• Les plus pauvres ne votent pas toujours pour Marine Le Pen | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/280422/les-plus-pauvres-ne-votent-pas-toujours-pour-marine-le-pen

    « les électeurs du RN ne sont pas les plus démunis, ce ne sont pas ceux qui sont dans une détresse totale et sans perspective. En réalité, ils ont plutôt peur de ressembler à ceux qu’ils assimilent à des cas sociaux. Ils cherchent à mettre à distance ces figures repoussoirs, c’est un mécanisme absolument fondamental pour comprendre les ressorts de ce vote ».

  • Viol au 36 quai des Orfèvres : ces stéréotypes qui imprègnent le ve... | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/280422/viol-au-36-quai-des-orfevres-ces-stereotypes-qui-impregnent-le-verdict-d-a

    Dans leur courrier, les douze pénalistes estiment que la décision rendue est « en contradiction avec la jurisprudence constante de la CEDH » en la matière. Elles citent un arrêt rendu par la Cour européenne des droits de l’homme en mai 2021 concernant une affaire italienne, dans lequel elle précisait ne pas voir « en quoi la condition familiale de la requérante, ses relations sentimentales, ses orientations sexuelles ou encore ses choix vestimentaires ainsi que l’objet de ses activités artistiques et culturelles pouvaient être pertinents pour l’appréciation de la crédibilité de l’intéressée et de la responsabilité pénale des prévenus ».

    La Cour pointait des « atteintes à la vie privée et à l’image » de la plaignante et « des préjugés sur le rôle de la femme » qui sont susceptibles de « faire obstacle à une protection effective des droits des victimes ». « Il est dès lors essentiel que les autorités judiciaires évitent de reproduire des stéréotypes sexistes dans les décisions de justice », soulignait l’arrêt de la CEDH.

  • Après les tirs mortels du Pont-Neuf, la « présomption de légitime d... | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/280422/apres-les-tirs-mortels-du-pont-neuf-la-presomption-de-legitime-defense-res

    Il n’est pas rare que des policiers manifestent contre une décision de justice : c’est même la seule catégorie de fonctionnaires qui s’y sent régulièrement autorisée. Ils accusent la justice de se montrer tantôt trop sévère – lorsque des policiers sont mis en cause –, tantôt trop « laxiste » - dans les affaires où des policiers sont victimes. Là aussi, sans considération pour les peines réellement prononcées par les tribunaux et l’aggravation continue des peines.

    Si les critiques adressées à l’institution judiciaire ne résistent pas à l’examen des faits, cela n’empêche pas les syndicats de police de capitaliser sur la colère diffuse des troupes. Le soutien d’une grande partie des responsables politiques, de la majorité ou des oppositions, ne peut que les conforter dans cette stratégie.

  • Pont-Neuf : le coup est parti tout seul :-)

    https://www.mediapart.fr/journal/france/280422/apres-les-tirs-mortels-du-pont-neuf-la-presomption-de-legitime-defense-res

    Dimanche dernier, dans la nuit du 24 au 25 avril, alors qu’Emmanuel Macron vient d’être réélu président de la République, un policier tire [au fusil d’assaut] sur une voiture en plein cœur de Paris [sur le Pont-Neuf]. Bilan : deux morts, un blessé. Trois jours plus tard, la mise en examen [pour meurtre] du policier déclenche une levée de boucliers du syndicat Alliance, qui appelle à un rassemblement contre une décision de justice « inadmissible », le lundi 2 mai.

    « Alliance ne peut accepter que notre collègue soit la victime du système judiciaire qui continue à rester l’ombre de lui-même ! » écrit le deuxième syndicat de gardiens de la paix dans un tract, réaffirmant l’une de ses revendications phares : « La présomption de légitime défense pour les policiers ».

    Plus prudente, l’organisation majoritaire, Unité-SGP Police, préfère rappeler qu’elle n’a « pas accès aux éléments du dossier » et « se gardera donc de prendre des positions pouvant porter préjudice » au policier mis en examen.

    #acab ?

