretagne !
    http://www.rennes-info.org/Rassemblement-Action-Stop-a-la

    La crise du #logement en Bretagne atteint des niveaux jamais égalés. Il est nécessaire de se mobiliser afin d’obtenir des avancées concrètes. Impossible de passer à côté des nombreux témoignages de désespoir qui remplissent quotidiennement les colonnes de la presse locale.

    #gentrification #dispac'h #cqfd

    • Revendications de la coordination Un ti da bep hini :

      1- Intégrer la Région Bretagne dans la zone dite tendue et permettre ainsi aux communes de la Région Bretagne qui sont exclues de ce dispositif d’avoir accès à toutes les dispositions permises par le classement en zone tendue : mesure de compensation, encadrement et plafonnement des loyers, majoration de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires, etc . Les élu.e.s locales doivent prendre position puis se mobiliser pour obtenir ces outils et les utiliser.

      2- Le prélèvement de la taxe d’habitation sur les logements vacants partout où ce n’est pas encore fait à l’échelle intercommunale comme la loi le permet déjà et l’affectation du produit à des services d’hygiène et de sécurité, dotés de moyens pour contrôler la salubrité des logements mis en location. La Région Bretagne doit accompagner les collectivités locales intercommunales sur ce chantier qui palliera les faiblesses de l’Agence Régionale de Santé incapable, faute de moyens de l’État, de remplir sa mission de service public pour faire constater l’insalubrité de nombreux biens mis à la location.

      3- Une régulation forte de la location touristique et en particulier du système des plates-formes de location pour particuliers, au-delà des possibilités déjà existantes, en réservant par exemple ce type de location à la seule résidence principale du loueur.

      4- Un statut de résident.e réservant l’achat de logements ou de terrains aux personnes habitant le territoire depuis un certain temps, à l’échelle des pays, là où les résidences secondaires en excès posent de graves problèmes. Ce statut, sans aucune discrimination d’origine et sur la seule base de la résidence, permettra de faire baisser les prix et de rendre progressivement des pans entiers du territoire à de véritables habitant.e.s.

      5- L’impossibilité du vote des résident.e.s secondaires, qui peuvent représenter un poids électoral disproportionné dans les communes littorales.

      6- Un observatoire public du logement en Bretagne capable de fournir et d’actualiser les données fondamentales sur le logement : prix à l’achat et en location, part des résidences secondaires et logements vacants dans l’année écoulée, part des locations touristiques, vérifications de la légalité des annonces…

      7- L’utilisation du droit de préemption et d’expropriation en urgence pour garantir le droit au logement, là où des personnes sans abri ou mal logées côtoient des logements vides et où aucune autre solution satisfaisante n’existe ; le renforcement des capacités d’action financière de l’Établissement Public Foncier Régional qui aide les communes à préempter et acheter les friches et bâtiments mis en vente. Ainsi que le recours à la réquisition de biens vides à des fins d’habitat.

      8- L’accueil digne et humain des personnes migrantes arrivant en Bretagne, d’où qu’elles viennent, avec l’obligation effective pour les préfectures de garantir leur droit au logement.

      9- Le calcul des minimas de logements sociaux sur l’ensemble des logements des communes, et non les seules résidences principales (à l’heure actuelle plus une commune compte de résidences secondaires, moins elle doit fournir de logements sociaux).

      10- La transparence sur l’impact écologique du tourisme sur la qualité l’eau et les capacités actuelles de traitement, notamment sur le littoral.

      11- La facilitation de l’habitat léger pour celles et ceux qui font ce choix, moins coûteux, écologique et plus facilement réversible que l’habitat en dur.

      12- L’application des droits des gens du voyage.

      13- L’inscription dans les documents d’urbanisme et de planification de la fin du bétonnage pour 2030 au plus tard, l’interdiction immédiate d’ouvrir de nouvelles zones à l’urbanisation dans les communes comptant plus de 10 % de logements vacants ou de résidences secondaires et dans les territoires les plus urbanisés.

    • À Quiberon, une opération « Plage Morte » contre la hausse de l’immobilier en Bretagne - Bretagne - Le Télégramme
      https://www.letelegramme.fr/bretagne/a-quiberon-une-operation-plage-morte-contre-la-hausse-de-l-immobilier-e


      Des membres du collectif Dispach’, organisateur de la manifestation. Au centre, à gauche, Ewan Thébaud, le porte-parole du collectif.
      Le Télégramme/Emmanuel Aumonier

      Sur la grande plage de Quiberon (56), ce samedi, entre 12 h et 14 h, le collectif Dispac’h’a organisé une manifestation contre la hausse des prix du logement et l’érosion de la vie locale.

  • La crise du #logement en Bretagne à l’origine d’actions violentes ? - Bretagne - Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/bretagne/la-crise-du-logement-en-bretagne-a-l-origine-d-actions-violentes-27-05-

    En Bretagne, la problématique a été relancée de façon spectaculaire en 2018 par un collectif (Dispac’h) de jeunes touchés par ce phénomène. La radicalisation observée à Caurel « n’étonnerait pas » son porte-parole, Ewan Thébaud. « Ce n’est évidemment pas notre mode d’action, insiste-t-il. Mais on sent bien que le stade de l’exaspération est franchi. De plus en plus de précaires et de jeunes ne parviennent plus à se loger, conséquence de la spéculation immobilière dans notre région. La colère monte face à l’inaction politique pour traiter ce problème. » Dispac’h revendique désormais une cinquantaine de militants actifs « pour une Bretagne libre, socialiste, féministe et écologiste ».

    • Au Pays-Basque, on songe à légiférer. C’est tout de même incroyable qu’on soit toujours obligé d’en appeler à l’arbitrage de l’état pour réglementer la #spéculation ... 🙃

      https://www.francetvinfo.fr/economie/pouvoir-achat/logement/reportage-au-pays-basque-la-crise-du-logement-electrise-la-campagne-des

      Depuis une trentaine d’années, la côte basque française connaît une pression foncière et immobilière phénoménale, liée à son attractivité touristique toujours plus forte. Ajoutez à cela la démocratisation du télétravail et le retour à la nature post-Covid de nombreux citadins et vous obtenez le cocktail qui a vu les prix de l’immobilier s’emballer, sans que plus personne ne semble en mesure d’enrayer le phénomène. A Biarritz par exemple, un studio de 25 m2 atteint facilement les 250 000 euros à la vente (soit 10 000 euros du mètre carré) ou les 600 euros mensuels en location. Des tarifs comparables à ceux de Paris.

      « Ici, le problème numéro un, ce n’est pas l’emploi, ce n’est pas la santé, c’est de se loger dignement », résume Benat Etchebest, fondateur de la coopérative de logements Etxalde. Et face à cette crise, les Basques sont bien décidés à mettre la pression sur les politiques, alors que les législatives approchent à grands pas (les 12 et 19 juin).

      #logement #loyer #pénurie

  • Né esclave et devenu député, Jean-Baptiste Belley meurt à Belle-Ile-en-Mer - Histoire - Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/histoire/ne-esclave-et-devenu-depute-jean-baptiste-belley-meurt-a-belle-ile-en-m


    Sur ordre de Bonaparte, Belley, suspendu de ses fonctions, est transféré sans jugement à Belle-Ile-en-Mer en 1802 où il meurt trois ans plus tard.
    Photo François Destoc/Le Télégramme

    Peu connu de l’Histoire de France, Jean-Baptiste Belley, l’un des premiers députés noirs à la Convention (1793), est mort à Belle-Île-en-Mer, en 1805. Né esclave, il participera à la guerre d’indépendance des États-Unis, et à la Révolution française.

