Toute une partie du Web3 me semble répéter un vieux fantasme des ultras du droit d’auteur sur l’internet, né à la fin des années 90.
L’idée était :
– d’abord il faut une preuve d’antériorité, ou de « propriété », sur tout contenu Web, de façon à pouvoir défendre l’aspect patrimonial du droit d’auteur sur ces contenus ;
– ensuite fantasmer sur les micro-paiements qui deviendraient ubiquitaires et automatisés ;
– et donc à chaque fois que tu visites un contenu, puisque ce contenu forcément relève d’un droit d’auteur, hop tu rémunères le propriétaire du contenu ;
– mais comme pour produire ce contenu, les auteurs vont sans doute utiliser du contenu lui-même protégé (un article utilise une photo, un film utilise une musique, etc.), hop on met en place une chaîne automatisée de rémunération des différents auteurs ;
– et si on va par là, chaque participant au réseau, dans la logique du Web 2.0, devenant à la fois curator et auteur, hop lui-même produit du droit d’auteur et reproduit du contenu protégé, donc hop hop en permanence toute activité sur le Web devient une source de micro-rémunérations sur l’ensemble de la chaîne.
Une forme d’ultra-libéralisme dans laquelle absolument toute activité via le Web devient en fait un échange marchand, sur la base d’une lecture intégrale du droit d’auteur, permis par des micro-transactions automatisées.
Si on ajoute un autre fantasme qui serait que chaque individu devrait marchandiser l’accès à sa vie privée, on tient effectivement un mode d’emploi pour paver l’enfer de mauvaises intentions.