Le non-sujet de l’antisémitisme à gauche

#message779643

  • Au sujet d’une gauche antisémite - Lignes de crêtes
    https://www.lignes-de-cretes.org/au-sujet-dune-gauche-antisemite


    https://seenthis.net/messages/764152#message769739
    https://seenthis.net/messages/762000#message779643

    Il y a les choses qui se disent en politique et puis il y a les pensées et les ressentis, suspendus au dessus de nos têtes. Après Ilan, cette idée qui reviendrait aussi lorsque Mohamed Merah tuerait, les victimes d’antisémitisme suscitaient difficilement la compassion et facilement le rejet. Parce qu’elles étaient l’ « instrument » de l’Ennemi, son outil, son arme, et à partir de là l’objet du délit, avec lequel on n’empathise jamais.

    2009. L’année qui commence par cette horreur indélébile, le négationniste Robert Faurisson avec Dieudonné sur la scène du Zénith. Et le silence, pendant des jours, dans notre camp, personne n’avait rien à dire contre cela. Le silence tellement pesant, pour ceux qui savaient : au début des années 80, Robert Faurisson avait comme fidèle compagnon de route une figure très connue de la gauche radicale, Pierre Guillaume, qui avait tenu une des librairies les plus courues de notre courant dans les années 70. Robert Faurisson, le négationniste avait été défendu dans nos rangs par des militants plutôt connus qui étaient toujours là. Et sur scène, il était avec celui qui était issu de la gauche antiraciste et qui avait, lui aussi, été défendu bien après des propos antisémites abjects.

    Il nous aura fallu, à quelques camarades, un événement aussi terrible, pour que nous osions non pas briser le silence mais affronter le bruit et les huées.

    Luftmenschen. Les gens de l’air. Libres et les poches vides. Vidées plutôt, car nos premiers textes nous ont dépouillés de beaucoup de liens qui nous étaient précieux, coupés de notre camp, de nos lieux, de nos manifs, de nos sites. Enfin, de ce que nous pensions nôtres.

    Mais c’était bien de se sentir légers. D’avoir dit ce qu’on pensait profondément : que personne n’en avait rien à battre de la Palestine et d’Israël, que l’enjeu était ici, que tout ce cirque antisioniste était un théâtre d’ombres et une allégorie, destiné à mettre en scène de manière acceptable tout le vieux fond antisémite de gauche auquel notre camp ne voulait pas renoncer.