    Destin exceptionnel, et peu connu, que celui de Jean-Baptiste Belley. Député élu à la Convention en 1793, il est né esclave mais on ne sait pas exactement où, ni quand. À Gorée au Sénégal, ou à Saint-Domingue (actuel Haïti) ? En 1746, 1747 ou 1755 ? Les sources varient, et les témoignages du premier concerné également. Il n’en reste pas moins qu’il faisait partie des « nègres libérés » (devenus libres), qui ont connu une ascension sociale à cette époque à Saint-Domingue et qui revendiquaient l’égalité des droits, mais pas l’abolition de l’esclavage. Belley lui-même, une fois libre, a acheté au moins deux esclaves. Il s’est libéré « par son travail » : il est perruquier.

    Son courage salué par un surnom
    Autre fait certain : il participe à la guerre d’indépendance des États-Unis avec un contingent de volontaires noirs libres de Saint-Domingue, en 1777. Il rentre à Cap-Français, aujourd’hui Cap-Haïtien, avec un surnom, « Mars », en référence au dieu de la guerre et au courage dont il a fait preuve au combat. Il semble jouir d’une certaine réputation dans sa communauté. La Révolution française bouleverse la vie des colonies. Colons blancs d’un côté, soutenus par un fort lobby en métropole et qui refusent la diffusion de la Déclaration des droits de l’Homme sur l’île. Désormais libres, les noirs revendiquent l’égalité. Esclaves qui se révoltent massivement en 1791 pour exiger l’abolition. Et lorsque les colons tentent de prendre le pouvoir à Saint-Domingue, avec l’appui des Anglais, le capitaine Belley prend les armes pour aider les commissaires de la République à faire face, victorieusement. Il reçoit six blessures dans ces combats.

    Arrivée triomphale à Paris
    Saint-Domingue élit six députés à la Convention, en septembre 1793. Trois rallient Paris, via les États-Unis, dans des conditions rocambolesques. À Philadelphie, Belley est pris à partie par des colons qui refusent de voir un noir occuper un poste de pouvoir : « Quand on sait sauver les Blancs et les défendre, on peut bien les commander », répond-il.

    L’arrivée des trois députés, un blanc, un métis et un noir, est triomphale à Paris et l’abolition de l’esclavage est votée dès le lendemain. Jean-Baptiste Belley en est devenu un défenseur. Il libère les esclaves qu’il possède alors. Les sources manquent pour connaître l’évolution de ses idées mais la mesure permet aussi d’assurer le ralliement des esclaves à la République, et la défense de l’île de Saint-Domingue face aux puissances étrangères.

    Écarté par Bonaparte
    Jean-Baptiste Belley ne semble pas avoir eu une activité parlementaire foisonnante, mais il a fait face au lobby des colonies à Paris. Il rallie les Jacobins et survit à la mort de Robespierre dont il défend, cependant, la mémoire. En juin 1797, il retourne à Saint-Domingue où il met ses talents de militaire au service de la République puis du Consulat (1799). Mais Bonaparte, sensible à la pression des colons représentés à Paris par son épouse Joséphine de Beauharnais, annule l’abolition de l’esclavage en 1802. Il écarte les officiers noirs : « Ne pas souffrir qu’aucun Noir ayant eu le grade au-dessus de capitaine reste dans l’île », ordonne-t-il en octobre 1801. Belley est suspendu de ses fonctions, mis à la retraite et transféré, sans jugement, en résidence surveillée à Belle-Île-en-Mer jusqu’au 6 août 1805, date de sa mort. S’il semble avoir bénéficié d’une semi-liberté, il ne pouvait quitter l’île.

    Un portrait de Girodet
    Son portrait de pied, dans son costume de député, peint par Girodet en 1797, reste une référence dans l’Histoire de la peinture, car c’est une des premières représentations d’une personne noire en tant que sujet principal d’une œuvre.

    Jean-Baptiste Belley faisait partie des premiers députés français noirs ou métis.

    Arrivé en France avec un autre député de Saint-Domingue, Jean-Baptiste Mills, un métis, il reste un symbole de l’abolition de l’esclavage. et de fidélité à la République dont il n’a été récompensé ni par Bonaparte, ni par la postérité.

    • Jean-Baptiste Belley, député de Saint-Domingue à la Convention (1747-1805), par Anne-Louis Girodet de Roussy Trioson (1767-1824).

      Jean-Baptiste Belley, député de Saint-Domingue à la Convention | Histoire et analyse d’images et oeuvres
      https://histoire-image.org/fr/etudes/jean-baptiste-belley-depute-saint-domingue-convention

      L’étrangeté du Noir
      Le portrait de Jean-Baptiste Belley, en pied, sur fond de ciel bleu nuageux, devant le paysage de sa circonscription de Saint-Domingue, n’innove pas seulement par son esthétique somptueuse. Anne-Louis Girodet peint, en représentant officiel de la République, ce Noir en costume d’apparat dont le mandat vient de s’achever, alors même que les colons profitent de la réaction royaliste pour évincer tous les députés de couleur des assemblées du Directoire. A 50 ans, le visage sérieux, Belley est accoudé avec aisance au socle du buste de l’abbé Guillaume Raynal, sculpté par Espercieux. L’artiste fait de lui le vivant symbole de l’émancipation des Noirs annoncée par le philosophe.

      La figure de ce Noir, exposée à Paris, en 1797 et en 1798, suscite une véritable fascination dans le public. L’artiste a placé de trois-quarts la tête, objet de la curiosité générale, à cette époque où l’on compare les caractéristiques morphologiques des blancs, des noirs et des singes. Rejetant en arrière des cheveux crépus déjà grisonnants, le visage osseux, au nez aplati, est éclairé par des yeux très vifs ; la mâchoire puissante ne présente aucun prognathisme.

      Le contraste entre le costume, si extraordinairement raffiné qu’il évoque à lui seul la culture européenne, et le faciès sombre du modèle fait ressortir l’étrange différence de cet homme noir. Ce costume de député à la Convention, rappelle aussi que Belley a connu son heure de gloire lors de la première abolition de l’esclavage, en 1794. Les trois couleurs républicaines, qui ceignent la taille et le chapeau sont fondues dans des dégradés pastel et laissent tout le contraste chromatique au rapport entre le noir et le blanc. Les tonalités subtilement dégradées du visage noir de Belley ressortent contre le marbre blanc de la sculpture, comme sa longue main brune sur la culotte claire.

