« Désinformation économique » : les statistiques sont-elles vraiment fiables ?

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  • ​DÉSINFORMATION ÉCONOMIQUE

    Repérer les stratégies marketing qui enjolivent les chiffres officiels.

    S’informer aujourd’hui ne va plus de soi : L’info économique en particulier, qui concerne nos salaires, notre épargne, nos réelles possibilités d’achat immobilier, nos retraites, est entachée de nombreuses distorsions. Taux de chômage et inflation sous-estimés, comptes d’entreprises peu objectifs, performances boursières gonflées, banques centrales politisées, statistiques embellies, rapports édités, cours de l’or manipulés, conflits d’intérêt non divulgués... Impossible de se contenter des communiqués tels quels si l’on veut un reflet objectif de la situation actuelle, de nos perspectives futures et de notre pouvoir d’achat effectif.

    Connaissez-vous votre véritable pouvoir d’achat ? Non, car l’indice d’inflation sous-estime certains coûts comme le logement et ne reflète pas le coût de la vie. Qu’en est-il de la statistique du chômage ? Elle exclut les chômeurs découragés, les inactifs, et n’informe pas sur le mal-emploi et le sous-emploi. Et les PIB des grands pays ? Ils sont souvent surestimés. La dette financière ? Sous-estimée. Les taux d’intérêt ? Ils ne reflètent plus le marché. Les principales monnaies ? Leur dévaluation passe inaperçue, sauf face à l’or… dont les cours sont manipulés. Et les rapports annuels des entreprises ? S’ils peuvent faire 500 pages, le marketing y dépasse parfois le reporting, et l’essentiel n’y figure pas toujours.

    On l’imagine réservée aux régimes autoritaires, mais la désinformation économique existe aussi dans les pays développés. Les statistiques officielles ne reflètent pas toujours l’expérience du plus grand nombre. La politisation des chiffres et l’embellissement des statistiques sont une réalité, souvent masquée par l’extrême mathématisation des calculs. On croirait presque qu’il s’agit de sciences dures, qui seraient apolitiques ; rien n’est plus faux. Derrière chaque chiffre, il y a des hypothèses et des choix de société. Outre la barrière technique, l’indépendance de l’information est menacée par l’essor fulgurant de la communication, du marketing et de la propagande idéologique et militaire du XXIe siècle.

    Vous avez sans doute vu vous aussi des articles qui vous martèlent régulièrement qu’"il n’y a pas d’alternative au dollar". Ces plaidoyers manquent d’objectivité. La guerre russe en Ukraine accélère la déglobalisation et redéfinit la notion même de monnaie de réserve. Déjà depuis des années, le maintien du régime dollar ne se fait plus qu’à un coût militaire et géopolitique exorbitant, et ne résulte plus des seules forces du marché.

    Ces articles qui vous martèlent que le "roi dollar est indétrônable" restent évasifs sur les faits et les chiffres. Ils vous disent que le dollar représente 59% des réserves des banques centrales contre 20% pour l’euro, mais ne rappellent pas que cette part du dollar a décliné de 73% en 2001 à 59%.

    Ils ne vous disent pas que la part des Etats-Unis dans le commerce international est inférieure à 10% aujourd’hui. Qu’entre 1948 et 2020, la part des USA dans les exportations de marchandises est passée de 22% à 8%, pendant que celle de la Chine passait de 0.9% à 15%. Qu’entre 1960 et 2021, la part des Etats-Unis dans le PIB global est passée de 40% à 15.8%. Qu’il faut 2 fois plus de dollars pour acheter la même once d’or aujourd’hui qu’en 2016, et 3 fois plus qu’en 2008, signe d’une dévaluation rapide, prix de l’abus de planche à billets.

    On a parlé de notre pouvoir d’achat gonflé par les indices, de ce taux chômage sous-estimé qui nous vend l’illusion du plein-emploi, de cette hausse boursière subventionnée, qui n’a profité qu’à une minorité, de ces fausses promesses d’accès à la propriété pour les jeunes couples, de ce système libéral qui n’a jamais été aussi illibéral, bref de toutes ces distorsions économiques qui accroissent le risque de tensions sociales dans nos pays développés...

