• Une femme se noie sur le chantier éolien, à Erquy, une enquête ouverte - Bretagne - Le Télégramme
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    Toute la journée de ce mardi, les enquêteurs de la gendarmerie ont effectué des constatations sur place et auditionné des témoins, afin de déterminer les circonstances exactes du décès.
    (Photo DR)

    Une femme de 70 ans est morte par noyade, lundi, après être tombée dans un trou d’eau sur la plage de Caroual, à Erquy (22), sur le chantier de raccordement électrique du parc éolien offshore. Une enquête pour homicide involontaire est ouverte.

    Une femme âgée d’environ 70 ans est décédée, lundi 2 mai, en milieu d’après-midi, sur la plage de Caroual, à Erquy, après avoir chuté dans un canal rempli d’eau d’une profondeur comprise entre 4 et 6 mètres. Dans un communiqué de presse transmis ce mardi soir, le procureur de la République de Saint-Brieuc, Nicolas Heitz, indique que la septuagénaire « se promenait en bord de mer, à marée basse, de l’eau à mi-mollets. Elle marchait seule, son mari et sa fille qui l’accompagnaient, n’étant pas à proximité immédiate ».

    Secourue par un témoin qui l’a sortie de l’eau, la victime n’a pu être sauvée, malgré les manœuvres de réanimation opérées par les secours. L’autopsie réalisée à l’institut médico-légal de Rennes a permis de « conclure à une mort très probablement par asphyxie, qui devra être confirmée par les examens médico légaux complémentaires », énonce le procureur briochin.

    « La défunte a chuté dans le canal non comblé et rempli d’eau »
    Ce décès intervient alors que des travaux - menés par RTE (†), gestionnaire du réseau de transport d’électricité, - sont en cours sur la plage de Caroual, dans le cadre du projet de raccordement du futur parc éolien de la baie de Saint-Brieuc. « Deux canaux contigus ont été creusés sur une largeur de 60 mètres et une longueur de 250 mètres. Un des canaux a été partiellement comblé quand le second devait l’être après l’intervention des plongeurs pour ancrer les câbles en les lestant », détaille Nicolas Heitz dans son communiqué, avant de préciser : « La défunte a chuté dans le canal non comblé et rempli d’eau ».

    Les mesures de sécurité du chantier bientôt passées au crible
    Toute la journée de ce mardi, les enquêteurs de la gendarmerie ont effectué des constatations sur place et auditionné des témoins, afin de déterminer les circonstances exactes du décès. Des opérations « toujours en cours » d’après le procureur de la République de Saint-Brieuc qui ajoute qu’un « état des lieux des mesures de signalisation et de sécurité mises en place sur le chantier sera également réalisé ».

    À Erquy, le chantier de raccordement du futur parc éolien de la baie de Saint-Brieuc a été au cœur des polémiques depuis de nombreux mois. (RTE)
    Une enquête, en flagrance, pour homicide involontaire a été ouverte par le parquet de Saint-Brieuc. La brigade de recherches et la brigade territoriale autonome de Pléneuf-Val-André, de la compagnie de gendarmerie de Saint-Brieuc, ainsi que la section de recherches de la gendarmerie maritime sont saisies de l’enquête.

    (†) Sollicitée ce mardi, l’entreprise RTE n’a pu être jointe.

    • À Erquy, la signalisation du chantier éolien fait l’objet d’une plainte après la mort d’une femme - Erquy - Le Télégramme
      https://www.letelegramme.fr/cotes-darmor/erquy/a-erquy-la-signalisation-du-chantier-eolien-fait-l-objet-d-une-plainte-


      Avant l’accident, le lieu où le canal a été creusé était matérialisé par des bouées jaunes. Depuis, des vigiles sont sur le site 24 h/24
      (Le Télégramme/Sylvie Vennegues)

      À Erquy, 48 heures après la mort par noyade d’une femme de 70 ans dans un canal rempli d’eau, plage de Caroual, sur le chantier du parc éolien de la baie de Saint-Brieuc, une plainte a été déposée pour mise en danger d’autrui par négligence. Le chantier a été arrêté.