    • Le tableau d’Anne-Louis Girodet : Guillaume-Thomas Raynal et Jean-Baptiste Belley. La réhabilitation du philosophe ? | Cairn.info
      https://www.cairn.info/revue-outre-mers-2015-1-page-103.htm

      […]
      Des trois députés élus dans ce contexte radicalement nouveau, il était le seul Noir, Mills étant mulâtre et Dufaÿ blanc. La présence d’un homme noir parmi les députés siégeant à la Convention nationale à Paris fit grand effet, c’était en quelque sorte la réalisation de la « prophétie » de Sonthonax que personne n’avait prise au sérieux au moment de sa publication dans le Journal de Paris du 25 septembre 1790, où l’on pouvait lire ce passage : « Oui, nous osons prédire avec confiance, un temps viendra, et le jour n’est pas loin où l’on verra un Africain à tête crépue, sans autre recommandation que son bon sens et sa vertu, venir participer à la législation dans le sein de nos Assemblées nationales ».
      […]
      Ainsi, la Révolution des Noirs siégeait désormais au sein de l’Assemblée nationale, elle-même issue de la Révolution des Droits de l’homme commencée en 1789 à Paris. Belley, représenté par Girodet, rompait de façon spectaculaire avec l’image jusqu’alors dominante du Noir esclave, suppliant à genoux les « °Amis des Noirs° » de le reconnaître comme un frère, ou du domestique en livrée tel que présenté sur de nombreux tableaux de la fin de l’Ancien Régime, ou encore à demi-nu dans la nature africaine sauvage. Ici, à l’opposé, il portait les attributs de la souveraineté nationale, ceux du Législateur, incarnation même de la Révolution française, la loi étant désormais « l’expression de la volonté générale ». Assurément, c’était une mutation majeure dans la représentation du « non blanc » .
      […]
      De retour à Saint-Domingue fin 1801 avec l’expédition Leclerc, promu au grade de chef de brigade de la gendarmerie, Belley fut destitué de son commandement dès le 12 avril 1802 en application des instructions secrètes de Bonaparte selon lesquelles on réorganiserait la gendarmerie en appliquant cette consigne : « Ne pas souffrir qu’aucun Noir ayant eu le grade au-dessus de capitaine reste dans l’île ». Arrivé à Brest le 16 juillet suivant, il est incarcéré au fort de Belle-Île le 20 juillet, où il meurt le 6 août 1805. Entre-temps, les armées « indigènes » de Saint-Domingue avaient vaincu les troupes de Bonaparte àVertières, le 18 novembre 1803, et la colonie française avait fait place à la République indépendante d’Haïti, proclamée le 1er janvier 1804.

    • Il y a aussi le père d’Alexandre Dumas, le général Thomas Alexandre Dumas (1762-1806) :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Alexandre_Dumas

      L’actuelle exposition du musée Fabre (#Montpellier) consacrée à Louis Gauffier présente son portrait en chausseur avec ses chiens, réalisé en 1801 :

      L’expo ici :
      https://musee.info/Le-Voyage-en-Italie-de-Louis-Gauffier

      et l’audioguide du tableau qui résume sa vie :
      https://musee.info/IMG/mp3/38_gauffier_dumas.wav.mp3

    • Voir aussi le très intéressant Portrait d’une femme noire, par une femme artiste, Marie-Guillemine Benoist, présenté au salon de 1800 :

      Le portrait du député Belley, présenté en 1797 et 1798, a fasciné le public. Pourtant, représenter un Noir n’est pas alors un sujet noble, et semble plus incongru encore de la part d’une femme dont on attend des sujets charmants, familiaux ou intimistes. En présentant ce portrait de femme noire qui renoue avec le style néoclassique, au Salon de 1800, Madame Benoist démontre ses capacités et triomphe du même coup des conventions sur le rôle dévolu aux femmes artistes.

  • Le parlement du PS adopte l’accord historique avec LFI - Elections Législatives - Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/elections/legislatives/le-parlement-du-ps-adopte-l-accord-historique-avec-lfi-06-05-2022-13014


    Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste.
    Stéphane de Sakutin/AFP

    167 voix pour, 101 contre, 24 abstentions : l’accord historique à gauche pour les législatives a été adopté par le Conseil national du PS, jeudi soir.

    Le Conseil national du PS a adopté à 62 % jeudi soir l’accord avec LFI pour les élections législatives de juin, un changement d’orientation historique, au terme de débats parfois tendus qui ont en partie prolongé la fronde déjà engagée de figures du parti. L’accord a été adopté par 167 voix pour, 101 contre, et 24 absentions. Les débats ont duré quatre heures et ont fait alterner partisans et opposants de l’alliance LFI, EELV et PCF pour les législatives des 12 et 19 juin.

    « C’est un moment de clarification, ce vote dit à quel espace politique nous appartenons », « à gauche » et pas avec Emmanuel Macron, a conclu le premier secrétaire Olivier Faure depuis le siège d’Ivry-sur-Seine. Plusieurs dizaines des 303 membres du Conseil national étaient présents - les autres ont participé en visioconférence. « Mitterrand, c’était ça la radicalité, et pourtant nous l’avons fait », s’est exclamé Olivier Faure. « À force de dire que nous sommes un parti de gouvernement, nous pouvons oublier nos propres racines, qui sont en partie dans la radicalité ».

    Le porte-parole Pierre Jouvet a rapporté la façon dont se sont déroulées les tractations qu’il a menées avec LFI, et a justifié les compromis passés : « Il n’est pas forcément évident pour les derniers rentrants (le PS) de ne pas accepter le cadre proposé » sur les circonscriptions, le programme et la stratégie.

    Cet accord « nous remet dans la gauche »
    La maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy, cheffe du courant minoritaire, s’est insurgée : « L’accord que vous avez négocié demande de nous excuser, de faire repentance, de nier une partie de notre histoire ». Le sénateur du Val-d’Oise Rachid Temal, aussi opposé à l’accord, a tonné à propos de certains candidats dissidents qui ne manqueront pas de se déclarer après le vote : « Il va falloir que Jean-Luc Mélenchon accepte l’insoumission. Soyez candidats si vous le souhaitez, c’est ça l’insoumission ».

    Une autre sénatrice, Laurence Rossignol, a soutenu l’accord, arguant : « Il nous remet dans la gauche, nous en étions sortis. Nous n’étions plus fréquentables ». Avant de tenter de rassurer : « LFI n’est pas la force centrale de la gauche, elle est temporairement dominante, c’est un moment à passer ». La députée Christine Pirès-Beaune a confié être « triste ce soir. On n’a pas pu imposer un accord meilleur que celui-là mais elle est où l’alternative ? C’est le cœur serré que je vous dis que je voterai cet accord. »

    Soutien de maires PS de grandes villes
    Selon la liste consultée par l’AFP, sur les 70 circonscriptions obtenues, une bonne vingtaine sont gagnables. Mais les circonscriptions de trois sortants ont été sacrifiées : David Habib dans les Pyrénées-Atlantiques, Christian Hutin dans le Nord (qui ne souhaitait pas se représenter) et Michèle Victory dans l’Ardèche. Auxquelles s’ajoute la 1ère circonscription dans la Loire de Régis Juanico (Générations), que le PS pensait récupérer. Lamia El Araaje, dont l’élection en 2021 a été invalidée en 2022, s’estime elle aussi flouée, l’accord investissant Danielle Simonnet. Une motion a été votée au Conseil pour donner mandat de renégocier en faveur de la socialiste. L’Assemblée sortante compte vingt-six députés PS, plus trois apparentés.

    Malgré des « réserves concernant l’Europe », la maire de Lille Martine Aubry, figure historique du PS, a soutenu l’accord, estimant que « les électeurs de gauche ont exprimé lors du premier tour des élections présidentielles une forte aspiration au rassemblement et à l’unité ». Plusieurs maires de grandes villes ont également appelé à le soutenir. Parmi eux Johanna Rolland (Nantes) qui a dirigé la campagne d’Anne Hidalgo à l’Élysée, Benoît Payan (Marseille) ou encore Mathieu Klein (Nancy).

    Une « forme de démission »
    La direction socialiste fait toutefois face à la fronde de personnalités du parti.

