La fondation Wikimedia ne veut plus recevoir d’argent en cryptomonnaies

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    La fondation à l’origine de l’encyclopédie Wikipedia acceptait les dons en cryptos depuis 2014, mais déclare que c’est terminé. Derrière ce changement, la révélation de deux visions du web qui s’affrontent.

    Fin avril, après plusieurs mois de débat, les membres de la fondation Wikimedia ont tranché : les dons en cryptomonnaies ne seront plus acceptés et ceci jusqu’à nouvel ordre. Ils étaient autorisés depuis 2014.

    Le sujet a été lancé par Molly White, une modératrice de longue date connue pour ses positions contre les cryptomonnaies en particulier et le Web3 en général. L’ingénieure en informatique tient le blog « Web3 is going just great » , qui recense les arnaques et pires dérives liées aux ventes de NFT et aux cryptomonnaies. Pour elle, les cryptos vont à l’encontre de l’engagement de la fondation contre le réchauffement climatique compte-tenu de l’impact environnemental du Bitcoin et d’Ethereum, les deux principales monnaies numériques en circulation. Par ailleurs, elle explique que « les cryptomonnaies sont des investissements extrêmement risqués qui ne font que gagner en popularité chez les investisseurs particuliers » , et qu’en acceptant les cryptos, Wikimedia démocratise l’utilisation de ces investissements « intrinsèquement prédateurs » .

    Mozilla pas fan non plus des cryptos

    Cette décision fait écho à celle de la fondation Mozilla, prise quelques mois plus tôt. Suite à de virulentes critiques de ses utilisateurs, l’éditeur du moteur de recherche Firefox a lui aussi d’abord décidé d’abandonner les dons en cryptomonnaies qu’il acceptait depuis 2014. L’un de ses fondateurs Jamie Zawinski, aujourd’hui retiré du projet, avait notamment fait part de son agacement en janvier 2022 sur Twitter. Clair et direct. « Bonjour, je suis sûr que celui qui gère ce compte n’a aucune idée de qui je suis, mais j’ai fondé Mozilla et je suis ici pour dire "allez vous faire voir" et "merde". Toutes les personnes impliquées dans le projet devraient avoir terriblement honte de cette décision de s’associer à des escrocs de Ponzi qui incinèrent la planète » , avait-il envoyé au compte officiel de Mozilla au sujet des dons en cryptos.

    Mozilla est toutefois en partie revenu sur sa décision. Depuis avril, les cryptomonnaies sont de nouveau autorisées, mais seulement celles basées sur la « preuve d’enjeu » , un protocole de validation des transactions moins énergivore que la preuve de travail (qui nécessite d’importants calculs informatiques) utilisé par Bitcoin et Ethereum.
    L’internet des communs vs le Web3 ?

    Le fait que deux acteurs historiques de l’Internet « des communs » prennent position contre les cryptomonnaies n’est pas anodin. Cela montre une rupture idéologique entre le monde du Web3 et celui de la culture libre des années 1990-2000. On aurait pu penser que ces deux cultures du web se rapprocheraient, puisque les défenseurs du Web3 militent pour un internet détaché des grandes plateformes, où les utilisateurs « reprendraient » le pouvoir. Mais le Web3 est aussi le lieu de la sur-monétisation des échanges sur le web, et d’un accès à une forme de propriété. Ce qui n’est pas vraiment la vision défendue par Wikipedia ou Mozilla, qui ont toujours plaidé pour un accès gratuit et universel à la connaissance.

    Il est intéressant de noter qu’en 2014, les décisions de Wikipedia et de Mozilla d’accepter les cryptos n’ont pas suscité tant de remous. Mais en 2022, l’usage des cryptomonnaies s’est démocratisé, les NFT et leur mauvaise réputation sont passés par là, et la critique environnementale est bien plus prégnante qu’elle ne l’était il y a dix ans.

    Marine Protais

    #Web3#Cryptomonnaies #Wikipédia #Mozilla