    Guerres, pandémies, krachs : les populations payent les crises, les profits sont absorbés par les privés.

    Myret Zaki

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    IL EST URGENT DE PARER AUX FAKE NEWS ÉCONOMIQUES

    Avons-nous une information économique indépendante ?

    Une statistique de l’inflation qui, dans les pays développés, n’informe pas sur le coût de la vie, car elle exclut à peu près tout ce qui monte (assurances, logement, bourse, et dont l’indice étroit exclut l’alimentation et l’énergie) : qu’est-ce que cela apporte, à part une image lustrée, peu en phase avec le quotidien de millions de ménages et peu propice à une adaptation des salaires ?
    Vous avez peut-être constaté que vos avoirs de 2ème pilier n’avaient pas beaucoup bénéficié de l’envolée phénoménale de la bourse ces dix dernières années. La priorité des caisses de pension a été d’alimenter les réserves pour longévité, et c’est tant mieux, mais ça met à mal le lieu commun qui veut que « quand la bourse monte, on est tous gagnants ».

    Les salariés, grands perdants du siècle.

    Vous saviez peut-être qu’à cotisations égales, les assurés d’aujourd’hui toucheront 30% moins de deuxième pilier que les générations précédentes. Et que la part de la population directement exposée à la bourse via des portefeuilles d’investissements ne dépasse pas les 10% aux Etats-Unis et probablement aussi en Europe, confirmant que la bourse n’est pas une richesse collective et que la stagnation des salaires a détérioré le pouvoir d’achat de ceux, largement majoritaires, qui dépendent exclusivement de ce revenu.

    Peut-être avez-vous également noté que les chiffres du chômage en Suisse, donnés à 2,5%, n’incluent pas les inactifs et les fins de droit, sortis des statistiques, et ne tiennent pas compte du phénomène de sous-emploi, des CDD chez les jeunes ou du chômage des seniors, qui sont en nette hausse.
    Tout cela pour dire que la désinformation économique existe dans les pays développés. Les statistiques officielles sont aussi enjolivées, parfois : les déficits budgétaires européens ont été retouchés par tous les pays de l’UE, et pas seulement par la Grèce. On fait dire beaucoup de choses à une statistique de PIB, alors que sa croissance est souvent surestimée par une inflation calculée trop bas.

    On publie le chiffre initial du PIB, puis sa version révisée et plus correcte vient plus tard ; mais seul le chiffre initial, souvent trop flatteur, sera largement diffusé. Un PIB devrait être complété par nombre d’indicateurs démographiques et de développement humain si l’on veut avoir une image réaliste de la performance d’un pays.

    Du côté corporate, lorsqu’on lit un rapport annuel d’entreprise, on comprend vite que tant de transparence va nous noyer. Parfois, certains rapports annuels font 500 pages, et pourtant, l’essentiel n’y figure pas toujours, ou n’est pas facile à trouver. Les comptes de Credit Suisse ne disaient rien de l’exposition au fonds spéculatif Archegos, qui lui a valu une perte de 5 milliards.

    Les comptes d’UBS ne disaient pas un mot de l’exposition aux subprimes américains, qui a duré des années et a constitué une part majeure des profits du groupe. Chez la plupart des multinationales, beaucoup trop de pages technico-légales noient l’information pertinente des comptes, et encore plus de pages sur la responsabilité sociale et environnementale assomment le lecteur par un marketing qui confine dans certains cas au greenwashing.

    Myret Zaki (extraits)

    FAILLITE DE LA LOGIQUE MARCHANDE

    La pandémie a révélé tout le passif d’un système orienté profit mais faible au plan de la responsabilité sociale et du souci de l’intérêt général. Mais comme le système financier en particulier sera une fois de plus sauvé par la planche à billets, l’impulsion manquera pour engager des réformes de fond.