    L’ancien président François Hollande a « récusé l’accord sur le fond et les circonscriptions », tandis que son ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve a mis sa menace à exécution en quittant le parti. Un autre ex-chef du gouvernement, Jean-Marc Ayrault, a déploré auprès de l’AFP un « rafistolage » et une « forme de démission » qui risque de fracturer le PS. Ils s’offusquent tous d’une alliance avec un Jean-Luc Mélenchon antagoniste historique du PS. Mais aussi de l’inclusion dans l’accord de la « désobéissance » aux traités européens en cas de blocage pour appliquer le programme, ou encore de nombreuses mesures sociales qu’ils estiment impossibles à financer.

    Anne Hidalgo a pour sa part indiqué à l’AFP « ne pas souhaiter empêcher un accord électoral qui vise à combattre la régression écologique et sociale ». Tout en critiquant un texte qui « ne respecte pas les personnes » et qui « ne porte pas les garanties nécessaires sur l’Otan, l’Europe de la défense ou la laïcité ». La présidente de la région Occitanie Carole Delga a d’ores et déjà présenté des candidats hors accord. Et la présidente du groupe socialiste à l’Assemblée Valérie Rabault a fait savoir en interne qu’elle ne soutiendrait pas l’accord, selon un message consulté par l’AFP.

  • Nupes : le NPA ne rejoint pas l’accord à gauche pour les législatives - Elections Législatives - Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/elections/legislatives/nupes-le-npa-ne-rejoint-pas-l-accord-a-gauche-pour-les-legislatives-06-


    Philippe Poutou, candidat du NPA à la présidentielle.
    Archives Le Télégramme

    Le NPA a annoncé qu’il ne participera pas à la Nupes, union de la gauche pour les législatives, en raison de la présence du PS.

    Dans un communiqué diffusé tard jeudi soir sur son site internet, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) annoncé qu’il ne « signera pas l’accord de la Nupes (Nouvelle union populaire écologique et solidaire, NDLR) » porté par LFI pour rassembler la gauche aux législatives. La cause principale ? L’intégration du Parti socialiste dans l’accord.

    « Nous aurions pu nous mettre d’accord avec l’Union populaire, le PCF, et même EÉLV, mais nous ne pouvons pas valider un tel accord incluant le Parti socialiste et sur la base des propositions qui nous ont été faites », indique le NPA, qui estime par ailleurs que sa participation a été sollicitée par l’Union populaire « sans possibilité d’existence politique réelle en son sein ».

    Pas de proposition pour permettre à Poutou de gagner
    Autre point de blocage : les circonscriptions. « Seulement cinq » auraient été proposées au NPA et aucune d’entre elles n’était, selon le parti anticapitaliste, « éligible ». Par ailleurs, « à aucun moment une circonscription n’a été proposée par l’Union populaire permettant l’élection [de Philippe Poutou, candidat du parti à la présidentielle], ni même sa candidature en Gironde », alors que « de nombreuses et nombreux militantEs de gauche espéraient [le voir] à l’assemblée ».

    Par conséquent, le NPA annonce qu’il présentera ses propres candidats, « là où les conditions sont réunies », sauf dans les circonscriptions où seront présents des « candidatEs de gauche de rupture de la Nupes », que le parti anticapitaliste s’engage à « soutenir ».

  • Un loup identifié dans les monts d’Arrée, une première depuis plus d’un siècle - Bretagne - Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/bretagne/un-loup-identifi-e-dans-les-monts-d-arree-une-premiere-depuis-plus-d-un


    L’animal a été filmé par un appareil automatique dans les monts d’Arrée.
    (Emmanuel Holder/Bretagne Vivante)

    Un loup a été filmé mercredi à Berrien, dans les monts d’Arrée. L’animal n’avait plus été repéré dans le Finistère depuis plus d’un siècle.

    « Dans la journée du mercredi 4 mai, un grand canidé a été filmé, par un appareil automatique, sur la commune de Berrien, dans les monts d’Arrée, dans le département du Finistèr », expliquent les services de la préfecture dans un communiqué.

    Si la présence du loup dans le Finistère est une première depuis plus d’un siècle, l’espèce est connue pour sa grande capacité de dispersion. Ainsi, depuis le retour du loup en France dans les Alpes du Sud en 1992, l’espèce s’est installée sur les principaux massifs montagneux français. Elle est ponctuellement mais régulièrement aperçue sur des territoires éloignés du cœur de population alpin, comme ça a été le cas dans les départements de la Vendée, la Charente-Maritime, la Loire-Atlantique ou le Calvados.

    Ce type d’observation d’un animal seul et éloigné des zones où l’espèce est installée est caractéristique des individus en phase de dispersion, phénomène qui intervient deux fois dans l’année, au printemps et à l’automne. À l’automne, les jeunes nés au printemps prennent pleinement leur place au sein du groupe, contraignant d’autres individus à quitter la meute pour chercher un nouveau territoire où s’établir. Au printemps, les subadultes qui ne peuvent se reproduire au sein des meutes quittent leur territoire de naissance en quête d’un partenaire sexuel. Ces individus en phase de colonisation peuvent parcourir plusieurs centaines de kilomètres avant de se fixer, et ceci en quelques mois… Avec une distance de dispersion record pouvant dépasser les 1 500 km depuis le lieu de naissance.

    Rapide et discret
    Le système de colonisation par « bonds » est caractéristique du loup. Le nouveau territoire d’installation peut être séparé de la meute d’origine de plusieurs dizaines, voire centaines de kilomètres, laissant des espaces vides qui peuvent être colonisés par la suite. Ceci explique notamment certaines observations isolées, loin des zones de présence permanente connues. Ces individus en phase de dispersion peuvent séjourner plusieurs mois dans un secteur avant de le quitter. La rapidité de déplacement et la discrétion de cette espèce d’un point à un autre fait que l’espèce peut facilement passer inaperçue le long de son trajet de dispersion.

    À ce stade, cette observation dans le Finistère ne permet pas d’affirmer que le loup s’installe dans le département. La capitalisation des informations dans le temps est nécessaire pour évaluer l’évolution de la situation.

    L’Office français de la biodiversité dispose d’un maillage territorial d’agents spécialement formés à la reconnaissance des indices de présence du loup et aux expertises de constats d’attaques, y compris dans les départements bretons où la présence de loup n’avait jamais été avérée jusqu’à présent.

    Toute observation suspecte de grand canidé doit être rapidement signalée au service départemental compétent de l’OFB 29 au 02 98 82 69 24 ou par mail à sd29@ofb.gouv.fr

  • Une femme se noie sur le chantier éolien, à Erquy, une enquête ouverte - Bretagne - Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/bretagne/une-femme-se-noie-sur-le-chantier-eolien-a-erquy-une-enquete-ouverte-03


    Toute la journée de ce mardi, les enquêteurs de la gendarmerie ont effectué des constatations sur place et auditionné des témoins, afin de déterminer les circonstances exactes du décès.
    (Photo DR)

    Une femme de 70 ans est morte par noyade, lundi, après être tombée dans un trou d’eau sur la plage de Caroual, à Erquy (22), sur le chantier de raccordement électrique du parc éolien offshore. Une enquête pour homicide involontaire est ouverte.

