« J’ai compris que j’étais pauvre en arrivant au lycée Henri-IV »

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  • « La première fois que j’ai compris qu’il existait des lycées plus réputés que d’autres, c’était en discutant avec ma professeure de français de 3e, au collège Lamartine de Crémieu (Isère). Elle m’incitait à postuler dans un lycée plus prestigieux que celui de mon secteur, expliquant que ma moyenne - entre 18 et 19 - me le permettait. »
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    « En dehors de ce cadre pédagogique hors du commun, le choc social est violent. J’ai compris que j’étais pauvre en arrivant à Henri-IV. Car si « H4 » est, comme l’affirment certains, un temple de la méritocratie républicaine, comment expliquer la concentration de grands noms et des « fils et filles de » parmi les élèves ? Suffit-il d’être bien né pour être brillant ? Parmi les élèves de 2de, il y avait des enfants de ministres, de grands patrons, de journalistes connus. Dans ma classe, nous n’étions que deux à avoir été repêchés de province, avec quelques élèves de banlieue parisienne. »
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    « Sans cette sélection sur dossier à Henri-IV et ce régime d’exception accordé à deux lycées parisiens, je n’aurais jamais pu accomplir cette trajectoire. Mais je ne suis qu’une des exceptions qui confirment la règle. Depuis quelques semaines, je lis avec embarras les tribunes d’anciens élèves et de parents d’élèves qui voudraient faire passer Henri-IV pour un modèle de mixité sociale et de méritocratie. C’est évidemment faux ! »
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    https://www.lemonde.fr/campus/article/2022/03/14/j-ai-compris-que-j-etais-pauvre-en-arrivant-au-lycee-henri-iv_6117481_440146

    #education #elite #oligarchie #égalité #prepa #etudesup #reproduction

    • Je bifurque, mais tout le système scolaire français sent la naphtaline, c’est bien l’hypocrisie de l’école française dite républicaine mais est en fait élitiste dont les rouages actuels ne font qu’accroitre les inégalités sociales.

      J’en ai pour preuve ma progéniture, entrée en seconde dans un lycée où j’ai fini par comprendre en discutant avec la directrice et les profs que les élèves boursiers avaient été regroupés dans une classe quant les autres profitaient de cours, de profs et surtout de considération bien différentes, avec des primes de type voyages à l’étranger et d’autres espoirs et investissements de la part de l’équipe pédagogique. Ce lycée distinguait donc bien les cochons des tourterelles. Et pour comprendre aussi ce mépris de classe, les élèves boursiers en france cumulent des points supplémentaires pour le passage en classe supérieure, donc ils passent parfois sans avoir le niveau suffisant. (faudrait aussi se poser des questions sur ce nivellement et ce qu’il induit de mépris d’un niveau à l’autre) Mais cette classe était donc celle des mauvais élèves et des pauvres, et d’après ma fille, malgré de bons profs, le niveau était nul et tous les cours perturbés par des comportements puérils. La directrice avait bien dit, lorsque L. avait voulu changer de classe pour pouvoir faire des arts plastiques : « Tu sais, ça ne va pas être possible, tu manques d’assurance, et dans l’autre classe, ils ont tout pour eux, non seulement un très bon niveau mais ils sont sûrs d’eux. »
      Et de fait, tu voyais qu’ils étaient à l’aise et bien intégrés, ne serait-ce que par leurs beaux vêtements et la façon de se bouger. Et non, ce n’est pas une histoire du XVIIIem siècle, c’est la france d’aujourd’hui dans toute sa duplicité démocratique mon cul.

    • Ma gosse a grandi dans une zone rurale de relégation où les gosses savent très tôt qu’ils n’iront pas loin (très littéralement). Dès la fin de 5e, les parents demandent pour les CAP et l’apprentissage.
      Quand on a demandé l’intégration de notre fille dans un lycée avec Arts Appliqués, on a compris que ce genre de demande n’était par du tout prévu, par personne, à aucun moment. Les bouseux ne font pas d’art. Point.

    • Apprentissage : en 2019, l’Assurance maladie a recensé 10 301 accidents du travail d’apprentis.
      Plus d’un par heure.
      A cela s’ajoutent 3110 accidents de trajet.
      Au total ce sont 15 apprentis qui sont décédés en une année du fait du travail (12 dans des accidents de trajet).