    On aurait pu critiquer cent ans les manquements du système économique toujours plus inégalitaire qui régit le monde globalisé. En rappelant combien ce système favorise les grandes entreprises par rapport aux petites, et les gros salaires par rapport aux petits. Combien il récompense mieux le capital que le travail. Combien il préfère l’endettement aux progressions salariales. Combien il accélère le changement climatique sans allouer les ressources suffisantes à la transition énergétique. Combien il favorise un productivisme extrême, notamment dans le secteur hospitalier, qui épuise le personnel et rabote le nombre de lits. Combien il favorise l’alimentation industrielle et son lot d’antibiotiques, d’additifs ou d’hormones. Combien il favorise les maladies du travail liées au stress, la prise d’opioïdes et autres psychotropes, plutôt qu’une véritable politique de santé publique. Combien la course au profit est aussi le moteur de l’épidémie d’obésité. Et combien l’ensemble de ces maux accroissent les maladies, affaiblissent le système immunitaire et le rendent tributaire de médicaments et de vaccins, qui enrichissent les géants de la pharma.

    Et en disant tout cela, on aurait prêché cent ans dans le désert. Mais la pandémie mondiale de coronavirus est venue révéler, de manière bien plus éloquente, la somme de toutes ces failles du système et avec elles, les conséquences de certaines politiques économiques, de certains choix de société et d’une certaine vision du monde, toujours plus orientée vers le profit plutôt que vers le bien-être social, malgré les discours vantant la responsabilité sociale et environnementale.

    SERVICES PUBLICS ET MÉDIAS DÉLAISSÉS

    La pandémie nous montre combien la logique marchande qui est montée en force depuis quelques décennies nous a éloignés de politiques d’intérêt général et a dégarni les services publics et délaissé l’économie locale, menant à des issues socialement absurdes.

    D’un côté, les compagnies aériennes, jugées essentielles à l’économie, bénéficieront d’une aide spécifique de la Confédération et se verront avancer les liquidités nécessaires à leur reprise d’activité, sans même s’engager en direction d’une transition écologique nécessaire. Le secteur bancaire suisse et international, lui aussi, a bénéficié d’une aide massive apportée aux activités de gestion et de marchés, grâce aux injections de liquidités sans précédent des principales banques centrales.

    D’un autre côté, les médias sont laissés à leur sort. Alors que le secteur de l’information joue un rôle public de premier plan pour tenir au fait la population, la logique financière impose aux éditeurs de journaux des coupes drastiques dans les effectifs et dans les moyens des rédactions, au motif que leur chiffre d’affaires publicitaire baisse. Un média, bien qu’il serve l’intérêt public, est censé dégager des profits, et au minimum couvrir ses coûts, à l’instar d’une marchandise ordinaire. En Suisse, cette logique a également prévalu dans la décision du Conseil fédéral de ne pas soutenir directement ce secteur, bien qu’il représente un droit fondamental des citoyens, le droit à l’information.

    Toujours en Suisse, les petits agriculteurs et les petites entreprises, eux aussi, n’ont pas reçu d’aide suffisante ou adéquate, sachant que leur situation était déjà fragilisée avant cette crise. D’un côté, les producteurs agricoles ont été pour l’essentiel liés par des accords d’exclusivité avec les gros distributeurs, leur interdisant de fournir directement la population en produits frais tels que fruits et légumes, au moment même où les gros distributeurs n’arrivaient plus du tout à suivre les commandes et à livrer les consommateurs dans des délais raisonnables. Cette crise aurait pu profiter à l’agriculture de proximité et aux producteurs locaux, mais ce n’est pas le cas.

    De leur côté, les petits indépendants qui ont dû fermer leurs commerces ont certes obtenu des indemnités et allocations correspondant à leurs cotisations sociales, mais ils ont été priés, pour le reste, de s’endetter pour payer les loyers commerciaux, qui restent dûs malgré la fermeture de leurs magasins. Dans leur cas, l’endettement est un lourd fardeau qui pèsera sur leurs épaules des années durant. Les temps étaient déjà difficiles pour les commerçants, qui souffrent depuis des années de la concurrence fatale de l’e-commerce.

    L’économie réelle, celle des salariés non indexés à la bourse, et des épargnants de la classe moyenne, sera la plus impactée par cette crise. Pour les petits épargnants et les retraités, la politique des taux négatifs avait déjà radicalement modifié la donne. Les bas de laine qui étaient auparavant placés en obligations sûres, touchaient un rendement sans prise de risque. C’était ce qu’on pouvait appeler la rente du pauvre. Depuis quelques années, les taux négatifs ont supprimé les rendements sans risque de l’épargne, que ce soit pour les avoirs placés à la banque ou pour les capitaux de retraite gérés par les caisses de pension. Avec une épargne érodée, des coups durs comme cette pandémie majeure ne font que raboter davantage la sécurité financière de la classe moyenne.