    Une femme âgée d’environ 70 ans est décédée, lundi 2 mai, en milieu d’après-midi, sur la plage de Caroual, à Erquy, après avoir chuté dans un canal rempli d’eau d’une profondeur comprise entre 4 et 6 mètres. Dans un communiqué de presse transmis ce mardi soir, le procureur de la République de Saint-Brieuc, Nicolas Heitz, indique que la septuagénaire « se promenait en bord de mer, à marée basse, de l’eau à mi-mollets. Elle marchait seule, son mari et sa fille qui l’accompagnaient, n’étant pas à proximité immédiate ».

    Secourue par un témoin qui l’a sortie de l’eau, la victime n’a pu être sauvée, malgré les manœuvres de réanimation opérées par les secours. L’autopsie réalisée à l’institut médico-légal de Rennes a permis de « conclure à une mort très probablement par asphyxie, qui devra être confirmée par les examens médico légaux complémentaires », énonce le procureur briochin.

    « La défunte a chuté dans le canal non comblé et rempli d’eau »
    Ce décès intervient alors que des travaux - menés par RTE (†), gestionnaire du réseau de transport d’électricité, - sont en cours sur la plage de Caroual, dans le cadre du projet de raccordement du futur parc éolien de la baie de Saint-Brieuc. « Deux canaux contigus ont été creusés sur une largeur de 60 mètres et une longueur de 250 mètres. Un des canaux a été partiellement comblé quand le second devait l’être après l’intervention des plongeurs pour ancrer les câbles en les lestant », détaille Nicolas Heitz dans son communiqué, avant de préciser : « La défunte a chuté dans le canal non comblé et rempli d’eau ».

    Les mesures de sécurité du chantier bientôt passées au crible
    Toute la journée de ce mardi, les enquêteurs de la gendarmerie ont effectué des constatations sur place et auditionné des témoins, afin de déterminer les circonstances exactes du décès. Des opérations « toujours en cours » d’après le procureur de la République de Saint-Brieuc qui ajoute qu’un « état des lieux des mesures de signalisation et de sécurité mises en place sur le chantier sera également réalisé ».

    À Erquy, le chantier de raccordement du futur parc éolien de la baie de Saint-Brieuc a été au cœur des polémiques depuis de nombreux mois. (RTE)
    Une enquête, en flagrance, pour homicide involontaire a été ouverte par le parquet de Saint-Brieuc. La brigade de recherches et la brigade territoriale autonome de Pléneuf-Val-André, de la compagnie de gendarmerie de Saint-Brieuc, ainsi que la section de recherches de la gendarmerie maritime sont saisies de l’enquête.

    (†) Sollicitée ce mardi, l’entreprise RTE n’a pu être jointe.

    • À Erquy, la signalisation du chantier éolien fait l’objet d’une plainte après la mort d’une femme - Erquy - Le Télégramme
      https://www.letelegramme.fr/cotes-darmor/erquy/a-erquy-la-signalisation-du-chantier-eolien-fait-l-objet-d-une-plainte-


      Avant l’accident, le lieu où le canal a été creusé était matérialisé par des bouées jaunes. Depuis, des vigiles sont sur le site 24 h/24
      (Le Télégramme/Sylvie Vennegues)

      À Erquy, 48 heures après la mort par noyade d’une femme de 70 ans dans un canal rempli d’eau, plage de Caroual, sur le chantier du parc éolien de la baie de Saint-Brieuc, une plainte a été déposée pour mise en danger d’autrui par négligence. Le chantier a été arrêté.

      Mercredi après-midi, la plage de Caroual, à Erquy (22), avait retrouvé son habituelle quiétude printanière, 48 heures après la mort par noyade d’une Rennaise de 70 ans tombée dans une tranchée sur le chantier de raccordement du parc éolien en mer de la baie de Saint-Brieuc.

      Agents de sécurité sur place
      Depuis l’accident, seuls l’arrêt du chantier « pour les besoins de l’enquête » comme a confirmé par téléphone l’entreprise RTE et la présence de trois agents de sécurité, vêtus de gilets orange fluo, sur place, laissent à penser qu’un événement est survenu. « Dorénavant en effet, sept jours sur sept, 24 h sur 24 h, RTE va employer trois vigiles pour éviter au public de venir sur cette zone où sont creusés les canaux de passage des câbles » a indiqué, ce mercredi 4 mai, le maire d’Erquy, Henri Labbé, « ravagé » par le drame. « Depuis le début des travaux du parc éolien sur la plage, je dis qu’un jour ou l’autre, au vu de la fréquentation du site, il y aura un accident ! Quiconque peut avoir l’impression que les travaux sont terminés eh bien non, la preuve. La victime a chuté dans l’une des deux tranchées qui n’avait pas encore été comblée. Elle était au mauvais endroit au mauvais moment », déplore l’élu.


      L’association Gardez les Caps a déposé plainte pour mise en danger de la vie d’autrui par négligence (absence d’une signalisation visible et compréhensible, absence de surveillance sur une plage très fréquentée).
      (Le Télégramme/Sylvie Vennegues)

      « Les vigiles, c’est avant qu’il aurait fallu les mettre », fait remarquer cette riveraine. « Six bouées jaunes et cinq petits panneaux d’interdiction pour signaler la zone de travaux, c’est insuffisant pour alerter les gens, surtout ceux qui ne sont pas du coin ! »

      L’association Gardez Les Caps dépose plainte
      « Avec une bonne signalisation, c’était anticipable. Ce qui vient de se passer à Caroual, c’est atroce », lâche Katherine Pujol, la présidente de l’association Gardez les Caps !


      En haut de plage, cinq petits panneaux d’interdiction matérialise la zone de travaux large et longue de plusieurs centaines de mètres. (Le Télégramme/Sylvie Vennegues)

      « Quand vous ne connaissez pas les lieux, ce n’est pas la présence de quelques bouées jaunes à proximité des tranchées qui va vous interpeller sur la dangerosité du site. Aussi, l’association va-t-elle déposer plainte pour mise en danger de la vie d’autrui par négligence, absence d’une signalisation visible et compréhensible, absence de surveillance sur une plage très fréquentée. »

      Avec une bonne signalisation, c’était anticipable. Katherine Pujol, présidente de l’association Gardez les Caps.
      « La preuve qu’on ne peut pas mettre de l’éolien partout et n’importe comment, et, ce n’est pas juste une question de biodiversité mais aussi une question de sécurité. Depuis le début du projet, nous avons alerté sur le fait que l’éolien n’avait pas sa place dans la baie de Saint-Brieuc, à cause de sa roche, trop dure, de ses forts courants et de l’amplitude de ses marnages (). Lundi, jour de l’accident, il y avait près de 11 mètres de découvert sur la plage avec un coefficient de marée de 84. Depuis les travaux, se promener à marée basse le long de l’estran, c’est risqué. La preuve ! » déplore Katherine Pujol, très inquiète pour l’avenir, au point de s’interroger sur la réouverture complète de la plage de Caroual au public après les travaux. « En effet, la stabilité de la plage est sérieusement mise à mal ces temps derniers entre les marnages, les courants de fond et les travaux qui ont remanié le sable maintes et maintes fois. »

      Écart en mètres entre le point le plus haut et le point le plus bas de la mer lors d’une marée.

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  • Les Ukrainiens et les autres : le double langage de la politique migratoire grecque - Monde - Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/monde/les-ukrainiens-et-les-autres-le-double-langage-de-la-politique-migratoi


    AFP

    Plusieurs ONG dénoncent la différence de traitement opérée par la Grèce entre les réfugiés ukrainiens et les autres demandeurs d’asile fuyant la guerre. Un contraste saisissant avec la politique migratoire dissuasive du gouvernement grec conservateur.

