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  • Erica Moret : « Les #sanctions contre la Russie sont sans précédent » | Alternatives Economiques
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    Le pouvoir des #Etats-Unis est dans tous les sens du terme monstrueux

    Quand les sanctions sont ciblées, l’aide humanitaire est-elle vraiment épargnée ?

    E. M. : Toutes les sanctions ciblées autorisent en théorie l’aide humanitaire (nourriture, médicaments) à entrer dans le pays concerné. Mais en pratique, les banques et les institutions financières étrangères arrêtent parfois toute relation avec ce dernier par peur d’être condamnées pour des activités qu’elles pensaient légales.

    Les entreprises produisant des biens essentiels se retirent également parfois des pays à « hauts risques » frappés par des sanctions. Ce processus de « sur-conformité » est déjà à l’œuvre en Russie, où plusieurs entreprises multinationales ont décidé de se retirer. Cet effet paralysant commence aussi à avoir un impact sur les transactions financières et le commerce, et va probablement s’empirer.

    Il faut dire que dans le passé, certaines banques comme la BNP Paribas, le Crédit agricole, l’allemande Commerzbank ou la britannique HSBC ont été condamnées à des amendes de plusieurs milliards de dollars par les Etats-Unis pour avoir enfreint des sanctions édictées par ces derniers contre divers pays. Résultat : régulièrement, des organisations non gouvernementales (ONG) qui travaillent aujourd’hui dans des pays sous sanctions, comme la Syrie ou l’Iran, n’arrivent pas à importer les produits humanitaires nécessaires ou à payer leurs employés locaux, car les banques ne leur offrent plus leurs services normaux.
    Les institutions financières internationales, comme le Fonds monétaire international ou la Banque mondiale, dénoncent cette situation – appelée « derisking » en anglais – mais la prudence des banques tend à l’emporter. Dans le cas russe, des plateformes spécialisées dans les envois de fonds des migrants ont déjà commencé à se retirer. Cela aura des effets dévastateurs car la population russe est très dépendante de ces envois d’argent de la part de ses émigrés.

    A quel moment un pays qui a décidé d’imposer des sanctions doit-il y mettre fin ?

    E. M. : C’est une question que se posent tous les diplomates chargés d’appliquer ce genre de mesures. Certaines sanctions sont plus faciles à lever que d’autres. Dans le cas des Etats-Unis, il est plus facile de mettre fin à des sanctions instaurées par un executive order, c’est-à-dire décidées par le Président seul, qu’à celles qui sont imposées par le Congrès, car il faut réunir une majorité. Or, pour que des négociations politiques avec un pays sanctionné puissent réussir, il faut que le gouvernement de l’Etat qui sanctionne ait la possibilité de lever progressivement ces mesures punitives afin d’encourager le premier à changer peu à peu de comportement. Dans le cas contraire, le pays ciblé ne bougera pas.