• Liban : blocages institutionnels en vue après les législatives
    Par Paul Khalifeh – BEYROUTH, Liban - Mardi 17 mai 2022 | Middle East Eye édition française
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    (...) À l’issue de ce premier scrutin organisé depuis le début de la crise économique au Liban, en octobre 2019, le parti chiite et ses alliés ne sont pas parvenus à conserver la majorité au Parlement.

    Malgré des surprises ici et là, cette élection n’a toutefois pas apporté le changement souhaité par une majorité de Libanais.

    Les partis traditionnels et les représentants des grandes familles politiques, donnés pour mort il y a deux ans, continueront de dominer la prochaine Chambre des députés.

    Le Hezbollah et son allié, le mouvement Amal, ont raflé la totalité des 27 sièges chiites, ce qui leur confère une situation de monopole sur la représentation de cette communauté dans le système confessionnel libanais, où les hautes fonctions de l’État et de l’administration sont réparties sur des bases communautaires.

    Face à un électorat chiite qui a resserré les rangs derrière le tandem Hezbollah-Amal, la rue chrétienne sort profondément divisée de cette consultation.

    L’allié chrétien du Hezbollah, le Courant patriotique libre (CPL, fondé par le président Michel Aoun), perd quelques sièges mais tire son épingle du jeu malgré l’appauvrissement généralisé de la population, la destruction du pouvoir d’achat des Libanais et l’explosion du chômage.

    Compte tenu de l’étendue du désastre économique, les observateurs auraient pu s’attendre à un vote sanction qui, même s’il s’est manifesté dans certaines circonscriptions, ne s’est pas transformé en phénomène destructeur pour le CPL.

    Son rival chrétien des Forces libanaises devient aussi une formation incontournable au sein de cette communauté. Ce parti pro-saoudien, qui a développé un discours électoral résolument hostile au Hezbollah, a arraché quelques sièges au CPL et en a perdu d’autres, même dans son fief historique de Bécharré, dans le Nord du Liban.

    Les candidats se revendiquant du mouvement de contestation hostile à la classe politique ont opéré des percées significatives mais insuffisantes pour initier des réformes et un changement profond dans la donne politique. Ils auront un bloc d’une douzaine de députés sur les 128 que compte le Parlement.

    Autre fait marquant de ce scrutin, la forte abstention de l’électorat sunnite, qui a boudé les urnes dans les grandes villes (un peu moins à Beyrouth), en signe de solidarité avec l’ancien Premier ministre Saad Hariri, poussé à une retraite politique anticipée par l’Arabie saoudite. (...)

    #Liban