    L’arrivée de milliers de réfugiés ukrainiens accueillis « à bras ouverts » en Grèce, montre une « claire séparation » avec les autres demandeurs d’asile fuyant guerres et misère, et dévoile le double langage de la politique migratoire grecque, dénoncent des ONG.

    Deux jours après l’invasion russe en Ukraine, le ton est donné quand le ministre grec des Migrations, Notis Mitarachi, qualifie les Ukrainiens de « vrais réfugiés », suscitant l’ire des ONG de défense des droits de l’homme.

    Quinze jours plus tard, le même ministre conservateur annonce que « la Grèce a les bras ouverts pour accueillir les Ukrainiens déplacés » et présente une série d’« initiatives » qui leur sont offertes, dont un site internet pour les « aider à trouver du travail ».

    Un langage en contraste saisissant avec la politique migratoire dissuasive que mène le gouvernement conservateur grec, soucieux de « réduire les flux » migratoires, mais aussi avec les conditions d’accueil des 32 600 demandeurs d’asile, en majorité afghans, séjournant dans les camps grecs.

    « Il y a une claire séparation entre les réfugiés ukrainiens et les demandeurs d’asile d’autres pays qui sont là depuis plusieurs années ou ceux qui continuent d’arriver de la Turquie voisine », s’indigne Pépi Papadimitriou, responsable de l’éducation dans le camp de Ritsona près d’Athènes, où vivent surtout des familles afghanes.

    « Des dizaines d’enfants du camp ne sont pas allés à l’école depuis leur arrivée en Grèce il y a trois ans et demi », déplore-t-elle à l’AFP.

    Rencontrée dans un camp de Serres, dans le nord du pays, l’Ukrainienne Irène, 39 ans, se dit au contraire « impressionnée par l’hospitalité des Grecs ». « On recommence à avoir une vie normale. Les enfants vont à l’école et ont déjà des amis- », dit à l’AFP cette exilée originaire de Vinnytsia, qui vit là depuis deux semaines avec ses deux enfants.

    Mais pour la centaine d’Afghans de ce camp, les choses sont bien différentes. « _Quand les Ukrainiens ont commencé à venir, on nous a dit de quitter la maison dans laquelle nous vivions et ils nous ont emmenés dans une autre zone du camp, dans un conteneur très sale. Pourquoi ? », se demande Shahran, 16 ans.

    Ce mineur est arrivé il y a un an à Serres, après deux années dans « la jungle » de Moria, le camp insalubre sur l’île de Lesbos détruit par les flammes en 2020.

    « Deux poids deux mesures »
    Cette politique « -deux poids deux mesures tourne en dérision les prétendues valeurs européennes communes d’égalité, d’État de droit et de dignité humaine- », fustige Bill Frelick, directeur du programme sur le droit des réfugiés de Human Rights Watch (HRW).

    Jusqu’ici plus de 17 000 Ukrainiens sont arrivés en Grèce. Deux camps leur ont été réservés à Serres et un autre à Elefsina, près d’Athènes, est « en cours de rénovation pour répondre à leurs besoins », explique Despina Baha, directrice du camp.

    Les mineurs non accompagnés d’autres origines qui y attendaient leurs papiers depuis des années ont été transférés dans « d’autres structures avant l’arrivée des Ukrainiens », précise-t-elle à l’AFP.

    Arrivée récemment d’Odessa au sud-ouest de l’Ukraine, Veronika Boholiubska s’y est installée avec sa fille et ses petits enfants.

    La quinquagénaire raconte à l’AFP avoir « vu sur Facebook que la Grèce accueillait des réfugiés et que l’accès était libre », avant de décider de prendre la route pour trouver un pays « sûr, comme la Grèce pour préparer l’arrivée prochaine » de sa famille.

    Pour Stella Nanou, porte-parole à Athènes du Haut commissariat des réfugiés (HCR) de l’ONU, « la solidarité manifestée par l’UE pour les réfugiés ukrainiens devrait servir d’exemple pour toutes les crises de réfugiés ». C’est selon elle la preuve que l’UE peut « avoir une approche organisée de l’asile ».

    Principale porte d’entrée des exilés en Europe pendant la crise migratoire de 2015, la Grèce connaît une réduction des arrivées depuis le tour de vis du gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis, au pouvoir depuis trois ans.

    En janvier, le nombre de migrants dans les camps a baissé de 49 % sur un an, sous l’effet de cette politique migratoire qui a limité les aides aux réfugiés, transformé les camps en « structures fermées et contrôlées », et réduit le nombre d’ONG leur venant en aide.

    « Alors que la Grèce accueille les Ukrainiens comme de vrais réfugiés, elle mène des refoulements cruels contre les Afghans et d’autres fuyant des guerres et des violences similaires », dénonce aussi Bill Frelick de HRW.

    Athènes, qui a ouvert une enquête à la demande de l’UE et du HCR, dément les allégations de refoulements illégaux de migrants, documentés par plusieurs ONG et médias.

  • Autonomie régionale : vers un grand soir breton ? - Réunification de la Bretagne - Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/dossiers/reunification-de-la-bretagne/autonomie-regionale-vers-un-grand-soir-breton-08-04-2022-12978947.php


    À l’origine du vœu voté en session, les élus autonomistes d’opposition du groupe Breizh à gleiz : Gaël Briand, Nil Caouissin, Aziliz Gouez, Valérie Tabart et Christian Guyonvarc’h.
    Philippe Créhange/Le Télégramme

    Le conseil régional de Bretagne a voté ce vendredi un vœu appelant à ouvrir des discussions avec l’État pour plus d’autonomie. Son objectif : obtenir une « part de pouvoir législatif et réglementaire ».

    Obtenir plus d’autonomie et de marges de manœuvre auprès d’un futur gouvernement pour mieux agir localement, mais jusqu’où aller ? Sans surprise, la question est au cœur de cette nouvelle journée de session au conseil régional de Bretagne, ce vendredi à Rennes, alors que le groupe d’opposition Breizh a gleiz a déposé comme prévu un vœu en ce sens, soutenu par les écologistes. Et pas la peine de patienter longtemps puisque, dès 8 h 30, l’élu autonomiste Gaël Briand profite des questions orales pour mettre le dossier sur la table. Objectif premier : demander à l’exécutif régional comment il compte s’y prendre pour ouvrir des discussions avec l’État afin d’acquérir de nouveaux droits. Une prise de parole qui permet aussi au Lorientais de développer la vision de son groupe.

    La Bretagne est prête, mature, pour s’engager sur ce chemin d’autonomie législative, réglementaire, fiscale

    « Nous entendons régulièrement que l’autonomie serait un délitement de la République. Mais c’est l’absence de reconnaissance, de respect, qui ne peut que créer un délitement. » Et pour Briand, « l’autonomie, c’est le partage du pouvoir législatif avec l’État. Le fédéralisme, c’est la construction d’un nouveau rapport entre la société et l’État. » Ce que sa collègue Aziliz Gouez ne manque pas de compléter, lors du dépôt à proprement parler du vœu en fin de matinée, en prenant modèle sur l’organisation fédérale de l’Espagne, l’Italie, la Belgique, l’Allemagne ou encore la Suisse.