    • À la marche blanche pour les deux victimes du Pont-Neuf, le temps du recueillement - 5 mai 2022 par Pierre Jequier-Zalc
      https://basta.media/a-la-marche-blanche-pour-les-deux-victimes-du-pont-neuf-le-temps-du
      Plusieurs centaines de personnes ont défilé à Paris le 4 mai en mémoire de Boubacar et Fadjigui, les deux frères tués par balle par un policier le 24 avril sur le Pont-Neuf. Le mot d’ordre : le recueillement. Avant de se battre pour la vérité et la justice.

      Présente dans le cortège, l’avocate de la famille, Bérénice Hahn de Bykhovetz, a fait un rapide commentaire. « Contrairement à ce qui a été dit ces derniers jours, la mise en examen pour homicide volontaire est parfaitement logique et justifiée. On pourrait plus s’interroger sur le défaut de placement en détention provisoire dans un tel dossier. » Une forme de réponse au syndicat de police Alliance qui a manifesté le 2 mai dernier contre la non-retenue de la légitime défense dans cette affaire et pour demander une « présomption de légitime défense » pour les forces de l’ordre. Dans le cortège, on ne préfère pas commenter cette manifestation. « Comment expliquer qu’un gamin de 24 ans, visiblement pas bien formé [il était encore stagiaire] puisse avoir une arme de cette taille ? », interroge tout de même Edwige. Une question parmi d’autres à laquelle l’enquête devra répondre.

      l’arme du crime un HK G36 Heckler und Koch G36
      https://seenthis.net/messages/640894

    • Police : un déficit de formation à l’usage des fusils d’assaut
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/05/09/police-un-deficit-de-formation-a-l-usage-des-fusils-d-assaut_6125349_3224.ht

      Là se trouve le nœud du problème. En 2019, près de 40 % des effectifs actifs n’avaient pas réalisé les trois séances de tir annuelles prescrites par le règlement. Manque de formateurs spécialisés, tensions sur des effectifs accaparés par des missions qui ne leur laissent guère le temps de s’entraîner : en février, un rapport de la Cour des comptes consacré à la formation des policiers observait que, en 2020, seules 93 069 des 172 740 places offertes pour des sessions de formation au tir avaient été pourvues, soit à peine plus de 50 %.

      Ce déficit est particulièrement criant en ce qui concerne le HK G36. L’acoustique inadaptée du stand de tir du 36, rue du Bastion, siège de la police judiciaire parisienne dans le 17e arrondissement, prévu pour accueillir des sessions d’entraînement à ce fusil d’assaut, a longtemps contraint la préfecture de police à recourir ponctuellement aux installations de deux stands privés. Depuis le début du mois de février, un nouveau site « ultramoderne », près de Rungis, permet toutefois d’entraîner et d’habiliter les personnels au maniement de cette arme. « Mais s’entraîner dans un stand de tir ne fait pas tout, estime Gérard Chaput. Ce qui importe, c’est l’exposition au stress dans des situations complexes et imprévues, pour développer les capacités d’ajustement du sujet avec la réalité d’une situation donnée. » Un apprentissage dont seules bénéficient, aujourd’hui, les unités spéciales.

    • Deux morts pour un gramme
      https://lundi.am/Deux-morts-pour-un-gramme

      Le 24 avril 2022, Fadjigui et Boubacar Kamara étaient tués de plusieurs balles dans le dos, tirées au fusil mitrailleur par un jeune policier de 24 ans. Dans cet article, l’historien #Alessandro_Stella revient sur le discours médiatique et policier ayant entouré le meurtre des deux jeunes hommes pour le recontextualiser dans l’aberration et l’hypocrisie de la « guerre à la drogue » menée par l’État français. Ou comment la gestion policière des illégalités est d’abord et toujours une guerre contre la plèbe.

  • Les plus pauvres ne votent pas toujours pour Marine Le Pen

    D’une élection à l’autre, le cliché est tenace. Les plus pauvres voteraient en masse pour Marine Le Pen. Or, expliquent les spécialistes du sujet, ce présupposé est à nuancer, même si les résultats électoraux établissent que plus le revenu fiscal est faible dans une commune, plus elle vote Le Pen. En réalité, ces électeurs du RN ne sont pas parmi les plus démunis.

