Les incendies à la loupe

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  • Arcachon : un maquis de négligences, d’archaïsmes et de combines Robin des Bois

    Le Plan Communal de Sauvegarde (PCS) de La Teste-de-Buch est introuvable. S’il existe, il est dissimulé dans les fourrés administratifs de la mairie. Les Plans Communaux de Sauvegarde sont prévus par la loi n°2004-811 du 13 août 2004 relative à la modernisation de la sécurité civile. Ils sont élaborés par les collectivités, ils anticipent les mesures à prendre pour faire face aux conséquences prévisibles des risques identifiés, notamment les évacuations des habitants permanents ou temporaires. La commune de La Teste-de-Buch est soumise aux risques feu de forêt, inondation par submersion marine, inondation par crue de cours d’eau, mouvement de terrain, avancée dunaire, tassements différentiels et radon.


    Le 1er février 2007, le préfet de la Gironde, “considérant que le territoire de la commune de La Teste de Buch est particulièrement sensible à l’éclosion et à la propagation des incendies de forêt, en raison de la nature du manteau végétal dominant, de l’extension de l’habitat sous toutes ses formes soit à proximité immédiate de la forêt soit isolé en site forestier, ainsi que des effets de la concentration et des mouvements saisonniers de populations”, a prescrit à la commune l’établissement d’un Plan de Prévention des Risques Naturels Incendie de Forêt (PPRIF). La Teste-de-Buch est une des 159 communes à dominante forestière de la Gironde. Un comité de pilotage composé de 12 membres a été désigné par le préfet en vue de l’élaboration du plan. https://robindesbois.org/wp-content/uploads/La-Teste-de-Buch-PPRincendie-de-foret-Arrete-Prescription-01022007.pdf 15 ans après, le PPRIF est resté dans les cartons.(1) Le PPRIF vise à réglementer l’urbanisation de la commune et l’attribution des permis de construire avec des prescriptions favorisant la défendabilité des forêts face au feu, des personnes et des biens. En 15 ans, les lotissements, les campings, les pistes de quad ont proliféré sur la commune de La Teste-de-Buch et se sont immiscés dans le massif forestier. Des cabanes de résiniers ont été transformées en résidences secondaires extravagantes qui se vendent cher sur le marché de l’immobilier.

    S’il avait été élaboré par le comité de pilotage et approuvé par la préfecture de la Gironde, le PPRIF aurait réglementé la circulation et le stationnement des tiers notamment sur la piste forestière n°214 d’où le feu est parti. L’intrusion sur la piste 214 en période de sécheresse extrême d’un Ford Transit chargé de déchets combustibles est particulièrement malvenue.

    Un arrêté municipal interdisant le stationnement sur la piste 214 a certes été pris 8 jours avant l’incendie mais la publicité d’un tel arrêté ne dépasse généralement pas le hall d’accueil des mairies et la piste 214 sert en été “pour contourner les bouchons sur la route d’accès aux plages océanes et aux campings qui bordent la Dune du Pilat” selon la presse locale. En temps normal, le trajet entre les campings de la Dune du Pilat et la déchetterie de La Teste-de-Buch via la D259 prend 17 minutes. Par la piste 214 le trajet dure 13 minutes.

    A cause de l’inertie des 3 maires successifs, des querelles entre les propriétaires forestiers, de l’attachement à des privilèges archaïques notamment défendus par l’Addufu (Association de défense du droit d’usage et de la forêt usagère) avec le soutien des élus locaux comme la députée En Marche/Renaissance Sophie Panonacle, les travaux urgents de préparation à la lutte contre les incendies ont été différés. Ils étaient initialement prévus début 2021 et ils ont été repoussés suite à un recours devant le tribunal administratif. Le rapport du CGAAER et du CGEDD ” La forêt usagère de la Teste de Buch – Un fragile équilibre entre propriété et usage” https://agriculture.gouv.fr/rapport-du-cgaaer-ndeg-21092-et-cgedd-ndeg-014045-01-la-foret-usage en date du 11 mai 2022 conclut que la réalisation de travaux de défense contre les incendies dans ce massif est un impératif d’ordre public.

    (1) A contrario et à titre d’exemple, Biganos s’est dotée d’un PPRIF seulement 3 ans après l’arrêté de prescription du préfet en date du 1er février 2007 (voici le lien : http://villedebiganos.fr/wp-content/uploads/2016/08/Reglement_PPRIF.pdf )
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    Autres publications de Robin des Bois sur ce sujet :
    – Rapport “Déchets post-catastrophe : risques sanitaires et environnementaux”, 2007, chapitre V “Les incendies de forêts”, page 52 https://robindesbois.org/dechets-post-catastrophe-risques-sanitaires-et-environnementaux-2007

    – “Atlas de la France Toxique”, mai 2019, Edition Arthaud, chapitre “Eté 2015 : les feux de chaumes et de forêts” page 78. Extrait : “Et pourtant les incendies n’empêchent pas les constructions ou les activités humaines à la lisière ou au cœur des biomasses combustibles. Les éboueurs sont là pour ramasser les déchets. Avec les feux de forêt, c’est un peu la même mentalité, les pompiers sont là pour les éteindre, au péril de leur vie, de leur santé et au détriment d’autres priorités.”