    D’un autre côté, les actionnaires restent prioritaires, même après des années de rendements records : par exemple, UBS et Credit Suisse, auxquels on reprochait comme à d’autres groupes de verser des dividendes élevés en ces temps de crise, ont résolu le problème en les versant en deux tranches séparées, plutôt qu’en y renonçant pour utiliser ces fonds pour préserver les emplois et les salaires. Les bénéfices des grands groupes s’étaient déjà nettement plus traduits par des versements de dividendes que par des revalorisations de salaires, durant la décennie écoulée.

    DES HÔPITAUX DEVENUS CENTRES DE PROFIT

    Mais l’illustration la plus éloquente du déficit en responsabilité sociale nous est fournie par le secteur des hôpitaux. Le secteur de la santé, confronté à la même logique marchande, préférait lui aussi ne plus avoir de centres de coûts, uniquement des centres de profits : pour rendre les hôpitaux plus rentables, on avait partout réduit le nombre de lits d’hospitalisation à temps complet ces 40 dernières années. L’objectif était de renvoyer le patient chez lui à la seconde où c’était envisageable et d’assurer une rotation maximale des lits. Entre 1998 et 2018, le nombre de lits pour 1000 habitants est passé de 6,3 à 4,5 en Suisse.

    En France, où existent des chiffres pour 1980, il y avait alors 11 lits pour 1000 habitants, ce qui donne une idée du changement de normes qui s’est opéré. Aujourd’hui, la France a divisé ce ratio par deux (6,5). Aux USA, il y avait 8 lits /°° en 1970, 6 lits en 1980, et moins de 3 aujourd’hui. De même, l’investissement dans le personnel infirmier était insuffisant partout dans le monde avant la crise. On avait réduit les effectifs dans les soins à la portion congrue, et des grèves et burnouts ne cessaient de ponctuer la vie de la profession infirmière.

    Le monde s’est aussi éveillé à l’impensable pénurie complète de masques, les mêmes calculs d’épicier l’ayant privé des protections anti-virus les plus basiques : pour libérer quelques surfaces, pour économiser quelques charges, on avait sacrifié de gigantesques stocks de masques chirurgicaux et de solutions désinfectantes. Le monde du flux tendu (ou du juste-à-temps) est par définition antinomique à la notion de stocks.

    On l’aura compris, les services hospitaliers dégarnis ne sont que le révélateur d’un « business model » social plus vaste, qui alloue les ressources de façon peu sociale et peu inclusive. Les ressources ont été sous-allouées à tout ce qui concerne le bien-être général et sur-allouées à d’autres activités, moins collectives, moins d’intérêt public, mais très gourmandes en création monétaire, en particulier le système financier. Autant les secteurs précités ont reçu peu, autant le système financier a reçu, en 2008, des aides incalculables qui ont abouti au surendettement de la plupart des pays de l’OCDE.

    AVEC LA PLANCHE À BILLETS, RIEN NE SERA APPRIS

    Cette situation se répète aujourd’hui. Depuis septembre dernier, le marché américain du crédit à court terme a connu une crise de liquidités, peu ou pas expliquée, qui a justifié un soutien massif de la banque centrale américaine. On assiste au sauvetage – devenu permanent - des marchés du crédit financier, à savoir les emprunts au jour le jour, destinés à financer les investissements spéculatifs de gérants de fonds, véhicules hors bilan, traders à haute fréquence, hedge funds, négociants, fonds quantitatifs. Un univers spéculatif qui dépasse aujourd’hui même la taille des bilans bancaires.

    L’arrivée de la crise en février a fourni le prétexte de décupler ces subventions déjà considérables au « casino boursier », et les prêts au système financier se chiffrent en plusieurs milliers de milliards depuis quelques semaines. Ici, il faut souligner une différence majeure. Tandis que les décisions d’allouer des ressources aux petites entreprises et à l’économie réelle font en général l’objet d’un examen public méticuleux et doivent passer par les parlements et faire l’objet de compromis, les décisions de refinancer les marchés financiers, elles, se prennent en quelques heures et ne font l’objet d’aucune consultation populaire, bien qu’elles impliquent un endettement public supplémentaire lié à l’émission de titres.