    L’image est devenue virale. Au soir du second tour, le 24 avril, deux électrices de Marine Le Pen venues assister au résultat du scrutin présidentiel dans le bureau centralisateur d’Hénin-Beaumont (Hauts-de-France) s’emportent sitôt la défaite de leur candidate connue.
    Le doigt d’honneur et les insultes proférées témoignent de leur déception. Sitôt diffusées sur les réseaux sociaux par les journalistes présents (lire le billet de Khedidja Zerouali), ces images ont attiré pléthore de commentaires et de moqueries notamment sur la pauvreté supposée des deux femmes.

    Les journalistes de La Voix du Nord sont revenus sur cette séquence dans un article et affirment avec fermeté que les analyses sont fausses. « Même des gens de gauche ont dit de faire attention au mépris de classe, parce que ces femmes souffriraient de leur condition sociale. Mais pas du tout ! Des internautes les perçoivent comme des “cassos” alors qu’elles-mêmes disent vivre bien. »

    Le cliché est tenace, et bavard quant aux représentations des classes populaires dans l’imaginaire. Forcément, eu égard à leur origine géographique, ces femmes, supportrices du Rassemblement national, seraient fatalement pauvres.

    Car les plus précaires voteraient forcément pour Marine Le Pen et ses électeurs seraient forcément précaires. Ils la soutiendraient par désespoir de leur condition, un présupposé non attesté scientifiquement, expliquent les spécialistes du sujet.
    Et ce même si les résultats électoraux démontrent une corrélation entre le revenu fiscal de référence moyen dans une commune et le candidat arrivé en tête au second tour. Plus ce revenu diminue, plus la candidate du RN est plébiscitée.

    Selon une enquête Ipsos, Marine Le Pen ne devance Emmanuel Macron que parmi les foyers disposant d’un revenu mensuel net inférieur à 1 250 euros. Et dans un mouvement inverse, plus ce revenu augmente, plus le président sortant séduit.
    De la même manière, les personnes qui se disent satisfaites de leur vie vont voter Macron au contraire des insatisfaites qui vont choisir Marine Le Pen. Laquelle a tout fait pour s’adresser aux plus précaires en mettant en avant des mesures en faveur du pouvoir d’achat.
    Seulement, la question est plus complexe dès lors qu’on y plonge dans le détail. La sociologue Nonna Mayer, directrice de recherche émérite au CNRS, spécialiste de l’extrême droite, considère qu’il convient de prime abord de définir la réalité recouverte par la pauvreté des électeurs et électrices du Rassemblement national : « Parle-t-on de niveaux de vie, d’écart au revenu médian ? Peut-on se contenter de raisonner en termes de pauvreté matérielle ? L’indicateur de précarité me semble être davantage pertinent. »

    Il s’agit d’un indicateur constitué de onze questions auxquelles les sondé·es répondent par oui ou non qui permettent de déterminer, par exemple, si les sondé·es ont des fins de mois difficiles, s’ils sont en lien avec une assistante sociale, s’ils partent en vacances, s’ils ont dans leur entourage sur qui compter en cas de coup dur. « C’est encore plus important car on peut être pauvre en revenus mais avoir ses parents ou des amis derrière, donc on voit bien que la notion de pauvreté, en plus d’être stigmatisante, n’a pas grand sens quand elle est isolée de son contexte. »

    Bien sûr, poursuit-elle, « il est sûr que le Front national hier, le Rassemblement national aujourd’hui réalise ses meilleurs scores à mesure qu’on descend l’échelle des revenus. Mais ce sont des gens qui ne sont pas forcément en dessous du seuil de pauvreté. En réalité, il y a une dimension subjective à la pauvreté. Il y a des gens qui objectivement ne sont pas pauvres mais qui se sentent pauvres ou en déclin. Il y a tellement de manières de l’être ».

    Nicolas Duvoux, sociologue spécialiste de la pauvreté et professeur à l’université Paris 8, relève de son côté que les jeunes, une frange de la population plutôt possiblement en difficulté sociale, ont largement voté pour Jean-Luc Mélenchon.
    Ce qui prouve que la dimension économique ne saurait expliquer à elle seule le vote RN parmi les catégories sociales les plus pauvres.

    L’adhésion au discours raciste et identitaire, qui a essaimé par ailleurs à d’autres partis, ne peut être un élément évacué de l’analyse. Il s’agit aussi pour ces soutiens de Marine Le Pen de se distinguer des catégories sociales stigmatisées et racisées.