    Alors bien sûr, l’élue nantaise ne cache pas que parler d’autonomie peut être un risque en France. « Nous sommes conscients du caractère sulfureux du terme », confie-t-elle. « Le fédéraliste, le girondin, est devenu l’ennemi de l’intérieur. Mais notre République française a besoin d’une évolution de son architecture institutionnelle. La Bretagne (dans l’esprit du groupe, Loire Atlantique comprise, NDLR) est prête, mature, pour s’engager sur ce chemin d’autonomie législative, réglementaire, fiscale. »

    La touche fédéraliste de trop
    Une vision quelque peu atténuée par l’exécutif puisque la notion de fédéralisme est au final gommé du texte initialement rédigé par Breizh a gleiz. « Le fédéralisme n’est pas un gros mot. Mais la notion nous gêne car dans la République qui est la nôtre, vouloir attendre qu’elle soit fédérale, c’est se condamner à ne pas la voir évoluer. Or on n’a pas le temps d’attendre », justifie le premier vice-président (PS) du conseil régional Michaël Quernez, interrogé par Le Télégramme. Et de préférer une « République des territoires » chère aux socialistes bretons. Sans pour autant vouloir réduire la portée d’un nouveau texte auquel la majorité de gauche adhère pleinement, votant pour le vœu de Breizh a gleiz.

    « Oui à la décentralisation, oui à la différenciation, oui à la déconcentration, oui à ce supplément d’âme qu’est l’autonomie », indiquait ainsi un peu plus tôt, et sans ambiguïté, le vice-président, sous les applaudissements de Breizh a gleiz. « Ce supplément d’âme est aujourd’hui vital pour que les collectivités, dont les régions, puissent agir avec efficacité. »

    La droite vote finalement pour
    Et sur les autres bancs ? Comme prévu, les centristes et macronistes de Nous la Bretagne abondent dans le sens du vœu, appelant à une « Assemblée de Bretagne ». A contrario, Gilles Pennelle, ne craignant pas de « passer pour le jacobin de service », engage son groupe (RN) dans un vote contre. « Le fédéralisme n’appartient pas à l’histoire française, à la culture politique française. Nous sommes attachés à l’égalité des droits sur le territoire national », explique-t-il.

    Fédéralisme, encore et toujours. C’est ce qui a d’ailleurs fait hésiter le groupe Droite, centre et régionalistes d’Isabelle Le Callennec. En début de semaine, la maire de Vitré indiquait ainsi au Télégramme qu’elle pourrait voter contre le vœu. Mais voilà, le mot fédéralisme ayant été gommé, il est désormais plus simple d’y adhérer. « Nous aurions pu introduire des nuances, des différences, ça n’aurait pas été déplacé. Mais il faut distinguer l’accessoire de l’essentiel. Et l’essentiel, c’est une Bretagne à cinq qui s’assume. N’ayons pas peur », souligne le costarmoricain Marc Le Fur, régionaliste convaincu.

    Si on n’a pas l’argent, on n’a pas le pouvoir
    Face à cette quasi-unanimité de l’hémicycle, le président PS de Région Loïg Chesnais-Girard ne cache pas sa satisfaction. « Ce texte donne de la force à cette Bretagne positive, sereine, consciente de sa capacité à agir. Il affirme notre volonté de pouvoir mieux répondre à nos concitoyens. »

    Reste que le patron de l’exécutif sait que le plus dur reste à faire. Convaincre un futur gouvernement - dont on ne connaît pas encore la couleur politique - d’ouvrir des discussions. Et, surtout, adosser des moyens. « Car si on n’a pas l’argent, on n’a pas le pouvoir. Sinon, ça s’appelle une chimère ou un fantasme », prévient l’élu breton.

  • « C’était ubuesque » : dans les coulisses du ministère de la Santé, pendant la crise du covid - Coronavirus - Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/coronavirus/c-etait-ubuesque-dans-les-coulisses-du-ministere-de-la-sante-pendant-la


    Olivier Véran est à la tête du ministère de la Santé.
    Photo illustration EPA

    Le journaliste Marc Payet raconte, dans un livre-enquête (), comment le ministère de la Santé a géré la crise sanitaire de l’intérieur. Lourdeurs administratives, rivalités internes, ratés, manque de moyens : les anecdotes, nombreuses, dressent un constat sévère.

    *Pourquoi qualifiez-vous le ministère de la Santé de « Ministère des bras cassés » ?
    Pour plusieurs raisons : parce qu’il y a eu un certain nombre de ratages dans ce ministère au début de la crise (sur le dépistage, les masques…) ; parce que c’est aussi un ministère à qui on a cassé des bras (ils ont de moins en moins de moyens ; à la Direction générale de santé par exemple, ils sont passés de 420 à 270 en 16 ans) et qui enregistre un grand nombre de « gueules cassées » (beaucoup de fonctionnaires ressortent de cette crise en burn-out, alors qu’ils ont tout donné). C’est un ministère qui a mené une « guerre » - pour reprendre les mots d’Emmanuel Macron - mais qui en ressort blessé. En off, dans les couloirs, les fonctionnaires de Bercy disaient aussi « à tiens, voilà les bras cassés » pour désigner ceux de la Santé.

    Que reproche-ton à ce ministère ?
    On reproche à Agnès Buzin, qui a vu venir le virus, de ne pas avoir pris les bonnes décisions à la mesure du risque. À Olivier Véran, de ne pas avoir su donner, au début, des masques et des équipements aux soignants. Plus généralement, les autres ministères reprochent aux fonctionnaires de la Santé de ne pas avoir été réactifs dans leurs prises de décision et d’avoir été trop bureaucratiques. Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée chargée de l’Industrie, m’a raconté que quand Bercy a voulu commander des masques, ils se sont cassé les dents face à Santé Publique France qui traînait des pieds, car l’agence voulait que ça soit validé par son conseil d’administration. Pour Bercy, c’était ubuesque et ça montrait toute la lourdeur et la lenteur de l’administration de la santé.

    Vous épinglez notamment l’ARS Bretagne. Pourquoi ?
    La maire de Rennes, Nathalie Appéré, m’a confié qu’en mars 2020, en pleine pénurie de masques, elle se rend compte qu’elle a 800 000 masques en stock. Elle veut les distribuer aux agents municipaux et à ceux des Ehpad. Mais elle est tombée sur un haut fonctionnaire de l’ARS Bretagne [Stéphane Mulliez, le directeur, NDLR] qui lui dit « Mais non, vous ne pouvez pas les distribuer ! Cela va créer des inégalités sur le territoire. En plus, les masques, ce n’est pas utile pour protéger la population. » On lui sort tout un tas d’arguments, même judiciaires, pour lui interdire de distribuer les masques. Cela a duré quinze jours avant que l’ARS change d’avis. Cet épisode montre qu’au début de la crise, l’administration de la santé a été inefficace. Elle était en panique, elle ne savait plus quoi faire, jusqu’à en prendre des décisions qui sont absurdes - même si elle se retranchait derrière les consignes de Paris et de l’OMS. On a des élus qui veulent faire bouger les choses, mais l’administration met des bâtons dans les roues ! Les personnels de l’État étaient, à ce moment-là, comme des généraux qui n’arrivait pas à mener la bataille, voire même étaient en perdition…

     Justement, vous racontez que l’administration a bien failli imploser au début…
    Richard Lizurey, qui a rédigé un rapport sur les six premiers mois de la crise, m’a raconté comment les dysfonctionnements ont été incroyables au tout début. À la cellule de crise interministérielle, il y avait tellement de courriels échangés que les messageries plantées ! Il y avait aussi des problèmes de communication, car les réseaux étaient saturés : résultat, les acteurs de terrain, notamment dans le Grand Est, n’arrivaient plus à faire remonter des informations urgentes et à joindre des gens à la cellule de crise. Dans la guerre, le combat était très difficile à mener. À cela s’ajoutent les rivalités internes. Ceux qui devaient mener la guerre, c’étaient les ARS, sous tutelle du ministère de la Santé. Mais les préfets, émanation de l’Intérieur, voulaient aussi en être. Donc on a eu une rivalité de compétences et ça a posé pleins de problèmes. Les uns et les autres se plaignaient et se dénigraient. Ça a été un vrai casse-tête. Dans les cellules de crise, ils étaient tous au pied du mur. L’administration toute seule n’arrivait plus. L’État était proche d’être nu.