    Cet endettement est un coût supporté par la collectivité : d’une part, quand un Etat est surendetté (pour avoir suralloué de telles liquidités), il doit couper dans le social. C’est actuellement le cas aux Etats-Unis, où le budget 2021 de Trump prévoit des coupes dans la sécurité sociale. D’autre part, la création monétaire gigantesque (on fait généralement référence à la « planche à billets ») se traduit par une dévaluation de la monnaie, à savoir de l’inflation. Le pouvoir d’achat de la monnaie chute au fil des ans. C’est un autre coût supporté par le citoyen, sans consultation démocratique.

    Ceci étant posé, rien ne sera appris, cette fois encore. Ce système économique, qui est certes durement secoué par la pandémie mondiale, n’a pas démontré sa capacité à se remettre en question car il n’en n’a jamais eu la nécessité. En 2008, l’échec du système a été récompensé par des banques centrales qui ont hissé les marchés financiers à leurs records de tous les temps à travers leurs politiques de rachats de titres, à l’aide de la planche à billets.

    PEU DE CHANCES QUE LE PARADIGME CHANGE

    Cette fois-ci encore, quand l’économie reprendra plus tard cette année, nous anticipons qu’il n’y aura pas de réelle remise en question, ni de changement de paradigme. Cette affirmation se base sur un indicateur très simple : les gains boursiers phénoménaux des dix dernières années sont loin d’avoir été éliminés par le krach de février-mars 2020. La logique de soutien illimité des banques centrales aux marchés financiers, sans commune mesure avec le reste de l’économie, fait encore gagner trop d’argent aux acteurs du secteur, tout en prétendant que de telles politiques ne représentent nul coût pour la collectivité.

    La finance se portant bien, il n’y donc pas d’incitation forte chez ses protagonistes à se remettre en question ou à souhaiter que la prévention des crises collectives de type pandémies coûte plus cher ou requière un changement de modèle. Entre le 19 février et le 23 mars dernier, l’indice américain des actions S&P 500 a perdu 34%. Mais il a déjà rebondi de 25% depuis, suite aux annonces de liquidités. Un bull market qui semble avoir escompté la crise, déjà ce 10 avril 2020. A ce jour, le gain du S&P depuis son creux de 2009 et en incluant le récent krach reste de 237%.

    L’indice se trouve aujourd’hui, malgré tous les cris d’orfraie, à son (très haut) niveau de juin 2019, grâce à l’action annoncée comme « illimitée » de la banque centrale américaine, qui a donné un signal d’achat artificiel et quasi-autoritaire au marché. Autant dire que cette crise ne laisse que très peu de traces sur la bourse, alors même qu’elle provoquera une récession dans l’ensemble de l’économie mondiale, à commencer par un recul du PIB américain estimé à 34% au deuxième trimestre, et des millions de pertes d’emplois dans le monde développé.

    LE MODÈLE N’A PAS PAYÉ POUR SES FAILLES

    La logique financière aboutit à une déconnexion entre l’économie réelle et l’économie boursière, qu’illustre particulièrement le cas américain. Nous analysons les Etats-Unis avec un œil sur la Suisse, dont les choix de réponse à la crise, comme le sauvetage du secteur aérien et l’incitation à l’endettement des entreprises, semblent inspirés du modèle américain. Mais tandis que l’économie réelle se retrouvera face à ses pertes, ses dettes, son chômage, l’économie boursière est protégée des pertes, est administrée par la planche à billets aux frais du contribuable, bénéficie de ses propres plans de sauvetage, y compris depuis bien avant la crise du coronavirus.

    Myret Zaki, avril 2020

    https://youtu.be/O4hUMZVNQgo

    https://youtu.be/wWwdabbc9Vs

    https://twitter.com/Europe1/status/1503972975460114437

    https://www.europe1.fr/emissions/C-est-arrive-demain/frederic-taddei-avec-myret-zaki-emery-dolige-et-gautier-battistella-4100635

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