      Mercredi après-midi, la plage de Caroual, à Erquy (22), avait retrouvé son habituelle quiétude printanière, 48 heures après la mort par noyade d’une Rennaise de 70 ans tombée dans une tranchée sur le chantier de raccordement du parc éolien en mer de la baie de Saint-Brieuc.

      Agents de sécurité sur place
      Depuis l’accident, seuls l’arrêt du chantier « pour les besoins de l’enquête » comme a confirmé par téléphone l’entreprise RTE et la présence de trois agents de sécurité, vêtus de gilets orange fluo, sur place, laissent à penser qu’un événement est survenu. « Dorénavant en effet, sept jours sur sept, 24 h sur 24 h, RTE va employer trois vigiles pour éviter au public de venir sur cette zone où sont creusés les canaux de passage des câbles » a indiqué, ce mercredi 4 mai, le maire d’Erquy, Henri Labbé, « ravagé » par le drame. « Depuis le début des travaux du parc éolien sur la plage, je dis qu’un jour ou l’autre, au vu de la fréquentation du site, il y aura un accident ! Quiconque peut avoir l’impression que les travaux sont terminés eh bien non, la preuve. La victime a chuté dans l’une des deux tranchées qui n’avait pas encore été comblée. Elle était au mauvais endroit au mauvais moment », déplore l’élu.


      L’association Gardez les Caps a déposé plainte pour mise en danger de la vie d’autrui par négligence (absence d’une signalisation visible et compréhensible, absence de surveillance sur une plage très fréquentée).
      (Le Télégramme/Sylvie Vennegues)

      « Les vigiles, c’est avant qu’il aurait fallu les mettre », fait remarquer cette riveraine. « Six bouées jaunes et cinq petits panneaux d’interdiction pour signaler la zone de travaux, c’est insuffisant pour alerter les gens, surtout ceux qui ne sont pas du coin ! »

      L’association Gardez Les Caps dépose plainte
      « Avec une bonne signalisation, c’était anticipable. Ce qui vient de se passer à Caroual, c’est atroce », lâche Katherine Pujol, la présidente de l’association Gardez les Caps !


      En haut de plage, cinq petits panneaux d’interdiction matérialise la zone de travaux large et longue de plusieurs centaines de mètres. (Le Télégramme/Sylvie Vennegues)

      « Quand vous ne connaissez pas les lieux, ce n’est pas la présence de quelques bouées jaunes à proximité des tranchées qui va vous interpeller sur la dangerosité du site. Aussi, l’association va-t-elle déposer plainte pour mise en danger de la vie d’autrui par négligence, absence d’une signalisation visible et compréhensible, absence de surveillance sur une plage très fréquentée. »

      Avec une bonne signalisation, c’était anticipable. Katherine Pujol, présidente de l’association Gardez les Caps.
      « La preuve qu’on ne peut pas mettre de l’éolien partout et n’importe comment, et, ce n’est pas juste une question de biodiversité mais aussi une question de sécurité. Depuis le début du projet, nous avons alerté sur le fait que l’éolien n’avait pas sa place dans la baie de Saint-Brieuc, à cause de sa roche, trop dure, de ses forts courants et de l’amplitude de ses marnages (). Lundi, jour de l’accident, il y avait près de 11 mètres de découvert sur la plage avec un coefficient de marée de 84. Depuis les travaux, se promener à marée basse le long de l’estran, c’est risqué. La preuve ! » déplore Katherine Pujol, très inquiète pour l’avenir, au point de s’interroger sur la réouverture complète de la plage de Caroual au public après les travaux. « En effet, la stabilité de la plage est sérieusement mise à mal ces temps derniers entre les marnages, les courants de fond et les travaux qui ont remanié le sable maintes et maintes fois. »

      Écart en mètres entre le point le plus haut et le point le plus bas de la mer lors d’une marée.

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