Tout ce qui fume n’est pas feu

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    Écrit en pleine "crise" du covid19, ce texte aborde la question du complotisme et du rapport que nos milieux (anti-autoritaires/libertaires/autonomes) entretiennent avec ce système de pensée.

    Sommaire :
    1. Confusionnisme, complotisme et conspirationnisme, tentative de définitions
    2. Quelques théories conspirationnistes qui ont influencé l’Histoire
    3. Deux grands récits conspirationnistes mainstream actuels : QAnon et le « grand remplacement »
    4. New-Age, « santé alternative », fascisme, clics et fric
    5. Face aux complotismes, refuser le rôle de procureur ?
    6. Ne pas laisser de place au complotisme dans nos luttes et nos milieux
    Pour poursuivre, quelques ressources…

    #gauche #émancipation #complotisme #confusionnisme #covid #new_age

    • À propos de l’accusation de mépris de classe, d’une part il apparaît difficile d’affirmer que les complotistes seraient si largement des prolétaires. Les CSP+ ne sont pas en reste lorsqu’il s’agit de diffuser des théories complotistes comme le montrent les exemples cités au fil du texte [15]. Les propagandistes savent très bien quels discours ilselles produisent, quels actes ilselles encouragent. D’autre part, le mépris de classe se place justement dans le fait de croire qu’il n’y a parmi les conspis que des classes populaires et laborieuses sans repère politique et saisissant tout ce qui est à leur portée pour critiquer et attaquer les pouvoirs. En sorte, un retour à l’idée d’un lumpenproletariat intrinsèquement contre-révolutionnaire. Cela participe à dépolitiser leurs actions. Je pense qu’au contraire, bien que la dépolitisation et le manque de culture politique jouent dans leur succès, certainement qu’une bonne part de leurs adeptes savent à quoi ilselles adhèrent. J’ai du mal à imaginer qu’en 2021 on puisse sans le vouloir valider des discours racistes, antisémites, LGBTIphobe, etc. Pourtant c’est ce qui arrive à certaines personnes [16]. Notre rôle devrait alors être, au lieu d’avoir une sorte de complaisance avec ces théories et ceux qui y adhèrent, de lutter encore et toujours pour défendre et diffuser nos idées, ce qui demande de ne pas reprendre la rhétorique et les expressions diffusées par les complotistes mais au contraire de repolitiser le réel et nos discours.

      […]

      Pour autant, et comme on l’a vu auparavant le complotisme est un mode de pensée politique à part entière. Rejeter ce terme parce que nos ennemi⋅es l’utilisent c’est ajouter à la confusion en nous privant d’un mot pour décrire et comprendre un courant politique contemporain actif. De plus il est bien malheureux d’utiliser comme dans « Au procès des complotistes, nous ne soutiendrons pas les procureurs » la technique rhétorique consistant à s’auto-assigner pour empêcher les critiques : « ah mais si je dis ça on va dire que je suis complotiste ! » Technique qui se trouve être justement utilisée jusqu’à plus soif par les complotistes et au passage, par l’extrême-droite : « on ne peut plus rien dire ! On va dire que je suis un fasciste si je dis ça ! Ce n’est pas être raciste de dire ça ! ». Rien d’étonnant si l’on voit les liens existants entre complotismes et extrêmes-droites.