    – Communiqué “Halte au feu !“, 12 juillet 2017. https://robindesbois.org/halte-au-feu

    – Communiqué “Feux d’artifice : il suffira d’une étincelle“, 11 juillet 2019. https://robindesbois.org/feux-dartifice-il-suffira-dune-etincelle

    Si le règlement interdépartemental de protection de la forêt contre les incendies (Gironde, Lot-et-Garonne et Landes) en date du 20 avril 2016 https://dfci-aquitaine.fr/wp-content/uploads/2017/12/DFCI-Aquitaine_Reglement-interdepartemental_feu_de_foret_2016.pdf interdit en toute saison et sans dérogation l’usage des lanternes volantes qui sont des sources d’incendies de forêts ou de bâtis, les feux d’artifices sont seulement interdits en période de vigilance orange. Dans les faits, 74 spectacles pyrotechniques étaient planifiés en juillet et août en Gironde. En juillet, seulement 26 ont été annulés suite notamment à un arrêté préfectoral en date du 12 juillet instaurant le seuil de vigilance orange.

    – Communiqué “L’urgence d’une convention internationale pour la protection des forêts“ https://robindesbois.org/lurgence-dune-convention-internationale-pour-la-protection-des-forets , 23 août 2019. En 2019, à l’occasion du G7 à Biarritz, Robin des Bois a publié ce communiqué sur l’urgence d’une Convention internationale pour la protection des forêts. Elle est pour le moment complètement tombée à l’eau.

    – Dossier “Les incendies à la loupe. Panorama de la France qui crame”, 21 octobre 2021 https://robindesbois.org/les-incendies-a-la-loupe-dossier-national

    _ La suite et les compléments de l’article, le lien : https://robindesbois.org/arcachon-un-maquis-de-negligences-darchaismes-et-de-combines

  • Les incendies à la loupe | Robin des Bois
    https://robindesbois.org/les-incendies-a-la-loupe-dossier-national

    Tiens, l’année dernière est publié ce petit atlas des #incendies de sites industriels et autres activités

    Alerté par une recrudescence des incendies liés à des activités industrielles, commerciales et agricoles et susceptibles de porter atteinte à l’intérêt des riverains et à l’intérêt général, Robin des Bois a entrepris de mai 2019 (avant Lubrizol) à décembre 2020 une veille basée sur la presse régionale et les communiqués des préfectures et des mairies. Nos critères de sélection ont été les panaches d’incendies tels qu’ils sont présentés par la presse régionale et les SDIS, les polluants susceptibles d’avoir été émis et les moyens mobilisés par les casernes de pompiers.

    Robin des Bois a ainsi recensé 253 incendies et écrit aux services de l’Etat et aux mairies au sujet de 238. Au total, 511 courriers ont été envoyés en comptant les relances.

    128 des incendies sélectionnés par Robin des Bois se sont produits sur des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE) dont 15 sur des sites Seveso.

    Les préfectures et DREAL nous ont envoyé des réponses et documents substantiels pour 209 incendies. 33 des réponses explicites concernent des établissements non soumis à la réglementation ICPE. Pour 56 incendies hors ICPE, les DREAL et les préfectures ont dégagé leur responsabilité et expliqué que ces établissements relèvent de la compétence des maires et des collectivités. Les préfectures de la Seine-Saint-Denis, de l’Essonne et du Nord se sont distinguées par un grand nombre de réponses. La Seine-Maritime et la Somme ont répondu à tous nos courriers. Les préfectures et DREAL de l’Oise, des Bouches-du-Rhône et de l’Hérault se sont distinguées par une absence de réponses ou des réponses dilatoires. Sauf exceptions, comme à Dannemarie dans le département du Haut-Rhin, les maires n’ont pas répondu à nos courriers ; ils méconnaissent les articles L.2212-1 et L.2212-2 du Code général des collectivités territoriales.

    29 incendies sont restés sans réponse.

    Cet exercice d’agilité démocratique et de dialogue a pour objectif d’obtenir des informations détaillées sur les causes et sur le suivi administratif et environnemental des sinistres. En complément des réponses obtenues ou pour combler l’absence de réponse, nous avons fouillé les bases de données officielles et d’autres sources ouvertes comme la visualisation aérienne des sites avant ou après les sinistres.

    Les courriers de Robin des Bois et surtout les réponses agrègent une somme considérable de connaissances.