    De fait, pour Nicolas Duvoux, sans être riches non plus, « les électeurs du RN ne sont pas les plus démunis, ce ne sont pas ceux qui sont dans une détresse totale et sans perspective. En réalité, ils ont plutôt peur de ressembler à ceux qu’ils assimilent à des cas sociaux. Ils cherchent à mettre à distance ces figures repoussoirs, c’est un mécanisme absolument fondamental pour comprendre les ressorts de ce vote ».

    Violaine Girard, sociologue et maîtresse de conférences à l’université de Rouen-Normandie et autrice du livre Le Vote FN au village : trajectoires de ménages populaires du périurbain (éditions du Croquant), a enquêté dans les espaces périurbains du Bugey, région à une quarantaine de kilomètres à l’est de Lyon. Ce territoire a abrité des ménages des classes moyennes ou populaires, qui accèdent ensuite à la propriété.

    À la lumière de ses travaux, la sociologue confirme qu’il est compliqué d’imputer le vote RN des classes précarisées à leur seule condition économique. Le désespoir ne saurait l’expliquer en totalité.
    « Quand j’ai commencé à travailler sur ces questions-là, notamment entre 2009 et 2012, il y avait quand même aussi beaucoup de résultats d’enquêtes sociologiques qui montraient qu’il y a une part des électeurs du Front national qui venait des classes populaires et des catégories précarisées. Mais il y a aussi une proportion non négligeable d’indépendants ou de professions intermédiaires qui votaient pour Marine Le Pen, même s’ils sont moins nombreux que les ouvriers dans la société. Ces électorats sont composites et hétérogènes. »

    Violaine Girard insiste sur le fait que ces ménages populaires ou des catégories intermédiaires qui accèdent à la propriété dans des quartiers récents ne sont pas les plus pauvres. Le chômage de masse n’existe pas dans les zones qu’elle a étudiées. Ces personnes aspirent à une élévation sociale pour leurs enfants qui occupent des emplois stables grâce à leurs études, souvent en bac pro ou BTS.
    La chercheuse Nonna Mayer souligne qu’une des notions clés du vote en faveur de Marine Le Pen réside dans le niveau de diplôme. Moins on a fait d’études, plus il y a des chances qu’on vote pour elle. Ne pas avoir de diplôme dans une société de la connaissance peut engendrer beaucoup de frustration.

    Comme la peur du déclassement, forte chez les jeunes actifs parmi lesquels Marine Le Pen enregistre le meilleur score. « Il y a chez eux cette vieille idée tenace que les “assistés”, dans leur esprit les personnes issues de l’immigration, vivent mieux qu’eux et que tout leur est plus facile. » 

    Sortir d’une analyse nourrie de schémas misérabilistes

    Le sociologue Nicolas Duvoux voit aussi derrière le vote RN une occasion pour ces catégories populaires de se sentir privilégiées et d’obtenir une forme de reconnaissance symbolique. « Derrière le vote RN, il y a aussi une manière d’essayer de conjurer la crainte d’être déclassé ou d’être relégué. Elles se disent : on vaut mieux que ceux qui sont tout en bas et les étrangers, notamment par le truchement de la préférence nationale. » Ainsi pensent-elles, malgré le caractère antisocial du programme de Marine Le Pen, qu’il leur sera plus facile d’obtenir un logement ou un travail. Ce qui est faux. [c’est ne pas avoir lu le programme du RN que de dire cela, ndc]

    Divers travaux sociologiques ont exploré ce sentiment dont se nourrit l’extrême droite. « Le sociologue Robert Castel avait beaucoup travaillé sur la manière dont les aides sociales créent énormément de frustration et de concurrence au sein des pauvres, développe Nonna Mayer. Un autre sociologue, Olivier Schwartz, a écrit là-dessus et disait que les classes populaires ont une espèce de strabisme. Ils se définissent à la fois contre le haut et contre le bas de la société. Il montrait qu’il y avait la classe sociale objective mais aussi la classe sociale subjective et qu’elle était même plus importante. »

    Enfin, l’un des ressorts à ne pas négliger dans ce vote RN, pour Nicolas Duvoux, est ce sentiment de mépris des élites envers les classes moyennes et populaires. Ce qui explique pourquoi, dans les zones rurales, les personnes éloignées des centres de pouvoir et de décision peuvent opter pour l’extrême droite. « Les principaux représentants de la classe politique sont extrêmement distants socialement. Dans les anciennes professions des députés, il n’y a pas d’ouvriers », ajoute Violaine Girard.

