Comment lutter contre le cybersexisme ? par Bérengère Stassin

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  • Comment lutter contre le cybersexisme ? par Bérengère Stassin | Vie publique.fr
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    Moqueries, insultes et menaces par messagerie ou SMS, pornodivulgation, sextorsion… Le sexisme et les violences en contexte numérique, le cybersexisme, est pluriel et touche surtout les femmes et certaines minorités. L’éducation nationale, le monde associatif et le législateur tentent de s’y opposer.

    Par Bérengère Stassin - Maîtresse de conférences, Université de Lorraine

    L’étude souligne aussi que parmi les 6% de jeunes qui s’adonnent au sexting (c’est-à-dire qui envoient des photos intimes à leur partenaire à des fins de séduction), 10% sont victimes de pornodivulgation (les photos sont diffusées sans leur consentement). Une étude européenne, conduite en 2017 par l’institut britannique Social Care Institute for Excellence (SCIE) auprès de plus de 3 200 adolescents âgés de 13 à 17 ans, chiffre à 6% le nombre de victimes et à 51% le nombre de témoins d’actes de pornodivulgation.

    Si cette violence touche aussi bien les garçons que les filles, les conséquences sont plus importantes pour ces dernières. En plus de voir leur intimité mise en ligne, elles subissent dans la plupart du temps une campagne de déconsidération les accusant de ne pas se conformer aux normes de respectabilité (en posant nue ou dénudée) et d’être des filles faciles. Elles se retrouvent alors coupables d’être victimes, un ressort classique de la culture du viol. Les normes de genre jouent un rôle important à l’adolescence et celles et ceux qui s’en écartent mettent leur réputation en péril. Le sexisme, qui cible les filles, cible également les garçons ne correspondant pas aux normes de virilité ainsi que les jeunes LGBT+.

    Par quels moyens et instruments peut-on lutter contre ces violences ?

    La cyberviolence étant présente dès l’adolescence, l’école joue de toute évidence un rôle central dans la prévention des comportements sexistes qu’ils aient lieu en ligne ou hors ligne. Depuis la loi de Refondation pour une École de la République du 8 juillet 2013, la promotion de l’égalité entre les filles et les garçons et la lutte contre toutes les formes de harcèlement (sexiste, raciste, homophobe) sont présentées comme une priorité. Dans le cas du cybersexisme, il convient à la fois de prévenir le sexisme, mais de faire aussi prendre conscience aux élèves de l’importance de faire preuve d’esprit critique dans le cadre de leurs activités numériques : réfléchir avant de relayer ou partager un contenu, respecter le droit à l’image et à la vie privée d’autrui, etc.

    #Cybersexisme #Cyberharcèlement #Bérengère_Stassin

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    Moqueries, insultes et menaces par messagerie ou SMS, pornodivulgation, sextorsion… Le sexisme et les violences en contexte numérique, le cybersexisme, est pluriel et touche surtout les femmes et certaines minorités. L’éducation nationale, le monde associatif et le législateur tentent de s’y opposer.

    Par Bérengère Stassin - Maîtresse de conférences, Université de Lorraine

    Si cette violence touche aussi bien les garçons que les filles, les conséquences sont plus importantes pour ces dernières. En plus de voir leur intimité mise en ligne, elles subissent dans la plupart du temps une campagne de déconsidération les accusant de ne pas se conformer aux normes de respectabilité (en posant nue ou dénudée) et d’être des filles faciles. Elles se retrouvent alors coupables d’être victimes, un ressort classique de la culture du viol. Les normes de genre jouent un rôle important à l’adolescence et celles et ceux qui s’en écartent mettent leur réputation en péril. Le sexisme, qui cible les filles, cible également les garçons ne correspondant pas aux normes de virilité ainsi que les jeunes LGBT+.

    Enfin, les outils numériques sont devenus un nouveau moyen de contrôle, de domination et d’humiliation pour des conjoints (ou ex-conjoints) violents comme le met en exergue une autre étude du Centre Hubertine Auclert ("Cyberviolences conjugales" – 2018, Centre Hubertine Auclert et Observatoire régional des violences faites aux femmes, 2018) conduite en 2018 et dédiée cette fois à la « cyberviolence conjugale » : piratage de messagerie, installation de logiciel espion sur un ordinateur ou téléphone portable, changement de mot de passe non consenti pour bloquer l’accès à un compte administratif, envoi de messages insultants ou menaçants, pornodivulgation. L’étude fait également mention d’une possible instrumentalisation des enfants qui sont alors contactés par le père pour surveiller la mère après la séparation.

    Différents dispositifs ont été développés en ce sens : le Parcours Citoyen, l’enseignement moral et civique (EMC) et l’éducation aux médias et à l’information (EMI). L’enjeu de ces dispositifs est d’apprendre aux élèves à dépasser les stéréotypes et les préjugés véhiculés au sein de la société, des médias, de la publicité ou encore de la pornographie, et de leur apprendre à publier de l’information de manière éthique, sûre et responsable. La pornodivulgation est un phénomène pris au sérieux par l’Éducation nationale qui en a d’ailleurs fait en 2018 la thématique principale de sa journée de mobilisation nationale contre le harcèlement scolaire. Un clip de prévention, intitulé « une photo c’est perso, la partager c’est harceler », revenait sur les mécanismes de cette cyberviolence et sur les conséquences, parfois tragiques, qu’elle pouvait avoir sur les jeunes filles qui en étaient victimes.