    On apprend dans votre livre qu’Olivier Véran et Jérôme Salomon (le directeur de la DGS) ne s’apprécient pas. Cela a-t-il eu un impact sur la gestion de la crise ?
    Je ne sais pas si cela a eu un impact négatif : ils ont quand même fait une campagne de vaccination qui a bien marché. Mais c’est une réalité : ces deux personnages ne s’entendaient pas, ils ont été rivaux pendant la campagne de 2017 pour devenir le futur ministre de la Santé… Pendant la crise, Jérôme Salomon s’est retrouvé à faire des conférences de presse tous les soirs sur le suivi des chiffres de la covid. Il était très populaire, très identifié. Alors que le ministre était, lui, dans l’ombre. Olivier Véran a voulu changer cela : il a repris la main, pris la lumière et remis Salomon dans son bureau. Mais de nombreuses sources m’ont raconté que ces jeux d’influence et de rivalité ont compliqué le quotidien en interne.

    Le ministère de la Santé était en première ligne dans la crise. Était-il structuré pour ?
    Non, historiquement, le ministère de la Santé est faible. Il n’est pas fait pour être en première ligne, c’est plutôt le rôle de la Défense ou de l’Intérieur. Beaucoup de gens a haut niveau me l’ont dit : c’est un bon ministère en temps de paix, pas en temps de guerre. Sylvain Fort, l’ancienne plume de Macron, dit même qu’ils ont « été étonnés de voir à quel point le ministère était en vrac ; il était déserté par les énarques, ce sont surtout des apparatchiks aux manettes ». Il est aussi faible car il est au carrefour de lobbies puissants (médecins libéraux, pharmaciens, médecins hospitaliers…) qui ne veulent pas que le ministère soit trop fort pour pouvoir défendre leur intérêt. Pour suppléer à la défaillance de Ségur, une partie de la crise a fini par être gérée par d’autres : les préfets, Bercy, le conseil de défense, les conseillers d’Emmanuel Macron, le président lui-même…

    Vous racontez aussi que la bureaucratie de la santé, avec toutes ces procédures, a eu pour effet de retarder les prises de décision…
    Je me souviens d’un médecin qui m’a raconté que monter un centre de vaccination était un casse-tête. Beaucoup de paperasse, des dizaines de formulaires à remplir, qu’il fallait avoir plein d’autorisations… Des tracasseries sans nom ! L’administration était aussi très tatillonne : elle en était à demander « est-ce que votre frigo pour les vaccins fait du froid à 2 °C ou 2,2 °C ? Vous ne pouvez pas vérifier que ce n’est pas 2,4 °C ? »… La qualité c’est très bien, on ne peut pas leur reprocher ça, mais la qualité qui devient bureaucrate, ça devient un problème, car ça ralentit la riposte.

    Les fonctionnaires se cachaient-ils derrière les procédures administratives pour se prémunir de poursuites judiciaires ?
    Oui, car ils se disaient « si on a des inspections très pointues, on pourra peut-être nous reprocher telle ou telle chose ». C’était vrai lorsque les ARS ont transformé des services de réanimation pour accueillir plus de monde. C’était des services en « mode dégradé ». Ils disaient « qu’ils devaient prendre leur risque, car il fallait accueillir plus de gens ». Le ministère est composé de pleins de gens de bonne volonté, qui ont sauvé des vies et qui n’ont pas compté leur heure. Mais il y avait dans le même temps une peur de la poursuite judiciaire. Cela fait écho à tous les drames qu’a connus le ministère de la Santé, comme avec le sang contaminé ou l’affaire du Mediator. Pendant la crise, il y a eu aussi la Cour de justice de la République qui s’est mise a enquêté ou des inspecteurs de police qui ont déboulé dans le bureau de Véran pour perquisitionner. Ça paralyse l’action et explique les lenteurs dans la prise de décision.

    La crise n’a-t-elle pas mis en lumière le manque de moyens humains de ce ministère ? Il y a tellement peu de monde que vous qualifiez l’agence Santé Publique France de « désert de Gobi »…
    En France, on a toujours plus misé sur les moyens dans les hôpitaux que la santé publique (la prévention, l’épidémiologie, les masques). À Santé Publique France, il n’y avait que deux équivalents temps plein pour garder le stock stratégique des masques ! Deux personnes seulement en charge de tout l’approvisionnement des masques ! La suppression des postes de fonctionnaires (avec la RGPP, sous Sarkozy) a beaucoup impacté l’administration de la santé. On en paie le prix maintenant. On a beaucoup mis de moyens sur l’Intérieur et le terrorisme - qui sont des risques indéniables, certes - mais on a des effectifs qui ont fondu à la Santé.

    Ce qui explique pourquoi le gouvernement a dû avoir recours à des cabinets privés, comme McKinsey, pour gérer la crise, au prix de gros billets...
    Oui ! Ils ont donné beaucoup de budget à ces agences. Peut-être qu’ils travaillent très bien, mais s’ils ont dû en arriver là, c’est qu’il y avait un gros problème d’effectifs à la Santé.

    Vous distinguez deux périodes dans la crise. La première, jusqu’à février 2021, où l’administration enchaîne les ratages. La seconde, à partir de février 2021, où ça a mieux fonctionné. Pourquoi ?
    À partir de février 2021, ils ont appris de leur erreur et ont progressé. Au ministère de la Santé, ils ont réussi à se réorganiser. Ça s’est révélé efficace : la campagne vaccinale est montée en puissance à ce moment-là, le passe sanitaire a bien fonctionné. À partir de cette date, Emmanuel Macron a aussi arrêté de suivre les avis des scientifiques, qui demandaient de reconfiner le pays. Ça a permis de donner un cap plus clair et efficace. Mais là, au début de l’année 2022, ça recommence : ça redevient compliqué, avec l’Éducation nationale et les protocoles à l’école. Les fonctionnaires de la Santé le reconnaissent : c’est très compliqué avec le ministère de l’Éducation nationale, qui n’écoute personne.

    Que faut-il faire pour renforcer le ministère de la Santé ?
    Le ministère est composé de dizaines d’agences, très éparpillées : Santé Publique France, la Haute autorité de Santé, les ARS, le HCSP… C’est très bureaucratique et c’est un frein à la réactivité. Je pense qu’Emmanuel Macron et Olivier Véran auraient tout intérêt à réformer le ministère, à regrouper en une ou deux agences tout ce millefeuille administratif. Un rapport a demandé cette réforme, Macron a dit qu’il allait en tirer toutes les conséquences. Mais, pour l’instant, il ne l’a pas fait. Tant qu’on n’a pas fait cela, ça ne fonctionnera pas.

    « Le ministère des bras cassés », Marc Payet, Albin Michel, février 2022, 18,90 €.