    Il convient également d’observer les trajectoires de #politisation pour mieux comprendre ce qui se noue ici. De fait, les communes étudiées par Violaine Girard ne sont pas imprégnées par le militantisme, syndical ou politique, qui favorise plutôt le vote à gauche.
    D’où leur ancrage plutôt marqué à droite. « Les habitants du Bugey vivent parfois dans des déséquilibres financiers importants, ont des crédits sur trente-cinq ans, ont une seule voiture, ce qui complique leur vie. Face à la transformation du monde du travail, où les personnes se disent qu’elles doivent individuellement faire leurs preuves pour décrocher un CDI, par exemple en ne comptant pas leurs heures supplémentaires. Ce qui débouche sur des formes de politisation à droite. Puis, progressivement, les habitants de ces zones périurbaines se sont orientés vers le FN/RN. »

    Violaine Girard considère donc qu’il faut sortir d’une analyse nourrie « de schémas misérabilistes ». Elle explique à l’inverse que des personnes peuvent être au chômage et avoir gardé au contraire des formes de politisation à gauche pour différentes raisons, « parce qu’elles ont grandi dans une mairie communiste par exemple ».
    Ce que Nonna Mayer a également observé. « Il n’y a pas une fatalité qui ferait que systématiquement quand on est précaire on vote à l’extrême droite. Ça dépend du contexte politique. En 2012, plus on était précaire, plus on votait pour François Hollande, car ces personnes espéraient que la gauche s’occupe de leurs problèmes. Elles ont été très déçues et en 2017, à ma grande surprise, les plus précaires ont voté pour Marine Le Pen. Le vote dépend vraiment du contexte. »

    L’autre élément tendant à prouver que le vote RN n’est pas un vote cantonné aux classes les plus basses reste l’abstention. Le phénomène est massif chez les très pauvres, ceux qui sont en très grande précarité et échappent à tous les radars. « Il y a un gradient social très fort : plus vous êtes jeune et pauvre et moins vous votez. Et cette réalité s’est exprimée avec une très grande brutalité lors de cette élection », constate Nicolas Duvoux. 
    Une analyse partagée par Nonna Mayer qui rappelle que « le premier impact de la précarité, c’est de détourner du vote ». Dans les enquêtes que la chercheuse a menées lors des élections présidentielles de 2012 et 2017, elle a pu relever que les plus précaires ont tendance à se replier sur eux-mêmes et être démoralisés au point que cet exercice démocratique n’a plus de sens pour eux.

    D’autres font face à un obstacle matériel. Ils ne sont pas ou mal inscrits sur les listes électorales. « On a vu que plus de 50 % des précaires se sont exclus du vote d’une manière ou d’une autre à l’élection présidentielle de 2017, et ils font partie des rares abstentionnistes constants parce que, contrairement à une idée reçue, ce ne sont pas les mêmes qui s’abstiennent d’un tour à l’autre. »

    Faïza Zerouala
    https://www.mediapart.fr/journal/france/280422/les-plus-pauvres-ne-votent-pas-toujours-pour-marine-le-pen

    #abstention #extrême_droite #RN #précarité #pauvreté

    • sur ces politisations fascisantes, on ne dira jamais assez la responsabilité d’une gauche qui a réintroduit la hiérarchie des salaires (individualisés) et excité la #concurrence entre les diverses figures du précarait (Jospin, 1998 déclarant préférer une « société de travail à l’assistance »). un point évacué par l’article qui ne cite à ce titre qu’une mécanique structrurale des « aides sociales » (sous couvert de Castel dont l’article à ce sujet évoquait le cas U.S, montrant que le welfare y est considéré comme profitant aux Noirs) et des contextes politiques locaux.

      instaurer ce type de concurrence, comme d’autres, tel est le rôle de l’État. il s’agit de rendre les ressorts de la domination immanents à la population elle-même.