Une œuvre « perdue » de Picasso aperçue chez la mère du nouveau président des Philippines

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    C’était une visite qui devait passer inaperçue. Lorsque, le 9 mai dans la soirée, Ferdinand Marcos Junior rend visite à sa mère, filmé par son équipe de communication, il exulte. Lui, fils de dictateur déchu, ayant dû s’exiler à Hawaï en 1986, le voilà président de la république des Philippines, au terme d’un scrutin marqué par des torrents de désinformation. Il prend donc sa mère dans ses bras.

    Mais ce n’est pas l’image qui aura marqué les téléspectateurs les plus avisés. Non, c’est un tableau, en haut à gauche du cadre de la caméra, qui interloque. Une femme y est représentée, nue, dans la pure tradition du mouvement artistique cubiste. On y reconnaît la patte du célèbre peintre Picasso. Le tableau, Femme couchée VI, est censé avoir été saisi il y a huit ans, mais voilà qu’on le retrouve chez Imelda Marcos, veuve du dictateur et mère de l’actuel président.

    La Femme couchée VI de Picasso fait partie des plus de 200 œuvres d’art acquises par le clan Marcos lorsqu’il était au pouvoir, avec l’argent siphonné des Philippines, explique le magazine spécialisé dans l’art The Art Newspaper. Après l’éviction de Ferdinand Marcos lors de la révolution du « People Power » en 1986, et la fuite de la famille qui s’est exilée à Hawaï, un comité présidentiel pour la bonne gouvernance (PCGG) a été créée pour enquêter et récupérer les richesses pillées.

    Un Picasso censé avoir été saisi en 2014, mais qui pourrait bien être un faux

    Le tableau de Picasso visible dans la vidéo figurait sur une liste de biens que le gouvernement aurait saisis à la famille en 2014. Mais Andres Bautista, ancien commissaire du PCGG, a déclaré au site d’information Rappler que le tableau était un faux. « Personnellement, je sais que ce que nous avons saisi était un faux. Donc [la vraie toile] est toujours avec eux », a-t-il déclaré.
    Vrai ou faux tableau ?

    Pour Ruben Carranza, anciennement à la tête de la PCGG, le tableau observé ce lundi 9 mai serait une réplique. « Imelda Marcos a l’habitude d’acheter de faux tableaux, ainsi que de prêter de faux tableaux pour les exposer. Le fait qu’elle affiche maintenant cette toile montre son extravagance. Il s’agit de montrer aux Philippins qu’ils roulent sur l’or… Cela dit quelque chose de pire encore », explique-t-il au quotidien britannique The Guardian .
    La corruption et les Marcos, une longue histoire d’amour

    Durant les vingt ans de régime de son père (1965-1986), le sanguinaire clan Marcos a volé des milliards de dollars dans les caisses du pays pour son enrichissement personnel. La PCGG aurait récupéré environ 5 milliards de dollars, tandis que 2,4 milliards de dollars supplémentaires se sont enlisés dans des litiges, et d’autres manquent encore, selon des rapports récents.

    La famille Marcos continue d’ailleurs de faire face à des dizaines d’affaires judiciaires concernant sa richesse pillée. Imelda a fait appel en 2018 d’une condamnation pénale pour sept chefs d’accusations de corruption.

    Interrogé lors d’une conférence de presse, le porte-parole du nouveau président, Vic Rodriguez, a refusé d’expliquer si l’œuvre d’art exposée dans la maison de Marcos était authentique.

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