• I.6. Alexandre Douguine, un heideggerisme à la fois assumé et dissimulé | Cairn.info
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    En bonne logique heideggerienne, l’arsenal antijuif et anti-occidental explicitement mobilisé par Douguine l’est au prix d’une dissimulation de l’ampleur de cet antisémitisme et de sa radicalité, et notamment de sa portée antichrétienne, de ses incompatibilités avec la Tradition, et de son mépris pour le réel historique concret des civilisations slaves. C’est Heidegger lui-même qui, dans ses Cahiers noirs, a théorisé la nécessité de la trahison des proches dans le combat contre l’ennemi. Le penseur, selon lui, ne va pas en effet sans un ennemi contre lequel il se dresse, mais il s’agit aussi pour lui de reconnaître et combattre l’ennemi au cœur du proche :

    Voué à la philosophie, le penseur fait front face à un ennemi – l’anti-Être de l’étant (Unwesen des Seienden), qui nie sa présence en étantifiant – qui, sans jamais cesser d’être hostile, se révèle appartenir à ce qui doit être de fond en comble l’ami du penseur – l’essence de l’Être (Wesen des Seyns). Et parce qu’il n’est pas possible de se défiler devant l’ennemi, et parce que la fiabilité envers l’ami est tout, le penseur a une ambivalence insoutenable, mais qui lui est fondamentale, envers l’unique patrie.